Blue Period : Présentation et avis sur le manga de Pika Édition
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Rédigé par Ludvig Auvens
Et si, aujourd’hui, nous vous parlions à nouveau d’un éditeur très présent dans l’horizon médiatique français ? Avec des licences très connues dans son catalogue, telles que Fairy Tail et Seven Deadly Sins, Pika Édition ne s’arrête pas de faire grossir son nombre de séries. Et cette fois-ci, nous allons nous intéresser à Blue Period, manga au sujet un peu atypique.
Loin de l’humour et de la rivalité de Kaguya-sama : Love is War, et à des années lumières de la compétition et de la sueur de Blue Lock, Blue Period est un manga qui a pour thème principal la peinture, avec quelques sous-thématiques intéressantes, comme la recherche de soi, le dépassement, ou encore l’amitié, de quoi ajouter quelques couleurs au tableau. Oui, ces sous-thématiques sont inhérentes à la bande-dessinée nippone, vous avez raison, mais le traitement est, quant à lui, bien différent.
D’abord l’amour des fans, puis moult récompenses, Blue Period a su tout enchaîner pour attirer le regard des éditeurs français et, par la suite, des lecteurs et lectrices francophones. Mais sa réussite surprenante au pays du Soleil-Levant en fait-elle un must-have pour tout amoureux de manga ?
Sommaire
ToggleUne série primée, à raison
Prix Manga Taishô 2020, Prix du manga Kôdansha 2020, pléthores de nominations à d’autres titres, installée dans les tops des ventes nippons à plusieurs reprises depuis sa première publication, la série de Yamaguchi Tsubasa a propulsé sa créatrice sur le devant de la scène. Actuellement long de dix tomes, ce manga est publié dans Afternoon, le magazine des éditions Kôdansha. Ce même magazine a vu passer des séries comme Vinland Saga, Blame!, ou encore A Journey beyond Heaven. En voilà une magnifique carte de visite pour l’arrivée de Blue Period en France !
Mais trêves de galimatias. Blue Period est un manga sur l’art nous plongeant aux côtés de Yatora Yaguchi. Ce dernier est un lycéen en première année, particulièrement connu pour son profil ambivalent d’élève brillant à l’allure un peu à part. Cheveux décolorés, piercing, fumeur, plutôt casse-cou, Yatora a tout du furyo de base d’un manga de Toru Fujisawa, sans pour autant en être un. Ses fréquentations lui valent d’ailleurs une réputation de mauvais garçon auprès de ses camarades de classe.
Mais, au fond, Yatora sait qu’il lui manque quelque chose. Tout semble lui réussir, mais rien ne lui offre ce petit quelque chose qui donne l’envie de se dépasser, qui offre cette joie de vivre, ce rêve que tout le monde poursuit. Sa vie semble comme pilotée par la société elle-même, où ses choix n’ont que peu d’importance, il fera ce qu’on attend lui, suivant le rythme. Mais une rencontre va, comme dans toute bonne œuvre qui se respecte, tout changer. Yatora va découvrir un tableau, laissé là dans une salle de classe. Ce dernier a été peint par une membre du club d’arts plastiques. Comme happé par cette œuvre, il ne peut plus détourner le regard et, quelques discussions plus tard, le voilà enrôlé dans le club d’arts plastiques de son lycée. Serait-ce donc la naissance de cette passion qui lui manquait tant ?
Avec le temps, Yatora se rend compte qu’il a toujours aimé dessiné, que l’art a toujours été cette passion qui l’animait. Il s’en est détourné par la pression scolaire, la pression parentale, mais les rencontres et l’amour du défi vont réveiller en lui la flamme qui s’était éteinte. Le lecteur peut donc suivre le héros dans sa quête de perfectionnement, de découvertes, les défis qui se dressent devant lui à l’école, dans sa vie privée, ses cours préparatoires, mais aussi ceux qui attendent ses nouveaux et anciens amis.
Une invitation à voyager et à réfléchir
Si Blue Period nous parle d’art comme l’ont déjà fait d’autres œuvres avant, Yamaguchi Tsubasa le fait différemment. Yatora est un amateur, qui a tout à découvrir. Le lecteur peut donc, en compagnie de ce personnage apprendre moult choses sur l’univers de la peinture et du dessin. Que cela soit les termes techniques ou les œuvres présentées dans son manga, l’autrice explique tout avec contexte, pour que chacun retire quelque chose de positif et d’instructif de sa lecture. Entre les grands artistes selon les périodes, les techniques de peinture, les textures, ou même le prix d’entrée aux épreuves de sélection des universités, tout est présent pour que tous puissent accompagner et comprendre Yatora dans son aventure.
Mais, malgré son statut de personnage principal, Yatora est aussi très bien entouré. Yamaguchi nous propose une palette de personnages intéressants, comme Mori, Yuka, ou encore l’énigmatique Yota. Les acteurs de l’histoire de Blue Period sont tous attachants à leur manière et l’autrice utilise ces derniers à merveille pour nous proposer des thématiques fortes, qui savent parler à un lectorat très varié et qui tiennent en haleine sur la longueur. Ce sont ainsi autant de petites intrigues annexes qui viennent se greffer à un scénario qui semble déjà sans limites.
Avec son Blue Period, Yamaguchi semble distiller des messages à destination de la jeunesse, d’un lectorat en recherche d’identité, du soi, qui cherche à se comprendre et à s’accepter. Si le parallèle avec Picasso peut se faire rapidement, dès le titre et les premières pages, cette intrigue artistique prend vite de multiples embranchements et ne met pas en scène des héros en proie au doute sans raison. Blue Period est une invitation à l’expression de la personnalité de chacun, et Blue Period ressemble, au final, grandement à l’expression de l’identité de Yamaguchi.
D’ailleurs, on ressent bien la personnalité Yamaguchi dans son dessin. C’est soigné, les angles de vues sont superbement choisis, et l’art et ses personnages sont toujours placés au centre de l’attention. Si on peut lui faire un compliment, c’est que l’aspect artistique de son œuvre rend hommage à la thématique qu’elle y traite. Chaque case transporte et immerge le lecteur dans son propos comme l’art lui-même transporte Yatora. Bref, c’est excellent visuellement. Sans oublier le fait que de nombreux autres artistes ont aidé la mangaka en participant, notamment à la production des œuvres présentées à l’intérieur même du manga.
Faut-il craquer pour Blue Period ?
Soyons clairs tout de suite, Blue Period est mon coup de cœur du premier semestre 2021 (oui, j’ai pris tout mon temps pour vous proposer mon retour). L’histoire est captivante, les personnages créés par Tsubasa Yamaguchi sont attachants et diablement bien pensés. A cela s’ajoutent des thématiques accrocheuses et une identité visuelle des plus jolies.
Depuis le lancement de cette chronique, j’ai eu plusieurs coups de cœur, dont Baltzar et plus récemment Nëcromants. Eh bien Blue Period rejoint ces deux œuvres dans le cercle très fermé des séries que je recommanderai inlassablement. Avec Blue Lock, ça en fait donc déjà deux chez Pika cette année qui jouissent de mon plein amour, bravo !
Donc oui, nous recommandons vivement la lecture de Blue Period à n’importe quel amoureux de mangas. Tout y est pour proposer une œuvre incroyable qui saura transporter le lectorat. Pour terminer, on saluera le travail d’édition et de traduction qui n’ont pas dû être évidents compte-tenu du contenu de la série. Le tome 4 ne devrait, quant à lui, pas tarder à finir dans notre mangathèque. Nous avons déjà hâte !
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