A Better World : Notre interview d’Edouard Gaudel, co-fondateur du studio Ludogram en charge du jeu narratif montré à l’AG French Direct
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Rédigé par PikaDocMaster78/PikaDoc42
Cette année encore, l’AG French Direct a été l’occasion de découvrir de nombreuses productions vidéoludiques françaises et francophones indépendantes diverses et variées, à l’image d’A Better World. Après avoir respectivement commercialisé les sympathiques Firebird et Worlds of Aria en 2023 et 2024, Ludogram revient effectivement sur le devant de la scène avec ce nouveau jeu d’aventure narratif nous invitant à bâtir un monde meilleur en modifiant le cours de l’Histoire. Intrigant sur le papier, nous avons eu la possibilité d’en apprendre davantage à son sujet en interviewant Edouard Gaudel, co-fondateur et directeur narratif au sein du studio lillois.

Le trailer du titre dévoilé lors de la conférence étant bien trop court et énigmatique à nos yeux, nous avons souhaité en savoir plus dessus en réalisant une interview auprès de Ludogram qui a très gentiment accepté notre demande. Concept, inspirations, partenariat avec Arte… voici toutes les informations que nous avons réussi à obtenir en questionnant le co-fondateur de la société nordiste et directeur créatif Edouard Gaudel.
Sommaire
ToggleLudogram, un studio focalisé sur le genre narratif (pour l’instant !)
- ActuGaming : Bonjour et merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes-vous et quel est votre rôle sur le jeu ?
Edouard Gaudel : Bonjour. Je suis Edouard Gaudel, co-fondateur et directeur créatif au sein du studio Ludogram basé à Lille. Sur A Better World, j’ai partagé la direction créative du projet avec le game director César Grislain. J’ai également co-scénarisé et écrit une partie du jeu.
- Pourriez-vous également présenter un peu Ludogram pour celles et ceux qui ne connaîtraient peut-être pas encore le studio ? Une vingtaine de personnes y travaillent, c’est bien ça ? Ont-elles beaucoup d’expérience au sein de l’industrie ?
Nous sommes un peu plus aujourd’hui. L’équipe regroupe désormais un peu plus de 30 personnes, mélangeant profils seniors et juniors. Nous avons lancé le studio avec des jeux narratifs sur mobiles, puis PC et consoles avec Firebird. A Better World est notre troisième titre réalisé en collaboration avec FibreTigre. En parallèle, nous travaillons sur d’autres projets, non-narratifs et qui seront annoncés prochainement.
Tous ceux qui veulent changer le monde
- Après avoir commercialisé Worlds of Aria en 2024, l’adaptation en jeu d’aventure/RPG du JDR Les Mondes d’Aria, vous avez décidé de revenir à « vos premiers amours » en quelque sorte avec A Better World qui sera un jeu d’aventure narratif. Pourquoi ?
Dans les processus créatifs du studio, c’est souvent l’univers qui est à la base de la création de nos jeux avant de définir un concept et un game design. Concernant A Better World, le point de départ est Un Monde Meilleur, ce simulateur d’uchronies génial qu’a créé FibreTigre. On avait très envie de s’appuyer sur cette proposition pour construire un univers autour, dans le cadre d’un jeu vidéo. Assez naturellement, on s’est orienté vers un jeu narratif, notamment en raison de la quantité d’informations nécessaires pour tenir la promesse de simuler de meilleurs mondes.
- Quelles seront les différences entre le jeu disponible sur navigateur et votre adaptation de ce dernier ? FibreTigre joue-t-il un ou plusieurs rôles-clés dans sa conception ?
Après avoir travaillé sur Firebird (scénarisé par FibreTigre) puis Worlds of Aria (reposant sur l’univers de jeu de rôle créé par FibreTigre pour l’émission Game of Rôles), nous avons pu travailler à nouveau avec FibreTigre qui nous a fait confiance et permis de nous approprier sa proposition. Il a notamment été précieux sur les choix de structures générales ainsi que sur des références de fictions pouvant nous aider à réaliser le jeu. Le titre que nous développons se concentre sur le propos suivant : « A quoi ressemblerait la vie d’un(e) salarié(e) dont le job est de changer le cours de l’Histoire afin d’améliorer le monde ? » Ainsi, les joueurs et les joueuses vont pouvoir modifier l’Histoire et découvrir un grand nombre d’uchronies mais également tenter d’en apprendre plus sur la A Better World Company où ils et elles travaillent. Nous avons choisi ce cadre créatif afin de pouvoir « mettre en jeu » toutes les questions qui peuvent se poser quant à la manipulation de l’Histoire.
- La production nous invitera donc à nous mettre dans la peau d’un employé de l’ABW Company mais ce personnage a-t-il un background précis ou bien a-t-il plutôt vocation à devenir notre propre avatar en jeu ?
Il s’agit en effet d’un avatar que les joueurs et les joueuses incarnent. Nous voulions éviter d’ajouter un surplus narratif à ce niveau et mettre directement le joueur ou la joueuse dans la situation d’employé de l’ABW Company avec cette question : « Et si je pouvais manipuler l’Histoire pour améliorer le monde, qu’est-ce que je ferais ? »
- En plus de pouvoir utiliser une sorte de « super ordinateur », nous serons accompagnés de Globos, une assistante virtuelle. Si ce n’est pas trop demandé, nous servira-t-elle uniquement de guide en cas de besoin ou s’agit-il d’un personnage à part entière dans le scénario ? D’ailleurs, son apparence nous a tout de suite fait penser à Miss Minutes, l’IA visible dans la série TV Loki de Disney. Vous êtes-vous inspirés de ce personnage pour créer Globos ?
Joker ? Globos est effectivement une assistante virtuelle très dévouée à l’ABW Company, trop même et qui sait visiblement beaucoup de choses (trop également là encore). Miss Minutes a fait partie des références au moment de sa conception narrative, tout comme Claptrap de Borderlands et Glados de Portal.
- En regardant la dernière bande-annonce d’A Better World dévoilée lors de l’AG French Direct, nous avons l’impression que nous devrions rester cantonnés à notre poste de travail la plupart du temps, tout en observant l’impact de nos différents choix par le biais d’une fenêtre donnant sur le monde extérieur. Cependant, la possibilité de nous « balader » dans d’autres environnements est-il prévu dans la version finale du titre ?
L’expérience se déroule dans le bureau assigné, un bureau qui va néanmoins voyager temporellement mais aussi géographiquement.
- Bien que nous imaginions que la durée d’une partie va grandement varier selon nos choix, pouvez-vous estimez le temps de jeu nécessaire pour en voir le bout ? Est-ce que la production propose plusieurs fins et, si oui, combien ?
Pour m’être longuement promenée dans et à travers les branches narratives du projet, je peux confirmer qu’il y a du contenu et de nombreuses uchronies à déclencher. Visiter l’ensemble des uchronies prend près de 6 heures tandis que le jeu peut se terminer en 3 heures.
Arte et mot de la fin
- Sauf erreur de notre part, c’est la première fois que vous travaillez avec Arte pour concevoir un jeu vidéo. Qu’est-ce qui vous a incité à le faire et que vous apporte cette collaboration avec le média franco-allemand dans le cadre du développement d’A Better World ?
Notre choix s’est porté sur Arte pour plusieurs raisons. La première est leur ligne éditoriale que nous trouvons ambitieuse et qui résonne fortement dans notre équipe. La deuxième est qu’Arte s’est rapidement montré intéressé par le projet, n’hésitant pas à nous aider à le financer dès l’étape du prototypage. Enfin, développer un jeu vidéo peut s’avérer éprouvant et le faire avec les équipes d’Arte nous a permis de travailler dans de bonnes conditions. Notre vision créative est à la fois respectée mais aussi challengée. Sur ce projet, c’est exactement ce que nous souhaitions tant le propos de manipuler l’Histoire est un sujet difficile à rendre accessible au plus grand nombre, tout en gardant de l’ambition dans celui-ci.
- Avez-vous un événement rigolo ou une histoire insolite survenu pendant la conception à nous raconter ? Quelque chose qui vous a marqué ou une anecdote de développement sur le jeu ?
Ce ne sera malheureusement pas très drôle mais, plus nous travaillons sur ce projet, plus nous avons le sentiment que le monde réel bascule dans une uchronie que l’on aurait cru longtemps réservée aux œuvres de science-fiction. A défaut de pouvoir changer le monde aussi facilement que dans A Better World, nous espérons que notre titre fera passer un bon moment aux personnes qui y joueront et contribuera à ce que chacun continue de se demander comment rendre notre monde meilleur.
- Un dernier mot pour nos lectrices et lecteurs ?
Oui, un grand merci à celles et ceux qui prendront le temps d’essayer notre jeu. Tous les retours sont extrêmement précieux et notre équipe est toujours très touchée par la gentillesse des mots que nous recevons en général sur nos projets. Si nous faisons des jeux, c’est pour que les gens puissent passer de bons moments dessus. Chaque retour qui va dans ce sens est une source de motivation très précieuse.
Encore merci à Edouard Gaudel et Ludogram de nous avoir accordé cette interview. Pour rappel, A Better World sortira d’ici la fin de l’année 2025 sur PC via Steam.