Codemasters et EA doivent sacrifier F1 25 pour repartir sur de meilleures bases en 2026
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Rédigé par PikaDocMaster78/PikaDoc42
Si les jeux de course de Formule 1 développés par Codemasters ont grandement gagné en popularité à partir de 2017, hélas, ça n’a pas duré. Depuis 2021, ils n’ont cessé d’être de plus en plus critiqués et délaissés par les joueurs et les joueuses, et ce n’est pas le rachat du studio britannique par Electronic Arts qui a permis de stopper l’hémorragie. Pourtant, les épisodes commercialisés ces dernières années ne sont pas dénués de qualités. Malheureusement, ils ont aussi accumulé beaucoup trop de défauts entre-temps. Assez loin d’avoir réussi à exploiter le potentiel que j’ai cru voir en elle auparavant, j’ai essayé de me pencher avec un maximum de recul sur l’état dans lequel se trouve la franchise et, après mûre réflexion, je pense que les développeurs et l’éditeur américain auraient tout intérêt à « sacrifier » un éventuel F1 25, afin de repartir sur de meilleures bases en 2026.

N.B. : Ceci est un éditorial. Le point de vue exprimé dedans ne reflète donc pas obligatoirement celui de la rédaction et n’engage essentiellement que son auteur. Son objectif n’a nullement l’intention de « faire la leçon » à quiconque viendrait à le consulter mais seulement d’ouvrir un débat et partager une réflexion autour de l’avenir des jeux de course de F1 de Codemasters et EA, à l’image de l’article écrit et publié sur le sujet en avril 2021. Bonne lecture à toutes et à tous.
Sommaire
ToggleComment la licence a pu en arriver là ?
Après avoir atteint son apogée sur la période 2019/2020, la saga a connu et connaît encore aujourd’hui un réel déclin de popularité. Amplement mérité, dites-vous ? Chacun(e) aura un avis plus ou moins constructif sur la question. De mon côté, j’ai continué de prendre du plaisir à y jouer pendant des dizaines et des dizaines d’heures sur PlayStation 5 grâce, par exemple, au mode Histoire « Point de rupture » présent dans F1 2021 et F1 23. En effet, à défaut de marquer les esprits, il signe un retour à la scénarisation et la mise en scène sympathique pour la licence pour la première fois depuis F1 2019.
En 2022, l’introduction d’une nouvelle réglementation modifiant la façon de concevoir une F1 IRL a également amené Codemasters à repenser la conduite en jeu. Une refonte convaincante qui a été peaufinée avec succès un an plus tard, en réussissant notamment à améliorer la maniabilité et les sensations manette en mains. Quant aux Carrières Pilote et My Team/Mon Écurie, elles ont toutes les deux bénéficié d’ajouts et ajustements divers et variés au fur et à mesure de la sortie de chaque itération, certains étant logiquement plus notables que d’autres (personnalisation plus poussée de notre expérience, possibilité d’incarner un ancien ou pilote actuel de F1 ou F2…).
Malheureusement, il faut bien avouer que la série a aussi souffert de la multiplication de choix de game design discutables et soucis techniques en parallèle. Entre le patch « cassant » le pilotage de F1 2021 à peine un mois après le lancement, l’intégration au burin du cross-play dans F1 22, les arrivées anecdotiques de F1 Life et F1 World, la refonte du gameplay bancale et dispensable effectuée l’an dernier, ainsi que le déploiement de mises à jour corrigeant moins de bugs qu’elles n’en apportent, il n’est pas surprenant que le public ait fini par exprimer son mécontentement, voire sa colère dans des cas extrêmes, ou tout simplement par aller voir ailleurs.
Evidemment, les développeurs ont leur part de responsabilités dans tout ça mais osez affirmer que cette situation serait uniquement due à leur « incompétence » ou « feignantise », c’est très mal connaître tous les rouages faisant tourner et influençant la production d’une franchise annuelle comme celle-ci. Sauf erreur ou trop grande naïveté de ma part, je serais extrêmement surpris que les membres du studio britannique apprécient l’état dans lequel se trouve leur IP et je me demande même si bon nombre d’entre-eux ne peinent pas à joindre les deux bouts au moment d’écrire ces lignes, malgré toutes les ressources qu’ils ont théoriquement à disposition (financières, technologiques, humaines, etc.)
Privilégier une grosse mise à jour de contenu en 2025
Dans ces circonstances, accepter de « faire l’impasse » sur un hypothétique F1 25 est peut-être la meilleure décision à prendre dans l’optique de repasser la seconde dès 2026. Toutefois, je vois mal EA, leurs actionnaires, et même les dirigeants de la F1, accepter que la licence prenne « une année sabbatique » pour autant. C’est pourquoi, par analogie avec ce qui a été fait avec EA Sports WRC l’an dernier, il ne me semble pas complètement incohérent d’imaginer que F1 24 puisse avoir droit à une « simple » extension (standalone ?) payante dont le principal objectif serait d’ajouter du contenu à celui déjà présent, tout en essayant un minimum de corriger les défauts de finition qui sont toujours d’actualité bien entendu.
Ainsi, nous y retrouverions les voitures, pilotes, écuries, livrées, combinaisons et casques officiels de la saison qui débutera dans quelques jours en Australie, suivi de la Formule 2 en fin d’année via une mise à jour gratuite. Etant donné que la discipline automobile fête son 75ème anniversaire, ce serait aussi l’occasion parfaite de mettre à nouveau en valeur de nombreux modèles rétro pour la première fois depuis F1 2020, voire quelques tracés historiques tels qu’Hockenheim (Allemagne), le Nürburgring (Allemagne), Istanbul (Turquie), etc. Notez d’ailleurs qu’une supposée fuite relayée récemment sur Reddit sous-entendrait justement que c’est prévu pour les bolides mais elle demeure au stade de la rumeur pour le moment.
Réactualiser le calendrier saisonnier et la réglementation sera également nécessaire pour inciter le public à (re)passer à la caisse (ordre des GP différent de celui de 2024, retrait du point attribué pour le meilleur tour en course, fin des quotas imposés sur les boites de vitesse, deux arrêts aux stands obligatoires à Monaco…). Cependant, pourquoi s’arrêter là et ne pas en profiter pour affiner la modélisation de la majorité des tracés et/ou enfin nous laisser personnaliser notre calendrier selon nos envies en Carrière, un peu comme nous pouvons le faire en mode Grand Prix ou multijoueur ?
Autres changements et ajustements susceptibles de figurer dans ce potentiel DLC selon moi : l’implémentation des drapeaux rouges lors des essais libres et qualifications et le départ en course depuis la voie des stands. Dans le premier cas, cela pourrait apporter un soupçon d’imprévisibilité supplémentaire au déroulement d’une ou plusieurs séances. Dans le second, ça nous pousserait à éviter d’avoir un gros accident en qualifs et/ou être davantage prudent dans la gestion des quotas imposés sur les pièces de notre moteur, afin de ne pas cumuler trop de places de pénalités.
Ego Engine : stop ou encore en 2026 ?
Après avoir « enrayé » doucement mais sûrement ce déclin, Codemasters et EA devraient pouvoir se montrer plus ambitieux dans la production de F1 26, ce qui devrait notamment les inciter à changer de moteur (Unreal Engine 5 ? Frostbite ?) ou effectuer une refonte complète de l’Ego Engine. Bien que le directeur créatif senior Lee Mather et ses collègues y soient fortement attachés, celui-ci est maintenu cruellement « sous assistance respiratoire » depuis longtemps, trop longtemps, et ça doit cesser surtout que, en s’obstinant de la sorte, ils se ferment volontairement bon nombre de portes en matière de conception. Quoi de pire pour une franchise ayant grand besoin d’évoluer dans la plupart des domaines ?
Par exemple, si vous suivez l’actualité liée à la F1, vous savez qu’une réglementation inédite massive sera mise en place dès l’an prochain. Par conséquent, une refonte du gameplay sera grandement espérée par les joueurs et les joueuses et je pense que la conduite devra gagner en « réalisme » pour combler leurs attentes. Si c’est le cas, le studio britannique aura alors la lourde tâche de réimaginer intelligemment et efficacement la maniabilité à la manette et au volant, la physique des monoplaces, l’impact des pneus, de la météo, de l’asphalte et des dégâts encaissés sur le comportement et les performances des bolides, etc.
De plus, il faudra faire attention à ne pas laisser sur le bas-côté le nouveau public dépendant des différentes options d’accessibilité intégrées ces dernières années. A mes yeux et toujours dans le but de redorer le blason de la série, il vaudrait effectivement mieux que l’entreprise s’oriente vers une formule s’inspirant d’un Forza Motorsport ou Gran Turismo afin de tenter de satisfaire et rassembler un maximum de monde.
En parallèle, améliorer le rendu visuel global de l’expérience qui n’a subi aucun bouleversement majeur depuis 2019 me semble indispensable. Au risque de signer la fin des versions PlayStation 4 et Xbox One ? Cela arrivera forcément un jour ou l’autre mais ce n’est pas l’unique dilemme auquel les développeurs seraient potentiellement confrontés. Comment procéder tout en s’assurant que le résultat final colle parfaitement à toutes les modifications de gameplay mentionnées précédemment ? Eux seuls ont les compétences pour répondre à cette question, en supposant qu’ils veuillent et viennent à se la poser un jour bien sûr.
Un potentiel toujours présent qui ne demande qu’à être (bien !) exploité
Après avoir franchi les obstacles évoqués plus tôt, je croise les doigts pour que Codemasters et EA aient quasiment le champ libre pour élargir leurs horizons en matière de contenu, que ce soit dès 2026 ou au-delà. Ainsi, outre la F1 et la F2, ils pourraient donner l’opportunité aux fans de rouler en F3, voire en F1 Academy. Franchement, avouez que ça renforcerait l’intérêt de la Carrière Pilote, non ? En plus, ça ouvrirait théoriquement la porte à la création de notre propre académie de pilotes dans My Team/Mon Écurie. Bien entendu, ce ne sont pas les seuls ajouts susceptibles de venir densifier les durées de vie et rehausser le degré d’immersion et de « réalisme » de ces modes.
Éditeur de personnalisation des avatars et des livrées plus poussé et libre, design unique pour chaque évolution apportée à la monoplace via la branche R&D, choix de l’académie ayant un réel impact sur nos relations professionnelles, système de contrat plus profond, omniprésence des médias avant, pendant et après un GP, participation aux essais hivernaux avant le début d’une saison, possibilité de devenir pilote de réserve… il existe énormément de fonctionnalités pouvant améliorer le plaisir de jouer en Carrière en s’inspirant de la réalité ou d’autres productions vidéoludiques comme les F1 Manager pour ne citer qu’elles.
Alors oui, c’est vrai, plus les ajouts seront nombreux, plus le risque de proposer une expérience moins grand public sera important. Toutefois, ce n’est pas parce qu’un titre est riche et complexe sur le fond qu’il l’est en conséquence sur la forme. C’est d’ailleurs même pour ça qu’il existe des développeurs spécialisés dans la conception des menus et interface d’un jeu vidéo.
Concernant le mode Histoire « Point de rupture », suivre une troisième (et ultime ?) saison aux côtés d’Aiden Jackson, Devon Butler, Callie Mayer et Casper Akkerman ne serait pas de refus, à condition que le niveau d’écriture soit moins cliché et plus original que par le passé. Dans le cas contraire, le studio britannique ferait mieux de se contenter d’en tirer ce qu’il a réussi à apporter de mieux à la licence, ceci dans le but d’améliorer encore davantage les Carrières Pilote et My Team/Mon Écurie.
Pour finir, il est temps d’aborder le sujet épineux de F1 World. Depuis qu’il a débarqué, ce « concept » particulièrement fourre-tout a eu énormément de difficultés à trouver son public, au point que le voir disparaitre du jour au lendemain ne surprendrait personne. Cependant, pas sûr que la firme de Redwood l’entende de cette oreille. Du coup, que faire de lui ? Honnêtement, à part peut-être le « transformer » en hub entièrement indépendant des modes solo et réunissant uniquement la totalité des composantes JcE et JcJ de la saga, je l’ignore car son existence demeure un mystère à mes yeux. Désolé.
Vous l’aurez compris, même s’ils dégagent aujourd’hui l’aura d’une écurie se rapprochant petit à petit et dangereusement du bas de tableau, j’ai toujours envie de croire que les jeux de course de Formule 1 ont du potentiel et seront capables de faire « acte de rédemption » à l’avenir. Mais pour y arriver, cela demandera du temps, des efforts et potentiellement une remise en question de Codemasters et EA dans leur façon d’exploiter et donner un sens à cette franchise. Cela passera-t-il par « sacrifier » un éventuel F1 25 afin de repartir sur de meilleures bases en 2026 ? Nous devrions avoir la réponse au cours des prochain(e)s jours ou semaines. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez et si vous êtes d’accord, ou non, avec les diverses idées exposées ici.