Pourquoi on aimerait un retour de Motor Raid ?
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Rédigé par Neomantis Dee

Confidentiel durant plusieurs années, Motor Raid fait partie de ces titres peu connus mais qui, selon moi, mériteraient davantage de visibilité, car toute créativité nait de résonnances et d’influences conscientes et/ou inconscientes. Le soft de SEGA, bien que suivant la droite lignée du Hang On (1985) de Yu Suzuki, ou du Road Rash (1991) de EA, s’en détachent pourtant. Il s’éloigne de la recherche de réalisme de ces derniers, préférant une approche futuriste, pour faire valoir ses propres atouts. Atouts logiquement sous-exploitées, mais qui offrent de belles promesses pour une version modernisée.
N’étant de base pas attiré par les jeux de courses, même si certains sont parvenus à me convaincre, l’idée d’un nouveau Motor Raid, ou bien d’un jeu s’en inspirant ouvertement, me donne envie. Si l’espoir est maigre, l’annonce surprise de SEGA lors des Game Awards me laisse espérer la mise en chantier de quelque chose pour notre jeu du jour. C’est d’ailleurs en parcourant à la fois Judgment (2018) et Lost Judgment (2021), dans lesquelles le titre est jouable sur borne arcade, que j’ai découvert l’expérience.
Jusqu’alors accro à Super Hang On que je squattais, il m’arrivait aussi de repenser à Road Rash avec ses courses où l’on frappait les autres motards. Alors, forcément, quand je m’installe pour tester Motor Raid je tombe sous le charme. immédiatement. Avant même de lancer le jeu, esthétique et musique me transportaient déjà dans l’univers futuriste du soft. Un monde à la croisé d’un Death Race 2000, mais avec des deux roues, et de Road Rash donc.
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Parût en 1997, le projet Motor Raid fut développé par la branche AM1 de SEGA, sous la direction de Rikiya Nakagawa depuis 1991, par ailleurs ici producteur. Le monsieur travaillera plus tard comme producteur exécutif sur Nightshade (on en parle dans une chronique), ainsi que sur la version Wii de Klonoa sortie en 2008, entre autres jeux. Il faut savoir que le studio AM1 expérimentera beaucoup sur la 3D, participant à plusieurs évolutions technologiques significatives pour l’industrie.
La branche AM2 n’était pas en reste à l’époque, notamment du fait de la présence de Yu Suzuki et de ses innovations mémorables. Certains sites créditent ainsi Suzuki sur le projet Motor Raid, quand d’autres non. A moins de l’avoir loupée, je n’ai pas vu de mention non plus dans les crédits du jeu. Cela étant dit, s’il n’a pas directement participé à la conception au côté de Nakagawa et ses équipes, nous sommes en droit de penser qu’il a pu indirectement influencer la conception. Son expérience et ses innovations sur les jeux de courses restent importantes.
Cela peut expliquer pourquoi, au niveau des sensations de course, Motor Raid ne sort pas vraiment du lot. Sa différence la plus notable est évidemment esthétique, comme dit plus haut. C’est le choix d’un univers futuriste qui le démarque vraiment de la concurrence. Les habituelles circuits sont présents, mais cette fois ils correspondent à une planète différente, avec des ambiances visuelles elles-aussi différentes. Le but du jeu est simple et fidèle à l’époque arcade, puisqu’il faut terminer les courses le plus rapidement possible, le temps étant limité, et à la meilleure place évidemment.
En outre, le classement au terme d’un circuit déterminera les niveaux suivants. Il y a cinq planètes à parcourir, plus une sixième bonus et réservée aux meilleurs pilotes. La tenue route et les attaques réussis feront augmenter votre score, en plus de votre position à la fin du temps imparti. Et si j’ai précédemment mentionné Road Rash, ce n’était pas pour rien. En effet, Motor Raid en reprend le principe de frapper ses adversaires en peine course. Coup de pied latéral, coup de poing ou carrément attaque à l’arme blanche (griffes, bâton futuriste, etc), afin de ralentir la concurrence et s’assurer la victoire.
Point limite zéro
Un boost à niveau de puissance est aussi présent et sera utile. Il se recharge automatiquement et dispose de trois paliers de puissance faisant varier l’effet du boost. Enfin, il est possible de perdre son arme, comme de subtiliser celle d’un adversaire passant trop près. Le tout porté par les musiques au ton futuriste composées par Makito Nomiya. Akira, le film d’animation, est passé par là, cela s’entend. Dans un ton plus jovial et dynamique dans Motor Raid cela dit. Un peu dans le style des reprise de musiques d’Akira par Nathan Micay dans son album Capsule’s Pride.
Difficile de ne pas être un minimum embarqué. En outre, pour revenir rapidement sur l’influence de l’oeuvre de Katsuhiro Otomo, il faut s’attarder sur les bolides. Leur design fait clairement penser à une reprise de la moto de Kaneda. Musicalement comme sur le design des véhicules, l’influence Akira semble planer sur le jeu. A côté de cela, de par sa nature de jeu d’arcade, Motor Raid est logiquement construit sans contenu décent, bien au contraire. Deux modes de jeu seulement.
Un mode entraînement pour découvrir librement les circuits et se familiariser avec le gameplay et les pilotes, sans contrainte. Et puis le mode Championnat, que l’on peut appeler mode arcade. La rejouabilité va surtout passer par le scoring et la quête de la course bonus, puisqu’à côté de ça nous ne trouvons que quatre personnages jouables. Chacun a le droit à une arme de prédilection et un véhicule avec ses propres statistiques pour varier les plaisirs. De surcroît, comme pour les jeux de combat, terminer le mode Championnat peut débloquer de brèves informations sur le pilote joué.
L’esquisse d’un désir de caractérisation. Mais il n’y aura que ça, et, évidemment, le chara design et les motos pour donner de l’épaisseur aux personnages. Avec seulement quatre, difficile d’être pleinement comblé. Pourtant, je ne vois là que le sommet d’un iceberg dissimulant un potentiel vidéoludique évident. Il y a quelque chose dans Motor Raid. Dans son concept et son gameplay, mais également vis-à-vis des environnements, plutôt sympathiques en l’état, et qui laissent imaginer un univers pouvant s’avérer intéressant à creuser.
Pourquoi on aimerait un retour ?
Je pense qu’avec ce que le jeu vidéo est capable de produire aujourd’hui, quand je vois la scène néo rétro, notamment, ou l’annonce de SEGA avec la ressortie d’anciens titres remis au goût du jour, je veux la même chose pour Motor Raid. Réorienter la course de manière à en faire quelque chose de plus complet et compétitif me paraît nécessaire. Au moins complet, à l’instar de Streets of Rages 4. Ou prendre exemple sur les jeux de combat dont il reprend l’action avec les coups portés, ainsi que la récompense « narrative », avec de gros guillemets ici, en fin de partie.
Cela pourrait apporter quelque chose en plus au jeu de course arcades. Le contenu passe aussi par le roster qui doit se montrer plus généreux. Avoisiner la douzaine de pilotes, tous avec leur propre style : gestuelle, chara design, etc. Ils auraient leurs armes et leur véhicules de préférence, des coups signatures, et des statistiques liés à leur performance. Je vois même des variantes de couleurs ou de la personnalisation. Coupler avec davantage de coups et mouvements, pour des courses plus impressionnantes visuellement, le soft prendrait une tout autre dimension.
De plus, ce serait une manière d’avoir suffisamment de profondeur de jeu pour rendre Motor Raid à lafois plaisant et facile à prendre en main, mais aussi avec un plafond de verre à bonne hauteur pour permettre aux joueurs et joueuses les plus acharnés de pousser l’expérience. Le level design pourrait se montrer plus alambiqué avec de nouvelles planètes, et donc de circuits, pour un dépaysement totale et des routes plus extravagantes. Piocher vers Trackmania ou que sais-je encore. Mais aussi, pourquoi pas, placer des pièges, et autres effets de l’environnement.
Un peu de customisation, de cosmétiques, des défis, un mode à la Destruction Derby et un contenu solo digne de ce nom, et nous pourrions avoir un bon délire entre les mains. C’est bientôt Noël, je rêve un peu. Cela dit, j’aimerai vraiment, concernant le solo, un peu plus de présence narrative. Je veux que l’on me parle de cet univers, de ce monde où de telles courses s’y déroulent. Je veux un scénario qui s’inspire des œuvres d’anticipations tournées autours des nouveaux sports et divertissements à la mode. Je veux que Motor Raid exploite tout son potentiel.
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