Days Gone Remastered : On y a joué, notre avis sur cette version améliorée du jeu de Bend Studios
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Rédigé par Nathan Champion
Décidé à s’offrir un catalogue toujours plus varié d’exclusivités de choix, Sony sortait, en 2019, un nouveau monde ouvert orienté survie, dans lequel le mort vivant était à l’honneur. Days Gone, de son petit nom, ne sera toutefois pas parvenu à marquer autant les esprits que les rouleaux compresseurs que furent Horizon Zero Dawn et God of War, sans compter Final Fantasy XVI sur la génération suivante. Trop convenu, mais souffrant surtout d’une technique à la peine avec de nombreux bugs dont la toile s’est longtemps amusée, le titre de Bend Studios semblait condamné à demeurer la victime de sa sortie peut-être un peu en catastrophe. Mais c’était sans compter sur un petit retournement de situation, que certains auront vu venir de loin, certes, menant à une nouvelle sortie du titre sur PlayStation 5, mais aussi sur PC.

Six ans après sa parution originelle, l’Open-World semi-horrifique nous revient de la meilleure des manières, puisque c’est une seconde fois Bend Studios qui est à la barre, comme pour redresser cette dernière une bonne fois pour toutes. L’occasion, l’espoir est permis, de corriger tout ce qui devait l’être, à commencer par les nombreux problèmes techniques (même s’ils ne faisaient évidemment pas tout), mais aussi d’ajouter un brin de contenu. Après une grosse quinzaine d’heures à charcuter du zombie, à dépouiller des survivants et à explorer le monde de Days Gone Remastered à moto, on vous livre nos impressions sur cette version définitive qui promet, si ce n’est une révolution, à minima une évolution.
Conditions de test : Nous avons passé une grosse quinzaine d’heures sur le titre dans sa version PlayStation 5, sur une TV 4K OLED de 60 pouces. Cet article est garanti sans spoiler majeur.
Rouler des mécaniques
De l’extérieur, ce qu’on retient le plus de Days Gone, c’est assurément toute son esthétique façon bikers ténébreux, n’étant pas sans rappeler des projets tels que Sons of Anarchy, et faisant écho, dans une certaine mesure, à certains protagonistes de The Walking Dead. Le ton est donné. Notre protagoniste, un motard un peu caricatural du nom de Deacon, transpire la testostérone et fera tout pour veiller sur les siens, à commencer par son meilleur ami, Boozer. Ce qui annonce une trame malheureusement convenue, jamais surprenante, avec des personnages clichés et des situations un brin téléphonées. Qu’à cela ne tienne, le titre bénéficie d’une ambiance qui fonctionne bien.
D’une certaine manière, on pourrait presque dire que Days Gone est la meilleure adaptation en jeu vidéo de la série The Walking Dead (et non du Comics, pour ça on se tournera plutôt vers les jeux de Telltale). Alors, oui, une adaptation sans droits, et avec des personnages beaucoup moins attachants ou marquants, qui fait des choix de mise en scène et d’avancée scénaristique beaucoup moins osés. Mais ce qui nous fait dire ça, c’est la tension que le titre parvient à faire naître, et à conserver sur la durée, avec un monde assez vivant, dans lequel de nombreux dangers nous attendent. Comme chez le programme de AMC, pas seulement des zombies, donc, mais aussi des survivants prêts à tout pour vous dépouiller de vos maigres biens.
Une grande force qui accompagne le joueur durant la totalité d’une aventure se bouclant en une moyenne de quarante heures en ligne droite, contre quinze à vingt de plus pour faire le tour exhaustif de sa proposition. Une durée qui peut sembler mince, à juste raison, pour un Open-World aussi ambitieux, surtout comparé aux autres titres du genre (Assassin’s Creed Odyssey par exemple), qui proposent du contenu annexe à foison. Days Gone, lui, fait plutôt le choix de se concentrer sur son scénario principal (ou plutôt ses scénarios, d’ailleurs), pour un rythme de fait beaucoup plus soutenu, au détriment d’une exploration qui manque un peu de saveur. Quelques activités sont à prévoir, mais rien de bien extraordinaire, comme la sempiternelle chasse aux collectables, ou l’inévitable nettoyage de camps ennemis.
Qu’à cela ne tienne, le titre est solide sur ses appuis, avec des systèmes mettant l’emphase sur le sentiment de survie en territoire hostile. Récupération d’items utiles au compte goutte, craft, et bien sûr infiltration sont à l’honneur, même si le titre n’empêche jamais vraiment le joueur de se la jouer brutal si l’envie lui prend. Toutefois, on est souvent rattrapé par le manque de munitions, ou par la durée de vie assez mince des armes au corps-à-corps qui nous pètent entre les mains, lorsque l’on décide de foncer dans le tas sans réfléchir. Un moyen supplémentaire de jouer avec la tension, fonctionnant plutôt bien.
Bon élève, Days Gone propose des gunfights qui ne surprennent pas, mais qui fonctionnent bien, avec une quantité intéressante d’armes à feu qu’il faudra entretenir si vous désirez les garder longtemps, mais qu’il est aussi possible de troquer rapidement contre celles de vos ennemis. Mais bien sûr, le clou du spectacle c’est la moto de Deacon, un bolide qu’on récupère en piteux état, avec un réservoir se vidant à la vitesse de l’éclair, et qu’il va alors falloir améliorer pièce par pièce. Ce qui ne sera possible qu’en rendant service aux différents camps de survivants, qui vous accorderont plus de confiance si vous leur faites parvenir de nouvelles têtes, sauvées des griffes de brigands dans la nature, ou si vous leur rendez certains services, comme leur rapporter de la viande. Tout un programme, qu’on se plaît à expérimenter.
Quid de cette version remasterisée ?
Comme souvent, cette version remasterisée débarque avec quelques ajouts non négligeables, parmi lesquels on notera en premier lieu des options d’accessibilité poussées, pour ceux qui en auraient besoin. Bon point, qui n’occulte toutefois pas l’absence cruelle de paramètres poussés, notamment concernant le HUD pouvant sembler un peu intrusif, ou le marqueur d’objectif grossier. Deux éléments qui ne jouent donc toujours pas en la faveur de l’immersion, pourtant visée par le titre de Bend Studios, et avec lesquels il va falloir composer une fois encore, même si vous êtes plutôt du genre à les gommer dans les mondes ouverts. N’est pas Ghost of Tsushima qui veut, on l’entend parfaitement, mais il est vrai qu’un petit ajustement à ce niveau n’aurait pas été de refus.
D’autant qu’à côté de cela, les ajouts ne sont pas particulièrement marquants. On retient bien sûr l’apparition du mode inédit Assaut de Horde, promettant aux joueurs des hordes de morts vivants sur lesquelles se défouler, n’étant pas sans rappeler, dans le fond plus que sur la forme, les modes Mercenaires que proposent certains volets de Resident Evil, notamment le remake du quatrième. Un mode très arcade, basé sur le scoring et la récupération de bonus, avec pas mal de petites choses à débloquer, qui nous a personnellement amusé quelques dizaines de minutes, mais sur lequel nous ne reviendrons guère. Un ajout plutôt anecdotique, donc, de notre point de vue, bien que nous concevons parfaitement qu’il puisse trouver son public, a fortiori dans la mesure où le flot de morts vivants est toujours aussi impressionnant, et le fun immédiat.
Toujours côté ajouts, ceux qui nous auront le plus tapé dans l’œil sont les modes Speedrun et Mort Permanente, à choisir en lançant une nouvelle partie du jeu. Deux modes dont les noms sont plutôt parlants, et qui devraient parvenir à trouver leur public sans grande peine. Pour notre part, nous sommes très tentés par le mode Mort Permanente, même s’il nous semble plutôt indiqué de connaître assez bien le jeu avant de s’y essayer, en toute logique. On notera aussi une utilisation convaincante des gâchettes de la manette de PS5, avec un retour haptique plus ou moins marqué selon les armes ou lorsque l’on accélère à moto, selon la surface que l’on traverse, et des vibrations qui font le job. Rien d’extraordinaire, mais ces petits ajouts tendent à améliorer quelque peu l’expérience.
Une expérience qui n’est donc pas repensée, puisque nous faisons face à un simple remaster, et pas du même acabit que celui d’un Horizon Zero Dawn ou d’un The Last of Us. Ici, on conserve le jeu tel quel, en y ajoutant quelques surcouches visuelles, comme un support du VRR, de meilleurs ombres et une lumière qui paraît beaucoup plus organique, une distance d’affichage plus convaincante que par le passé, et surtout un lifting. Ce dernier, s’il ne surprend pas vraiment, rempli toutefois parfaitement son office. On notera d’ailleurs que la colorimétrie a été légèrement revue dans ce remaster, qui se révèle plus sombre et moins grisonnant que ne l’était le titre sur PlayStation 4. Un bon point, le rendant là aussi plus organique, et offrant à ses décors sauvages un nouveau souffle.
Décors qui sont les premiers à bénéficier du travail réalisé sur les lumières et les ombres, au point de devenir par moments vraiment jolis, surtout lorsque la météo fait des siennes. Le reste du temps, malheureusement, le titre reste dans la moyenne sans vraiment briller, que ce soit au niveau de l’environnement ou du Character Design un brin générique, détails déjà soulevés à l’époque de sa sortie initiale. Rien de bien méchant, rassurez vous si Days Gone Remastered vous intéresse. Le développeur a aussi pensé aux technophiles, puisqu’un mode graphique dédié à la PS5 Pro est présent. Mais n’ayant pas pu nous y essayer, nous ne nous avancerons pas sur sa qualité. Même si on demeure plutôt confiants vu le travail global réalisé sur cette version, qui propose les classiques modes Qualité et Performances, tous deux parfaitement fonctionnels. Le mode photo ayant été amélioré lui aussi, on ne doute pas que certains joueurs en abuseront !
Notre plus gros mécontentement, même si le mot est fort, tient finalement dans le retour de quelques bugs déjà connus sur le jeu de base, ainsi que l’absence de réelle amélioration au niveau du cœur du jeu, à savoir le gameplay et les mécaniques. On aurait aimé que le système de stockage des armes soit plus permissif que sur PS4, laissant au joueur le droit de stocker les fusils récupérés sur les ennemis, en plus de ceux à acheter dans les camps. Ou voir le combat au corps-à-corps légèrement revu, pour le rendre moins brouillon. Et, allons plus loin, on aurait apprécié une refonte des arbres de compétences qui, en l’état, sont vraiment ce qui se fait de plus basique en la matière, pas vraiment gratifiant donc. Mais il faut toutefois se rendre à l’évidence : Days Gone Remastered est vendu une cinquantaine d’euros seulement, et propose une mise à niveau de dix euros si vous possédez le jeu d’origine. Il ne fallait donc pas s’attendre à plus, et le résultat convainc.
S’il ne vous avait pas plu en 2019, Day Gone ne saura pas vous convaincre en 2025. Toutefois, si vous aviez apprécié traverser son Open-World sauvage et oppressant à moto, alors cette version remasterisée pourrait bien trouver grâce à vos yeux, d’autant que vous pouvez même récupérer votre précédente sauvegarde. Mieux, si vous n’avez jamais eu l’occasion de vous essayer au jeu de Bend Studios, alors le moment semble tout indiqué. A fortiori dans la mesure où Days Gone Remastered n’est pas vendu bien cher. Si l’on n’aurait pas été contre un peu plus, tant de contenu que d’options ou d’améliorations, il faut néanmoins saluer le travail sérieux réalisé par le développeur, qui offre un second souffle à ce monde ouvert plein de bonnes intentions et de qualités.