Les Montagnes Hallucinées, tome 2 – Présentation et avis sur l’édition de Bragelonne
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Rédigé par Nathan Champion

On ne peut que remercier Bragelonne de nous offrir d’aussi complètes et élégantes rééditions des ouvrages de Howard Phillips Lovecraft. Cela fait plusieurs années maintenant que l’éditeur s’occupe de remettre au goût du jour les récits de l’auteur fantastique. Avec tantôt des versions sobres mais qui rendent plutôt bien dans une bibliothèque, il faut l’avouer ; tantôt des versions carrément illustrées des grands classiques de Lovecraft. C’est ainsi que nous avons pu mettre la main, il y a peu, sur L’Affaire Charles Dexter Ward. Et quelques semaines plus tôt, sur le premier tome des Montagnes Hallucinées illustré.
Une lecture saisissante, qui marque autant grâce aux mots de l’écrivain de Providence qu’au travers de l’imagerie exceptionnelle de François Baranger, dessinateur bien de chez nous. Évidemment, nous avions hâte de remettre le couvert pour le second et dernier tome, qui s’annonçait tout aussi magique et terrifiant. On peut aisément vous l’annoncer avant l’heure, nous n’avons pas été déçus. Mais voyons cela plus en détail !
Sommaire
ToggleUne aventure glaçante
Dans le premier tome des Montagnes Hallucinées, nous avons suivi les pérégrinations d’une expédition envoyée en Antarctique afin d’y élucider diverses problématiques scientifiques. L’époque à laquelle est écrit le récit se prête parfaitement à ce genre d’histoire, puisque l’Homme vient justement de sillonner ces terres désolées pendant une quarantaine d’années. Mais la transcription qu’en réalise Lovecraft, habitué à déformer la réalité pour en tirer une forme d’horreur presque tangible, nous tire jusque dans des retranchements mystiques et surprenants.
C’est le professeur Dyer, éminent géologue, qui prend le rôle du conteur dans cette première histoire. Il explique, en quelques lignes, qu’une nouvelle expédition est en marche, et qu’il désire par dessus tout dissuader les participants de se rendre en Antarctique. Pour se faire, il se lance dans la description millimétrée de ses aventures au bout du monde, en compagnie d’autres chercheurs et scientifiques célèbres ou doués. L’occasion d’observer des paysages magnifiques tracés par la main d’un François Baranger qui parvient à merveille à saisir les propos de l’auteur.
L’expédition de Dyer et ses confrères nous transporte d’émerveillements en questionnements, jusqu’à un point culminant à glacer le sang. En effet, outre les relevés compliqués auxquels on peut s’attendre dans ce genre d’ouvrage scientifique, les troupes dépêchées sur place découvrent, par le fruit du hasard, des cadavres parfaitement conservés dans la glace. Et, de surcroît, pas n’importe quels cadavres, puisqu’il s’agit de créatures qui n’ont encore jamais été répertoriées. Les choses vont alors commencer à se gâter terriblement !
L’équipe en charge de cette découverte fascinante va être retrouvée décimée, et un de ses membres manque à l’appel. La scène est surréaliste, à la fois éprouvante à lire et à regarder, bien que Baranger ne table pas sur une pure horreur graphique pour servir l’histoire. Convaincus que des réponses à leurs multiples interrogations se trouvent derrière une gigantesque montagne non loin, Dyer et son collègue Danforth décident de la traverser en avion pour en avoir le cœur net. De l’autre coté, ils découvrent une cité millénaire et semblant complètement inhabitée !
Suite et fin
Ce second tome reprend, en toute logique, exactement où se terminait le précédent. Excepté la préface de Maxime Chattam, qui nous avait beaucoup plu, la suite est en toute logique habillée de la même manière que l’original : une superbe illustration en couverture, et une grande taille pour l’ouvrage en lui-même, histoire que les dessins à venir puisse dévoiler tout leur potentiel ! Bref, tout semble réuni pour que l’aventure se poursuive dans les meilleures conditions. Et cela tombe bien, puisque cette suite est plus éprouvante encore que le tome 1.
Les Montagnes Hallucinées cachaient donc une cité, vieille de plusieurs millions d’années, ce que déduisent les deux explorateurs des fresques qu’ils trouvent un peu partout, et de l’état général de la pierre. Étonnés de la conservation de cet endroit lugubre, sans vie, ils ne sont pourtant pas découragés à l’idée de l’explorer. C’est d’ailleurs ce qu’ils feront pendant toute la durée de l’ouvrage. De ce fait, celui-ci souffre des mêmes problèmes que son prédécesseur : une longueur certaine à se lancer, et des descriptions architecturales assommantes, qui perdent un peu de leur sens avec l’illustration.
Cela étant, l’ambiance est peut-être plus réussie dans ce second volet que dans le premier. En cause, l’atmosphère oppressante, presque claustrophobe, mise en place par Lovecraft. Les Montagnes Hallucinées renferment des couloirs sombres, une cité désolée, et des bruits qui n’ont rien de rassurant. Par ailleurs, les très nombreuses fresques que trouvent Dyer et Danforth content une histoire terrifiante, concernant les créatures qu’ils avaient découvertes quelques heures plus tôt. Elles feraient en fait partie d’une espèce excessivement vieille, et particulièrement évoluée.
Bien sûr, nous nous garderons de vous en livrer plus. Cela risquerait de vous gâcher le plaisir de lecture. Sachez seulement que c’est dans ce second tome que le parallèle avec l’univers de Cthulhu semble évident. Ce que les deux héros découvriront lentement, à mesure qu’ils se rapprochent des fonds de cette cité à l’architecture extraordinaire, jusqu’à une horreur bien palpable. D’une certaine manière, on retrouve ici plusieurs des thématiques abordées dans d’autres récits de l’auteur. Le parallèle est vite fait, par exemple, avec La Cité Sans Nom.
Faut-il acheter Les Montagnes Hallucinées : Tome 2 ?
Inutile de le cacher, le premier tome de Les Montagnes Hallucinées nous avait entièrement conquis, autant grâce à l’écriture de Howard Phillips Lovecraft, toujours aussi poignante, qu’au travers du style visuel de François Baranger. Et ce second volet, bien que ne bénéficiant plus de l’effet de surprise, est tout aussi délectable. On pourrait, certes, débattre sur la lenteur avec laquelle sont décrites les fresques et les multiples salles que découvrent les deux protagonistes au cours de cette descente aux enfers. Mais ce serait s’écarter du propos : Lovecraft fonctionne pratiquement toujours de la même manière, en contextualisant l’horreur pour qu’elle soit tangible.
Acheter Les Montagnes Hallucinées sur AmazonEt il faut avouer que cela fonctionne toujours aussi bien ici. D’autant que cet aspect plus sombre, poussant à une claustrophobie chronique, est pour beaucoup dans la construction horrifique de cette ambiance pesante. Bien que l’on pourra regretter, il est vrai, que le dessin soit ainsi moins délectable que dans le premier tome, qui nous offrait de beaux paysages à pertes de vue. Enfin ce serait chipoter, d’autant que le fusain de François Baranger retranscrit une nouvelle fois le récit à merveille. En quelques mots, nous vous conseillons vivement de vous procurer les deux tomes des Montagnes Hallucinées aux éditions Bragelonne, malgré un tarif certes onéreux.
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