Mother Code – Présentation et avis sur le roman de Bragelonne
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Rédigé par Nathan Champion
Avec son premier roman, nommé Mother Code, Carole Stivers ratisse large. Ouvrage d’anticipation faisant référence à une pandémie à venir, un sujet en plein boom vous en conviendrez, il lorgne par ailleurs sur les codes de l’histoire pour jeune adulte, voire ado. Tout en n’oubliant pas de s’offrir quelques séquences un brin plus techniques, afin de contenter l’amateur de hard-SF.
Il faut dire que, comme un certain Isaac Asimov en son temps, Carole Stivers est une professeure en biochimie, passionnée de littérature et d’écriture. Et cela se sent dans ce roman, qui ne sait jamais trop qui il cherche à contenter : l’adulte fan de science-fiction, ou l’adolescent en manque d’histoire sur des jeunes gens vivant des aventures extraordinaires.
Reste à savoir si la comparaison avec Asimov s’arrête là, ou si la qualité de ce roman un brin hybride a de quoi permettre à madame Stivers de se hisser au panthéon elle aussi. En tout cas, un certain Steven Spielberg a déjà fait son choix, puisque ce réalisateur de renom prépare une adaptation à destination de nos salles obscures.
Sommaire
ToggleCatastrophe en vue !
Comme beaucoup de romans d’anticipation, Mother Code fait état d’un scénario catastrophe. Et celui-ci prend place dans peu de temps, d’ailleurs, puisque l’histoire débute à l’orée des années 2050. Sa particularité (qui n’en sera bientôt plus une étant donné la masse d’œuvres traitant du sujet ces derniers mois) c’est qu’il fait référence à une pandémie décimant l’espèce humaine. Mais revenons quelque peu en arrière pour que vous puissiez avoir une vue d’ensemble sur ces événements fantasmés, mais malgré tout réalistes jusqu’à un certain point.
Mother Code, c’est d’abord l’histoire de la bêtise humaine. Une bêtise qui trouve son point de départ aux États-Unis, mère patrie de l’armement, et accessoirement sauveuse du monde. Un aspect sur lequel le roman mettra finalement peu l’accent, peut-être un peu trop terre à terre pour oser une critique ouverte de la politique américaine. Bien que la géographie revête une certaine importance dans la suite des événements. Enfin Carole Stivers a tout de même bien bossé son sujet, puisque si cette histoire part de là, ce n’est pas pour rien.
En effet, tout démarre par un conflit armé en Afghanistan. Un pays qui, dans le roman, est encore en guerre en 2050, occupé par les forces armées américaines de surcroît. Celles-ci, dans une situation un brin complexe à cause de tireurs isolés difficiles à déloger, fait appel à une solution drastique : l’utilisation d’une arme biochimique, dans une frappe par drone se voulant chirurgicale. Un outil conçu en amont par des scientifiques chevronnés, visant les poumons humains et se désintégrant dans l’air en quelques heures à peine.
Ce que n’avaient pas prévu les têtes pensantes à l’origine de ce produit meurtrier, c’est que malgré son caractère volatile, il puisse être ingéré et reproduit par des bactéries présentes par milliards dans le désert… et partout ailleurs. En quelques semaines seulement, les effets de cette arme biochimique touchent ainsi, par extension, une quantité anormalement élevée de civils présents autour de la zone initiale de frappe. Bien évidemment, la propagation de ce que la presse nommera bientôt « un virus » ne va pas s’arrêter en si bon chemin !
Le hic, c’est qu’il n’y a absolument aucune solution pour endiguer la propagation. Le seul moyen de venir en aide à l’humanité, c’est de réaliser un vaccin universel. Chose que les scientifiques ont bien du mal à faire. Une branche de l’armée américaine est donc assignée à une solution de secours, un projet unique en son genre : la production d’enfants immunisés à cette molécule meurtrière. Ceux-ci seront confiés, dans le cas où le virus atteint des proportions catastrophiques, à des robots censés remplacer leur mère biologique.
Un récit en deux temps
Dès le départ, Mother Code alterne entre plusieurs points de vue et époques. En effet, bien que l’on passe beaucoup de temps au début des années 50, à nous expliquer le postulat de départ de l’épidémie qui risque de ravager l’humanité, le roman fait régulièrement des bonds d’une dizaine d’années dans le futur. L’occasion de suivre un certain Kai, jeune garçon né dans un cocon artificiel, élevé par un robot géant qu’il appelle Mère. On pourrait ainsi croire que le suspens n’a pas sa place dans l’œuvre de Carole Stivers, mais ce serait une conclusion un brin hâtive.
D’abord parce que, bien que l’on connaisse rapidement le résultat de la pandémie débutée dans les années 50, il reste une bonne quantités de zones d’ombre. Comment se sont déroulées les dernières semaines de l’humanité ? Qui a lancé la Mère de Kai ? Est-il le seul à avoir eu la chance de naître immunisé et protégé par un robot surpuissant ? Existe-t-il encore des hommes et des femmes ayant survécu à l’épidémie ? Autant de questions, et bien d’autres, qui trouvent réponse au fil de l’histoire, à un rythme qui tend à s’amplifier.
Ensuite, Mother Code se compose de deux parties bien distinctes. Une première qui va se charger de faire le lien entre les deux époques présentées initialement, et une seconde qui vient mettre un terme à une histoire qui prend un tournant plutôt inattendu. Une conclusion un brin en dessous en terme de qualité, il est vrai. Cela étant, le roman parvient à nous tenir éveillé de bout en bout et ne souffre d’aucun temps mort. Le rythme est idéal pour que chacun des chapitres, chaque fois assez court, nous donne l’irrépressible envie de passer au suivant, même avec les paupières lourdes.
Professeure de biochimie et auteure
Il est vrai que voir apparaître un énième récit de pandémie, en pleine crise sanitaire mondiale, a de quoi ennuyer. Cela fait plus d’un an que le climat a changé, que la télévision ne parle que de cela, et que les auteurs comme les scénaristes de séries ou de films s’évertuent à traiter ce sujet épineux. Et malheureusement, l’industrie du jeu vidéo en a pâti elle aussi. On ne compte plus les reports, notamment du coté de Cyberpunk 2077 (qui a tout de même fini par débarquer en décembre dernier) ou du prochain Hogwarts Legacy, le RPG dans l’univers de Harry Potter.
Cela étant, le résultat ici ne s’arrête pas à une banale transposition des terreurs humaines soulevées par la pandémie en cours. Mother Code s’approprie le sujet et en fait autre chose, à commencer par un moyen de dénoncer une autre crise, celle écologique qui se tient au-dessus de chacune de nos têtes. Le postulat de départ fait aussi écho à ces guerres qui n’en finissent pas au Moyen-Orient. Bien que le sujet soit finalement trop rapidement abordé pour que de véritables problématiques soient soulevées.
Enfin ce que l’on retient de Carole Stivers une fois le roman bouclé, c’est qu’elle semble autant aimer son travail en biochimie que celui d’écrivain. En effet, la comparaison ne va pas bien loin pour le moment, mais on retrouve d’un certain point de vue du Asimov dans ce texte. Avec un style d’écriture simple à appréhender, pouvant être compris et apprécié par les plus jeunes comme les plus vieux ; mais aussi des phases bien plus techniques, où l’auteure traite de sujets complexes comme le fonctionnement de l’ADN et de l’arme biologique qu’elle a imaginée.
Faut-il craquer pour Mother Code ?
Ce n’est pas pour rien si Steven Spielberg a retenu ce roman parmi tant d’autres comme sujet pour l’un de ses prochains films. Mother Code est une œuvre intéressante, traitant d’un sujet vu et revu d’une manière plutôt astucieuse, le tout dans un style simple mais efficace. Bien que la première partie soit plus captivante que la seconde, qui peine quelque peu à boucler l’histoire et s’embarrasse d’allers-retours pas toujours très pertinents, l’ensemble reste relativement captivant.
Acheter Mother Code sur AmazonOn peut aisément conseiller le livre de Carole Stivers à tout lecteur chevronné, mais aussi à quiconque souhaiterait découvrir la lecture. C’est aussi une bonne porte d’entrée sur le roman d’anticipation.
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