L’Oiseau Rare – Eugénie : Présentation et avis sur la BD de Grand Angle
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Rédigé par Ludvig Auvens
Dans cette chronique, nous présentons nombre d’œuvres aux univers, aux formats et aux thématiques éclectiques. Aujourd’hui ne fera pas exception à la règle puisque nous allons vous présenter le premier tome de L’Oiseau Rare, sobrement sous-titré Eugénie.
Après du manga avec Nyankees ou encore de l’analyse avec Fullmetal Alchemist, nous passons donc à une BD éditée chez Grand Angle (Bamboo), que l’on doit au duo formé par Cédric Simon et Eric Stalner, scénaristes de cette série prévue en deux volumes. Si le second s’occupe aussi du dessin, ces deux messieurs sont aidés par Florence Fantini qui s’est occupée des couleurs.
Ce trio s’est ainsi fixé l’objectif de proposer une jolie (ou pas) histoire au cœur des rues de Paris. L’histoire prend alors place en novembre 1898, pour suivre une jeune fille du nom d’Eugénie. L’intrigue s’annonce d’emblée originale, mais cette dernière tient-elle la route pour autant ? Découvrons ensemble ce qu’il en retourne.
Sommaire
ToggleUne intrigue mature en plein Paris du XIXe siècle
Comme dit ci-avant, nous suivons donc la jeune Eugénie alors que son aventure commence par quelques paroles musicales en accompagnement d’un orgue au milieu des rues de Paris. La jeune fille n’a qu’un seul objectif dans la vie : reconstruire l’Oiseau Rare. Ce dernier est un théâtre qui a brûlé par accident, entraînant la mort de ses parents, les propriétaires de l’établissement. Une histoire empreinte de tristesse, de débrouillardise et de rebondissements se dessinent donc face à nous.
Si les premières cases peuvent surprendre par la manière dont le lecteur entre dans l’histoire (tout part d’une photographie réelle), le lecteur se retrouve rapidement, et sans peine, immergé dans ce Paris de la fin du XIXe siècle. Chaque personnage entre rapidement en scène grâce à une scène de vol à la tire, où le caractère théâtral des protagonistes est immédiatement mis à profit. La jeune fille fond en larmes alors que le vol est commis, attirant la sympathique des passants.
Peu après, la jeune Eugénie rejoint les auteurs du méfait, où l’on comprend que tout était organisé. C’est là le premier des nombreux rebondissements scénaristiques qui attendent le lecteur au fil des 56 pages qui composent ce premier tome. La jeune fille, suite à la perte de ses parents, réside au cœur de « la zone », un bidonville fait de tôles et autres déchets laissés par les résidents de la ville. C’est une zone pauvre, où nous pouvons alors suivre le groupe, composé d’Eugénie, son grand-père Arthur, Tibor le colosse, ainsi que deux frères : Constantin et Lucien.
Comme le suggère la première scène de la bande dessinée, ce groupe vit d’arnaques et autres entourloupes. Néanmoins, ils mettent une partie importante de leur butin dans une caisse qui doit servir à reconstruire le théâtre des défunts parents d’Eugénie. Cette dernière, impatiente de pouvoir rendre hommage à ceux qui lui ont offert la vie, va tenter un coup plus risqué, un coup qui entraînera nombre de complications, menant à une succession de revirements de situations qui construisent alors le récit. Et on ne parle pas simplement de vols à l’arraché, il s’agit de thématiques plus froides, comme le meurtre, le braconnage ou encore plus simplement la mort.
Des personnages travaillés, dans un univers visuellement réfléchi
Outre ce scénario des plus intéressants, ce premier tome de L’Oiseau Rare brille aussi par ses personnages. Ces derniers sont intéressants, voire même attachants. Arthur et Tibor sont des personnages travaillés en profondeur, avec une véritable âme. Eugénie, en tant que personnage principal est, elle aussi, très intrigante. Pour l’instant, seuls les deux frères restent un peu en retrait, mais on sent bien que leur implication ne saurait tarder.
Par ailleurs, l’histoire servie par Cédric Simon et Eric Stalner est bien ficelée, entre ses rebondissements et les détails reçus à chacun d’entre eux, il y a de quoi prendre du plaisir à lire. L’usage de l’humour est aussi présent, ce qui amène un peu de légèreté à ce quotidien difficile dans lequel nous suivons les protagonistes. Mais restez le cœur bien accroché, car chaque note d’humour finira noircie par l’une ou l’autre révélation dramatique. Après tout, c’est là le cœur même de ce que nous narrent les deux scénaristes.
Aussi, Eric Stalner nous montre toute sa maîtrise une fois le crayon en main. Ce dernier nous sert une bande dessinée travaillée et agréable à regarder. Le récit s’anime grâce aux traits de qualité qu’il appose sur les planches. Tant la bande que les autres personnages sont traités avec soin. Sans parler des décors qui prennent vie. Paris est sublime, que cela soit du côté des bidonvilles que de la ville elle-même. La patte artistique d’Eric est bluffante et le dossier disponible en fin de tome permet de mieux comprendre où il puise son « inspiration ». Un petit plus qui parvient à faire mouche chez les plus exigeants d’entre nous.
Et que dire de l’excellence du travail de Florence Fantini. Les couleurs qu’elle apporte aux réalisations d’Eric permettent d’ajouter une âme à chaque case, d’offrir une profondeur supplémentaire à chaque champ. Même les effets de lumière sont au rendez-vous. Bref, c’est un sans faute de son côté aussi. A croire qu’il n’y a aucun défaut à cette bande dessinée, si ce n’est que le scénario pourrait ne pas convenir à tous.
Faut-il craquer pour L’Oiseau Rare – Eugénie ?
Pour répondre à cette semi-question évoquée juste au-dessus, oui L’Oiseau Rare – Eugénie est un sans faute. Libre à chacun de l’apprécier à sa manière et libre à chacun d’aimer ou non le scénario proposé par Eric et Cédric, mais dans sa réalisation, tout est excellent.
Rappelons aussi, au passage, qu’un second tome est attendu pour cette série. Ce dernier n’a pas encore de date de sortie, mais tout porte à croire que sa sortie ne se fera pas avant au moins 2021. C’est dommage quand on voit la clôture du premier tome et le plaisir que l’on prend à le parcourir, mais c’est le jeu.
Acheter L'Oiseau Rare - Eugénie sur AmazonQuoi qu’il en soit, nous conseillons chaudement cette série aux fans du format BD. Tant dans son scénario que son dessin et ses personnages, L’Oiseau Rare sait proposer une recette prenante. Il nous tarde de mettre la main sur sa suite tant ce premier volume était convainquant.
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