Les Morts Solitaires : Présentation et avis sur le livre de Bragelonne
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Rédigé par Nathan Champion
Il est vrai que notre chronique n’est pas une habituée des romans foncièrement adultes. Entendons par là exclusivement destinés à un public mature et averti. Mais il l’est aussi que c’est la diversité qui fait la qualité d’une bibliothèque. C’est pourquoi, il y a quelques temps, nous traitions de Cathares 1198, un roman historique à des lieux de ce que nous vous présentons généralement. Cette semaine, dans un registre encore différent, attaquons-nous à une œuvre policière noire, qui ne rechigne pas à jouer dans la surenchère de décès inexpliqués et d’étrangetés macabres : Les Morts Solitaires.
Un récit de Michael Marshall Smith, qu’il signe simplement Michael Marshall, faisant suite directe à l’excellent Les Hommes de Paille, dont nous ne vous avons pas parlé. Mais alors, faut-il se ruer sur cet ouvrage sombre ? Et est-il envisageable de le lire sans avoir englouti le précédent ? Nous allons tâcher de vous répondre !
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ToggleRecommandé par Stephen King
S’il commence à écrire très sérieusement au début des années 1990, gagnant même le prix du meilleur nouvel auteur sur le sol britannique en 91, Michael Marshall Smith ne débute néanmoins sa carrière dans le littéraire que quelques années plus tard. C’est aux alentours de 1998 qu’il explose véritablement, avec plusieurs œuvres de Science-Fiction, notamment Avance Rapide et Frères de Chair. En 2001, il emprunte une toute nouvelle voie, avec la sortie de Les Hommes de Paille, un roman policier très sombre qui aura droit à deux suites : Les Morts Solitaires, dont nous allons parler aujourd’hui, et Le Sang des Anges.
Notez que ce prolifique auteur anglais sépare ses œuvres en deux catégories. D’un coté les romans actuels et réalistes, dont fait partie Les Morts Solitaires, de l’autre les œuvres fantastiques ou de Science-Fiction. Dans le premier cas, il signe par un raccourci de son nom véritable, Michael Marshall. Dans l’autre, il signe de son nom complet, Michael Marshall Smith. Une particularité étrange, certes, séparant sa bibliographie de manière parfaitement arbitraire, mais cela semble lui convenir depuis près de vingt ans.
Notez qu’après avoir remporté son premier prix littéraire en 1991, Michael Marshall Smith a raflé de nombreuses récompenses. Il obtient le prix British Fantasy en 1991, 1992, 1995 et 1996, avant d’obtenir le prix Philip K. Dick en 2001 pour son roman Avance Rapide. Depuis, le bonhomme n’a pas chômé, bien qu’il soit resté plusieurs années sans sortir un livre après la parution de Nous Sommes Là en 2013 sur le sol britannique. Enfin, les droits de deux de ses romans ont été rachetés par Steven Spielberg. Quant à cette réédition de Les Morts Solitaires, qui paraissait initialement en 2004, elle se paye le luxe d’une recommandation de Stephen King, rien que cela !
Il faut dire que Les Morts Solitaires ne l’a pas volé. Parce que bien qu’il s’agisse d’une suite, un détail qui aurait pu lui faire défaut comme dans beaucoup d’autres cas, ce roman sombre bénéficie néanmoins d’une atmosphère incroyablement prenante, ainsi que d’un ton très macabre qui rappelle par certains égards les œuvres de King. De là à vous en conseiller la lecture les yeux fermés ? Peut-être bien en effet, mais à condition que vous commenciez par Les Hommes de Paille avant de vous lancer dans sa suite. Parce que nous avons fait l’erreur de nous plonger dans Les Morts Solitaires sans avoir lu le précédent, et il est vrai que nous avons parfois eu du mal à plonger pleinement dedans.
Parce que s’il est bien possible de le lire seul, ce qui est une grande force d’ailleurs, Les Morts Solitaires reste pensé comme une véritable suite. Ainsi, on y retrouve des personnages connus par les lecteurs de Les Hommes de Paille, mais aussi et surtout une intrigue qui reprend seulement quelques mois après. Bien expliquée, certes, ce qui permet de ne pas trop se perdre, mais reste qu’il faut parfois plusieurs pages pour comprendre à quoi l’auteur fait référence. Enfin, comme dans la plupart des suites, du reste !
Une histoire prenante
Dans Les Hommes de Paille, Michael Marshall nous narrait l’enlèvement d’une adolescente, qui faisait office de fil conducteur. Et le fameux homme de paille n’était autre qu’un serial killer sévissant depuis plusieurs années, et dont les motifs étaient complètement inconnus du FBI. Spoiler Alert : ladite adolescente est retrouvée saine et sauve, grâce au concours de Nina Baynam et de Ward Hopkins, deux agents investis plus que de raison. Il faut dire qu’à en croire les indices récoltés par Ward, le criminel qu’ils pourchassent serait étrangement lié à lui.
Quelques mois se sont écoulés. Ce second roman prend un parti pris très similaire à son prédécesseur. Plusieurs homicides sont commis au travers des États-Unis, sans aucun lien apparent… pourtant, il semblerait qu’ils aient été orchestrés, voire réalisés, par le même homme : toujours cet étrange homme de paille du précédent récit. Ward a quitté le FBI, tandis que Nina y travaille toujours activement. Les deux ne vont toutefois pas tarder à refaire équipe, de près ou de loin, afin de boucler une affaire débutée il y a longtemps.
Il serait dommage de vous en dévoiler trop, tant Les Morts Solitaires se révèle imprévisible par moments. La découverte de son intrigue est un réel plaisir, bien que certains passages soient assez crus et morbides pour marquer. Âmes sensibles s’abstenir, comme on dit ! La manière dont Marshall a découpé son récit est intéressante, de surcroît. Puisque l’on ne se contente pas de suivre nos deux protagonistes : on vit aussi les pérégrinations d’autres, liés de près ou de loin à l’enquête ou aux hommes de paille. On va par exemple se retrouver derrière les yeux d’une des victimes, un procédé très immersif.
S’il ne réinvente rien, le roman de Michael Marshall a tout de même de solides arguments dans sa manche. Les amateurs de romans noirs et policiers n’auront aucun mal à trouver leurs repaires dans cette intrigue bien ficelée, qui offre quelques pistes de réflexion sur des sujets intéressants de l’actualité. Malgré sa date de sortie initiale qui commence à dater un peu. Le style de l’auteur est fluide et sans bavure, et celui-ci aime à changer régulièrement de point de vue, ce qui permet au roman de s’offrir un rythme très bien géré. Il est vrai que lors de notre lecture, nous avons d’ailleurs eu du mal à lâcher le roman !
Le petit hic sur lequel nous aimerions revenir, c’est que Les Morts Solitaires n’est pas explicitement présenté comme une suite. C’était déjà le cas en 2004, et c’est toujours le cas en 2021. Ainsi, on aurait aimé avoir l’opportunité de lire Les Hommes de Paille avant celui-ci. Quant à la suite, Le Sang des Anges, nous n’avons pas encore eu l’occasion de mettre la main dessus. Mais ce que l’on peut vous dire, cependant, c’est qu’après avoir dévoré Les Morts Solitaires, l’envie de découvrir la fin de cette trilogie macabre est insoutenable.
Faut-il acheter Les Morts Solitaires ?
Nous aurions tort de nous priver de vous conseiller Les Morts Solitaires sous le simple prétexte qu’il s’agisse d’une suite. Mais nous vous conseillons néanmoins la lecture de Les Hommes de Paille avant de vous lancer dans celui-ci, cela vous semblera sûrement logique. D’ailleurs, tant que vous y êtes, pourquoi pas vous procurer la trilogie directement ? Parce que, soyons clairs, en sortant de ce roman de 2004, réédité par Bragelonne en 2021, nous avions une furieuse envie de lire la suite. Et il se pourrait bien que ce soit votre cas aussi !
Pas seulement parce que vous avez toutes les chances de passer un très bon moment, mais surtout parce que l’intrigue et l’univers dépeints par Michael Marshall ont encore de nombreuses choses à raconter, qu’on espère voir prendre forme dans Le Sang des Anges. Alors à la question : Faut-il acheter Les Morts Solitaires, nous ne pouvons répondre qu’un grand oui !
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