Depuis sa sortie le 10 juin dernier sur PC, Dune: Awakening déchaine les passions. Funcom, qui n’a pas toujours proposé des adaptations vidéoludiques brillantes, à l’image d’un certain Conan Exiles, s’essaye cette fois-ci à l’œuvre de Franck Herbert. Ici, il ne s’agira pas vraiment de faire une redite de l’histoire que l’on connait par cœur, mais de proposer un genre d’uchronie se déroulant dans l’univers de la franchise.
Un pari fait envie, d’autant que la formule MMO/survie n’a jamais été tant creusée que ça pour une franchise comme Dune. Funcom restait logiquement le parfait candidat pour développer un jeu de ce genre, avec l’expérience qu’on lui connaît. D’autant que le lore le permet aisément. Mais surtout, car l’expérience du développeur dans le MMO ne date pas d’hier, avec un certain The Secret World qui a bien marché. Nous avons donc pu fouler les terres d’Arrakis et, après une bêta qui nous a convaincu, il faut dire que l’expérience de jeu est toujours saisissante, mais non sans accrocs.
Conditions de test : Nous avons passé 50 heures sur les terres d’Arrakis. Ce temps nous a permis de terminer la quête principale du jeu en deux parties, de faire quelques contrats et et d’effleurer à peine le désert profond, représentant le endgame. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 Ghz).
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ToggleUne relecture d’une licence mythique bienvenue, mais trop molle ?
Ne vous attendez pas à retrouver le récit original des livres ou des films dans Dune: Awakening. Ici, Paul Atreides n’existe pas, mais vous allez en revanche jouer votre propre protagoniste à la recherche des fremens. Nous retrouvons en somme quelques éléments originaux contés dans les livres et les films, avec cependant de gros changements qui permettent d’offrir au titre une relecture franchement bienvenue. Avant de commencer votre aventure, par ailleurs, vous allez donc concevoir votre héros ou héroïne par le biais d’un éditeur de personnages convenable.
Dans ce dernier, vous devrez choisir dans un premier temps votre background. Cela permettra de forger votre personnalité et de vous attribuer quelques traits qui pourront vous être utiles lors de certaines séquences de dialogue. Nous avons trouvé cela un peu factice dans l’exécution, mais soit. Pour le reste, vous devrez choisir votre mentor qui représentera votre classe de départ, ainsi que le sexe de votre personnage et les autres éléments à ajouter ou modifier sur celui-ci. En clair, Dune: Awakening est complet sur cet aspect, bien que d’autres titres se révèlent plus touffus.
En ce qui concerne la narration, on ne peut pas vraiment affirmer qu’elle nous ait scotché. La première partie du jeu est une succession de quêtes didacticielles basées essentiellement sur l’apprentissage et la construction d’équipement. De plus, les épreuves que l’on doit passer dans la recherche de la faction des fremens vont quelque part aussi dans ce sens. Cependant, il faut bien admettre que nous retrouvons un lore gargantuesque et captivant. Malgré un petit réveil sur la seconde partie de la quête principale, le mal est déjà fait, et l’ensemble demeure bien trop mollasson.
L’histoire décolle trop peu. Bien que les cinématiques lors des rêves liés à l’épice nous offrent des moments introspectifs particulièrement intéressants. C’est bien la seule chose que nous retiendrons de ce récit fade, offrant une fin prévisible et peu enthousiasmante. Il y a bien de la politique, voire de la religion, entremêlées dans la trame narrative du titre, mais celui-ci ne tente jamais d’approfondir la chose. Les films de Denis Villeneuve le faisaient très bien, mais le jeu a un peu de mal. Néanmoins, il faut reconnaître que les aspects philosophiques et introspectifs sont séduisants.
Dommage, d’autant que le endgame proposé via le désert profond manque de contenu. Grosso modo, cette zone que l’on a à peine effleurée, ne se résume qu’à se fritter contre d’autres joueurs, et surtout avoir le meilleur équipement et la meilleure base possibles dans votre chasse constante à l’épice. Des soucis de joueurs toxiques subsistent par ailleurs, et on espère que la prochaine mise à jour concoctée par Funcom va aider le titre à parer à cela. Et si celle-ci propose aussi quelques événements ou raids, on serait bien preneur pour relever ce endgame décevant. On notera une tempête coriolis qui viendra souvent faire le ménage dans cette zone afin de réinitialiser la carte, mais cette mécanique n’est que trop sommaire finalement.
Survivre dans les Dunes, un vrai périple
Dune: Awakening ne fait pas les choses à moitié dans son aspect survie. S’il y a bien une chose qu’il va falloir suivre avec attention, ce sera votre jauge d’eau. Cette dernière commence gentiment à descendre lorsque vous restez trop longtemps au soleil. Cela fait augmenter votre jauge d’insolation qui, une fois remplie, peut faire descendre votre jauge d’eau à une vitesse folle. En fonction des biomes visités, certains seront plus ou moins chauds et feront donc descendre lentement ou rapidement cette dernière. Une gestion de cette jauge d’eau qui va aussi vous servir à vous relever si un ennemi vous met à terre. La mécanique se révèle assez intéressante. D’ailleurs, les seules solutions pour vous éviter la déshydratation (vous menant à être moins efficace dans vos actions) seront de boire le sang de vos victimes que vous pouvez extraire à l’aide d’un outil, ou bien tout simplement emporter un jolitre (bidon) sur vous, voire une combinaison spécifique.
Le ver des sables, rôdant dans les environs, va aussi être un danger pour vous. Marcher dans les dunes de sables sans rester constamment auprès des falaises peut être une fatale erreur, étant donné qu’une jauge de vibration va alors s’activer à chacun de vos pas. Et plus la jauge va tendre vers le rouge, plus la créature risquera de débarquer pour vous dévorer. Il faudra donc faire attention à ce détail, ou se déplacer de préférence à bord d’une moto des sables voire d’un Ornithoptère, histoire d’être tranquille dans les airs.
Se faire manger par le ver des sables signifie également la perte de tout votre équipement et le déclenchement d’une cinématique la première fois que cela vous arrive. Un PNJ va alors simplement vous proposer une moto des sables en guise de compensation. Un prix quand même cher payé, surtout si vous aviez un équipement intéressant. C’est là que l’on trouve tout le sel de Dune: Awakening, un côté punitif relativement justifié. Cependant, rassurez-vous, la mort demeure plutôt bien dosée en dehors de ça. Mourir des mains d’un adversaire contrôlé par l’IA signifie la perte d’une infime partie de votre équipement, avec la possibilité de réapparaitre sur certains endroits de la carte, voire dans votre base si besoin, ce qui vous laissera libre de tenter de récupérer les éléments perdus à l’endroit de votre trépas. L’équilibrage lorsqu’on meurt est finalement sain, forçant le joueur à faire constamment attention où il met les pieds.
La survie sur les terres d’Arrakis se fait également par un outil de construction. Cet accessoire va vous permettre de construire votre base, à l’aide de diverses ressources que vous trouverez çà et là. De plus, cet outil va être très utile dans la création de diverses machines, comme un fabricateur pouvant pratiquement tout concocter (armes, différents sets d’armure, véhicules…), un purificateur de sang pour récupérer de l’eau, ou encore une raffinerie de minerai. L’aspect construction est ici relativement accessible, bien ficelé, même si l’interface peut parfois nous perdre un peu. Cela dit, cette partie est grisante, même si cela passe par un peu de farm dans la recherche des ressources nécessaires. A noter que la map est fort lisible, et vous permet, une fois une partie du biome dévoilée, d’observer où trouver différentes ressources.
Le point important dans la confection d’une base résidera dans la création d’un générateur de carburant, qui va vous donner la faculté de protéger votre base à l’aide d’un bouclier. Pour alimenter ce dernier, il vous faudra logiquement des cellules de carburant. Leur nombre vous indiquera le temps d’utilisation de votre bouclier. Cela se traduit en heures et jours réels, ce qui est pratique lorsque l’on ne se connecte pas quotidiennement au jeu. Il faudra d’ailleurs fréquemment observer votre console de sous-fief, qui va vous permettre de décider si, oui ou non, votre base pourra servir à d’autres joueurs, tout en vérifiant le paiement des taxes. Car oui, petite dimension politique oblige, vous serez parfois forcé de payer la taxe sur l’utilisation d’une console sous fief, sous peine de vous voire couper l’alimentation de votre base. C’est à ce moment précis que votre QG sera mis en danger, pouvant être détruit par une tempête ou un joueur.
Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte dans Dune: Awakening, avec aussi quelques événements qui pourront représenter un gros danger pour votre survie. Par exemple, les fameuses tempêtes de sable que l’on vient d’évoquer. Elles surviennent aléatoirement de manière générale, et la seule solution pour y échapper est de trouver un abri comme une grotte ou votre base. Car si vous restezà découvert, soyez sûr que vous allez voir votre santé fondre à vitesse grand v. Prudence sera le maître mot. Dans le même genre, divers vaisseaux font la ronde la nuit. Si vous vous faites repérer, vous pouvez vous faire capturer, et voir la garde impériale vous traquer pour essayer de vous éliminer. Il n’y a pas à dire, Dune: Awakening est complet sur son côté purement survie, terriblement grisant.
Une exploration riche et libre sur les terres d’Arrakis
Outre la survie, l’exploration sera un élément central plutôt réussi du soft de Funcom. La carte proposée est immense et absolument pas révélée dès le début du jeu. Ce sera à vous d’explorer comme bon vous semble, et décider si vous voulez d’abord suivre la quête principale ou non. Car de fil en aiguille, vous allez forcément tomber sur quelques missions annexes avec les contrats vous rapportant des récompenses juteuses en solaris (la monnaie du jeu), voire en équipement. De plus, d’autres tâches seront à effectuer pour des maisons, surtout si vous prêtez allégeance à l’une d’entre elles. Ce qui arrive plus tard dans le jeu, vous laissant la possibilité de trahir ladite maison si vous le souhaitez.
Il vous sera ainsi parfaitement possible de rejoindre les Atreides en premier lieu, pour choisir de vous tourner vers les Harkonnen par la suite. La conséquence sera la perte des avantages de la Maison pour laquelle vous aviez prêté allégeance, au profit de l’autre. En bonus, vous allez évidemment voir les missions de votre ancienne Maison vous être sucrées purement et simplement si vous ne les avez pas terminé. Il va donc falloir bien choisir sa maison, au risque d’assister à la suppression des possibles récompenses que vous auriez pu obtenir. Ce système de faction à choisir est intéressant, bien que la présence de seulement deux d’entre elles nous ait semblé un peu dommage.
Pour le reste, sachez que les différents sets de combinaisons seront au service de votre façon de jouer. Les sets d’équipements pour votre protagoniste sont nombreux et variés, donnant un large choix au joueur sur ce qu’il veut faire sur le moment. Si vous souhaitez juste explorer sans forcément passer par des gunfights, vous aurez forcément des équipements vous permettant de récupérer votre eau, et de la reboire instantanément pour ne pas vite vous déshydrater. De plus, cet équipement permet de résister à la chaleur ambiante. D’un autre côté si vous voulez vous frotter à des ennemis, vous allez préférer à l’instant t un autre équipement basé sur l’armure et la résistance aux dégâts. Cette liberté laissée au joueur est folle, et rend le titre fun, mais aussi personnalisable selon l’envie.
Parmi les autres activités à réaliser au sein d’Arrakis, vous allez forcément avoir des camps à nettoyer, voire des donjons à explorer. C’est là que vous devrez faire parler la poudre et l’arme blanche, et il faut dire que le gameplay de ce côté là n’est pas franchement une réussite à tous les étages. Si l’utilisation des compétences en fonction des classes est bienvenue, ce sera le feeling dans les combats qui manquera de peps. Autrement dit, on retrouve un côté un peu archaïque dans l’exécution, avec des combats à l’arme blanche qui manquent d’impact, comme avec les pétoires à disposition qui ne sont pas très nombreuses. L’infiltration est par ailleurs inexistante.
L’ensemble va quand même marcher à terme, mais la jouabilité sur cet aspect est limitée. Entre cette légère rigidité dans les combats et la difficulté parfois un poil abusée dans les donjons, un équilibrage sur ces points serait aussi bienvenu. Tout cela dépend aussi de votre équipement, mais il faut savoir que cela ne suffit pas toujours. D’ailleurs sachez qu’il y a un système d’escalade à base d’endurance comme chez un Zelda: Breath of the Wild, sauf que celui-ci s’offre des collisions atroces tout en étant imprécis la plupart du temps. Il ne sera pas rare de s’accrocher, et d’ensuite tomber sans raison apparente…
On en revient aux donjons ou camps qui sont quant à eux, vraiment gratifiants. En plus de l’exploration qui est saisissante de base, force est d’admettre que ces endroits à visiter offrent non seulement un level-design soigné, mais en plus des récompenses à récupérer fort intéressantes. C’est ici que vous pourrez trouver des ressources utiles dans la confection de divers équipements comme des armures voire des armes, mais aussi quelques solaris qui trainent et qui pourraient bien vous être utiles pour la suite de votre aventure. La difficulté des donjons est relativement équilibrée, excepté un seul qui peut devenir agaçant lorsque l’on approche la vingtaine d’heures. Dans l’absolu, les donjons ou les camps de pillards auront toujours quelque chose à offrir. On regrettera toutefois un manque de diversité sur les ennemis, ce qui fera un poil tâche.
Quelques endroits sûrs seront de la partie via des boutiques environnantes. Que ce soit la marche du Griffon, l’Enclume ou encore le Carrefour, c’est ici que vous pourrez parler à certains membres de différentes maisons, mais également activer des contrats ou parler aux marchands. De plus, c’est à ces places que vous pourrez vous faire emmener, moyennant 2500 Solaris, au Village d’Harko et Arakeen. Là bas, vous pourrez faire des achats complémentaires auprès d’autres marchands, mais également payer vos taxes, du moins au Village d’Harko. Ces petits QG implantés çà et là vous permettent en somme de décompresser et surtout vous protéger de tempêtes de sable si jamais vous n’avez pas le temps de vous abriter ailleurs. La seule chose que l’on reprochera à ces QG, c’est qu’il se ressembleront presque tous…
Choisir sa voie
Le système de classes de Dune: Awakening se révèle très particulier. En effet, vous avez, comme expliqué au début du test, une classe de départ vous est donnée en fonction du choix de votre mentor. Par la suite si vous voulez débloquer les autres, vous serez forcé d’explorer, et de tomber sur les mentors d’autres classes. Vous devrez réaliser une mission pour eux, et c’est à partir de là que vous pourrez utiliser vos points de compétences sur votre nouvel arbre de classe fraîchement débloqué. A savoir que vous avez cinq classes différentes entre Soldat, Maitre d’armes, Planétologue, Mentat et Adepte du Bene Gesserit.
Ces classes sont complémentaires, avec la faculté de modifier nos builds de combat à tout moment en matière de compétences à utiliser. Toutefois, quelques problèmes subsistent dans la progression. Pour pouvoir débloquer les prochaines améliorations voire la classe toute entière, vous serez systématiquement sommés de trouver un mentor qui vous donnera une mission à effectuer, puis de déverrouiller la prochaine amélioration de chaque compétence. Ce système artificiel pour rallonger la durée de vie est tout bonnement insupportable, comme le système de points d’apprentissage.
Ceux-ci, moyennant une certaine quantité, vous donneront la possibilité d’apprendre de nouveaux éléments à construire (combinaisons plus puissantes, tailleray pour extraire des ressources rares, construire des machines avancées etc…). Cette technique pour rallonger artificiellement la durée de vie est redondante à la longue, et il n’est pas certain que les joueurs aient envie de se plonger plus longtemps sur cet élément de gameplay.
MMO et Survie oblige, le grind sera le maître mot sur la production de Funcom. Pour progresser convenablement, vous devrez faire bon nombre d’allers/retours à la recherche de précieuses ressources, et ainsi vous renforcer et améliorer votre base. D’ailleurs, l’inventaire rikiki qui vous est donné vous forcera à faire sans cesse des vas et viens, jusqu’à avoir suffisamment d’éléments pour confections vos outils, armes, armure ou machines. Cette progression peut s’avérer frustrante, même si le côté addictif du soft prend finalement le dessus pour nous faire rester sur Arrakis. Au passage, on notera que le système de guilde marche pas trop mal, et il est évident que la coopération sera le point central pour une progression optimale.
L’atmosphère globale de Dune, une réussite
La première chose qui frappe en lançant Dune: Awakening, c’est la beauté des graphismes. Que ce soit en intérieur comme en extérieur, le bébé de Funcom est à tomber. Le détail sur les textures reste impressionnant, la plupart des effets de lumière sont soignés, et même le cycle jour/nuit fait plaisir à voir. S’il y a un petit manque sur les effets météorologiques comme les tempêtes de sable, force est de constater que Funcom a mis le paquet sur le titre, boosté à l’Unreal Engine 5. Les événements dynamiques fonctionnent, et même si certains modèles 3D manquent un peu de finesse, l’ensemble reste vraiment bon pour un MMO de cette trempe.
Bien entendu, on ne pourra pas éviter les nombreux écueils que se traine le jeu depuis son lancement. Entre les nombreux bugs de collision, les crashs, les retards d’affichage ou les quelques soucis de clipping, Dune: Awakening n’est pas trop vernis. Cependant, depuis les quelques patchs mis en ligne par Funcom, l’optimisation semble convenable, avec encore de petits ralentissement qui font parfois tache. Le chemin est encore long pour le soft sur son optimisation et ses nombreux bugs, qui n’entachent toutefois pas trop l’expérience. Il faut bien avouer que le soft reste fidèle à la licence avec des panoramas parfois somptueux. Par contre, on regrettera un manque de vie qui se fait parfois ressentir sur les environnements que l’on parcoure.
On termine avec sa bande sonore, dans les clous de la franchise. Le sound design est réalisé par Knut Avenstroup Haugen, qui s’est déjà illustré sur les musiques de Conan Exiles ou encore Lords of the Fallen. Le résultat est plutôt flatteur, dans la mesure où les musiques reprennent un peu le ton des films de Denis Villeneuve. Ce n’est pas non plus une claque en matière de composition musicale (n’est pas Hans Zimmer qui veut), mais l’ambiance sonore est bonne dans son ensemble. Même les doublages anglais sont de bonne facture, avec un acting assez convenable. Rien de transcendant en somme, mais on reste sur un bon sound design.
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