Gameblog et d’autres médias interdits de filmer à l’E3 2016, le déclin du journalisme web ?
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par Julien Blary

Oh que oui, je sens l’article à débat. Oh que oui, je sens que j’aborde un sujet sensible, mais parfois, un petit édito pour partager ses impressions n’est pas une mauvaise chose.
Attention ainsi à prendre le temps de lire l’article dans sa globalité et de tenter une approche neutre avec les propos arborés. La position du rédacteur ici n’est évidemment pas objective et ne reflète en rien un avis unanime. Et oui, les titres font titres à clics.
L’E3 2016, vers la fin du salon ?
C’est un sujet que j’aurais voulu vous partager avec ferveur il y a déjà bien longtemps, appuyant mon argumentation sur une mûre réflexion qui me trotte dans la tête depuis l’édition 2015. Mais, si je lance le débat aujourd’hui, c’est parce que certains de nos confrères français, Gameone, Jeuxvideo.com et d’autres sont sur le terrain et se sont vus retirer la possibilité de filmer certains événements présents au salon.
Oui oui, vous avez bien lu, Bethesda – notamment, a interdit aux journalistes de jouir de leur droit pour filmer les différentes attractions et animations proposées et autres stands pour tester les produits. Le personnel présent a même réclamé de tourner dehors les impressions de la conférence.
Et si quelqu’un peut bien nous expliquer ce qu’il leur est arrivé, c’est bien Julien Chièze, qui n’a pas hésité à ouvrir le sujet et à montrer les images de ce qui s’est passé à cette adresse. Le chef de publication de Gameblog, souhaitait tout simplement partager ses impressions à la sortie de la conférence Bethesda, ce que bon nombre de confrères et médias, français ou non, font à la sortie de ce genre d’événements.
Sauf que le hic, c’est qu’ils ont été contactés par les équipes sur place pour leur demander d’arrêter de filmer, et ce, à plusieurs reprises, jusqu’à leur demander de tout déconnecter et retirer les piles et batteries des appareils.
Sommaire
ToggleMais pourquoi être offusqué de ce genre de pratique ?
Non, bien sûr que non. Lorsqu’un événement est organisé et où la presse est conviée, les conférences de presse sont généralement interdites à la diffusion, et c’est logique – soit parce que l’information communiquée est sous embargo, donc, à publier plus tard, soit parce que l’organisateur diffuse lui-même, comme ce fût le cas hier. Mais à la sortie de ces présentations, pourquoi priver les ressentis des journalistes, qui viennent ici exercer leur métier ? Et qui sont, je le rappelle, conviés à ces événements ?
A ce que je sache, ce qui est proposé dans les salons n’est pas restreint, et si information importante il y a lieu, les invités et les personnes journalistiques sont préalablement prévenues en étant informées d’une DNA et d’autres clauses de confidentialité. Sauf qu’ici, on ne parle même pas d’avoir testé un jeu ou de filmer des stands bien précis, on discute de choses et d’autres, de notre ressenti face à ce qui s’est passé au cours de la conférence, conférence diffusée mondialement et publiquement au passage.
En quoi est-ce un mal ? Ne peut-on pas exercer notre simple droit de nous exprimer ?
Mais pourquoi dire que c’est la fin du salon ?
A vrai dire, ce n’est pas que sur ce fait que je lance le débat et ce genre de réflexion personnelle. C’est un ensemble d’éléments, et beaucoup rejoindront mon avis, un ressenti déjà bien présent sur la toile.
Hier, Electronic Arts a également eu le droit à son heure de gloire et après son show, a proposé à ses convives de tester différents jeux de leur line-up. Sauf que voilà, plusieurs journalistes ont vu leur place prise par d’autres personnes, des joueurs, des personnalités, des… rappeurs (Snoop Dogg, for example).
Les médias et professionnels se sont ainsi vus mis sur le côté, et au-delà de leur apporter une importance similaire et de les mettre sur le même piédestal, ils ont simplement préféré prioriser les VIP par rapport au monde, disons, plus traditionnel et professionnel du journalisme.
Et ce n’est pas la première constatation que l’on peut faire : déjà l’année dernière, la salle où prenaient place les accrédités était divisée, où 50% des personnes présentes étaient des journalistes et professionnels… et où l’autre moitié était des YouTubers, Streamers et Joueurs professionnels.
Alors bien sûr, je ne remets en aucun cas les connaissances et l’expertise vidéoludique de ces joueurs, mais cela démontre bien que le média traditionnel se fait doucement remplacer par quelque chose de plus populaire, et sans doute plus accessible pour la couverture et la communication des éditeurs.
EA a notamment prévu, pour son événement simultané à Londres, un bus spécial, où les plupart des invités étaient des VIP. Et si bien sûr, je ne critique en aucun cas, cette volonté d’apporter une nouvelle visibilité, à travers des personnes d’influence et certainement très aimées/suivies par leur communauté, n’est-il pas maladroit de nous mettre dans le même sac ?
Seulement voilà, l’E3 n’était pas censé être un événement où principalement les professionnels étaient conviés ? Quelle est cette casualisation de la chose, l’ouverture au quasi tout public ?
Vers un déclin du journalisme vidéoludique et du web ?
Et oui, je vais terminer sur un avis personnel et qui est malheureusement, un ressenti partagé avec bon nombre de personnes, que ce soit derrière leur écran – à bosser pour cet univers, ou en tant que lecteur, toujours à l’affût de l’écart d’une équipe rédactionnelle.
Je pense, et je suis même certain, qu’aujourd’hui, le journalisme web et plus particulièrement dans la presse jeux vidéo, est en plein changement. Pas forcément synonyme de déclin, le marché est en pleine évolution, et c’est aux sites et professionnels du milieu de s’adapter.
Les médias plus traditionnels se doivent de trouver des compromis, pour notamment assurer la survie de leur site, là où l’on se base sur un modèle économique tangible (la publicité) et en plein changement. De ce fait, il n’est pas rare de voir certaines équipes se rassembler – comme ce fut le cas avec Webedia qui regroupe JeuxActu, IGN, JVC, d’autres se dissoudre et arrêter (Pensées à Jeuxvideo.fr), ou de revoir leur système, comme le Premium de Gamekult ou revoir sa ligne éditoriale, en proposant des sujets annexes ou malheureusement, des sujets à clics.
Mais le modèle économique à peine viable n’est pas la seule source de conflit, l’ouverture et l’aspect tout public du web, où tout le monde peut désormais ouvrir son blog, site et chaîne YouTube y joue une grande part. Nous sommes sur un marché hyper-concurrentiel, où les agences et éditeurs préféreront se tourner vers du contenu vidéo (sans cibler certaines chaînes qui font de la publicité à outrance), pour assurer une couverture large et une diffusion à moindre frais à contrario d’assurer une couverture médiatique de qualité.
Mais ceci est un autre débat, que je prendrais soin de vous partager prochainement si le cœur vous en dit. Le pseudo-déclin du journalisme web est un sujet épineux et il serait maladroit d’enchaîner la dessus.
C’est ici que je clôture l’article, qui j’espère, ne lancera pas trop un sujet houleux. N’hésitez pas à nous dire dans les commentaires et sur les réseaux sociaux ce que vous en pensez. Je reviendrais notamment prochainement pour appuyer ma façon de penser dans des articles sans doute plus intéressants et plus élaborés.
Alors je pense que si le débat se fera en plein tumulte, il ne serait pas étonnant de voir des changements dans le milieu prochainement. Dans le monde du journalisme ou dans le cas présent, d’une perte d’intérêt pour l’E3, certains éditeurs ayant déjà préférés bouder le salon.
Cet article peut contenir des liens affiliés