Nioh 3 : On a joué au nouvel épisode du Souls-like, une évolution majeure en approche ?
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Rédigé par Quentin
Alors que la licence Nioh s’est imposée comme l’une des références du Souls-like à la japonaise, des concurrents sérieux sont venus titiller ce géant du genre (The First Berserker : Khazan, Lies of Pie, Wuchang…). Avec Nioh 3, Team Ninja a la lourde tâche de faire évoluer sa formule avec un nouvel épisode bien plus ambitieux. Lors d’un évènement organisé par Koei Tecmo, nous avons pu jouer à une version inédite du titre durant près de trois heures. Voici ce qu’il faut retenir de ce nouveau mastodonte de l’action hardcore.
Sommaire
ToggleUn voyage à travers le temps pour sauver le Japon en ruine
Nioh 3 s’appuie sur une intrigue entièrement nouvelle, centrée sur Tokugawa Takechiyo, jeune héritier destiné à devenir shogun dans un Japon plongé dans le chaos. Le récit s’ouvre sur la trahison de son frère cadet, Tokugawa Kunimatsu, consumé par la jalousie et manipulé par une force surnaturelle qui lui permet de mener une vaste armée de yôkai. Cette attaque dévastatrice marque l’effondrement d’une ère de paix et pousse Takechiyo à s’en remettre au pouvoir mystérieux de son Esprit Protecteur Kusanagi, qui est capable de lui faire transcender le temps.
Grâce à ce don, le protagoniste traverse différentes périodes historique du Japon : Sengoku, Edo et Heian. Dévoilée officiellement aujourd’hui, cet aperçu a été l’occasion pour nous d’explorer une époque non annoncée jusque là : la période Bakumatsu (en 1865). Après la parenthèse de Nioh 2 et son protagoniste désincarné que l’on pouvait customiser de A à Z, Team Ninja revient à un protagoniste façon Nioh premier du nom. Rassurez-vous, un outil de personnalisation complet vous permet tout de même de le façonner visuellement selon vos envies.
En termes d’ambiances, ce troisième opus conserve son empreinte dark fantasy historique, ponctué de complots et de Yôkai. Cette signature, véritable marque de fabrique de la licence, fonctionne encore une fois très bien, d’autant que le studio semble pousser le concept plus loin grâce à une succession d’époques variées. Ce choix permet au titre d’afficher une direction artistique vraiment singulière. Par exemple, notre exploration des bas quartiers de Kyoto nous a offert un joli dépaysement, entre les bâtisses traditionnelles de l’époque et une couche inquiétante de surnaturel, marquée par d’énormes racines et autres excroissances organiques du plus bel effet.
Le bestiaire propose, de son côté, une belle variété visuelle, même si l’on espère que les différences se feront réellement sentir entre les différentes ères que l’on traversera. D’un point de vue graphique, Nioh 3 reste solide mais ne provoque pas forcément l’effet “waouh” que l’on pourrait attendre d’un titre pensé pour la nouvelle génération. Le Katana Engine fait le travail, mais on espère une optimisation plus aboutie que celle de Rise of the Ronin sur PC, par exemple. Nous avons également constaté quelques effets de clipping parfois très visibles, mais rappelons qu’il s’agissait d’une version encore en développement. Il faudra attendre notre test final pour se prononcer définitivement sur le rendu technique.
Pas d’open world mais de l’open field

De notre point de vue, les graphismes ne font pas tout, et l’on pourra facilement pardonner Nioh 3 sur ce point grâce à son approche nettement plus étendue de l’exploration. En effet, l’une des grandes transformations de cet épisode vient de son orientation « open-field » (zone ouverte). Concrètement, Nioh 3 abandonne l’enchaînement de missions instanciées au profit de zones ouvertes à parcourir librement. On apprécie la prudence des studios avec le terme « Monde ouvert » qui prête souvent à confusion. Ici, chaque époque évoquée disposera de sa zone entièrement ouverte qui se dévoile au fur et à mesure de la progression.
Cet accent mis sur la liberté rend l’aventure beaucoup plus agréable que dans les opus précédents et constitue sans doute l’évolution majeure de cette suite. Cela permet au studio d’ajouter des activités variées comme la capture de bases ennemies, la purification de zones maudites ou la résolution de Mythes, sans tomber dans le piège des environnements vides entre deux objectifs. On pourra néanmoins pester contre certaines phases de plateforme, notamment les doubles sauts qui restent assez rigides et imprécis, en particulier lorsqu’il faut naviguer sur les toits pour atteindre un ennemi ou atteindre un endroit en particulier.
Même si on se sent parfois perdu avec les dédales et la verticalité, il y a un vrai sentiment de découverte qui s’installe au fur et à mesure que la carte se dévoile, mais aussi de danger constant. Un danger incarné par le Purgatoire, considéré par le studio comme la signature de ce troisième épisode. Il s’agit de zones corrompues où les yôkai sont dopés et infligent des dégâts nettement supérieurs. Chaque blessure reçue peut provoquer l’Érosion vitale, qui réduit temporairement la vie maximale de notre avatar. Il faut alors tuer des ennemis, infliger des dégâts ou revenir à sa tombe pour dissiper cet ce malus. Le Purgatoire accélère également le remplissage de la Jauge d’Amrita, encourageant l’usage stratégique de l’Artefact vivant malgré les risques.
Nioh 3 conserve par ailleurs son ADN d’action-RPG, avec une pluie de loot toujours aussi dense. Peut-être même un peu trop pour son propre bien. Entre les armes, les armures, les accessoires et les ressources annexes, la gestion de l’équipement devient vite chargée. N’ayant pas encore eu le temps de nous plonger sérieusement dans le micro-management, nous y reviendrons lors de notre test complet.
Un système de combat toujours aussi exigeant ?

Nioh 3 conserve les fondations qui ont fait la renommée de la série, à savoir une gestion stricte du Ki, des affrontements au rythme nerveux et une lecture des patterns ennemis indispensables. Le Ki reste au centre des échanges, aussi bien pour attaquer que pour se défendre, et l’Impulsion de ki permet toujours de récupérer instantanément une partie de cette ressource en maîtrisant son timing. De leur côté, les yôkai ne peuvent pas restaurer leur Ki, ce qui ouvre des fenêtres d’exécution spectaculaire lorsque leur jauge est totalement vidée.
La grande nouveauté vient de l’introduction de deux styles de combat distincts : le mode Samouraï et le mode Ninja. En combat, il est possible de basculer instantanément de l’un à l’autre. Le Samouraï s’inscrit dans la continuité directe de l’ADN Nioh avec ses postures, sa garde solide et une montée en puissance progressive grâce à la jauge d’arts. Une fois remplie, celle-ci active les Arts maîtrisés, renforçant les coups et réduisant la consommation de Ki.
À l’opposé, le mode Ninja favorise la vitesse, le mouvement et les repositionnements constants. Il consomme moins de Ki et s’appuie sur la mécanique du Brouillard, une esquive avancée qui, lorsqu’elle est parfaitement exécutée, recharge les jauges de Ninjutsu et d’arts. Le Ninja peut également réaliser un « Saut d’appui » pour bondir sur son adversaire et se placer derrière lui afin d’infliger plus de dégâts. Ce style permet aussi d’utiliser toute une gamme de techniques de Ninjutsu (parchemin explosif, shurikens…) via une jauge dédiée.
Si Nioh 3 constitue votre première approche de la licence, le style Ninja sera sans doute la meilleure porte d’entrée, tant le changement de posture peut s’avérer déroutant au début. À en juger par nos observations, il est probablement possible de terminer l’intégralité du jeu en ne jouant qu’avec ce style. Toutefois, il serait dommage de s’y limiter car le système de combat donne clairement sa pleine mesure lorsque l’on enchaîne les deux styles pour déclencher des combos dévastateurs. En basculant au bon moment, on peut ainsi réaliser une Rupture explosive, un contre extrêmement risqué mais terriblement spectaculaire, qui interrompt instantanément l’offensive adverse tout en infligeant des dégâts à la vie, au Ki et même au Ki maximal de l’ennemi.
Des boss qui font mal

Chaque style dispose également de ses propres armes. Le samouraï manie des engins de mort relativement lourds (comme l’odachi ou les gantelets), tandis que le ninja privilégie des outils plus légers et rapides (katana, kusarigama…). Là encore, il est possible d’équiper deux armes par style et d’alterner instantanément entre elles, sans passer par les menus, ce qui permet de varier les approches en plein combat. Team Ninja se montre d’ailleurs très généreux sur la progression, avec des arbres de compétences dédiés à chaque arme afin d’étoffer les combos et d’ouvrir de nouvelles possibilités de déplacement et d’attaque.
Les Esprits Protecteurs jouent eux aussi un rôle essentiel dans la stratégie. En plus de l’Artefact vivant, on dispose désormais d’une jauge de Force spirituelle, permettant d’utiliser des compétences spécifiques à chaque esprit. L’obtention de nouveaux Esprits au fil de l’aventure renouvelle ainsi régulièrement les options offensives et défensives, et enrichit encore davantage les combinaisons possibles en combat.
De manière générale, la difficulté nous a paru bien dosée, parfois même un peu accessible. Il faut toutefois nuancer puisque Koei Tecmo nous avait généreusement équipés pour cette démo. En revanche, le Purgatoire et plusieurs boss ou mini-boss offrent de véritables pics de challenge. Qu’il s’agisse d’un adversaire humain comme Takasugi Shinsaku, redoutable avec son pistolet et son esprit protecteur, ou du clou de cette session : Nuribotoke. Un boss prenant la forme d’une gigantesque statue possédée par les yôkai, qui ne nous a laissé aucune chance.
Précisons enfin que Nioh 3 proposera de la coopération, même si nous n’avons testé que le solo. Il sera toutefois possible d’invoquer des personnages d’autres joueurs, contrôlés par l’IA, pour vous accompagner dans vos explorations et combats.
Avec cette première prise en main dense et ambitieuse, Nioh 3 apparaît comme l’épisode de la mue pour Team Ninja. En misant sur une structure en zones ouvertes, une exploration nettement élargie et un système de combat enrichi par la dualité Samouraï/Ninja, le studio semble avoir trouvé un moyen crédible de moderniser sa formule sans renier son ADN. Malgré quelques zones d’ombre évoquées dans cet aperçu, cette démonstration laisse entrevoir un titre solide, généreux et plus accessible qu’attendu, sans pour autant sacrifier son exigence traditionnelle. Reste désormais à voir si ces belles promesses tiendront sur la longueur et si les différentes époques offriront un réel renouvellement. Sans oublier le maintient d’un challenge cohérent jusqu’au bout. La réponse lors de notre test.







