Hormis Marvel et Star Wars qui bénéficient de jeux vidéo régulièrement, les autres licences de Disney (qu’elles proviennent de Pixar ou autres entités) sont assez rares. Mais il faut croire que certains veulent y remédier, en adaptant une fois de plus une des licences les plus ambivalantes de l’univers Disney, TRON.
Édité par Big Fan Games, un nouveau label d’édition de Devolver Digital et développé par Bithell Games (déjà à l’œuvre sur TRON: Identity en 2023), TRON: Catalyst est disponible depuis le 17 juin dernier sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X/S et Nintendo Switch 1. Nous avons parcouru la Grille d’Arq en long, en large et en travers, et il est vrai que le glitch n’est pas tout à fait résolu.
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure en un peu moins de 9 h en mode Action sur PlayStation 5 Pro.
Le TRON commun
Après nous avoir proposé un roman visuel (TRON: Identity), Bithell Games opère avec TRON: Catalyst un virage que l’on pourrait qualifier d’ambitieux, avec une tournure plus orientée action-aventure, en vue isométrique. Dans cette « suite », on conserve bien évidemment l’univers établit de la licence, sa Grille d’Arq et son monde futuriste au cœur des réseaux informatiques, tout en y apportant une touche de dynamisme et d’interactivité forcément plus présente que dans le jeu précédent. Du moins sur le papier.
Dans TRON: Catalyst, vous incarnez Exo, un programme informatique dont le but est de livrer des paquets à la bonne destination. Tout se déroule au mieux au sein d’une Grille d’Arq au bord de l’implosion quand Exo se retrouve au cœur d’une machination, l’accusant d’avoir fait exploser un paquet qu’elle transportait. Alors transportée dans l’Arène de la Grille d’Arq, Exo va devoir tenter de prouver son innocence, s’échapper et tenter de rétablir l’ordre en ces lieux où plusieurs factions s’opposent.
Ce drôle de paquet lui ayant conféré un « glitch » dans son code, l’héroïne se découvre alors en capacité de maîtriser le temps en réinitialisant la boucle dans laquelle elle se trouve, lui donnant tout le courage nécessaire pour accomplir sa tâche et tenter d’arrêter Conn, un programme aux bien mauvais desseins.
Une introduction très efficace, qui surprend et nous happe très rapidement, tout en posant de bons jalons pour la suite. Un début d’aventure prenant, avec des dialogues réfléchis et une action parsemée d’explications sur le lore, tous les signaux étaient au vert… jusqu’à ce que tout devienne assez plat, téléguidé et surtout assez peu intéressant en vérité.
L’intrigue, bien que bien ficelée et assez riche en personnages intéressants sur le papier, a alors du mal à rendre urgente et importante la poursuite de l’histoire principale, finalement invisibilisée par des quêtes annexes aux ressorts sous-exploités. Si l’on pousse l’analyse un peu plus loin, on pourrait même ressortir frustrés de cette aventure, qui s’éloigne finalement un peu des centres d’intérêt de la licence et de la vie informatique, sans même pousser le vice et profiter de l’avènement de l’IA récemment pour asseoir encore plus son univers.
Au fil des missions, une certaine monotonie, une redondance passagère vont provoquer une certaine frustration dans l’évolution jusqu’à rendre pénible la route vers le final, pourtant lui aussi efficace et offrant un joli cliffhanger. Comptez par ailleurs entre 8 et 10 h pour terminer l’aventure en mode Action, probablement un peu plus en mode Défi qui rend le jeu plus difficile, en sachant qu’il existe aussi un mode histoire.
La faute à une utilisation du « glitch » (la boucle temporelle) trop parsemée, souvent mal justifiée et ne servant finalement qu’à rallonger la durée de vie, tout étant bien trop scripté, laissant peu de place à l’expérimentation, l’ouverture de raccourcis ou passages secrets hormis ceux prévus par le scénario. Un sentiment renforcé par l’omniprésence du recueil de missions à l’écran et sa boussole dirigiste tant aimée des jeux modernes.
Une assistance bienvenue, mais qui vous libère de toute mémorisation des environnements ou des lieux importants. On se surprend alors à suivre « bêtement » les objectifs demandés, quitte à de moins en moins errer dans le monde semi-ouvert qui nous est proposé, alors même que la ville qui nous est offerte regorge de petits secrets, bâtiments à fouiller, ou rues à emprunter, que ce soit à pied ou à bord de notre Cycle Lumineux (votre agile moto).
C’est la Cata ?
La vue du dessus en 3D isométrique et le fait de se balader à pied ou en Cycle Lumineux procurera tout de même une certaine satisfaction, le tout renforcé par une bande-son signée Dan Le Sac et collant bien à l’univers de TRON (malgré quelques errances ou répétitions). Un univers somme toute respecté, montrant bien que Bithell Games maîtrise son sujet et connaît les ressorts scénaristiques de la licence de Disney, quitte à vous le prouver en proposant un codex à compléter au fur et à mesure de l’aventure, pour celles et ceux qui auraient un peu de mal avec le lore très feuillu de la licence.
Outre l’exploration ou son histoire assez bancales, TRON: Catalyst se caractérise par une bonne dose d’action en proposant de nombreux combats contre différents groupes d’ennemis provenant de diverses factions. Notez que dans la plupart des cas, vous devrez éliminer tous les ennemis de la zone pour poursuivre, mais en exploration libre, surtout au début, vous pourrez fuir, mais à vos risques et périls, étant rapidement repéré. Des combats principalement au corps à corps avec des attaques légères et des attaques plus lourdes, mais également à distance avec l’utilisation de votre Disque.
Vous pourrez lancer (et rappeler) celui-ci en infligeant plus ou moins de dégâts selon l’angle de visée ou l’effet de surprise par exemple. Mais pourtant pilier central au gameplay, celui-ci va souffrir de lancers imprécis, de blocages fréquents, notamment dus aux décors parfois étroits et à l’utilisation d’une vue isométrique imprécise par moments.
Un système de combat qui va alors progresser, s’enrichir, mais aussi se muscler, avec des améliorations à débloquer grâce à un arbre de compétences qui se dévoilera au fil de l’aventure grâce à la récolte de bits. Cela aura pour avantage d’augmenter vos paramètres de base, mais aussi de débloquer de nouvelles capacités comme le Vol de Code, dont le but est de copier et d’utiliser les attaques ennemies, pour vous renforcer et varier les plaisirs temporairement. Mais ce qui vous aidera à tous les coups restent tout de même l’esquive et la parade, classiques, mais porteuses d’effet kiss-cool si vous arrivez à les utiliser au bon moment, pour le plus grand désarroi de vos assaillants.
Vous pourrez également utiliser votre Cycle Lumineux pour vous déplacer et aussi pour écraser vos ennemis, tout comme votre Jet Lumineux qui vous permettra surtout de fuir la ville, sans oublier les grenades plus loin dans l’aventure ou encore la course murale, très pratique, mais aussi très scriptée dans des points spécifiques.
Néanmoins, malgré les défauts remarqués tout au long de nos sessions, nous avons pu trancher sur la technique impeccable du jeu, qui nous propose une aventure sans ralentissement, toujours fluide, et sans bug majeur. La direction artistique s’avère être fidèle à la licence, avec une omniprésence du bleu façon néon, avec quelques variations en fonction des factions par exemple (rose, bleu etc.).
La musique nous a aussi quelque peu déçu, avec des thèmes qui collent bien à la licence, mais qui ont tendance à un peu trop se répéter, c’est dommage. On regrettera également que TRON: Catalyst ne dispose que de sous-titres français (et voix en anglais) ce qui pourrait être un frein pour les joueurs et joueuses les plus jeunes, moins habitués et agiles dans la lecture de ceux-ci tout en jouant.
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