Le Tatoueur : Présentation et avis sur la BD de Grand Angle
Publié le :
Pas de commentaire
Rédigé par Ludvig Auvens
Après vous avoir proposé plusieurs articles sur des romans (Fortune Cookies, Cathares 1198) et un livre d’analyse, nous allons revenir du côté de la bande-dessinée. Cette fois-ci, nous allons nous tourner du côté de la collection Grand Angle de l’éditeur Bamboo, avec une œuvre du nom de Le Tatoueur.
Entre conspiration et crime organisé, cette œuvre est signée Matz et Futaki. Dès la couverture, on comprend très bien que l’on s’apprête à plonger dans la lecture d’un polar noir, comme nous y habitue si souvent Matz (Le Transperceneige, Le Tueur). Côté visuel, on peut faire confiance à Futaki (Hypnos, Gryyym), dont ce n’est pas le premier rodéo.
Mais cette lecture, bien que probablement très prenante, parvient-elle à faire mouche ? Ressort-on indemne de cette découverte, où les idées de Matz parviennent-elles à ancrer notre esprit comme Futaki ancre le papier ? Découvrons-le ensemble.
Sommaire
ToggleUn scénariste habitué à son genre
Avant d’entrée dans le vif du sujet, peut-être serait-il intéressant de préciser qui est ce fameux Matz, que l’on retrouve à l’écriture du script de nombreuses bandes-dessinées. De son vrai nom Alexis Nolent, il est écrivain, mais aussi le codirecteur de la collection Rivages/Casterman/Noir, une collection de romans noirs en bande-dessinée au sein de Casterman.
Dès lors, rien de surprenant de le retrouver au scénario de tant de bande-dessinées du même genre. Et, comme nous le disions précédemment, Le Tatoueur est l’une de ces œuvres noires, style dont les amateurs de l’éditeur raffolent. Au programme, un cocktail explosif où se trouvent impliqués un tatoueur au passé agité, un chauffeur de taxi et une conspiration à l’ampleur bien trop grande.
Pour les aficionados de la bande-dessinée, la lecture ne saura pas se faire sans qu’un écho avec Le Tueur n’ait lieu. Après tout, Matz est un bon représentant du polar et la BD noire, et les deux œuvres du même auteur font partie de ce même sous-genre. Partant de ce postulat, comment faire pour ne pas les comparer, ne serait-ce qu’un peu ?
Ceux tombés amoureux de l’histoire en deux tomes que nous dévorions en 2020 risquent cependant d’être quelque peu déçus. Si pousser la comparaison se fait naturellement pour les lecteurs des deux œuvres, fort est de constater que Le Tatoueur est un peu en-deçà de ce que proposait l’intrigue de l’autre série. C’est dommage, certes, mais il faut tout de même mettre en avant toutes les qualités du dernier enfant de Matz et Futaki car, prise seule, ce one-shot quoi qu’un peu classique, a tout pour plaire !
Le classique fait parfois du bien
Loin des couleurs chatoyantes de Nëcromants (dont nous vous parlions récemment), cette œuvre suit Zoli, un tatoueur impliqué contre son gré dans une série d’assassinats. Est-il tout blanc ? Il faut savoir que lui-même a été obligé de quitter la Hongrie, son pays d’origine, à cause d’un passé assez lourd. Voilà donc un protagoniste plutôt mystérieux que l’on nous propose, dans un scénario qui a tout de prometteur.
Et si ce personnage a tout pour être réussi, c’est parce que Matz connaît son sujet. Il boxe dans une catégorie taillée pour lui. Zoli est donc l’archétype même de ce que l’on retrouve avec son créateur : un mec mystérieux, carré, que l’on pourrait facilement retrouver dans une œuvre isekai classique : il est badass.
Ce terrain connu pour le scénariste et ses lecteurs assidus ne s’arrête pas là puisque l’intrigue suit le même chemin. On oscille entre violence et conspiration, dans une intrigue où le crime organisé est au cœur de tout. Rien de forcément classique pour le genre, mais l’auteur ne quitte pas sa zone de confort. Pour les assidus, c’est donc un scénario qui ne se démarque pas du reste. Est-ce forcément une mauvaise chose ? Non, si on aime le genre, absolument pas !
Surtout que, pour soutenir la solide narration pensée par Matz, le lecteur peut compter sur Futaki pour proposer des visuels de grande qualité. Le tout s’harmonise très bien avec l’histoire racontée en misant sur l’archétype d’un homme qu’on ne voudrait pas croiser en pleine nuit. Car oui, la majorité de l’intrigue se déroule dans une ville de Paris où l’obscurité fait son œuvre. Ainsi, c’est en jouant sur les ombres et la noirceur que tout gagne en beauté.
Faut-il craquer pour Le Tatoueur ?
Alors certes, Le Tatoueur ne brille pas pour son originalité, le tout étant très classique pour le genre, mais aussi et surtout quand on prend en compte les travaux passés de Matz. Néanmoins, les personnages et l’intrigue fonctionnent très bien auprès des amateurs de récits visuels noirs et courts. Matz maîtrise son sujet et même les habitués de ses œuvres sauront y trouver leur compte.
De plus, le travail de Futaki est excellent, de même que celui de Bamboo pour nous proposer une bande-dessinée de bonne facture. Tout le monde y a mis du sien pour sublimer le travail scénaristique.
Acheter Le Tatoueur sur AmazonAinsi, nous pouvons conclure en disant que Le Tatoueur a ses forces et limites. D’un côté, cette BD surprend difficilement de par son manque d’originalité, très classique pour le genre. De l’autre côté, les amateurs de polar y trouveront leur compte, dans une histoire courte et réussie, soutenue par un style graphique qui lui sied bien. A conseiller aux amoureux de bande-dessinée qui n’ont pas peur des scénarios classiques.
Cet article peut contenir des liens affiliés