En 2021 sortait Lost in Random, un jeu indépendant publié par Electronic Arts. Après un changement d’éditeur pour tomber dans les mains de Thunderful Publishing, la série est de retour avec un spin-off sous la forme d’une aventure rogue-lite prenant toujours place au sein de cet univers décalé et très inspiré par Tim Burton. Désormais développé par Stormteller Games, Lost in Random: The Eternal Die sort le 17 juin 2025, et même quatre jours plus tôt, dès le 13 juin, pour les détenteurs de l’Edition Fortune, sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X/S et Nintendo Switch. Alors, lancer réussi ou dé cassé pour cette virée en enfer ?
Conditions de test : Nous avons joué à Lost in Random: The Eternal Die durant environ 17 h, le temps de terminer le jeu une première fois (et de voir deux fins différentes) puis de poursuivre quelques heures avec le contenu end-game. Version fournie par l’éditeur sur PlayStation 5 Pro.
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ToggleAleksandrie, Aleksandra
Le premier jeu de la licence, Lost in Random, prenait la forme d’une aventure à la troisième personne dans laquelle on incarnait une jeune fille ayant été séparée de sa jumelle suite au terrible lancer de dé que tous les enfants de douze ans doivent effectuer sous la surveillance de la Reine Aleksandra, une méchante femme en apparence, mais finalement triste d’avoir perdu sa propre sœur étant enfant.
S’il nous semble important de rappeler brièvement le synopsis du premier volet, c’est bien parce que même si ce n’est pas le même studio qui s’occupe de ce spin-off, les équipes de Stormteller Games reprennent peu ou prou cette trame pour y incorporer des nouveaux éléments. Dans Lost in Random: The Eternal Die, vous incarnez cette fameuse Reine Aleksandra, déchue à la suite du premier opus, dans le Dénoir, une sortie de dédale où règne Mayr, un puissant mage.
Il peut paraître étonnant de diriger la Reine qui nous voulait du mal dans le premier titre, mais il faut finalement s’avérer convaincu, puisque tout est fait pour que l’on se prenne d’affection pour Aleksandra qui s’offrait un genre de rédemption dans l’épilogue de Lost in Random. On découvrira alors par bribes des scènes de son enfance, la tristesse de la disparition de sa sœur, mais aussi des remises en question sur ses actes passés.
Il sera alors question d’abnégation, de courage et de volonté pour se sortir de cette impasse et tenter de refouler un jour les sols de pierre du château du Royaume d’Aléa dans cette aventure en vue isométrique. Ce ne sera de tout repos puisque Mayr a décidé de bien s’amuser avec vous et de vous faire tourner en bourrique à travers différents biomes aux dispositions étonnamment changeantes au fil du temps. D’autant plus que, bien que la mort surviendra plus ou moins souvent en fonction de votre skill, celle-ci ne sera jamais définitive et vous renverra au Sanctuaire, sorte de Havre de paix où vous attendront vos « amis » et personnages rencontrés à chaque run (dont certains issus du premier volet), pour vous donner des quêtes annexes plutôt intéressantes, ou même pour améliorer votre équipement.
C’est de ce Sanctuaire que vous repartirez dans le labyrinthe de Mayr pour traverser tour à tour les quatre biomes composant ces enfers. Pas de raccourci à débloquer pour aller directement au troisième biome par exemple, chaque tentative se fera du début à la fin, jusqu’à l’affrontement final ultra-corsé et relevé contre Mayr et ses sbires. Rassurez-vous, vous n’embarquerez pas les mains vides, puisque quatre armes seront mises à votre disposition avec pour chacune pas moins de douze améliorations possibles (grâce à des ressources à collecter durant vos parties). Vous commencez bien à saisir le côté roguelite du titre, et il faut l’avouer dès maintenant : c’est une franche réussite.
Le rogue-lite lui va si bien
Dans votre arsenal, vous pourrez compter sur une lance, une épée, un arc et un gros marteau. Chacune de ces armes dispose donc de plusieurs améliorations, allant de leur force décuplée, des dégâts améliorés, une chance accrue en coup critique, etc. La chance. Un mot qui reviendra souvent durant votre périple dans Lost in Random: The Eternal Die puisqu’une fois de plus au cœur de l’équation et dans bien des aspects.
Les jeux roguelike/roguelite étant d’autant plus assez tournés sur le hasard d’obtention des compétences/améliorations et même concernant l’ordre d’apparition des pièces traversées, Lost in Random: The Eternal Die épouse à merveille ces mécaniques et les incorpore dans son lore. Entendez par là que chacune de vos tentatives redistribue l’ordre des pièces à traverser, allant de simples salles où vous pourrez vous revigorer à la boutique ou bien à un autel de guérison, à des salles de combats intenses, ou même des mini-boss qu’il vous arrivera d’esquiver par chance.
Les salles vous donneront accès à une, deux ou trois sorties en fonction de leur position sur l’échiquier (que vous pouvez visualiser à tout moment, avec même la possibilité de vous téléporter dans des salles clés), et il vous faudra donc choisir à l’aveugle puisque tout ce qui se trouve devant vous est recouvert d’un épais brouillard. Quand bien même, vous pourriez tomber sur une salle de chance, où jeter des dés peut vous rapporter gros, autant vous pouvez tomber sur des scènes de combats si intenses qu’elles pourraient vous faire perdre votre précieuse progression. Ce qui force un peu le joueur ou la joueuse à améliorer une arme de prédilection et à se perfectionner avec elle, quitte à délaisser les autres, ce qui reste dommage.
Et puis quand le jeu l’aura décidé, vous vous retrouverez dans la salle de « sortie » menant au boss du biome, sans point de retour possible. Quatre boss sont ainsi à occire, peut-être même un peu plus sur le papier, mais nous vous laissons le plaisir de la découverte. Chacun dispose de ses propres patterns — amenés à évoluer même parfois en fonction de vos essais — alliant attaques à distance, attaques de zone et attaques au corps à corps. À noter que l’ultime boss, Mayr, est de niveau très relevé — certainement même un peu trop par rapport au reste du jeu — ce qui vous demandera forcément plusieurs essais.
Heureusement, Aleksandra sait se battre et en plus de ses armes précédemment décrites et disposant d’une attaque légère et d’une attaque lourde ou chargée, celle-ci peut se permettre de compter sur son dash très utile en toutes circonstances, mais aussi sur son plus fidèle partenaire, Fortune, son dé. Car comme dans Lost in Random premier du temps, vous serez constamment accompagné de votre dé sur pattes, mais qui dispose d’un rôle central si ce n’est capital dans votre évolution. Encore faut-il que vous en saisissiez toute l’importance et ne comptiez pas que sur vos propres capacités.
Les dés sont pipés
Fortune fait partie intégrante du gameplay d’Aleksandra. D’une simple touche et d’une visée avec le joystick droit, celle-ci peut envoyer Fortune sur le terrain et infliger des dégâts de zone à l’impact de sa réception. Plus ou moins de dégâts seront infligés en fonction du numéro inscrit sur la face supérieure du dé lorsqu’il touche le sol, ajoutant là aussi une couche de hasard, un six étant souvent porteur de très bonne nouvelle.
Vous le comprenez donc, le gameplay de Lost in Random: The Eternal Die n’est pas unique, mais est tout de même plutôt bien fourni, vous demandant de gérer à la fois vos déplacements et esquives, vos attaques simples ou lourdes, mais aussi vos attaques de zone, très utiles à distance, avec Fortune, le tout simultanément. Vous aurez probablement besoin de quelques dizaines de minutes pour maîtriser parfaitement cette accumulation de possibilités, mais, oui, cela est tellement grisant que le plaisir est présent immédiatement et sur toute la durée de l’aventure.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’en plus de toutes ces facultés, vous pouvez agrémenter vos parties de bonus permanents, donnés par Aama, comme l’augmentation de votre santé max, la production de plus d’éclats d’énergie, ou la possibilité de ressusciter deux à trois fois au cours de votre run par exemple. Un moyen de rendre l’expérience plus accessible aux personnes demandeuses de cela, mais qui rentre parfaitement dans le déroulé du jeu sans donner l’impression de cheater l’expérience. Un mode facile viendra tout de même tempérer ce propos, mais il est bienvenu, avec une augmentation de vos dégâts et une diminution des dégâts reçus à chaque nouvelle tentative, permettant au plus grand nombre de voir le bout de l’aventure.
Une mécanique importante reste à décrire, la présence de cartes. Loin du deck-builder qu’était presque Lost in Random, cette fois, vous ne porterez qu’une seule carte à la fois, au tout début de votre run, et tomberez parfois sur une autre carte qui pourra remplacer la première selon votre choix. Celles-ci vous donnent des pouvoirs étonnants comme des effets de zone allant du gel au poison, ou encore une lance encore plus dévastatrice ou des feux follets attaquant vos adversaires, etc. Une quinzaine de cartes sont disponibles pour lutter contre la trentaine de types d’ennemis présents et leurs patterns et attaques respectives. Ces cartes délivreront un effet plus ou moins puissant si vous les déclenchez au bon moment suite à la pression de la touche associée, rajoutant une couche de vigilance supplémentaire.
Ces cartes s’obtiennent dans certaines salles, toujours au hasard, en plus d’obtenir de nombreuses autres ressources comme la poudre de pépins (amélioration des armes auprès d’Arsène) ou les braises (pour obtenir les améliorations permanentes), mais aussi de la santé, des pièces ou bien des reliques et des trésors. Ces objets, que vous obtenez dans des coffres en fin de salle, vous permettront de créer un deck personnalisé à chaque tentative, en les additionnant par couleur pour obtenir des augmentations de votre chance, vos dégâts ou ceux de Fortune, ou de meilleures statistiques sur vos cartes, etc. À vous de composer avec ce que le jeu vous donne aléatoirement parmi les plus de 130 reliques disponibles.
La fin du jeu pouvant varier en fonction de l’avancée de vos quêtes annexes (notamment la découverte de tous les Dédoux), vous pourrez toutefois revenir dans les enfers de Mayr pour poursuivre vos essais et déclencher les Sceaux de la Malchance, vous octroyant de nombreux désavantages au lancement de votre run, malus renforcés par la présence d’autres malus une fois en jeu. Une manière sympathique bien que peu originale de relancer l’intérêt d’une partie une fois l’aventure bouclée.
Enfin, au rayon technique, il nous faut signaler que le jeu est irréprochable sur ce point. Nous n’avons connu aucun ralentissement, bug, crash ou autres surprise inattendue. De la chance ? Sûrement pas, les équipes ayant l’air d’avoir vraiment pris le temps de soigner leur jeu. À noter que la manette DualSense est légèrement prise en charge — trop peu à notre goût — et qu’il faudra compter sur un sound design de haute qualité qui nous imprègne totalement dans l’ambiance. À moins de 25 €, on aurait tort de s’en priver.
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