Hell is Us : nous avons joué plusieurs heures à ce jeu d’action-aventure prenant, mais qui ne vous prend pas par la main
Publié le :
1 commentaire
Rédigé par Quentin
Développé par le studio montréalais Rogue Factor, Hell is Us est un des jeux que l’on surveille le plus cette année. Nous avons eu l’occasion de l’essayer rapidement durant la dernière Gamescom et même d’interviewer le réalisateur : Jonathan Jacques-Belletête (ancien directeur artistique de Deus Ex: Human Revolution). Il a dans son sac une proposition très singulière pour un titre centré sur le combat rapproché et l’exploration dans un monde semi-ouvert. Beaucoup de belles promesses que nous avons enfin pu mettre à l’épreuve lors d’une longue session de jeu au cours de la Big Ben Week organisée par Nacon.

Nous avons pu prendre en main la version PC pendant un peu plus de 3 heures. Sur place, nous avions quelques informations sur la configuration de la machine avec notamment un processeur AMD Ryzen 7 7800X3D et une AMD RX 7900XT pour le GPU.
Sommaire
ToggleRémi sans aiguille
Le principal argument de Hell is Us, c’est sa volonté de rompre avec les conventions du genre action-aventure en adoptant une approche résolument immersive. Cela se traduit par l’absence de carte, de marqueurs ou de boussole. Mais au-delà de ces choix radicaux, le jeu peut surtout compter sur un univers solide et intrigant, capable d’offrir bien plus que ces premiers partis pris séduisants.
Pour résumer, on incarne Rémi, un ancien soldat de la paix des Nations Unies qui déserte pour retourner dans son pays natal, Hadea, ravagé par une guerre civile et isolé du reste du monde. Son objectif est de retrouver ses parents disparus et de découvrir la vérité sur ses origines. À son arrivée, il découvre que la région est infestée de créatures surnaturelles appelées « Chimères », apparues à la suite d’un événement mystérieux connu sous le nom de « Calamité ». Armé d’une épée ancienne et accompagné de son drone KAPI, Rémi doit affronter ces entités et percer les secrets d’un monde en proie au chaos.
Comme nous l’a expliqué Jonathan Jacques-Belletête, le jeu s’axe autour de ces trois thèmes centraux qui s’entremêlent : la famille, le contexte de guerre civile et la Calamité. Un cocktail assez efficace et qui nous donne suffisamment envie de découvrir les contours de ce pays fictifs, ainsi que tous les mystères entourant la Calamité. Il nous a donné l’impression de ne jamais tomber pleinement dans la fiction ou bien dans le récit d’un conflit historique. Même si les deux sont liés, ce flou créé une atmosphère à la fois sombre et énigmatique. Ayant pu jouer au tout début de l’aventure, les atrocités de cette guerre civile sont très visibles, avec parfois des séquences assez fortes, que ce soit dans l’exploration ou les dialogues.
Étant donné le contexte, Rémi est souvent amené à rendre des services à la population civile, s’il le souhaite. Ces actions prennent la forme de quêtes annexes, présentées en jeu comme des « bonnes actions ». Bien que nous en ayons accompli quelques-unes, elles n’ont pas encore montré de récompenses immédiates, suggérant une gratification plus tardive, peut-être symbolique ou narrative. Hell is Us surprend ainsi par sa dimension humaine plus prononcée que ce que l’on pouvait imaginer. Rémi n’est pas seulement un vagabond errant qui n’est entouré que de créatures étranges. Il évolue au cœur d’un conflit ravageur, dont les survivants portent les stigmates autant que les terres qu’ils habitent.
Le plaisir de se perdre et de réellement réfléchir
Hell is Us propose un monde semi-ouvert, composé de plusieurs zones distinctes au sein du pays fictif d’Hadea. Très rapidement, Rémi se procure un véhicule blindé de l’armée, qui lui permet de traverser ces différentes régions. Le jeu offre des environnements assez variés, allant de paysages désolés, ravagés par la guerre, à de vastes étendues verdoyantes. La première zone du jeu nous dévoile, par exemple, des tranchées parsemé de temples en ruines. Après avoir parcouru une zone marécageuse par la suite, il faut avouer que le titre dispose d’un cachet visuel assez soigné. Même si l’on peut regretter une certaine saturation de son utilisation dans de nombreuses productions, l’Unreal Engine 5 est décidément un excellent outil pour les titres AA de proposer des graphismes très soignés.
On rappelle que le studio est composé d’une cinquantaine de personnes, des moyens bien loin des grosses productions du milieu. Même si l’on sent quelques limites, Hell is Us séduit notamment par sa structure d’exploration, pensée avec soin avec des énigmes à résoudre, des donjons à explorer et une vraie conscience de l’environnement. Le tout sans marqueurs, sans boussole, ni journal de quêtes traditionnel. À l’heure des mondes ouverts souvent très dirigistes, ce choix radical apporte une véritable bouffée d’air frais et il est presque étonnant de ne pas voir plus de propositions de ce genre en dehors du secteur indépendant.
Les environnements sont conçus pour nous guider de manière intuitive, en fonction de ce que l’on voit, de ce que l’on entend (via le sound design) ou encore via les indices laissés par les PNJ. Cette approche permet de s’investir beaucoup plus, nous avons ainsi une expérience plus organique, où chaque découverte résulte d’un effort personnel. Lorsqu’on croise une bâtisse étrange ou un objet énigmatique, on ne comprend pas forcément son utilité immédiatement. Rien ne semble laissé au hasard, et il y a peu de chance de résoudre une quête simplement par accident.
Lors de notre dernière heure de jeu, nous avons pu charger une sauvegarde se déroulant un peu plus loin dans le jeu, avec notamment un donjon particulièrement dense, rempli de puzzles et de textes à déchiffrer. L’absence de guidage pourra rebuter certains joueurs, mais rien ne nous a semblé insurmontable dans ce que nous avons accompli (sans vouloir nous lancer des fleurs).
Bien que le jeu rejette toute forme de journal de quête traditionnel, le DATUM (un dispositif intégré au casque de Rémi) agit comme une mémoire visuelle et sensorielle des événements marquants. En l’activant, nous pouvons consulter une représentation holographique des indices récoltés, revoir des lieux explorés, relire certains dialogues clés ou réexaminer des objets découverts sur le terrain. On peut le considérer comme une aide bienvenue qui évite de prendre des notes et de trop se disperser lors des déductions.
Des combats encore perfectibles
Malgré une bonne impression générale, Hell is Us affiche déjà quelques limites. Côté d’exploration, on regrette une certaine restriction dans les déplacements, en raison d’une absence de saut pour notre personnage principal. Quant à Rémi lui-même, il reste pour l’instant assez effacé. Aucun trait marquant ne permet encore de vraiment l’identifier ou de s’y attacher.
Enfin, nous avons les combats du titre qui sont assez particuliers. Ce sera sans doute le point qui méritera d’être analysé en profondeur lors du test final pour pouvoir disposer d’une meilleure vision d’ensemble. Pour expliquer simplement, les combats de Hell is Us reposent essentiellement sur le corps-à-corps, avec un système assez brutal. Rémi dispose d’un arsenal d’armes archaïques, comme l’épée, la lance ou la hache, à manier avec précision face aux créatures surnaturelles appelées Chimères. Chaque coup porté et reçu est lourd de conséquences.
L’endurance se régénère lentement et est directement liée à la jauge de santé, cette dernière voyant sa valeur maximale diminuer à chaque blessure. Heureusement, un système de soin original permet de restaurer cette jauge en frappant les ennemis puis en activant une touche au bon moment, à condition de ne pas être touché durant le processus. Ce fonctionnement oblige à jouer avec prudence et timing, et propose une approche assez inédite du genre.
Néanmoins, les animations peuvent être assez rigides et la courbe d’apprentissage est assez abrupte. Malgré tout, le système de combat s’est révélé bien plus intéressant dans la sauvegarde plus avancée grâce à un accès à plus de compétentes et d’équipements. L’usage du drone, en particulier, apporte un vrai dynamisme aux combats en ouvrant de nouvelles possibilités d’approche.
Hell is Us nous a fait une excellente première impression grâce à son parti pris audacieux de privilégier l’immersion et la réflexion au détriment des mécanismes classiques d’exploration guidée. En nous offrant la liberté de découvrir ses secrets sans marqueurs ni indications explicites, le jeu stimule une véritable curiosité naturelle. Même si certaines mécaniques, comme les combats ou les déplacements auraient pu être affinées, le potentiel du titre est évident. Hell is Us pourrait bien être l’une des surprises marquantes de l’année.
On vous invite d’ailleurs à essayer la démo qui sera disponible du 2 au 16 juin prochain.