Persona 3 Reload : On a joué à la version Switch 2, et nous ne sommes pas déçus
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Rédigé par Nathan Champion
Spin-off devenu plus populaire que la franchise dont il est issu, Persona déchaîne désormais les passions au même titre que Final Fantasy ou Dragon Quest. L’osé pari devenu géant de l’industrie du RPG part toutefois de loin, puisque ses deux premiers épisodes ne ressemblaient en aucun cas à ce que l’on connaît des trois suivants ayant fait sa renommée. D’une certaine manière, quand bien même les premiers volets posent certaines bases, c’est bien avec Persona 3 que tout débute véritablement, et à l’international, pour la série. Ainsi, le choisir pour le développement d’un remake semblait couler de source. C’est d’autant plus vrai au regard des récurrentes demandes de joueurs à travers le globe.

Et le résultat n’a pas déçu, bien que certains espéraient un peu plus, notamment l’intégration, Day One, du contenu exclusif aux versions FES et Portable. Notre test de Persona 3 Reload, s’il n’est peut-être pas aussi dithyrambique que celui de Metaphor : ReFantazio qui fut développé conjointement, donne toutefois le ton : le titre est une franche réussite, et certainement la meilleure manière de jouer à Persona 3 aujourd’hui. Sorti sur consoles PlayStation et Xbox, mais aussi sur PC, il délaissa toutefois complètement la Nintendo Switch, certainement jugée bien trop faible techniquement pour le faire tourner convenablement, même dans une version revue à la baisse.
Heureusement pour les fidèles de Nintendo, voici qu’une version Switch 2 débarque ce 23 octobre. Une édition qui ne promet rien de plus (ou rien de moins, c’est selon) que de faire tourner le titre convenablement sur une console hybride, et donc de vous permettre d’emmener partout ce RPG au contenu colossal. Une promesse plutôt alléchante, comme chaque fois qu’un jeu de rôle termine sur Switch finalement, qui s’accompagne de quelques maigres déceptions une fois la console entre les mains. Cela étant dit, difficile de bouder son plaisir malgré tout !
Conditions de test : Nous avons passé près d’une cinquantaine d’heures sur cette version Nintendo Switch 2, avec des sessions également réparties entre le mode portable et le mode docké. Cet article est garanti sans spoiler.
L’instinct de mort
De Persona 3 Reload sur consoles et PC, il faut avant tout retenir une aventure qui, en substance, change assez peu de l’originale sur PlayStation 2. On conserve les mêmes personnages, une trame scénaristique qui va dans le même sens, pas de bouleversement dans la manière dont sont écrits les dialogues, à ceci près que désormais le jeu est intégralement traduit en français. Les habitués, ou fans, ne seront que peu ou pas dépaysés, du moins à première vue, par cette version qui ne chamboule guère ce qu’ils connaissent de cet épisode fondateur.
Ce qui change, toutefois, c’est tout un tas de petites choses améliorant le confort du joueur. On l’a dit, la traduction intégrale dans la langue de Molière en est un exemple probant. Mais il faut aussi se tourner vers des détails peut-être moins évidents pour l’œil du profane. Par exemple, l’intégration d’une interface très codifiée, reposant sur des bases instaurées par Persona 5, et dont il est bien difficile de dire du mal tant le résultat est agréable à l’œil et lisible par la même occasion. Cela se traduit par un menu immédiatement accessible via pression de touches en combat, clair, net et précis, laissant rapidement entrevoir les possibilités.
Bien sûr, qui a touché aux versions initiales s’y attendait certainement, les combats permettent désormais de contrôler directement tous les membres de notre équipe, en plus de notre protagoniste. Une petite avancée, qui n’exclue toutefois pas la façon de faire du jeu original, avec la possibilité de laisser à l’IA le soin de gérer nos coéquipiers, selon différentes stratégies à définir. Deux écoles bien distinctes, qui n’appellent pas la même manière de traverser l’aventure, et ne plairont de fait pas aux mêmes profils de joueurs.
Il est désormais possible de choisir son niveau de difficulté, permettant aux moins aguerris de prendre du plaisir sur cette aventure qu’on imaginait assez complexe, comme d’habitude avec les jeux Atlus. Toutefois, il faut reconnaître que le challenge, s’il n’a pas complètement disparu, est moindre par rapport à ce que l’on était en droit d’attendre dans le mode normal. La mort survient rarement, les difficultés sont plus aisément surmontables, et les boss posent moins de problèmes. Ceux que cela risque de frustrer feraient peut-être bien de débuter en mode difficile.
Au rayon des petits couacs, en plus d’un challenge qui aurait donc gagné à s’intensifier, on notera un léger problème de rythme. Plus subtil, des erreurs de traduction, ou des pépins restant dans les dialogues. Il faut dire que du haut de sa durée de vie colossale, et de son script monstrueusement vaste (comme toujours avec la franchise en somme), la relecture ne devait pas être une partie de plaisir pour les employés d’Atlus. Ce qui n’excuse absolument rien, certes, mais explique ces errements qui ne sont finalement que des ralentisseurs sur la route de l’immersion.
Les avis sont mitigés concernant le Tartare, théâtre des épisodes guerriers de cet opus, dont les étages sont entièrement réalisés de manière procédurale, selon des schémas codifiés. Certains le trouvent plus agréable que dans le jeu d’origine, d’autres ont toujours autant de mal, tant à s’y retrouver qu’à y accorder un véritable intérêt ludique. Dommage, car il y avait un vrai coup à jouer pour cet espace, sorte de gigantesque donjon, dans lequel on passe tout de même une grosse partie de l’aventure à batailler. Heureusement qu’à côté de cela le système de combat n’a rien à se reprocher.
Enfin, difficile d’aborder ce remake sans parler de sa refonte. Visuellement très convaincant, sur ses supports d’origine, Persona 3 Reload bénéficie de l’utilisation de l’Unreal Engine 4, qui lui permet un rendu fortement typé animation japonaise, très agréable à l’œil. Les effets d’ombres sont tout particulièrement réussis. Assurément, cette version vieillira bien. Toutefois, on ne sera pas aussi catégoriques côté bande son, puisque certaines réorchestrations de morceaux connus et appréciés passent moins bien chez certains fans. Enfin l’OST demeure une franche réussite malgré tout.
La Divine Comédie
Comme toujours lorsqu’on parle d’un portage, on prend ici les mêmes que l’an passé, et on recommence. La Nintendo Switch 2 étant de loin plus puissante que son aînée, et Persona 3 Reload ne s’étouffant pas avec une technique révolutionnaire, puisqu’il tourne même sur PlayStation 4 et Xbox One, on ne s’attendait pas à ce que les développeurs rognent trop sur la qualité graphique. Et effectivement, le résultat est très convaincant. Pas de différence majeure, du moins pas qui nous aient sauté aux yeux, entre l’originale et ce portage Nintendo Switch 2 tant qu’on joue sur TV.
Premier bon point, qui s’accompagne d’un autre, tout aussi important : la portabilité sied bien au titre d’Atlus ! Alors attention, parce que la différence visuelle est palpable entre la TV et l’écran de la console. On perd en qualité, avec un petit effet de flou qui pourra déplaire, et on ressent une légère baisse de framerate. Mais rien de bien méchant au demeurant. Plus dommageable, de petits ralentissements momentanés, qui touchent le jeu quel que soit le mode choisi, mais viendront plus couramment ternir l’expérience au cœur du Tartare.
Les plus fines oreilles remarqueront que le titre profite bien des capacités sonores de la dernière console de Nintendo. En mode portable, on profite bien de la bande-son, qui ne souffre d’aucun problème de compression. Bien sûr, on aurait quand même tendance à préconiser l’utilisation d’un casque, mais le résultat sans cet outil parfaitement dispensable (et souvent onéreux) demeure très convaincant.
On retient toutefois que les problèmes trouvés dans la version originale n’ont pas été corrigés entre-temps, ce qui est quand même dommage. Ainsi, on retrouve ici les problèmes que nous citions précédemment dans les dialogues. Il n’est toujours pas possible de choisir son protagoniste, non plus. Alors, là encore rien de bien méchant, mais c’est à se demander où sont les priorités d’Atlus. Enfin, trêve de chipotage, le jeu est toujours excellent, et bénéficie vraiment de sa nouvelle portabilité, qui devrait lui faire trouver grâce aux yeux de joueurs qui passent beaucoup de temps dans les transports.
Difficile de trouver grand chose à redire sur cette version Nintendo Switch 2, hormis quelques petits détails technique sans grande importance, ou le fait, certes un brin dommageable, que les problèmes de texte constatés l’an passé n’aient pas été corrigés depuis. En l’état, Persona 3 Reload demeure fidèle à lui-même, un jeu de rôle d’une richesse assez vertigineuse, jouissant d’une durée de vie colossale, de personnages attachants, et d’une histoire prenante. Autant de qualités que la portabilité de cette version embellissent au moins un brin.