Pourquoi on aimerait un retour de Shinobi/Nightshade ?
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Rédigé par Neomantis Dee
Facile d’oublier ces œuvres qui datent et qui ont contribué à l’émergence d’une floppée de clones. Pourtant, Shinobi est indéniablement une licence culte, pour ne pas dire légendaire, particulièrement pour le genre du Hack ‘n’ Slash au sens pure du terme. C’est-à-dire que l’on tranche avec un gameplay plus simple et efficace, comme dans Strider, en comparaison des « Beat’Em All » se réclamant plutôt des jeux de combat avec plus de profondeur dans le gameplay (Streets of Rage, Devil May Cry).
Shinobi voit le jour en 1987 et a longtemps été, par l’intermédiaire de son héros Joe Musashi, une des mascottes de Sega aux côté de Sonic. Une présence assez marquante de la fin des années 80 jusqu’au début des années 90, période où la figure ninja était très populaire dans les médias et la culture populaire. Le soft power japonais était alors en plein boom. Ce qui a logiquement profité à la licence. Mais plus que la figure du guerrier silencieux, c’est par ses qualités vidéoludiques et sa grande difficulté que la série va marquer les esprits. Sans oublier ses graphismes, au top à l’époque. Shinobi III : Return of the Ninja Master en est un parfait exemplaire.
Une pépite du genre qui influence encore maintenant, en atteste Cyber Shadow ou Vengeful Guardian: Moonrider. Une période faste pour les ninjas qui infiltreront alors nos salons en masse avec, également, la naissance du plus féroce concurrent de Shinobi dès 1988, le bien nommé Ninja Gaiden. Avec ses 4 millions d’exemplaires écoulés, Joe Musashi jouait dans la cour des grands et c’est pourquoi je souhaite revoir la licence, mais en 3D. Comme avec la prise de risque tentée en 2002 et 2003 avec Shinobi et sa suite Nightshade (Kunoichi au Japon) sur PS2 qui vont nous intéresser ici.
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Que ce soit Shinobi ou Ninja Gaiden, les deux rivaux vont disparaître du paysage après 1995, pour finalement ressurgir dans de nouvelles moutures en 3D presque une décennie plus tard. Si Ninja Gaiden se hissera jusqu’au panthéon des meilleurs jeux de la première XBOX en 2004, Shinobi,revenu 2 ans plus tôt, n’aura pas cette chance. En effet, je ne vais pas mentir, ce dernier, comme sa suite, Nightshade, est un jeu sympathique mais sans plus. La faute à de terribles soucis techniques, et en dépit de quelques sensations vraiment plaisantes qui font qu’il y a tout de même des choses à sauver.
Cette renaissance en demi-teinte vient de Noriyoshi Oba, homme ayant œuvré sur Streets of Rage et Shinobi III, qui trouva du temps à donner à cette franchise mythique. En outre, Oba faisait partie intégrante de l’équipe Overworks à qui l’on doit les premiers opus avec Joe Musashi. Avec l’essor de la 3D et suite au choc conjoint orchestré par Devil May Cry et Onimusha (nous avons déjà consacré un article à ce dernier), l’action avait pris un nouveau tournant et se cantonner à la 2D devenait alors une prise de risque.
Il fut décidé de relancer Shinobi en 3D, en privilégiant l’action, malgré quelques phases de plateformes. Décision qui obligea les équipes à réadapter le gameplay de la série qui, auparavant, du fait de la 2D, mettait l’emphase sur le lancer de shuriken. Ici, c’est le combat au katana qui domine largement, bien que nous ayons des kunaïs, plus secondaires, servant exclusivement à immobiliser les ennemis. Elément qui peut avoir été repris par Itagaki sur son reboot de Ninja Gaiden. Même si lorgnant plutôt vers le Beat’Em All, Ninja Gaiden use des mêmes armes de jet, mais pour réaliser des cancels et prolonger les combos.
L’approche est tout autre, le budget sans doute aussi. Ceci étant, le protagoniste de Shinobi PS2, qui n’est plus Joe Musashi mais Hotsuma, n’a pas à rougir de son rival quant à sa mobilité. Le système de course sur les murs avec possibilité de rester fixé aussi longtemps qu’on le désire aux parois murales n’est pas pleinement exploité. Ceci étant, cela laisse entrevoir des merveilles de situations de plateformes qu’il serait possible de confectionner pour un reboot ou remake. Quant à l’esquive, notre héros se déplace avec une vitesse et une classe évidentes et que seul un Strider Hiryu semble capable d’égaler.
Full Metal Ninja
La classe, les personnages de Shinobi et Nightshade en ont, même si les visuels n’aident pas à leur rendre justice. On notera d’ailleurs le choix d’une femme ninja (kunoichi donc, comme le titre japonais du soft) pour le second opus. Si elle impose un peu moins par son charisme, elle possède un caractère différent, ce qui se verra dans son gameplay plus aériens. Au moins, la mise en scène se révèle efficace et fonctionnelle, ce qui permet d’encaisser les travers techniques des jeux. Tout ce travail a le mérite de servir un univers qui parvient à poser une ambiance appréciable, particulièrement pour l’opus de 2002.
Sa suite étant moins pertinente sur ce point du fait d’une direction artistique moins inspirée, trop générique. Bien que cela soit justifié dans la diégèse du titre. Les bandes sons vont dans ce sens et ne trahissent pas leurs univers. Encore, une fois, Nightshade opte pour la modernité dans ses musiques, à l’inverse de son grand frère, mais avec autant de cohérence avec le monde contemporain proposé. Ces petits soins suffisent à laisser une trace au fond de ma mémoire. Le souvenir de softs imparfaits, c’est peu dire, mais avec ce quelque chose en plus qui fait que, personnellement, je passe un bon moment dessus.
Car, malgré des graphismes à pleurer du sang, leur rythme effréné et leur courte durée de vie ne laissent que peu de temps à l’ennui, ce qui est important. Shinobi et Nightshade puisent dans le Hack ‘n’ Slash, leur essence première, mais à la sauce 3D. Hibana, héroïne du second volet, est un cas plus hybride avec sa palette de coups réhaussée, mais l’un comme l’autre ne demandent qu’à foncer dans des niveaux linéaires où la rapidité prime. Déchirant en très peu de coups tout ennemi croisé, avant une ponctuation de boss plus ou moins réussis. Nos actions seront gratifiées par le Tate (Fatal Wind) qui offre un ralenti sur certaines mise à morts.
Les ennemis n’auront ainsi même pas le temps de réaliser qu’ils sont déjà morts et tomberont harmonieusement en même temps que leurs comparses. Shinobi possède par ailleurs la particularité de nous faire utiliser une arme démoniaque qui se nourrit d’âmes. Il s’agit évidemment des orbes abandonnés par les créatures une fois pulvérisées. La différence ici, comparé à l’utilisation faite dans DMC ou Onimusha, c’est qu’il n’y a pas de compétences à débloquer pour enrichir le gameplay, seulement de la vie à drainer. Or, c’est primordial puisque que le sabre ne nous laisse que peut de répit avant de s’attaquer à notre santé.
Ninja Connection
Nous sommes incités à constamment éliminer des monstres pour ne pas être dévorés par notre propre katana. Une super idée qui donne du sens au rythme soutenu et à la surabondance d’action, en plus d’amener une dose de stress suffisante. Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge reprendra l’idée de cette malédiction mais ne parviendra pas à en faire quelque chose d’aussi pertinent qu’ici. Parfois, je me dis qu’il est plus intéressant de laisser certaines œuvres comme elles sont pour ne pas risquer de décevoir.
Shinobi peut être considéré comme décevant à bien des égards, compte tenue de la place occupée par la franchise dans l’histoire du jeu vidéo. Surtout quand je vois ce que le néo-rétro est capable de produire, me faisant rêver d’un nouveau Shinobi 2D réactualisé et allant encore plus loin dans son game design. Cependant, à l’instar d’un Onimusha : Dawn of Dreams, la mouture PS2, et sa suite Nightshade, ont fait le choix de faire évoluer la recette et pour ce faire, de se séparer du héros emblématique de la franchise, Joe Musashi.
Culotté certes, mais permettant de ne pas froisser l’attache portée au héros de base. C’est aussi une manière de marquer le coup et de clairement définir le changement de cap opéré, et ce quand bien même des liens toujours bien existants subsistent avec les itérations 2D. L’occasion aussi de dépeindre un héros plus sombre, ce qui n’est pas déconnant. Avec des graphismes honorables et une correction des errances techniques trop présentes, l’expérience serait tout de suite bien plus convaincante.
J’estime qu’il y a quelque chose à faire avec ces propositions 3D. En se rapprochant des sensations de vitesse et de découpe d’un Ghostrunner et en instaurant une dimension plus Beat’Em All , à l’instar des Ninja Gaiden d’Itagaki, Shinobi pourrait reprendre des couleurs et imposer un style de jeu finalement peu représenté. Ce serait bien trop long de détailler tous les changements que j’attends pour un retour, mais il faut clairement une refonte globale avec, en finalité, un reboot ou un remake.
Pourquoi un retour de Shinobi/Nightshade ?
Il va sans dire que le jeu devrait se permettre plus de séquences de plateformes, tout en gardant un rythme soutenu, mais qui renouvellerait les situations. Comme je le disais, la vivacité des déplacements et les composantes murales ont de quoi servir la créativité des développeurs. Un effort sur le scoring doit aussi être fait, avec un détail plus explicite de son fonctionnement. Je veux aussi un new game plus intéressant et qui donne envie. En l’état, hormis pour les personnages emblématiques de la série Shinobi à débloquer, l’envie de retourner au charbon est limitée.
Le combo direction artistique et level design, tout deux peu ambitieux et assez feignants, n’aident pas à se replonger. De surcroît, le gameplay doit s’enrichir. Il doit être possible de pouvoir jouer les héros de manières assez variées, ce qui passerait par des coups et/ou mouvements supplémentaires à déverrouiller d’une façon ou d’une autre. Il faudrait laisser une marge de progression plus significative aux joueurs et joueuses. Avec le recul, j’aime l’idée que les deux opus soient aussi proches que différents. Dans leur ambiance et leur univers notamment.
J’y vois l’occasion d’opérer un parallèle entre deux ninjas appartenant à des époques distinctes et qui pourraient se répondre sur des thématiques, voire littéralement représenter les deux penchants de la vie et de l’équilibre du Yin & Yang. Shinobi pour l’époque traditionnelle et Nightshade pour le contemporain, avec pourquoi pas une emphase marquée sur les technologies. Chacun pouvant apporter ses propres compétences et gameplay, dans un voyage qui deviendrait tout de suite plus dépaysant. De quoi, également, ficeler le tout avec une histoire intéressante.
J’entrevois déjà en Nightshade la reprise de certaines mécaniques d’un Metal Gear Rising : Revengeance, la parade agressive pour ne citer qu’elle. Quant à Shinobi, je veux que ça aille plus loin, particulièrement sur la mécanique du katana démoniaque. L’important étant d’avoir des situations de jeu capables de soutenir les spécificités du protagoniste. Bien sûr, ajouter du contenu tel que des défis ou un mode survie, ou que sais-je d’autre, pourrait apporter la rejouabilité nécessaire. Autant que d’inciter à exploiter les possibilités offertes.
C’est donc pour un reboot ou un remake complet que j’attends un retour. Une réunion des deux titres en un seul, parce que j’y trouve une complémentarité intéressante, chaque personnage, au moins Hotsuma et Hibana, pouvant représenter un pan de scénario spécifique. Je ne peux pas trop vous conseiller de revenir sur les versions PS2, mais j’espère qu’un retour en bonne et due forme verra le jour pour enfin avoir les versions 3D que la licence mérite.
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