Affinity – Emotion et communication
Publié le :
2 commentaires
Rédigé par Ludvig Auvens

Parfois, il vaut mieux accepter que l’on ne connaît pas tout sur ses amis. Néanmoins, il n’est jamais trop tard pour apprendre à mieux les cerner. Ainsi, vous pourriez vous laisser tenter par une petite séance d’Affinity. Oui, laissons les dés de Seasons derrière nous, et intéressons-nous à la force de votre groupe. Avec le jeu dont nous allons vous parler aujourd’hui, nous désirons renforcer la cohésion qui existe entre vos amis et vous. Enfin, la renforcer, ce n’est peut-être pas certain… nous allons plutôt nous contenter de la tester, mais gare à la discorde qui pourrait s’immiscer sur le plateau de jeu.
Bien que revêtant l’aspect d’un jeu de coopération tout ce qu’il y a de plus gentillet, la création de Davy Bernard, Clément Leclercq, Roméo Hennion et Jean-Philippe Sahut (oui, ça fait du monde) va tester vos émotions. Ici, pas besoin de stratégie mûrement réfléchie, ni même de réflexion profonde sur le sens de la vie. Non, tout ce que vous avez à faire, c’est de vous montrer honnête avec vous-même, et avec vos camarades de jeu. Nul stress, point de tensions, juste le désir de voir si chaque situation vous émeut de la même manière que vos comparses. Vous l’aurez compris, il s’agit ici d’un jeu de société visant à se dérouler dans le calme, avec quelques éclats de rires, mais sans compétition aucune. Ainsi, ce titre proposé par Game Flow sera l’allié de vos soirées tranquilles.
Mais vous allez certainement vous questionner sur le nombre de joueur qui doivent être présents, n’est-ce pas ? Dans ce cas, retenez qu’Affinity est jouable de 3 à 8 personnes. Et, afin de vous rendre compte de ce que ce petit « party game » a dans le ventre, nous avons testé l’ensemble des combinaisons proposées. Mais attention, plus nombreux vous serez, et plus délicate seront les phases de concertation. Alors, de sorte à éviter tout débat houleux pour chaque décision, gardez à l’esprit qu’il ne s’agit que d’un jeu.
Sommaire
ToggleAvec Affinity, votre groupe l’emportera-t-il ?
Affinity, c’est un peu le jeu qui allie plusieurs éléments. En effet, vous pourrez le voir comme un jeu visant à tester la cohésion de votre groupe, la connaissance de chacun des autres, mais aussi la capacité de communication de chacun dans la prise de décision. Cherchant à installer une ambiance plutôt conviviale et propice à l’échange, cette production illustrée par Emma Ferraro peut accueillir des groupes de trois, comme de huit joueurs, ne laissant personne sur le carreau. Par ailleurs, nulle question de compétition et de voir qui est le meilleur, ni même question de qui connaît le mieux les autres. Non, l’objectif est plutôt de parvenir à unir le groupe, pour arriver à une conclusion acceptée par tous. Ici, victoire comme défaite dépendent de tous. Le groupe gagne, ou le groupe perd.
Dans Affinity, il n’y a donc pas de stratégie à adopter, si ce n’est de tous agir ensemble, dans l’intérêt du groupe. Il n’y a, dans la même optique, pas de rôle à endosser, chacun étant lui-même pour toute la durée de la partie. Pour jouer, chaque joueur pioche trois cartes « phrase » de chaque couleur dans le paquet (trois vertes, trois jaunes et trois rouges), ainsi qu’une carte « émotion ». Jusqu’à cet instant, chaque joueur doit garder sa pioche secrète.
Une fois l’ensemble des joueurs ayant obtenu leurs cartes, le jeu peut commencer. Avec son deck, chaque joueur doit créer une phrase, qu’il garde pour lui, et qui doit absolument, à ses yeux, représenter l’émotion qu’il a obtenu lors du tirage. Une fois tout le monde prêt, chaque joueur peut passer ses cartes à son voisin, tout en gardant son émotion cachée. S’en suit alors la phase de lecture, où chacun leur tour, les joueurs lisent ce qui est inscrit sur les cartes. De là, le lecteur et les autres doivent se mettre d’accord sur l’émotion qu’exprime le créateur de la phrase. Si l’émotion sélectionnée par le groupe est la même que celle piochée par le joueur, le groupe gagne alors un point, et avance d’une case vers l’harmonie. Mais si la réponse est mauvaise, alors c’est un point de discorde qui est attribué. Bien entendu, le tour se termine une fois que chaque joueur a pu lire la phrase dont il a hérité. Tout le monde repioche alors une carte émotion, et une carte de chaque couleur pour recommencer.
Le jeu, quant à lui, se termine lorsque le jeton bleu se trouve, en fin de tour, dans la zone rouge ou que le jeton rouge se trouve dans la zone bleue. Très prenant, ce petit jeu parvient à faire réfléchir chaque joueur au sujet de ses camarades et révèle, une fois la partie finie, quel est l’état de votre groupe. Ainsi, si le jeton bleu est dans la zone opposée, vous et vos amis êtes touchés d’harmonie. Le constat inverse est observé si c’est le jeton rouge qui est le seul à avoir atteint la zone opposée. Il s’agit donc bien d’une expérience sociale, visant, certes à vous amuser, mais aussi à voir à quel point vous et vos comparses vous connaissez.
Ou sombrera-t-il dans la zizanie ?
Pour continuer, il pourrait être intéressant de revenir aux illustrations, dont nous parlions précédemment. Ces dernières sont réalisées avec une patte créative plutôt intéressante, et le tout rend le jeu visuellement agréable, tout en rappelant que les enfants sont les bienvenus autour de la table. Dès lors, nous ne pouvons que couvrir de louanges l’aspect visuel de cette production qui, tout en restant simple, lui donne une véritable identité. De plus, l’importance qu’a le côté psychologique de chaque joueur rend le jeu encore plus profond et plus prenant. Quand l’un d’entre vous trouvera quelque chose drôle, un autre pourra le trouver malsain. Il n’est donc plus question de penser à ce que vous ressentez, mais bien de vous mettre dans la tête de votre partenaire de jeu, ce qui rend l’expérience encore plus intéressante. Comprenez par-là, que la rejouabilité de ce titre est, elle aussi, renforcée par chaque joueur présent autour du plateau.
Au-delà de ça, nous pouvons aussi préciser que la boîte, et donc le plateau de jeu, est cartonné, ce qui le rend plus résistant. Il en va de même pour les différentes cartes du jeu, limitant ainsi les risques d’abîmer les pièces suite à une manipulation maladroite par un enfant. En parlant de ces cartes, sachez qu’il y en a soixante par paquet, ce qui vous permet une variation plutôt importante des phrases possibles, auxquelles il faut ajouter l’aspect psychologique de chaque participant. De quoi permettre d’éviter les répétitions à court terme. Nous avons donc face à nous un contenu de qualité, tant visuellement que dans les composantes, pour un prix plutôt démocratique. Un très bon point !
Néanmoins, Affinity présente un défaut de taille. Et il se ressent dans son essence même : les émotions. Alors que chaque joueur tire une émotion au hasard, il devient vite aisé de trouver de laquelle il s’agit lorsque le groupe se connaît suffisamment. Car oui, les quatre émotions proposées sont trop différenciables pour amener un réel risque d’échec. Triste, glauque, fun et beau, voilà les quatre émotions dont il est question. Et l’écart entre ces émotions est suffisant pour que la bonne réponse survienne avec assez d’aisance. Pour nous, il aurait été nécessaire de proposer plus de variantes, qui se rapprochent peut-être plus les unes des autres, de sorte à permettre l’hésitation au sein du groupe.
Enfin, nous aimerions remettre l’accent sur la capacité à créer une atmosphère conviviale de ce jeu. Tout en permettant la coopération et la réflexion, Affinity nous permet de vivre une expérience sociale qui plaît à tous, en créant des situations parfois loufoques (après tout, le hasard s’immisce aussi dans le jeu) et inexplicables. Par ailleurs, son extrême facilité permet à l’ensemble des participants de passer un bon moment, quelque soit le résultat final.
Pour qui s’adresse Affinity ?
Se présentant avec des règles plutôt aisées à comprendre, Affinity offre également une grande variété de combinaisons de jeu possibles. Jouable dès 8 ans, ce titre saura ravir les plus jeunes, comme les plus âgés. Bien entendu, son objectif et la manière dont il doit être joué fera que certains écarts générationnels se ressentiront lors de la partie. En effet, la manière dont un enfant percevra une phrase ne sera pas forcément la même que celle d’un sénior mais c’est là que l’on retrouve aussi, une part de beauté dans ce jeu.
En outre, le jeu présente une particularité plutôt singulière, mais très appréciable : la boîte de jeu est également le plateau. En effet, lorsque vous ouvre l’emballage, vous remarquez rapidement que l’intérieur du coffret a le plateau du jeu imprimé dessus. Une question d’écologie, un simple choix stylistique ? Peu importe, c’est un choix intelligent et réalisé à la perfection. Enfin, la relative rapidité des parties, d’environ vingt minutes chacune, permet d’enchaîner les manches efficacement. Il est, par ailleurs, assez pratique si vous prenez les transports en commun entre amis. Mais attention malgré tout… Car une fois ouverte, la boîte occupe quand même une place non-négligeable (c’est plus grand qu’une tablette de train).
- Nombre de joueurs : 3 à 8 joueurs
- Temps de partie : 30 minutes
- Auteurs : Clément Leclercq, Davu Bernard, Jean-phillipe Sahut, Roméo Hennion
- Illustrateurs : Ferraro
- Éditeur : Game Flow
- Distributeur : Blackrock Games
- Prix : 25 €
Se présentant comme un « party-game » convivial, Affinity est très impliquant, et brille par ses nombreuses combinaisons de jeu proposées. Petits comme grands groupes peuvent, ainsi, tenter cette expérience sociale. De plus, ses règles accessibles à tous permettent de créer des groupes hétérogènes dans l’âge sans créer de difficultés de compréhension. Sa variété, moyenne, de cartes permet également au titre de présenter une rejouabilité correcte, sans pour autant être illimitée. A sortir donc si vous voulez vous laisser tenter par une expérience sociale originale, où rires et malaises peuvent vite prendre place.
Cet article peut contenir des liens affiliés