Amaze Berlin 2025 : Un vecteur d’espoir dans un milieu de plus en plus morose
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Rédigé par Yangus
Du 14 mai au 17 mai s’est tenu le festival Amaze Berlin 2025, un évènement célébrant le jeu indépendant et/ou underground dans toutes ses formes. Pour notre toute première participation au festival, ce fut une expérience unique et rassurante sur l’aspect créatif du jeu vidéo à l’échelle mondiale. Vous allez comprendre pourquoi à la vue de tout ce que Amaze a proposé, parfois malgré lui.

Des jeux bizarres comme s’il en pleuvait
Première chose à noter : vous êtes à Amaze pour jouer à des jeux vidéo et tout est mis en œuvre pour cela. Des PC sont disposés un peu partout afin d’essayer des jeux qui vont de l’indé populaire à des expériences utilisant des contrôleurs alternatifs uniques (toutes sortes de moyens différents de jouer sans utiliser de simples manettes ou le combo clavier/souris). Ici, étrangement, deux philosophies qui semblent s’opposer s’accordent parfaitement.
D’un côté, il n’y a pas vraiment de longues attentes avant de pouvoir jouer, contrairement à de plus gros salons, de l’autre, personne ne vous en tiendra rigueur si vous passez un long moment sur une installation. En effet, ici, il n’y a pas que des démos : parfois, le jeu complet est exposé et il est facile de partager vos expériences et vos ressentis avec certains développeurs qui ne sont jamais très loin de leur création.
Pour résumer grossièrement, la salle principale est divisée en deux : une partie contenant les jeux déjà sortis, avec plusieurs que vous connaissez sûrement, comme Arctic Eggs ou encore Threshold.
À côté se trouve un couloir avec de plus petits jeux, encore en développement voire pas encore annoncés. Et vous pouvez tester ces builds très, très early avec les commentaires des personnes travaillant dessus. Dans ce cas de figure, vous pourriez penser que cet accès privilégié est réservé à des médias comme ActuGaming… mais pas du tout. La force d’Amaze, c’est justement que tout cela est accessible au grand public, à tout le monde.
On ne pouvait pas conclure cette partie sur les installations sans parler d’une salle un peu cachée : La Sokpop Expo
Si vous ne connaissez pas Sokpop, il s’agit d’un collectif de 4 solo devs (oui oui) qui développent chacun à tour de rôle un jeu pendant 4 mois. Ce qui fait un rythme d’un jeu par mois. Beaucoup de leurs productions étaient présents dans cette expo, et si on tenait particulièrement à les mentionner, c’est parce qu’ils s’accordent particulièrement bien à l’ambiance d’Amaze. Ce sont des jeux courts, bizarres, funs et parfois multijoueurs. Car oui, vous êtes rarement seuls à parcourir Amaze, ça serait dommage de garder ces expériences pour vous.
À la suite de tout ça, le 18 mai a eu lieu une cérémonie remettant des awards aux jeux présents. Le public avait son mot à dire, nous avions la possibilité de voter pour les jeux après les avoir essayés. Sans surprise, les trois titres ayant eu le plus de votes du public sont trois contrôleurs alternatifs. Ce qui prouve bien que ce qui attire à Amaze, c’est de sortir du quotidien du jeu vidéo et d’essayer de nouvelles manières de jouer.
Ces trois jeux étant :
- Flora : Une installation très mignonne mettant en avant le fonctionnement d’un écosystème.
- Portal Vision : tout simplement un tissu spécial servant d’écran et faisant apparaître diverses images en fonction de la pression appliquée dessus.
- Breaking News : le grand gagnant du public, compréhensible car le système est très fun. Le principe est de frapper l’écran pour faire tomber/modifier ce qui est affiché. Un concept original qui a bien plu.
Il y a eu de nombreuses autres récompenses, on ne va pas tous les détailler ici pour se concentrer sur le « Most Amazing Award », en gros le meilleur jeu d’Amaze.
Les nominés étaient Despelote, Flock, Keep Driving, Mouthwashing et RiceBoy Dreams.
Ce prix a été remporté par un jeu bien connu des amateurs de jeux indés : Despelote, le fameux jeu racontant l’enfance dans les quartiers de Quito sur fond de football.
Des partages enrichissants
En dehors des jeux, une grande partie du festival était occupée par des conférences et des talks. Il y en avait pour tous les goûts, à toute heure. Il était clairement possible de passer son temps à en écouter sans temps mort. C’est probablement ce qui nous a le plus marqué de tout Amaze.
C’était passionnant d’entendre des personnes de tous horizons parler de leurs expériences, souvent a des années lumières de ce que l’on connaît. Ce qui nous a le plus marqué, c’est le parcours d’une étudiante du Kirghizistan qui a étudié aux débuts de la première école de jeux vidéo de son pays et participé à leur première Game Jam. Et ce n’est qu’un exemple d’expériences inspirantes parmi beaucoup d’autres.
C’était également l’occasion de parler et de sensibiliser à des sujets importants. Comme l’initiative Palestinian voices in games qui met en avant les créateurs palestiniens et leur message. La conférence « Fuck IA » était malheureusement victime de son succès. Nous n’avons donc pas pu y accéder, tant la salle était pleine à craquer avant qu’elle ne démarre. Et enfin, le dernier jour une discussion très intéressante sur l’organisation des syndicats dans le jeu vidéo pour reprendre peu à peu le contrôle des espaces de travail.
En marge de ce que propose le festival, c’est aussi l’occasion de faire des tas de rencontres. Quoi de mieux que d’entendre les expériences de chacun lors de talks ? Echanger avec un tas de gens du monde du jeu vidéo directement. Amaze est tellement rempli de travailleurs du jeu vidéo (dont énormément de français) que la question phare devient « Et toi, tu bosses sur quel jeu ? ».
L’organisation a eu la bonne idée de prolonger chaque journée d’Amaze dans un club à proximité (lui aussi rempli d’installations vidéoludiques). À cet endroit, tout le monde est accessible et cela fait un bien fou d’être entouré de personnes qui partagent les mêmes valeurs et la même vision du jeu vidéo (ou de l’art en général), aussi niche soit-elle.
Aujourd’hui, il est trop tard pour l’édition de cette année, mais si ce petit aperçu vous a plu, ou si vous aimez le jeu indépendant et toutes sortes de jeux bizarres… on ne peut que vous conseiller d’y jeter un œil pour l’année prochaine. Amaze n’est pas encore très connu hors des milieux concernés, mais le bol d’air frais qu’il propose mérite de faire plus de vagues. On ressort d’Amaze en se sentant moins seul et ce sentiment n’a pas d’égal.
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