Difficile d’évoquer le thème de la maladie dans le jeu vidéo. Peu de titres s’y sont risqués malgré l’importance et l’étendue du sujet, si ce n’est quelques jeux marquants comme le bouleversant That Dragon, Cancer. Artifex Mundi, un studio polonais relativement peu connu, décide pourtant de s’attaquer au sujet, avec une touche qui est certes nettement plus légère que le point’n click précédemment cité, mais qui a assez de cœur et de savoir-faire pour que l’on ait envie de découvrir ce My Brother Rabbit, sorti sur toutes les consoles et PC il y a quelques jours.
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ToggleUn doudou pour remède
Le titre part sur un postulat simple, à laquelle n’importe quelle famille peut avoir affaire un jour où l’autre. My Brother Rabbit met en scène un drame quotidien, celui de la découverte d’une maladie grave chez un enfant, en l’occurrence la petite fille de la famille dans ce cas précis. Alors que les parents mettent tout en oeuvre pour offrir les meilleurs soins à leur fille, le grand frère va se charger de réconforter sa sœur et lui apporter son soutien moral en tentant de lui changer les idées. C’est donc à travers la vision innocente des deux enfants que l’on va suivre leur aventure, dans un monde imaginaire bucolique et allégorique, loin de la souffrance du monde réel. Dans cette vision, la jeune enfant se retrouve être une jeune pousse, tandis que son frère se matérialise sous la forme de leur lapin en peluche, prêt à tout pour la guérir.
Le titre parvient à créer un univers à la fois triste et chatoyant, à l’image de la vision des deux enfants sur la situation.
A travers tout un voyage aussi bien métaphorique que réel pour les deux enfants, My Brother Rabbit nous plonge dans un récit assurément touchant, bien que dénué de mots. Sa narration ne comporte ainsi aucun dialogue et est soutenue par diverses peintures contant les événements du monde réel, où l’on peut suivre la famille durant les différentes étapes du traitement de la jeune fille. Poignants la plupart du temps, ces moments sont malheureusement trop peu nombreux et quelque peu expéditifs, à l’image du jeu qui se boucle en seulement deux ou trois petites heures selon votre faculté à résoudre les différents puzzles. On aurait donc voulu que l’aventure dure un peu plus longtemps, mais l’histoire qui nous est contée parvient tout de même à toucher notre petit cœur d’artichaut, en espérant que la jeune fille trouve le chemin de la guérison.
L’attention du moindre détail
Mais qui dit aventure expéditive, dit également peu de niveaux. Et pour le coup, on ne peut pas dire que l’on soit véritablement rassasié de ce côté-là, car le titre propose seulement cinq niveaux différents… C’est peu, même si chaque niveau est décomposé en plusieurs tableaux, souvent au nombre de cinq ou six dans la plupart des cas. Sachant qu’il s’agit -là d’un point’n click avec des puzzles à résoudre, vous vous doutez bien que la rejouabilité est aux abonnées absents. C’est d’autant plus regrettable lorsque l’on jette un œil à ces niveaux et tableaux, tous magnifiés par une direction artistique du plus bel effet. Les détails fourmillent dans tous les sens et chaque tableau est un véritable ravissement pour nos mirettes, avec un style unique pour chacun d’entre eux, alliant à la fois un monde très mécanique et un autre très organique, rempli de plantes et de bestioles en tout genre. On remarque même quelques références à des œuvres connues, comme celle au tableau de La Persistance de la mémoire de Dalí dans l’un des niveaux.
Même s’ils ne sont pas nombreux, on prend plaisir à découvrir chaque niveau et chaque tableau.
Ces tableaux, vous aurez d’ailleurs le temps de les admirer de fond en comble, car le gameplay réside à le fouiller dans tous ses recoins afin de dénicher tous les objets demandés. Lorsqu’un obstacle se trouve sur la route de notre héros lapin ou lorsque l’on a besoin d’enclencher un mécanisme, il faut au préalable chercher dans tout le niveaux certaines pièces, objets voire animaux en plusieurs exemplaires, comme des papillons, des rouages ou bien encore des coquillages. Autant vous dire que dans des décors aussi fournis que ceux de My Brother Rabbit, la tâche est nettement moins aisée qu’elle en a l’air. On en revient littéralement à chercher des aiguilles dans des bottes de foin, et certains objets bien cachés testeront votre patience et votre acuité visuelle. Heureusement pour ceux qui n’ont pas un oeil de lynx, le jeu prend tout de même le soin de signaler quel type d’objet se cache dans chaque tableau, histoire que vous ne tourniez pas en rond à travers le niveau, mais seulement dans une partie de celui-ci. Tout n’est pas non plus servi sur un plateau d’argent, car il faudra parfois manipuler le décor et les objets dans un ordre prédéfini pour obtenir ce que l’on veut, comme, par exemple, passer un rondin de bois en dessous d’une scie pour le transformer en barreau d’échelle.
Des puzzles à tout va
Une fois la récolte d’objets terminée, vous aurez accès à divers puzzles qui plairont certainement davantage aux amateurs de casses-têtes. Certains sont plus faciles que d’autres mais la plupart d’entre eux sont bien construits et amusants, tout en défiant votre logique. Rien d’insurmontable en soi, ce qui rend le titre accessible à tous, même pour les joueurs les moins âgés. Cela rend forcément certaines énigmes trop fades et peu originales en comparaison à d’autres, mais elles restent toutes ludiques, ce qui est agréable. Ce qui l’est moins, c’est que le schéma de progression reste toujours le même du début à la fin, sans évolution aucune. Aucune surprise ne vient mouvementer le voyage, ce qui rend le parcours un peu monotone. Même la fin reste dans le même ton, sans qu’aucune vraie envolée ne vienne nous saisir.
La formule reste la même du début à la fin, même si quelques puzzles plus difficiles viendront compliquer notre progression.
Pour modifier un peu cette routine de gameplay, on note la présence d’un puzzle un peu spécial, présent dans chaque niveau, qui consiste à assembler une machine avec toutes les pièces à disposition dans le tableau. Au fur et à mesure de la constructions, les pièces emboîtées produisent toutes un son différent, créant ainsi une vraie mélodie assourdissante, plus amusante que vraiment dérangeante. En parlant de musique, il faut aussi souligner le soin qui a été apporté à la bande-son, qui reste discrète mais qui finit par trotter dans la tête. On apprécie d’autant plus quand l’envoûtante voix d’Emi Evans (NieR, Dark Souls) s’invite sur le thème principal du jeu, et qui délivre une performance à la hauteur de son talent.
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