Argo – Science fiction et affrontements
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Rédigé par Toothpick

Aujourd’hui on fait un détour par la ludothèque d’Atalia avec Argo. Le jeu de société passé par une campagne kickstarter désastreuse fin 2015 avait retenté sa chance quelques mois plus tard avec une campagne beaucoup mieux maîtrisée. Argo est un jeu qui revient de loin et qui a bien failli ne jamais voir le jour.
Fruit de la collaboration entre Bruno Faidutti et Serge Laget et édité par Flatlined Game, Argo vous propose une relecture d’Alien. En effet, le but ici est d’aider son groupe d’astronautes à s’échapper d’une station spatiale envahie par des aliens. Jouable de deux à quatre joueurs, le titre se veut facile d’accès et permet d’enchaîner des parties de durée relativement courte, environ 40 minutes à 4 joueurs. Sorti fin 2016, il ne possède actuellement pas d’extension.
Alien Isolation
Argo est un jeu d’action et de stratégie où l’objectif est de faire s’évader son escouade d’astronautes d’une station spatiale envahie par des aliens. Pensé pour 2 à 4 joueurs, il n’est ici pas du tout question de s’entraider face à la menace mais plutôt de ruser pour être le joueur avec le plus de points de victoire à la fin de la partie. Chaque joueur engrange des points de victoire essentiellement en tuant des aliens et en faisant s’échapper ses unités à bord de navette spatiale. Attention il n’y aura pas la place pour tout le monde. Il y a 6 navettes (4 navettes à 2 joueurs) avec deux places chacune qui sont mises en jeu alors que chaque joueur contrôle 5 personnages. De plus, arriver en premier dans la navette n’est pas forcément la meilleure idée puisque les dernières navettes rapportent plus de points que les premières. Chaque joueur a deux actions par tour : il peut décider de déplacer un personnage (il peut déplacer deux personnages lors d’un même tour, mais pas deux fois le même) ou d’activer une salle.
À son tour, chaque joueur doit passer par trois phases. En premier lieu, il doit déplacer un alien dans la station. Il bouge celui de son choix et il ne peut le déplacer que d’une seule case. Ensuite il doit rajouter un module à la station. A l’image d’un jeu comme le Saboteur, ce sont les joueurs qui construisent le plateau au fur et à mesure de leur progression. Poser une tuile – c’est ainsi que le jeu les nomme – peut faire apparaître un nouvel alien sur le plateau (pour un maximum de 5 à la fois) mais certaines tuiles ont aussi un effet unique à déclencher.
Points de victoire supplémentaires, bonus de déplacement, ressusciter un allié, les tuiles offrent différentes possibilités. C’est au joueur de les placer à bon escient afin de faire avancer le jeu tout en faisant en sorte que cela soit bénéfique pour lui en premier lieu. Petite subtilité, chaque joueur ne peut activer une tuile qu’une fois dans la partie, et chaque tuile ne peut être activée que deux fois au total. Encore une fois, il n’y a donc pas de place pour tout le monde. Les navettes de secours font partie de ces tuiles à placer mais doivent être placer au minimum à 4 cases d’écart de la zone de départ.
Concept du jeu de société
Les 5 personnages de notre équipe ont tous leur spécificité. Le soldat peut tuer les aliens, le robot ne peut pas être attaqué par un alien mais n’a pas accès à certaines salles, le chef double les points de victoires lorsqu’il remplit un objectif, la pilote peut déplacer les navettes et enfin l’exploratrice peut se déplacer de deux cases en une fois. Les déplacements sont d’ailleurs ce qui va faire tout le sel du jeu. En effet, la plupart des tuiles ne peuvent accueillir qu’un personnage à la fois. Ainsi, lorsqu’un personnage entre dans une salle qui en contenait déjà un, ce dernier est “poussé” sur une case adjacente au bon vouloir du joueur actif. Cela veut dire qu’il peut très bien en profiter pour pousser un personnage d’un autre joueur vers un alien pour l’éliminer, ou le coincer dans un cul-de-sac. Un véritable effet domino peut découler d’un déplacement et changer drastiquement les plans de chaque joueur. Enfin, il faut faire attention à ce que l’alien ne tue pas trop de personnages car lui aussi il marque des points de victoire et pourrait bien l’emporter en laissant tous les joueurs sur le carreau.
“Drake we are leaving!”
Une fois la partie lancée Argo se joue vraiment bien. Le titre est amusant et trouve un bon équilibre entre tactique et chaos. Cela dit c’est vraiment à quatre joueurs qu’il atteint son plein potentiel de fun. Plus imprévisible et donc plus chaotique, le titre a en plus le mérite d’être accessible et très rapide à expliquer. À deux, il ressemble plus à une partie d’échecs où chaque coup aura un impact plus limité sur la partie mais où il faut fatalement avoir un coup d’avance sur son adversaire. Les parties s’enchaînent rapidement une fois que le pli est pris et dépasse très rarement les 35-40 minutes, même à quatre. D’autant que la mise en place et le rangement se font très vite. Attendez-vous à entendre fuser les “oh mais non” et les “haha t’as pas vu ça” ou encore les “eh merde j’avais pas vu” dès les premiers tours.
On passera assez rapidement sur le graphisme des tuiles, très sommaire et générique. Il en va de même pour les figurines. Si l’alien est vraiment très réussi, les personnages sont un poil trop grossiers. Rien d’insultant mais on aurait aimé quelque chose d’un peu plus soigné. Pensez aussi à prévoir une table assez large car à quatre le plateau s’étend très rapidement. Tout n’est pas rose chez Argo. Dans l’ensemble le jeu est notamment un peu trop facile, les aliens ne remporteront que très rarement la victoire finale (heureusement il est possible de jouer en mode difficile). Le titre se veut aussi rapidement répétitif et peut lasser sur le moyen terme. Heureusement il contrebalance cela par une certaine profondeur tactique qui finira par prendre le dessus sur le pur facteur chance avec des joueurs expérimentés.
Pour qui s’adresse Argo ?
Argo est un titre accessible et suffisamment profond pour intéresser un très large éventail de joueurs. S’il faut tout de même être capable de compter parfois 4 coups en avance ou d’anticiper les effets domino avec une bonne compréhension des règles, les erreurs ou fautes d’inattention des uns et des autres sont aussi des moments qui font la réussite du jeu. Grâce à la facilité de sa mise en place et la durée moyenne de ses parties il est apte à vous occuper une ou deux petites soirées sans problèmes. Les joueurs les plus aguerris risquent néanmoins de s’ennuyer un peu plus vite que les plus néophytes et passeront un peu plus vite à autre chose.
- Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
- Temps de partie : 50 minutes
- Auteurs : Bruno Faiduitti et Serge Laget
- Illustrateur : Miguel Coimbra
- Éditeur : Flatlined Game
- Distributeur : Atalia
- Prix : 40 €
Accessible, fun et plus profond qu’il n’y paraît, Argo remplit son contrat. Il est parvenu à se remettre d’une production très compliquée pour devenir un jeu bien équilibré aux mécaniques robustes. Si on peut regretter une certaine répétitivité des parties, son potentiel chaotique à le mérite de venir équilibrer tout ça et de dynamiter les moments de flottement. Idéal entre amis amateurs de jeux de société, plus dispensable pour les énervés qui en ont vu d’autres.
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