Ghostwire : Tokyo – Retour sur la mise à jour Le Fil de l’Araignée, et la version Xbox
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Rédigé par Nathan Champion
S’il n’est plus à établir que le marché vidéoludique japonais fait montre d’une créativité extraordinaire, d’aucun dirait que les chefs de file de cette vaste et imposante machine de guerre furent les équipes de Capcom, au début du millénaire. Et il faut bien reconnaître qu’en se posant les bonnes questions, et en repoussant continuellement les limites de ce qu’il était possible de faire sur les hardwares limités de l’époque, les équipes de la firme d’Osaka parvinrent à se démarquer à de nombreuses reprises. Ne serait-ce qu’avec l’extraordinaire Resident Evil 4, ou le très bon Devil May Cry, deux jeux intimement liés, voire l’injustement oublié Onimusha.

Or, si ces dernières années Capcom a principalement terminé d’asseoir sa suprématie sur le genre horrifique, avec les excellents remakes de Resident Evil 2, et récemment celui de Resident Evil 4, c’est surtout du côté des déserteurs que l’on trouve encore l’esprit sans cesse innovant de l’époque suscitée. Chez Platinum Games, pour commencer, avec un Hideki Kamiya nous ayant dernièrement prouvé, à travers Bayonetta 3, qu’il est au sommet de sa forme. Mais aussi chez Tango Gameworks, studio fondé par Shinji Mikami, s’empressant de pondre ce classique du Survival Horror qu’est The Evil Within, avant de solidifier ses équipes qui accouchèrent récemment du très abouti Hi-Fi Rush.
Entre temps, Shinji Mikami annonçait Ghostwire : Tokyo, qui sortait le 12 avril 2022 sur PlayStation 5, sorte de mélange étrange entre univers fantastique ancestral nippon, First Person Shooter et Open World, le tout sur fond de mégalopole contemporaine aux faux airs cyberpunk. Un titre dont la parenté fut longtemps attribuée au papa de Resident Evil, ou co-créateur de Killer7 si vous préférez, qui se garda bien de préciser qu’il n’avait finalement participé qu’à la communication autour du nouveau bébé de Tango Gameworks. Une histoire qui s’acheva sur un jeu convenablement accueilli par la critique, s’offrant, tout juste un an après sa parution sur PS5, une version Xbox Series X|S.
Conditions de test : Nous avons passé une petite quinzaine d’heures sur la version Xbox Series X du titre, ce qui nous laissa le temps d’explorer une grande partie de l’environnement offert par le titre, et de nous essayer à ses différentes nouveautés. Cet article est garanti sans spoiler majeur.
Sommaire
TogglePetite piqûre de rappel
Parvenir à décrire Ghostwire : Tokyo rapidement sans le faire passer pour un banal Open World n’est pas chose aisée. Parce que dans les faits, il s’agit effectivement d’un FPS en monde ouvert, comme Ubisoft et consorts nous en ont offert des tonnes sur la dernière décennie, notamment Far Cry 5 et Dying Light pour ne citer que ces deux mastodontes. Et sur le papier d’ailleurs, le titre de Tango Gameworks est bon élève, respectant à la lettre la recette d’un Far Cry 3 ou d’un Assassin’s Creed II, avec une map gigantesque plongée dans un brouillard qui disparaîtra progressivement en purifiant des zones spécifiques. Ou, bien sûr, une quantité astronomique de points d’intérêt disséminés dans son Tokyo contemporain.
Le fait est, néanmoins, que Ghostwire : Tokyo prend quelques libertés qui lui confèrent une senteur plus fraîche que ses concurrents. Ce qu’il doit en premier lieu à son cadre. Parce que les équipes de Tango Gameworks ne se sont pas contentées de donner vie à une banale ville contemporaine, comme aurait pu le faire Ubisoft pour un Ghost Recon Breakpoint par exemple, mais ont visé un Tokyo réaliste à l’ambiance surréaliste. Le tout est fondu dans un moteur qui ne fait, il faut le dire, pas de véritable merveille. Mais le jeu demeure malgré tout très beau, détaillé, et l’exploration y est particulièrement grisante. Par ailleurs, cette même exploration est ralentie, cadrée par l’histoire, ce qui permet d’apprécier d’autant plus la liberté qui nous est offerte au compte-gouttes.
Mais au-delà de ce Tokyo dépeuplé (qui pourrait faire l’objet de très jolies cartes postales), c’est aussi le folklore japonais qui participe à l’appréciation du jeu. Alors évidemment, tout joueur allergique à cette culture singulière pourra passer son chemin, malgré les qualités indéniables du projet. Mais, si comme beaucoup d’autres vous avez baigné dans le manga et le jeu vidéo japonais depuis votre tendre enfance, alors vous avez toutes les chances de trouver votre compte dans cette aventure au rythme justement dosé. D’autant que, si l’histoire n’est pas le point fort de Ghostwire : Tokyo, on peut malgré tout reconnaître qu’elle met joliment en valeur une belle variété de Yokai et autres créatures mystiques.
En d’autres termes, dépaysement garanti ! Ce qui vaut aussi pour le système de combat, que l’on pourra assimiler à du shoot assez basique en premier lieu, mais qui s’étoffe rapidement de petites subtilités agréables. On constatera avant tout que ce sont les mains du protagoniste qui servent d’armes, la plupart du temps, ce qui a quelque chose d’à la fois étrange et plaisant, rappelant par moments les signes divers formés par les personnages de Naruto. L’occasion rêvée d’ajouter que, si vous êtes à la recherche de références à la culture japonaise, qu’elle soit ancestrale ou contemporaine, il n’y a pas meilleur endroit pour en trouver que dans Ghostwire : Tokyo, qui les dilue avec soin.
Quid de cette version Xbox ?
Bien entendu, pour en savoir plus sur le titre, et surtout pour un avis plus général sur sa qualité, on vous renvoie à notre test, paru en avril 2022. Aujourd’hui, nous nous contenterons de vous parler de son ultime version en date, puisque le titre débarque sur les dernières nées de la gamme Xbox, le tout avec une mise à jour conséquente, sur laquelle nous reviendrons plus bas, aussi disponible chez Sony et sur PC. Si c’est pour en apprendre plus concernant la qualité du portage que vous êtes là, alors vous pouvez poursuivre votre lecture, nous y venons dès maintenant.
Sans grande surprise, Ghostwire : Tokyo n’a pas bougé d’un pouce en terme de technique et de visuel. Il demeure un brin dépassé sur le fond, souffrant de textures parfois un peu pauvres, et d’effets visuels tantôt très jolis, notamment les différents pouvoirs de notre protagoniste, tantôt un brin cheap, comme cette pluie qui ferait presque de la peine. On pourra aussi noter quelques chutes de framerate un peu agaçantes. Néanmoins, sans y regarder de trop près, on peut affirmer sans problème que le titre est plutôt joli, ce qu’il doit au soin apporté à ses environnements et son bestiaire, et à un amour du détail qui fait mouche.
Les inconditionnels du pad de Sony, avec son retour haptique et sa petite enceinte intégrée pesteront peut-être contre l’absence de sensations similaires sur cette version Xbox Series X|S, il est vrai. Bien que, dans les faits, la disparition de ces détails ne soit guère un problème, et n’empêche aucunement de se plonger dans le soft, qui demeure très immersif. Là encore, sans surprise, la manette de Microsoft remplit très bien son office, et rencontrera les mêmes problèmes que celle de Sony, notamment au moment de former des signes précis avec le joystick de droite, une mécanique qui se révèle, un an plus tard, toujours aussi brouillonne.
Une mise à jour conséquente
Comme ce put être le cas pour Deathloop, qui s’offrait lui aussi une parution sur Xbox tout juste un an après l’initiale sortie sur PlayStation 5, Ghostwire : Tokyo se paye une mise à jour pour l’occasion. De quoi titiller l’intérêt des joueurs possédant déjà le jeu ? Eh bien, d’une certaine manière, on peut dire que oui.
D’abord, parce que le titre s’offre un tout nouveau mode de jeu, nommé Le Fil de l’Araignée, proposant concrètement de traverser une trentaine de niveaux aléatoirement choisis parmi une liste de 120. Sous ses airs de Rogue Lite au rabais, ce mode est en réalité un bon moyen de se replonger dans l’expérience sans avoir à refaire la campagne, le tout en débloquant rapidement des compétences via un arbre inédit. Une nouveauté agréable, principalement portée sur les combats, s’offrant quelques bonnes idées et une longévité perfectible, certes, mais suffisante en l’état. Avec, pour finir, un boss plutôt sympathique à combattre.
Mais bien sûr, c’est plutôt les ajouts pensés pour la campagne qui revêtent une importance particulière. Et à ce niveau, on peut dire que le développeur ne s’est pas moqué des joueurs. Non contente d’ajouter de nouveaux ennemis spéciaux, ainsi que quelques cinématiques, cette grosse mise à jour apporte de nouvelles zones de jeu, et des quêtes inédites qui vont avec. Nous nous garderons bien de vous détailler tout ceci, mais sachez que le tout reste dans la veine de ce que proposait le titre avant cela. L’écriture est donc relativement soignée, bien qu’assez en retrait, et les décors qui font leur apparition sont autant agréables à l’œil qu’à parcourir.
Enfin, s’il ne fallait retenir qu’une chose de cette mise à jour, ce serait finalement les ajouts côté gameplay. Parce que malgré les qualités du jeu de base, nombreux sont ceux qui ont pesté face à la répétitivité des combats, et parfois l’absence de mécanique d’esquive, qui aurait pourtant fait parfaitement sens. Tout ceci n’est plus qu’un mauvais souvenir, puisqu’il est désormais possible d’en débloquer une via l’arbre de compétences. On regrette un brin la manière dont elle s’utilise, mais dans les faits elle demeure parfaitement fonctionnelle, et il devient rapidement difficile de s’en passer. Au même titre que le système de contre-attaque, d’ailleurs, qui facilite les combats.
Le mot de la fin
Si Ghostwire : Tokyo n’est peut-être pas la claque extraordinaire que beaucoup espéraient en voyant Shinji Mikami monter sur scène à l’E3 2019, force est de constater que l’expérience demeure très réussie, et jouit de solides arguments de vente, à commencer par son monde et son utilisation du folklore nippon. La grosse mise à jour gratuite qu’il s’offre cette semaine vient combler quelques lacunes, autant niveau contenu que mécaniques de gameplay, en ajoutant de nouvelles zones, une esquive, ainsi qu’un système de contre attaque plutôt grisant. Que demander de plus ?
En d’autres termes, le titre n’a jamais été aussi bon, et aussi équilibré. De surcroît, si vous êtes joueur Xbox et que cette production signée Tango Gameworks vous intrigue, alors l’hésitation n’est pas permise : seul un abonnement au Game Pass est nécessaire pour se plonger dans cette aventure surnaturelle. Et si certains petits défauts demeurent, notamment la répétitivité des combats ou un trop grand nombre d’items à collecter, Ghostwire : Tokyo conserve malgré tout un charme évident, à côté duquel il serait dommage de passer si vous êtes amoureux de culture nippone.
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