Pourquoi la conférence Ubisoft a été pour nous la meilleure de cet E3 2017
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Rédigé par Quentin
L’E3 s’est achevé il y a peu et tout est passé très vite. Globalement, on peut dire que les conférences n’ont pas été exceptionnelles comparé aux années précédentes. Toutefois, deux exceptions sont à noter puisqu’elles sont sorties du lot en rythmant plutôt bien leurs présentations. Tout d’abord, Microsoft qui reprend du poil de la bête avec la puissante Xbox One X et les quelques annonces sympathiques (Anthem, Crackdown 3…) même si au niveau des grosses exclusivités, ils sont encore loin du niveau de Sony (sauf pour les nombreux jeux indépendants qui laissent entrevoir des concepts intéressants). D’ailleurs, il est difficile de pleinement juger la performance de Microsoft étant donné que Sony s’est contenté du strict minimum. Chaque année, la comparaison est inévitable entre les deux rivaux. On sent bien que le constructeur japonais garde ses cartouches pour des événements futurs.
Néanmoins, ce qui nous intéresse ici est la conférence Ubisoft. Sans être médisant, on considère généralement ça comme un bon moment à passer tout en sachant que nous aurons peu de surprises. Un nouveau Assassins Creed, South Park, le Just Dance annuel … Sans oublier les ratés qui ont plombé la réputation de la firme française à l’E3. On a tous en mémoire la déception pré-E3 vis-à-vis de Watch Dogs. Et pourtant, cette année Ubi a marqué le coup avec une conférence très au-dessus des autres et ce n’est pas seulement grâce à l’annonce de Beyond Good and Evil 2 (même si pour certains, à elle seule, cette nouvelle a placé d’office Ubisoft en tête ).
(Une petite parenthèse pour parler de la conférence Devolver que l’on range dans une catégorie à part entière. Ce sont de grands malades, mais dans le bon sens du terme. Derrière ce spectacle loufoque, nous avons une grosse parodie des conférences habituelles avec le blabla marketing et les différents intervenants récitant leurs textes soigneusement préparés par les pros de la communication. Bravo à eux en tout cas.)
Sommaire
ToggleUn contexte difficile : le bras de fer avec Vivendi
Avant de s’attaquer au fond, il faut tout d’abord préciser le contexte actuel de l’entreprise française. Le 7 juin dernier, Vivendi est devenu le principal actionnaire majoritaire en détenant 27% de l’éditeur français. Malgré cet état de fait, la famille Guillemot ne compte pas tranquillement se mettre dans le rang si l’on en croit l’impatience de Stephane Roussel, PDG de Gameloft et chef des opérations du groupe Vivendi. En lisant ses propos lors d’une interview avec le journal canadien LaPresse+, on sent que le ton monte entre Vivendi et la famille Guillemot qui veut garder son indépendance même si Roussel met en avant les bons résultats financiers de Gameloft pour que les Guillemot acceptent de « jouer les règles du jeu liées au fait d’être en bourse ».
Depuis 2012, c’est Aisha Tyler qui s’occupait d’animer les conférences Ubisoft à L’E3. Cette fois-ci, c’est Yves Guillemot en personne qui ouvre le bal. On peut y voir un message fort, histoire de montrer les crocs par rapport à ce qui a été dit précédemment. Il sera suivi ensuite de plusieurs développeurs venant parler de leur jeu respectif. Encore une façon de mettre en avant la créativité et l’ « indépendance » de la boîte française.
La collaboration Ubisoft/Nintendo, l’entrée en scène fracassante
Histoire d’en remettre une couche, l’homme n’est pas seul. Il se permet d’inviter le papa de Mario, Shigeru Miyamoto, rien que ça. Tout le monde ne peut pas se vanter de partager la vedette avec une icône du jeu vidéo comme Mario (pardon Sonic). Et tout ça pour présenter, non pas un jeu de plateforme ou un RPG classique comme on pouvait s’y attendre, mais un tactical-RPG, une sorte de X-com enfantin. Grosse surprise donc et c’est un gros pari qu’à fait Ubisoft pour le coup. C’est David Soliani qui illustre le mieux ce projet fou. Il s’agit du directeur créatif du jeu, et celui qui a proposé l’idée à Shigeru Miyamoto. Mario + les lapins crétins : Kingdom Battle est une collaboration, orchestrée en secret depuis maintenant 3 ans, entre Ubisoft Milan, Ubisoft Paris, Ubisoft Montpellier et Nintendo. Objectivement, avec les premières images, on peut être fier du travail réalisé par les italiens et les français, on croirait vraiment un nouveau titre tout droit sorti de chez Nintendo sans parler du gameplay original.
On comprend alors les larmes de David Soliani pendant la conférence quand Shigeru Miyamoto lui rend hommage. Pourvoir travailler sur une légende du jeu vidéo qui a sûrement éveillé en vous la passion du métier, ça doit être quelque chose. Pour en savoir plus sur la naissance du soft, on vous conseille l’excellente vidéo nous montrant les coulisses du développement présentée peu de temps après la conférence.
Assassin’s Creed Origins : La patience va-t-elle payer ?
Il n’est pas rare d’entendre de nombreux fans dirent que la saga Assassin’s Creed a perdu peu à peu de sa superbe depuis Assassin’s Creed 2 qui était, il faut le dire, un grand jeu devenu aujourd’hui culte. Les opus suivant n’étaient pas mauvais, au contraire, mais ils souffrent tous de la marque qu’a laissé les aventures d’Ezio Auditore. Le départ de Patrice Desilet, directeur créatif de Assassin’s Creed 1 et 2 est une des explications à cela.
Ubisoft a donc, par la suite, accéléré le rythme de publication de ses jeux pour en sortir pratiquement un par an. On apprécie toujours le tourisme temporel vidéoludique, de même que certaines nouveautés surprenantes (comme Black Flag). Même si la qualité est au rendez-vous à chaque fois, on sent tout de même une certaine routine et une perte d’ambition.
Surprise, après Assassin’s Creed : Syndicate (en mettant de côté les spin-off en 2D), la firme française décide de prendre son temps, quitte à perdre de grosses rentrées fiscales annuelles. Même si l’on salue cette décision, on espère vraiment que ce Assassin’s Creed : Origins nous offrira quelque chose d’exceptionnel et pas seulement un « bon Assassin’s Creed ». D’après ce que l’on a pu voir avec les trailers et les phases de gameplay, les conditions sont réunies pour que ce soit le cas.
L’histoire
Alors que les opus précédents se rapprochaient de plus en plus de notre époque moderne, ce Origins fait un grand bond temporel en arrière et nous ramène au temps des pyramides. Alors que le scénario devenait flou après les péripéties de Desmond Miles, ce nouvel opus pourrait bien relancer la machine scénaristique. On parle tout de même de la création de l’ordre des Assassins.
Univers
Pendant les phases de gameplay qui ont fait suite à la conférence, nous avons jeté un coup d’oeil à l’univers du jeu et son monde plus ouvert que jamais. Nous avons pu avoir un aperçu de la map et le moins que l’on puisse dire c’est que le tout est encourageant. On pouvait y apercevoir des lieux célèbres comme Alexandrie ou encore Memphis. Encore une fois, Ubisoft maîtrise parfaitement le rendu visuel pour nous immerger dans une période riche de l’histoire. C’est vivant et les décors font rêver.
Un héros à la Altair ?
Etant maintenant habitué à des héros jeunes où l’on vit leur apprentissage en tant qu’Assassin tout au long des jeux, on constate qu’Assassin’s Creed Origins revient apparemment aux sources. En effet, il semblerait que le nouveau héros Bayek, soit plus proche d’un Altair. Ce n’est pas un assassin (ou pas encore) mais un Medjay, une sorte de « policier » de l’ancienne Egypte qui veille à la sécurité des habitants. Il est bien entraîné, il a la trentaine, de plus il semble dévoué à sa cause et à sa philosophie. On attend d’en savoir plus, mais nous sommes ravis de voir un protagoniste de ce calibre pour changer.
Un gameplay qui évolue ?
Sûrement la chose la plus difficile à juger sans prendre la manette en main, toutefois nous avons eu un bon aperçu du gameplay de ce Assassin’s Creed Origins grâce au nombreuses sessions de jeu hors conférence. Même si les phases d’infiltration ne semblent pas avoir grandement évoluées, l’ajout de l’aigle comme éclaireur pour marquer les ennemis est intéressant. En revanche, les combats semblent avoir gagné en profondeur. On peut prendre l’exemple d’un affrontement contre un boss dans une arène Romaine montré lors de cet E3 2017. On se rapproche plus d’un Lord of The Fallen dans le genre.
Nous avons aussi remarqué qu’Origins intègre bien plus d’éléments du RPG. On ne sait pas encore exactement ce qu’il en est et si cela sierra vraiment à la franchise.
Les valeurs sûres : The Crew 2, South Park, Far Cry, Just Dance et Steep
Ubisoft n’a pas oublié de présenter quelques autres licences phares. Tout d’abord, nous avons pu voir The Crew 2, la suite du MMO automobile du studio Lyonnais. Il faut rappeler que malgré ses nombreux défauts et un accueil mitigé, The Crew s’est plutôt bien vendu. Avec le gameplay que l’on a pu voir en ce qui concerne le second volet, l’impression est globalement bonne. Contrairement au premier opus, il a l’air d’être graphiquement au niveau. En termes d’innovation, on constate que la licence ne se contente plus des véhicules à quatre roues mais diversifie grandement ses horizons. On pourra ainsi voler dans les airs et naviguer sur l’eau à grande vitesse.
Malgré les nombreux reports qui font grincer des dents, South Park : L’annale du destin est venu faire un petit coucou avec un trailer. On ne va pas se mentir, tous les fans vont se jeter dessus et l’on peut déjà dire que ce sera une tuerie. Evidemment, il ne faut pas vendre la peau de l’ours mais au vu du précédent volet (South park : le bâton de la vérité), l’implication de Parker et Stone, sans oublier un doublage français ultra attendu qui sera de la partie, on peut déjà dire sans trop se mouiller que ce sera un hit. Ubisoft n’oublie pas le marché du mobile avec South Park : Phone Destroye, un jeu qui mêle le jeu de rôle et le jeu de carte. Il sera disponible en free to play sur Android et IOS. Nous attendons de voir ce qu’il donne mais nous savons très bien que South park fait vendre, on ne s’inquiète donc pas trop de son éventuel succès.
L’éditeur français peut se vanter d’être le leader sur certaines catégories de jeu étant donné que la concurrence est quelque peu inexistante. C’est le cas pour Just Dance et Steep. Le premier sort chaque année un nouveau titre mais la recette fonctionne toujours. De nouvelles chorégraphies et un catalogue musical renouvelé avec les morceaux du moment sont amplement suffisants pour ce soft grand public. Pendant la conférence, nous avons eu droit à un petit show dansant très sympa avec notamment un panda qui a le flow. Pour les amateurs de sport extrême sur les parcours enneigés, Steep est une bonne pioche. Pour être honnête, c’est surtout la seule. A moins de revoir un Shawn White Snowboarding ou un nouveau SSX prochainement, Steep a clairement le monopole. Histoire d’en remettre une bonne couche de poudreuse, Steep annonce sa première extension Road to the Olympics. Ce partenariat avec les jeux olympiques d’hiver est donc une bonne occasion de booster les ventes pendant l’événement.
On finit par Far Cry 5 prenant place cette fois-ci aux Etats-Unis. La séquence de gameplay présentée donne clairement envie, outre cette ambiance de fanatiques religieux dans l’Amérique profonde, ce sont les nouveautés de gameplay qui sont mises en avant comme la possibilité de donner des ordres à des alliés, un mode coopération, une moissonneuse batteuse qui tue et un chien à la Fallout 4.
Nouveautés et prises de risques : Skull & Bones et Starlink Battle for Atlas
Les conférences de l’E3 2017 ont été pauvre en annonces de nouvelles licences, c’est un fait. Mis à part Microsoft en tant que constructeur, nous n’avons pas eu grand chose à nous mettre sous la dent. Ubisoft a donc, de ce côté-là, brillé plus que les autres en proposant deux nouvelles IP majeures.
Starlink : le No man’s Skylanders
Skylanders, Lego, Disney Infinite, Nintendo et ses Amiibos dans une autre mesure, tous se sont engouffrés dans la faille de la connectivité entre le jouet réel et le virtuel. Alors que tous ces noms cités prenaient des personnages, connus ou non, pour qu’ils prennent vie dans le jeu. Un rêve d’enfant en somme. Là où Ubisoft se démarque de ses concurrents, c’est par le choix de l’objet. Ce ne sont pas les personnages qui sont mis en avant mais des vaisseaux spatiaux. Ils prennent forment dans un univers spatiale que l’on a hâte de découvrir. Starlink Battle for Atlas pourrait donc bien faire rêver la jeunesse actuelle ainsi que certains grands enfants avec ces vaisseaux customisables.
Grosse prise de risque en perspective puisqu’il ne s’agit pas seulement d’une nouvelle licence sur consoles qui peut/doit fonctionner à un certain degré, mais tout un système de merchandising en parallèle qui doit suivre.
Skull & Bones : le concept de Black Flag poussé à l’extrême
Quand Ubisoft a dévoilé la nouvelle licence créée par le studio de Singapour, Skull & Bones, impossible de ne pas y voir au premier abord Assassin’s Creed Black Flag. Il faut rappeler que le concept de ce dernier, en ce qui concerne les batailles navales, a été lui même inspiré par Assassin’s Creed 3. Skull & Bones est donc l’aboutissement de ce cheminement pour donner un jeu qui se consacre exclusivement à ces joutes maritimes. Pourquoi pas après tout ? Avec Connor, ces phases apportaient de la fraîcheur. Avec Edward Kenway, elle ont été sublimées, ce qui a divisé le gameplay en deux parties. On espère donc en voir bien plus prochainement pour observer les nouveautés tout en espérant qu’il ne soit pas un simple Black Flag 2.0.
Beyong Good and Evil 2 : Le final en apothéose
Il y a des annonces comme ça que l’on attend naïvement chaque année et qui concernent des licences mythiques qui ont marqué de nombreux joueurs. En 2015, FF7 remake a par exemple mis tout le monde d’accord. Cette année, à moins d’avoir Valve annonçant Half Life 3 lors du PC Gaming Show, on en connait peu qui puissent rivaliser avec l’énorme annonce de Beyond Good & Evil 2. C’est Michel Ancel (le papa de Rayman et créateur de la licence), accompagné de Gabrielle Shrager (responsable de la narration sur le jeu) qui est venu présenter le magnifique trailer dévoilant ce préquel des aventures de Jade. C’est la larme à l’œil que Ancel nous parle rapidement de ce projet que l’on attend depuis 15 ans maintenant.
Si cette cinématique bien mise en scène était impressionnante de bout en bout, on espère vraiment que les ambitions d’Ubisoft Montpellier donneront un rendu à la hauteur des attentes. L’absence -évidente- de Jade en tant que protagoniste, et la perte de l’aspect cartoon sont quelques exemples qui peuvent inquiéter les joueurs quand à la continuité avec le premier opus.
Nous avons également remarqué le mot de Michel Ancel envers Yves Guillemot. En effet, il le remercie pour sa confiance et ce geste de gratitude n’est sans aucun doute pas anodin. Il faut se rappeler que, malgré une critique très enthousiaste, Beyond Good & Evil premier du nom a été un échec commercial cuisant. Même si les ventes ont progressé au fil du temps avec les nombreuses baisses de prix et les différentes offres, le soft n’a jamais atteint les attentes commerciales de la firme. C’est donc un énorme pari que Yves Guillemot prend ici, surtout pour un titre de cet ampleur. On peut vraisemblablement y voir un petit message subliminal qui nous dit « Avec Vivendi aux commandes, vous n’auriez pas eu Beyond Good & Evil 2 ».
Plus qu’une conférence classique, c’est un message qu’envoie la famille Guillemot sur la direction que doit prendre Ubisoft selon elle. L’éditeur français a voulu nous montrer la passion, l’émotion, et la créativité de son entreprise face à la menace du groupe Vivendi qui pourrait uniquement se concentrer sur l’optimisation des bilans fiscaux. La photo de famille à la toute fin est un autre signe de cet état d’esprit. En tout cas, que ce soit dans la forme ou dans le fond, cette conférence est objectivement une réussite. Pas trop de parlote inutile, beaucoup de gameplay, une mise en scène sympathique (Guillemot/ Miyamoto, Just Dance…) et des surprises inattendues, voilà ce que l’on attend d’une conférence.
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Date de sortie : 27/10/2017