Aperçu Solasta: Crown of the Magister – Premier pas très prometteur ?
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Rédigé par Mathieu Corso
Alors qu’un Baldur’s Gate 3 est d’ores et déjà en accès anticipé, c’est au tour de Solasta: Crown of the Magister de faire de même après un kickstarter réussi avec brio – 243 855 € récoltés sur les 180 000 € demandés. Le soft est développé par Tactical Adventures, un studio français fraîchement créé par des anciens de chez Amplitude Studios, qui sortira prochainement son 4X Humankind.
Qui dit nouveau studio dit forcément peu de moyens avec les fonds récoltés, et c’est notamment pour cela que les développeurs ont dû opter pour l’accès anticipé histoire d’avoir un maximum de retours par la communauté, et ainsi avancer doucement mais sûrement. Maintenant que Solasta: Crown of the Magisters est sorti depuis un peu plus d’un mois et demi, le résultat est-il déjà prometteur en prévision de sa sortie définitive l’année prochaine ?
Conditions de l’aperçu : Nous avons joué à Solasta pendant environ 8h de jeu, sans pour autant aller jusqu’à la fin de l’accès anticipé, qui ne dispose que d’une dizaine d’heures de jeu actuellement. Le soft a été testé sur PC avec 16 Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
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ToggleEntre création de personnages et aventure typée D&D
Avant de plonger dans l’univers de Solasta, le titre nous propose d’abord de choisir des personnages prédéfinis, ou de les créer. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet éditeur de personnage est particulièrement complet. Comme dans un bon vieux jeu de rôle papier, Solasta: Crown of the Magister vous permet de créer vos propres aventuriers avec beaucoup de liberté. Vous pourrez choisir sa race, son nom en passant par son historique, sa classe – rôdeur, guerrier, magicien, roublard, paladin ou clerc -, et bien évidemment les divers attributs et pouvoirs des quatre personnages à choisir.
Toutes ces mécaniques de jeu permettront à certains aventuriers d’avoir par exemple un langage familier ou soutenu, comme d’être utiles dans pas mal de domaines comme la discrétion ou dans les phases de dialogue pour se sortir de situations périlleuses. Également, en fonction de la race choisie, vous devrez parfois choisir sa divinité, ce qui est possible sur la race Haut elfe. Concrètement, les subtilités seront totalement différentes entre les classes à chaque partie, et permettent de donner une certaine liberté aux joueurs qui peuvent jouer comme ils l’entendent.
Cependant, la seule ombre au tableau sera peut-être un éditeur de personnage encore trop simpliste dans cet accès anticipé. Effectivement, il est pour l’heure relativement limité dans le choix des visages, coiffures, couleurs des yeux voire masse musculaire. Cela donne lieu à finalement créer systématiquement le même type de personnage, ce qui est dommage. Voilà une chose à approfondir et à corriger dans sa version finale.
Mais globalement, les possibilités en matière de création sont relativement profondes. En effet, cela permet quand même de donner lieu à des parties différentes en fonction des choix de vos classes et des races de vos personnages, qui restent d’ailleurs assez basiques et typiques d’un Donjons & Dragons comme le système d’alignement caractérisant vos protagonistes.
Bref, pour la narration, Solasta: Crown of the Magister est relativement accrocheur et dans le ton d’un jeu orienté D&D. Le titre nous place dans la peau de quatre aventuriers lambdas après un affreux cataclysme ayant balayé le monde de Solasta. Les bougres sont alors embauchés par le conseil des héritiers afin de les aider à explorer les badlands, peuplés de mystérieuses créatures peu recommandables.
En soi, le fil rouge du soft est globalement captivant avec on l’espère beaucoup plus de scènes de dialogues avec des choix, ce qui ne nous a pas semblé si évident que ça pour le moment. On compte donc sur Tactical Adventures pour rectifier le tir sur la version définitive mais pour le moment, la mayonnaise prend bien même s’il manque encore un peu de vie dans le background de Solasta, pourtant saisissant artistiquement parlant. On espère aussi de surcroit que le titre se dotera de plusieurs chemins lors de notre aventure comme de plusieurs fins, au risque de se retrouver avec un jeu assez pauvre en rejouabilité. A voir dans une version plus avancée.
Du jeu de rôle papier jusqu’au bout qui peut concurrencer Baldur’s Gate III
Dans le gameplay de Solasta : Crown of the magister, Tactical Adventures nous offre quelque chose de solide pour l’heure. Le soft se paie le luxe de s’offrir pas mal de séquences de jeu différentes entre exploration, des puzzles très légers à résoudre, et bien évidemment des combats, soit la partie la plus importante du jeu.
Pour commencer avec l’exploration au passage, le tout est encore assez linéaire. C’est une chose qui nous a interpelés car nous aurions aimé un peu plus de liberté d’aller où nous voulons dans le level-design, pas assez ouvert à notre goût sur les diverses zones du titre que nous pouvions traverser. Voilà donc un point qui fâche même si lors des combats, la verticalité est omniprésente et force à réfléchir à deux fois avant de réaliser certaines actions. Par contre, on pestera pour le moment sur des déplacements qui se font clic par clic…
Concernant le côté énigmes légères, cela devrait faire l’affaire même s’il y a de grosses nuances actuellement. Celles-ci sont vraiment beaucoup trop légères et sans challenge. C’est bien regrettable, même si nous avons bon espoir que cela s’améliore au fil du jeu. Mais tout ceci sera à reconfirmer lors de sa sortie en version définitive pour en juger véritablement.
Enfin, nous avons les combats. Ces derniers prennent comme dans un Baldur’s Gate 3 la forme d’un jeu de stratégie au tour par tour avec une grosse connotation D&D derrière. Effectivement, vous pouvez certes attaquer et vous déplacer comme dans un X-COM, mais le titre associera aussi à cela le désengagement permettant d’éviter les attaques d’opportunités des ennemis. Qui plus est, vous pourrez évidemment pousser vos adversaires, mais aussi leur lancer divers sorts et pouvoirs propres à la classe de vos personnages. Le tout, avec des points d’action en déplacement, et la possibilité d’attaquer une seule fois voire deux en fonction de la classe de vos aventuriers.
Bien entendu, exit les pourcentages de chance de toucher un ennemi au profit d’un simple lancer de dés à chaque sort et attaque. En fonction de divers éléments – la distance, si l’ennemi est dans l’ombre ou si le jet de dés est inférieur à la classe d’armure de l’adversaire -, l’attaque pourra échouer ou réussir. Dans l’esprit, c’est du Donjons & Dragons pur et dur, et nous prenons directement beaucoup de plaisir par son gameplay simple, mais aussi terriblement complexe en même temps où chaque erreur de placement des personnages peuvent vous couter le game over car tout peut s’enchaîner rapidement.
Tout est bien huilé en clair, mais la caméra est hélas encore à revoir. En revanche, le reste de l’interface est particulièrement concise, et les amateurs de jeu de stratégie au tour par tour ne devraient pas se sentir perdu. Soit dit en passant, sachez qu’il y a un système d’inventaire pour le moins générique avec possibilité d’équiper nos personnages de la tête aux pieds, en sus d’un système de fabrication d’objets. Le côté RPG n’est donc pas en reste, et nous retrouvons logiquement pas mal d’éléments de gameplay vus et revus avec un système de marchands et factions qui pourront vous donner des avantages au fil de votre aventure en fonction de leur relation avec ces dernières.
Evidemment, il y aura aussi un système de niveaux assez original sur le soft de Tactical Adventures. En effet, à chaque montée de niveaux de vos protagonistes, vous serez forcé de trouver des feux de camps dans les niveaux afin d’effectuer un repos long. Cela aura pour effet de restituer votre santé, de faire monter de niveau vos personnages et leur donner de nouveaux attributs, ainsi que leur restituer quelques emplacements de sorts qui vous permettent d’utiliser certaines magies particulièrement puissantes. Il s’agit là d’une mécanique vachement bienvenue forçant le joueur à gérer ses troupes avec parcimonie de la santé, en passant par certains sorts puissants qui peuvent être utiles en combats.
Un long voyage plaisant avec des quêtes lambdas
Solasta: Crow of the Magister ne s’arrête pas là dans son aspect jeu de rôle papier. Le bébé de Tactical Adventures vous demandera à chaque nouvelle quête de vous déplacer d’une zone à une autre via un système de carte du monde. Cette fameuse carte vous demandera le type de voyage que vous voulez effectuer – normal, rapide ou lent. Une fois le voyage démarré, vous verrez la progression de vos personnages en direct sur la carte du monde, avec du texte expliquant ce que vos personnage font à la manière d’un jeu de rôle papier traditionnel.
Il faut l’admettre, cette idée est elle aussi réussie avec brio. Sachez que vous devrez également gérer vos rations de nourriture avant de partir en voyage, mais aussi vous préparer à affronter quelques ennemis en embuscade sur votre route qui peuvent vous attaquer en pleine nuit lors de votre simulation de voyage d’une zone à une autre. Cette mécanique de jeu est globalement excellente, et demandera aux joueurs de paramétrer les voyages de leurs personnages avec attention afin d’éviter les mauvaises surprises.
Pour terminer cette partie enfin, nous avons les quêtes qui sont il faut le dire, pas si trépidantes. Concrètement, vous devrez la plupart du temps aller d’un point A à un point B tout en poutrant les divers ennemis et créatures se dressant sur votre route. Les objectifs ne sont quant à eux pas particulièrement originaux, mais n’en restent pas moins en globalité efficaces. Voyons si dans la version définitive, Solasta : Crown of the Magister arrivent à fournir des quêtes plus fouillées, et surtout beaucoup plus de missions annexes qui restent hélas faméliques sur cette version actuelle.
Une technique qui fait encore tâche…
S’il y a bien un point faible à noter incontestablement, ce sera bien l’aspect technique de Solasta. Dans la mise en scène, les animations voire la qualité des textures et du moteur graphique, on sent que les moyens de Tactical Adventure sont limités. Cela donne lieu à des situations pour le moins risibles car tout est globalement archaïque dans les cinématiques comme sur les modèles 3D, beaucoup trop vétustes.
En revanche, nous pourrons louer à Solasta une fluidité à toute épreuve (encore heureux étant donné l’aspect graphique), et surtout d’une direction artistique pour le moins charmeuse. Bien évidemment, il est encore très difficile de donner un avis définitif car certaines mécaniques et zones de jeu ne sont pas encore toutes de la partie mais ce que nous avons pu en voir en 8 heures de jeu est globalement plaisant. Idem pour le level-design qui joue parfois sur une verticalité plaisante lors des combats. On espère que l’essai sera totalement transformé sur la version finale.
Un dernier mot sur la bande sonore, qui manque de peaufinage. Les thèmes musicaux ont toutes les peines du monde à nous marquer pour le moment sauf celui du menu qu’on se le dise. Pour le reste, les doublage anglais sont bons, et le titre a au moins l’avantage d’avoir les sous-titres en français. Ce qui aurait pu être un comble pour un studio français s’il y en avait pas eu, cela va de soi.
Pour l’heure, Solasta: Crown of the Magister est un jeu de rôle papier à la sauce Donjons & Dragons qui fonctionne bien. Dans la création de vos aventuriers jusque dans les combats fouillis, tactiques et
à base de jets de dés, et surtout totalement accessibles, c’est clairement du solide. Par contre, les questions qui se posent actuellement seront la durée de vie de la campagne, si l’exploration sera beaucoup moins linéaire, s’il y aura plus de quêtes annexes et surtout si nous aurons droit à beaucoup plus de chemins différents lors des phases de dialogue. Mais si l’on fait fi de ces interrogations, le soft de Tactical Adventures pourrait bien proposer une aventure estampillée jeu de rôle papier diablement passionnante avec des mécaniques RPG basiques mais qui marchent bien. Maintenant, le tout est de savoir si Solasta : Crown of the Magister sera au niveau d’un Baldur’s Gate 3. Chose encore impossible à déterminer, les deux titres étant encore en accès anticipé et le budget n’étant pas le même des deux côtés. A voir le moment venu si le titre a les arguments pour faire quelque chose d’extraordinaire en dépit de son aspect technique daté et de son budget serré. Mais sur notre première impression, c’est fichtrement prometteur.
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Date de sortie : 27/05/2021