Sharakhaï – Le voile de lances : Présentation et avis du livre de Bragelonne
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Rédigé par JoeJohns

Début juin, on vous présentait le roman de science-fiction Thin Air de Bragelonne. Toujours du côté de cet éditeur, on passe de la science-fiction au monde fantastique en exposant cette semaine Sharakhaï : Le voile de lances. Troisième entrée de la série Sharakhaï écrite par Bradley Beaulieu avec six tomes au total, cette licence a commencé à être éditée en France il y a quelques années avec un premier tome publié le 17 août 2016.
Comme énoncé précédemment, elle s’inscrit dans la lignée des romans fantastiques et nous allons ici faire une première analyse des trois premiers ouvrages, avec un petit focus en fin d’article sur le troisième tome qui est actuellement le dernier lu par notre équipe de rédaction. En parallèle, nous énoncerons les points forts de la saga et les raisons qui nous font croire que Sharakhaï arrive à se démarquer des autres romans du genre.
Sommaire
ToggleUne ville pluriculturelle au sein d’un immense désert
Le titre de cette licence n’est pas anodin. En effet, loin des romans qui vous proposent de parcourir dans les moindres recoins un monde gigantesque, Sharakhaï dévoile une intrigue en plusieurs tomes qui, pour ses trois premiers épisodes, prend place dans la cité de Sharakhaï et dans le Shangazi, un vaste désert aux propriétés mystiques qui semble s’étendre à l’infini.
Cette approche un peu moins courante du monde fantastique permet d’avoir un regard plus intimiste de la ville centrale de l’histoire et de tous ses quartiers au détriment, certes, d’un voyage d’une ampleur moindre et pas aussi initiatique que dans les autres œuvres bien connues du genre.
Toutefois, l’originalité de la licence ne s’exprime pas seulement dans cet aspect. En effet, puisque le monde de Sharakhaï dépeint un paysage aride tantôt cruel et tantôt merveilleux, l’auteur n’hésite alors pas à piocher dans un vocabulaire se rapportant au monde arabe et nomade, ce qui contraste assez avec ce que l’on peut connaître d’ordinaire.
On peut également remercier ici l’édition française qui garde ce niveau de précision et nous retranscrit le tout très fidèlement. Ce n’est certes pas la première œuvre à adopter un tel paysage, mais celle-ci le fait avec suffisamment de précisions et de talents pour rendre le tout pertinent et efficace.
Des phases d’action omniprésentes
Bien que le lecteur suivra à tour de rôle différents personnages, c’est bien Çeda, un chien de poussière des arènes de Sharakhaï, qui a le premier rôle. D’une nature impulsive, celle-ci va aller à l’encontre des douze monarques qui règnent d’une main de fer sur la ville. Au cours de sa quête, plusieurs mystères qui entourent cette dernière vont trouver réponse.
On en apprend plus sur ses doutes, ses sentiments, ses origines et son destin. Notre protagoniste n’hésitera pas à faire preuve d’excès de zèle et la narration n’hésitera pas non plus à adopter un rythme soutenu pour suivre ses pérégrinations. L’intrigue offre bien différents personnages à la culture, à la morale et au rang social différents, mais il est assez évident que la grande majorité de ceux-ci se montrent impétueux.
Même si le contexte de la situation se prête souvent à ces comportements, il est vrai que les moments plus lents et émotionnels se montrent plutôt rares. Le lecteur pourrait éprouver quelques difficultés à s’identifier ou s’attacher à plusieurs personnages. Toutefois, les retournements de situation et révélations au fil des ouvrages se montrent légions et arrivent à surprendre et à ponctuer l’histoire de moments forts qui apportent toujours plus d’intérêt et de complexité à l’intrigue.
Et l’aspect fantastique dans tout ça ?
N’oublions alors pas que cette œuvre s’ancre dans le domaine du fantastique. Comme énoncé précédemment, le monde décrit s’écarte un peu de ce que l’on voit habituellement, et il en va de même pour tout ce qui attrait au mystique et fantastique de l’œuvre. Non content d’être un carrefour culturel, Sharakhaï est également une ville bénie des dieux où siègent créatures, magies, rois et de sombres secrets.
Bien que l’œuvre ait initialement une approche un peu terre à terre, on se rend compte dès le premier livre de l’aspect mythologique qui prend place dans ce monde désertique. Un monde abandonné par d’anciens dieux et qui n’est désormais habité que par leurs enfants. Humains, rois, dieux mineurs, asirims et ehreks pour ne citer que les principaux, tous vont jouer leur rôle et œuvrer pour leur propre intérêt avec comme centre d’activités, encore une fois, la perle ambrée du désert : Sharakhaï.
Bradley Beaulieu et Bragelonne nous offrent ici un monde dont il est intéressant de connaître les codes et les règles. À l’instar du pouvoir des douze monarques, celles-ci apparaîtront comme absolue. Puis, en parallèle de l’ascension de Çeda, le lecteur deviendra capable de distinguer les rouages qui se mettent en place, ou qui sont déjà en mouvement et à comprendre l’origine de ces fondations.
Focus sur Sharakhaï – Le voile de lances
Ce troisième livre se passe après la Nuit des Innombrables Lames. Désormais, les Hôtes sans Lune sont traqués dans la ville de Sharakhaï, Emre et son groupe vont donc devoir s’échapper de celle-ci. De son côté, Davud est prisonnier du palais de Sukru. Ce dernier semble décidé à en apprendre plus sur la magie du sang dont bénéficie le diplômé du Collegium.
Ramahd continuera sa quête afin de pourchasser, en compagnie de la reine Meryam, Hamzakiir le mage de sang qui continue de leur échapper. Ihsan, de son côté, continue de comploter pour être le seul souverain en lice sur le trône de Sharakhai. Cependant, d’autres rois vont se mêler à ses plans.
Voilà un peu près le contexte dans lequel se trouve chaque personnage au début de ce troisième ouvrage. Toutefois, comme pour le second tome, un nouveau personnage a également le droit à ses propres chapitres. En effet, Brama, un ancien voleur, vit lié à un ehrekh : une créature qui n’hésite pas à se nourrir de la souffrance des hommes. Cette malédiction va pourtant l’amener à être dans la ligne de mire de la reine de Qaimir et de Ramahd, qui convoitent les pouvoirs de cet être.
Quid des nouveautés dans ce troisième tome ?
Dans la droite lignée des précédents livres, Sharakhaï : Le voile de lances propose bon nombre de rebondissements qui relancent l’intrigue de plus belle. En particulier, Davud et Ramahd connaissent des évolutions intéressantes et Brama réussit à apporter une vision supplémentaire bien plus introspective.
En effet, ce dernier ne possède pas des ambitions démesurées et se concentre plus sur sa propre condition plutôt que de vouloir à tout prix se mesurer aux douze souverains de la cité. On regrette cependant le fait de ne pas connaître en détail son passé commun avec Çeda. En effet, tout ceci est raconté dans la nouvelle Of Sand and Malice Made qui sert de préquelle à la série et n’est malheureusement toujours pas traduite en français.
Emre, de son côté, devra contre son gré fuir la ville avec les Hôtes sans Lune du fait que ces derniers sont pourchassés par les forces armées des rois. Ils devront ensuite renouer avec la culture nomade de leurs ancêtres pour survivre dans le grand Shanghazi. Toutefois, Çeda découvrira qu’un des douze rois a déjà, en solitaire, noué des relations avec d’autres tribus dans le but d’attaquer ses compères et de s’emparer seul de la cité.
Une évolution qui à sont tour se montre intéressante car ces derniers, obnubilés dans leur lutte pour renverser les rois, devront maintenant adopter une autre approche. On en découvre plus sur les créatures du lore de Sharakhai, que ce soit le lien entre les asirims et leurs maîtres ou bien sur les créatures de Goezhen : les ehreks. Seule petite déception, les autres rois de Sharakhai ne se mêleront pas énormément au jeu des alliances qui s’opère dans le désert entre les différentes tributs, le roi traître et les anciens Hôtes sans Lunes, malgré la menace que cela représente.
Finalement, Sharakhaï : Le voile de lances arrive cette fois-ci à ralentir sa narration pour des moments plus émouvants et personnels notamment dans la première partie de l’histoire pour Çeda. Le fait qu’elle et Emre ainsi que d’autres personnages soient confrontés à des situations qui leurs échappent totalement permet de mettre un peu en retrait les scènes plus virulentes, même si ces dernières sont toujours bien présentes en étant même d’une plus grande ampleur qu’auparavant.
Faut-il craquer pour Sharakhaï – Le voile de lances ?
Loin du commun des œuvres où le héros entame un long périple aux quatre coins d’un monde pour y découvrir lieux, races, ennemis et alliés, Sharakhaï introduit une ville multicentenaire au centre d’un désert où une lutte de pouvoir prend place. Beaucoup voudront renverser le pouvoir en place ou s’y établir.
Ce troisième ouvrage apaise cependant le récit en introduisant plus de séquences centrées sur la réflexion et les sentiments. Sharakhaï : Le voile de lances est une expérience rafraîchissante et originale qui ne cesse de relancer son intrigue via divers rebondissements, prévisibles ou pas, et en introduisant un nouveau personnage plutôt unique pour la saga.
Acheter Sharakhaï : Le voile de lances sur AmazonCe constat fait, il est indéniable que l’histoire narrée par ces trois premiers tomes mérite le coup d’œil pour tous ceux qui ne sont pas rebutés par l’univers de la licence. De plus, l’œuvre ne se tarit pas au fur et à mesure des romans et prouve, au contraire, que Sharakhaï et le Grand Shanghazi recèlent encore beaucoup de secrets.
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