L’un des actionnaires importants de Square Enix demande des comptes et publie un rapport à charge sur l’éditeur
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Rédigé par Jordan
L’année dernière, Square Enix a entamé une transformation qui s’étendra jusqu’en 2027, avec la volonté de proposer davantage de jeux multiplateformes tout en diminuant le volume de titres proposés, afin de privilégier la qualité (tout en se concentrant sur ses licences fortes). Un virage qui met forcément du temps à se mettre en place étant donné que les temps de développement sont longs, mais pour l’un des actionnaires du groupe, 3D Investment Partners, cela ne va pas assez vite. Ce dernier vient donc de publier un rapport de plus d’une centaine de pages avec plein de données à l’appui (parfois aléatoires) pour entamer un dialogue avec la direction de Square Enix, et rallier d’autres actionnaires de son côté afin que l’éditeur prenne des mesures plus efficaces sur la gestion de ses projets.
Un actionnaire pas content qui déballe tout son argumentaire
Square Enix pourrait bien entendu faire la sourde oreille ici, puisqu’il ne s’agit que d’un actionnaire parmi d’autres, qui n’est entré au capital qu’en avril dernier. Sauf que 3D Investment Partners a beaucoup d’actions dans sa besace. Il détiendrait 14,36% de l’entreprise japonaise, autant dire qu’il s’agit là d’un très gros poisson que l’éditeur est un peu obligé d’écouter avec un minimum d’attention. Ce qu’il n’aurait pas fait dans un premier temps, puisque la firme avance avoir voulu discuter à ce sujet avec Takashi Kiryu, PDG de Square Enix, en octobre dernier, sans que le dialogue ne soit très concluant.
Dans ce très long rapport relayé par Automaton, 3D Investment Partners se plaint surtout de la manière dont Square Enix est géré aujourd’hui, en pointant du doigt les faibles performances du groupe alors qu’il possède dans son catalogue des licences emblématiques censées rapporter gros. L’actionnaire n’hésite pas à comparer les résultats du groupe à ceux d’autres entreprises japonaises qui se portent mieux, comme Capcom ou Nintendo.
Il pointe du doigt des performances faibles dans le secteur du mobile, mais aussi dans la section des jeux dits HD, autrement dit les jeux sur consoles, la faute à beaucoup de projets annulés. Des jeux stoppés justement à cause du virage entamé par l’éditeur il y a peu. Et ce plan, 3D Investment Partners ne l’aime pas beaucoup (alors qu’il était déjà actif quand l’actionnaire a investi), le qualifiant de trop vague et peu certain sur les revenus qu’il pourrait apporter d’ici 2027, tout en reprochant un manque de transparence, notamment en ne révélant pas certains chiffres de ventes pour ses jeux.
On notera ici un peu de mauvaise foi lorsque l’actionnaire critique le manque de stratégie multiplateforme des récents jeux de Square Enix, qui a conduit à de faibles revenus, ce qui est exactement l’un des points principaux auxquels s’attaque l’éditeur avec son nouveau plan. Et en parlant de mauvaise foi, 3D Investment Partners critique la qualité des derniers jeux de Square Enix en ne mettant en avant qu’une poignée de commentaires négatifs à leur sujet piochés sur Metacritic, même pour un Dragon Quest III HD-2D Remake qui a plutôt été bien reçu.
Des chiffres de production qui interrogent

En dehors de tous les aspects de ce dossier qui se concentrent sur la génération de revenus qui ne vous intéresseront que si vous êtes vous-mêmes actionnaires, quelques détails plus captivants ressortent du rapport. Comme des données concernant le coût de développement de certains jeux, chose très rares dans le milieu.
À la la page 77 du document, on lit que Final Fantasy VII Remake aurait coûté la somme de 20,9 milliards de yens, soit approximativement presque 115 millions d’euros, tandis que sa suite, Final Fantasy Rebirth, aurait demandé un peu plus de 101 millions d’euros. Soit le double de Final Fantasy XVI, estimé aux alentours de 50 millions d’euros. Quand un Forspoken aurait nécessité plus de 75 millions d’euros.
Cependant, ces chiffres seraient tout sauf représentatifs de la réalité. Comme pour les critiques recensées sur certains jeux, l’actionnaire a pris ici les chiffres qui vont dans son sens et n’effectue qu’une comparaison quelque peu galvaudée avec les jeux de Capcom. De plus, ces chiffres ne proviennent pas directement de Square Enix, mais du cabinet Newzoo, qui est, comme beaucoup d’autres cabinets comme Alinea Analytics, parfois très approximatif. Ces chiffres ne sont donc pas officiels. Et on ne va pas se mentir, voir un Final Fantasy XVI coûter aussi peu serait plus qu’étonnant, peu importe ce que l’on pense de la qualité du jeu.
Autant dire que ce rapport risque de faire beaucoup de bruit, mais il repose sur des éléments parfois aléatoires, et surtout non-officiels. Il a notamment pour but de convaincre d’autres actionnaires (et le public) de faire bouger les choses afin que les profits s’accélèrent un peu plus chez Square Enix, histoire que 3D Investment Partners récupère vite son argent. De quoi rappeler une histoire assez similaire vécue par Ubisoft il y a peu. Cela dit, le tout sera peut-être pris au sérieux par Square Enix.
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