Towa and the Guardians of the Sacred Tree : Un roguelite à deux lames entre promesses et maladresses, nouvel aperçu
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Rédigé par Fabien Soccio
Révélé lors du Summer Game Fest 2025, Towa and the Guardians of the Sacred Tree n’aura pas à nous faire attendre longtemps. Prévu pour le mois de septembre, le nouveau roguelite de Bandai Namco se profile comme une proposition ambitieuse et unique face aux classiques du genre, Hades en tête. Un titre qui espère s’approprier les codes du genre pour mieux les marier à ceux du Japon. Un rapprochement pas si courant qui pourrait accoucher d’une bonne surprise… mais qui me laisse plutôt sur ma faim après 3 heures de jeu.

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ToggleUn univers entre shonen et folklore asiatique
Côté histoire, le titre met en scène Towa, une prêtresse chargée de protéger l’Arbre Sacré. Et alors que tout se passe pour le mieux pour la jeune fille, un certain Magatsu vient répandre corruption et terreur, obligeant notre héroïne à prendre les armes et à se dresser sur son chemin. Fort heureusement, elle est plutôt bien accompagnée puisque ce ne sont pas moins de huit gardiens qui feront marche à ses côtés. Des gardiens dont les origines sont à chercher du côté du folklore asiatique et que ne renierait pas tout bon shônen. On retrouve ainsi des personnages en partie anthropomorphes, inspirés par la carpe koï, l’akiba (la ressemblance avec un capitaine de division dans Bleach est sans doute fortuite) ou encore un chat, et présentant des attributs très classiques : le colosse, le petit agile, l’équilibré, etc. Pas de révolution côté casting donc, mais une galerie de personnages qui joue volontairement sur des codes connus.
Cette dimension très “shonen” transpire d’ailleurs jusque dans la narration. Les dialogues entre protagonistes rappellent un JRPG bavard : ça discute beaucoup pour, souvent, ne pas dire grand-chose. Le hub central, un village traditionnel, permet justement de prendre le temps de ces échanges, mais aussi d’améliorer ses sabres, personnaliser son héros et en apprendre davantage sur chacun des compagnons.
Sur le papier, cette couche narrative doit renforcer l’attachement à l’équipe. Dans les faits, elle peine encore à se distinguer par autre chose que des clichés assez convenus pour qui est habitué à la japanimation. La preview est un modèle de classicisme, mettant en place uniquement le scénario de base et j’ai pourtant eu des cutscenes de plus de 10, voire 15 minutes, sans pouvoir intervenir. Le tout avec des animations plutôt sommaires et sans efforts particuliers de mise en scène. Dommage pour un univers qui m’a fait penser plus d’une fois à Demon Slayer.
Visuellement, en revanche, le jeu est bien plus agréable. La direction artistique puise dans la peinture à l’encre et les estampes japonaises pour offrir des environnements vraiment réussis. Je n’irai pas jusqu’à dire que le jeu est magnifique mais l’ensemble fait mouche et j’espère sincèrement que la diversité sera de mise pour nous offrir des contrées enneigées, des volcans ou d’autres éléments qui permettent de nous faire voyager. A ce titre, les panoramas où la caméra dézoome soudainement pour révéler un arrière-plan riche et coloré sont particulièrement réussis et offrent cette invitation au voyage qu’on a finalement trop peu dans les roguelites récents. Côté technique, sans être clinquant, c’est donc du tout bon, jusque dans les animations en combats, suffisamment détaillées pour toujours comprendre ce que notre personnage fait.
Un personnage, ça va. Deux, bonjour les dégâts
Côté gameplay, Towa and the Guardians of the Sacred Tree assume son héritage. Le schéma est clair : on enchaîne les salles, on nettoie la zone, on récupère quelques récompenses (vie, monnaie, buffs), puis on part pour s’occuper du boss en fin de zone. J’ai d’ailleurs affronté trois gardiens corrompus lors de ma session, chacun proposant son lot de patterns à apprendre et de timings à maîtriser. Du classique plutôt efficace et qui fait ce qu’on lui demande, à savoir offrir un terrain familier pour tout amateur du genre.
Mais si la progression est classique, Towa ne manque pas de subtilités. La première d’entre elles vient de son système de partenaires. Chaque run demande en effet de choisir deux personnages parmi les huit disponibles afin de mettre sur pied le duo le plus létal qui soit. On sélectionne ainsi un combattant principal (le Tsurugi) et un second qui sert davantage de soutien à distance (le Kagura). Le Tsurugi enchaîne les assauts rapides et les dashs, tandis que le Kagura sert de renfort avec deux attaques de zone déclenchables à la demande. Une idée séduisante en principe mais qui a bien du mal à se concrétiser manette en main.
Déjà, il faut comprendre que vos personnages possèdent tous deux une barre de vie différente. Et ensuite, que le Kagura, votre soutien, suit votre Tsuguri, le combattant principal, comme son ombre. Là où vous allez, votre Kagura ira… mais avec quelques instants de retard. Et cela signifie donc qu’il encaisse les coups que vous esquivez de justesse. Résultat : au lieu de jouer “sur le fil” et d’oser des esquives millimétrées, j’ai dû adapter mon style pour protéger mon binôme. Alors, oui, vous pouvez diriger votre second personnage grâce au stick gauche. Mais gérer deux personnages au cœur de la mêlée se révèle bien trop complexe pour le joueur que je suis. Et de fait, cette mécanique de soutien ralentit finalement le rythme et casse le côté réflexe qu’on attend d’un roguelite nerveux.
Deux lames et beaucoup de subtilités
Deuxième spécificité de Towa : la gestion des lames. Chaque Tsurugi dispose en effet de deux épées, qui s’émoussent à mesure que vous les utilisez. Vos dégâts sont moins importants et, pour restaurer son énergie, il faut switcher vers une seconde arme. Une mécanique qui ajoute de la profondeur aux affrontements et qui force à alterner ses attaques. Mais en pratique, le timing nécessaire pour basculer d’une lame à l’autre est bien trop rigide.
Là où la plupart des jeux d’actions vous permettent d’enchaîner vos ennemis en basculant à la volée entre vos armes, il faut ici marquer un vrai temps d’arrêt. Un temps mort artificiel. À plusieurs reprises, je me suis retrouvé à prolonger un combo avec une lame émoussée faute d’avoir validé le switch au bon moment. Une expérience plutôt frustrante, surtout quand on aime les transitions fluides, naturelles et instantanées !
Une déconvenue toutefois à nuancer car c’est finalement tout le design qui semble prendre son temps. A l’image de ces espèces de mini-jeux de forge qui vous permettent de créer ou améliorer vos sabres. Là encore, l’idée est sympa mais pas renversante : il s’agit ni plus ni moins d’une sorte de QTE où il faut appuyer sur une touche au bon moment pour optimiser l’aiguisage, la montée en température, le refroidissement ou encore vos coups de marteau. Plus gadget qu’essentiel, mais nécessaire pour renforcer son arsenal et espérer progresser plus loin dans les runs.
Enfin, parlons des builds. Les power-ups obtenus au fil des salles laissent entrevoir une belle variété de combinaisons, avec des bonus qui apportent de vrais buffs… voire quelques nerfs si vous pensez cela judicieux. En revanche, du côté des personnages, la redondance est plus marquée. Plusieurs gardiens partagent des attaques de soutien très similaires, ce qui réduit l’intérêt de tester tout le casting. Dommage, car avec huit héros jouables, on pouvait espérer une diversité plus franche.
Promesses et doutes en attendant septembre
Malgré ses défauts, Towa and the Guardians of the Sacred Tree a de quoi séduire. La direction artistique est soignée et la richesse des mécaniques — entre duo, gestion des lames et progression classique mais solide — montre une réelle ambition. Les boss rencontrés offrent aussi de réels défis, exigeant d’apprendre leurs patterns et de rester concentré sur la lisibilité de l’action.
Mais c’est justement là que le bât blesse : la lisibilité est perfectible. Entre un partenaire qui encaisse les coups à votre place, des effets visuels parfois trop chargés et un rythme ralenti par des mécaniques rigides, le plaisir immédiat s’en trouve amoindri. Là où un Hades donnait envie de relancer une run sans réfléchir, Towa m’a laissé plus mitigé : j’ai apprécié l’univers, mais je n’ai pas ressenti l’envie compulsive d’y revenir encore et encore.
Reste que la base est prometteuse. Si Brownies Inc. parvient à assouplir le système d’armes, à enrichir la diversité des personnages et à fluidifier le binôme, Towa and the Guardians of the Sacred Tree pourrait bien s’imposer comme une alternative rafraîchissante dans le paysage du roguelite. En l’état, c’est un projet séduisant visuellement, original dans ses intentions, mais qui devra encore convaincre manette en main. Verdict définitif en septembre.