Activision-Blizzard : Bobby Kotick révèle qu’un rachat de Time Warner était prévu, tout en niant le climat de culture toxique de l’éditeur
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Rédigé par Jordan
Puisque le rachat d’Activision-Blizzard est dans une phase cruciale en ce moment, Microsoft et l’éditeur font le tour des médias pour montrer que cette acquisition est légitime et doit avoir lieu. Mais envoyer Bobby Kotick sur le front est rarement une bonne solution puisque le PDG d’Activision-Blizzard n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à faire quelques déclarations qui peuvent faire lever les yeux au ciel. La dernière interview de l’intéressé chez Variety le prouve une nouvelle fois.
Quand Activision aurait pu racheter Warner
« Interview », c’est vite dit. Parlons plutôt d’une tribute offerte sur un plateau d’argent à Bobby Kotick, sans aucun approfondissement sur les enquêtes en cours, où le PDG veut se montrer ici comme étant maître de la situation malgré toutes les casseroles derrière lui. Ce qui est plutôt étonnant de la part d’un média sérieux comme Variety.
Avant de passer au sujet qui fâche, ce papier nous apprend au moins une chose : Activision avait prévu d’acheter Time Warner avant que la société soit acquise par AT&T. En 2018, il y eu un temps de flottement durant lequel AT&T aurait pu échouer à fusionner avec Time Warner, et Bobby Kotick raconte qu’Activision était aux aguets pour effectuer une offre.
Il voulait ainsi profiter des licences de Time Warner pour les adapter en jeu vidéo, tandis que Time Warner aurait pioché dans le catalogue d’Activision pour produire des films et des séries sur des licences bien connues. Mais le rachat entre AT&T et Time Warner s’est bien déroulé et Bobby Kotick a changé ses plans. Cette fois-ci, il se retrouve de l’autre côté du deal, dans la position de l’entreprise rachetée plutôt que de celle qui sort le chéquier.
« C’est pas moi, ce sont les autres »
Mais Kotick n’a pas parlé à Variety uniquement pour évoquer cet échec. Le sujet des controverses et des affaires qui entourent Activision-Blizzard depuis des années est revenu sur le sujet de la table. Mais plutôt que de vraiment le questionner à ce sujet, cette interview laisse le loisir à Bobby Kotick de se défendre de toute allégation, sans contradiction.
Concernant les accusations de culture toxique qui règne au sein de son entreprise, qui a pourtant été prouvée par de nombreux témoignages, Kotick se dit « outragé » et parle même de manipulation de la réalité. S’il reconnait qu’il y a bien eu des incidents et qu’il promet que l’entreprise va désormais être plus transparente à ce sujet, il blâme les autres sur ce sujet, notamment les médias et les syndicats :
« Nous avons effectué toutes les formes d’enquête possibles. Et nous n’avons jamais eu de problème systémique de harcèlement. Nous n’avions aucune des erreurs de caractérisation rapportées dans les médias. Mais ce que nous avions, c’était un mouvement ouvrier très agressif qui travaillait dur pour essayer de déstabiliser l’entreprise. »
Il fallait l’oser, surtout lorsque quelques paragraphes plus bas, le PDG se veut même être pro-syndicat. On ne sait pas dans quel univers, étant donné les efforts qu’il a fait pour tenter ne pas reconnaître celles qui naissaient au sein de son entreprise, notamment chez Raven Software, mais Variety ne lui oppose aucune contradiction à ce sujet.
Si les relations entre Activision et la CWA (un grand syndicat américain) s’est apaisée ces derniers temps grâce aux concessions effectuées par l’entreprise, n’oublions pas Kotick a été un farouche opposant à leurs actions durant toute l’année 2021.
Et quant aux accusations qui le visent directement, Kotick se défend une nouvelle fois en déclarant qu’il ne serait plus en position si tout cela était vrai (car c’est évidemment comme cela que marche le monde de l’entreprise) :
« Je ne serais pas assis ici à vous parler si tout ce que vous avez lu dans le récit incendiaire était véridique. Aucun conseil d’administration d’une entreprise non contrôlée ne permettrait au PDG de continuer à la diriger si ces choses étaient véridiques. »
Là encore, peut-être, dans un monde parallèle où le conseil d’administration en question ne serait pas géré par des proches de Bobby Kotick (à l’image de Brian Kelly, président du conseil et vieil ami du PDG comme le souligne justement Oscar Lemaire de Ludostrie).
La suite déroule le portrait élogieux (sic) de Kotick de manière assez classique, en n’hésitant pas à dire qu’il est respecté par les artistes et dirigeants de son entreprise, ce qui est évidemment faux, en témoigne les longues semaines de protestation et la pétition en interne qui demande son départ.
Le tout en évoquant le rachat par Microsoft qui pourrait énormément profiter à Microsoft, et dans une certaine mesure à Kotick puisque cela lui permettrait éventuellement de sortir par la grande porte, même s’il a affirmé par le passé qu’il resterait PDG après la fusion. On demande à voir. Ou à ne plus le voir, c’est selon.
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