Que faire après un premier Hades qui a fait évoluer les standards d’un genre tout entier ? Supergiant Games aurait pu considérer que son job était fait, et suivre ses habitudes en s’attaquant à une nouvelle licence complètement différente. Mais afin d’enfoncer un peu plus le clou en prouvant que personne ne fait mieux que lui sur ce marché, le studio a décidé de se lancer dans sa toute première suite. L’objectif, faire mieux (si cela est possible) tout en évitant d’être redondant. Et pas question de partir avec trop de confiance. Repasser par la case accès anticipé était nécessaire, malgré tout le savoir-faire acquis sur le premier jeu. Cette prudence paye, puisqu’à n’en pas douter, Hades II n’est pas seulement un meilleur jeu que son prédécesseur : il est le nouveau mètre étalon de tout un genre.
Conditions de test : Nous avons joué à Hades II durant environ 70 heures, dont la moitié en accès anticipé au fil des mises à jour. Nous avons aussi bien joué sur PC via Steam que sur Nintendo Switch 2 avec la version 1.0, autant en mode portable qu’en mode docké. Il nous aura fallu tout ce temps pour arriver à la fin du jeu et voir l’essentiel de ce qu’il a à offrir.
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ToggleLa famille la plus dysfonctionnelle est de retour
Même si Hades II reprend grosso modo la même formule que le premier jeu, Supergiant Games a tout de même voulu bousculer les choses en écartant Zagreus de l’équation. Et même la plupart des personnages iconiques de la maison d’Hades, afin de laisser la place à la princesse des Enfers, Mélinoé. Une sorcière en devenir qui a été formée depuis son plus âge aux arts du combat par Hécate, maîtresse de la Croisée des chemins, dans le but de s’attaquer à Cronos. Le Titan du Temps, et accessoirement grand-père de Mélinoé (et Zagreus) a décidé de se venger de sa famille en attaquant aussi bien les Enfers et l’Olympe. Tuer le Temps sera donc votre leitmotiv principal, tout en essayant de retrouver celles et ceux qui partagent votre sang et qui sont portés disparus.
C’est donc à nouveau une querelle familiale qui est au cœur de l’expérience, même si celle-ci se révèle moins intimiste que dans le premier Hades. Mélinoé n’est pas juste là pour désapprouver son papa comme le faisait Zagreus : elle est la pièce maitresse d’une guerre à grande échelle contre les armées de Cronos, qui n’est clairement pas là pour rigoler. Autant dire que le récit prend une autre dimension, bien plus épique, dans laquelle on côtoiera les élus de l’Olympe d’un peu plus près, en plus de ceux des Enfers.
Et c’est avec tout autant de maitrise que Supergiant Games donne vie à ce périple. Hades a été l’un des premiers titres à vraiment valoriser la mécanique du rogue-like de façon narrative, avec une vraie justification pour vos multiples échecs. Hades II fait de même et dépeint une galerie saisissante de personnages auxquels on s’attache immédiatement, grâce à ce sens du dialogue qui s’est peaufiné au fil des années au sein du studio.
On aura tôt fait d’oublier Thanatos, Dusa ou Achille tant les personnages stationnés à la Croisée des chemins nous captiveront, que ce soit le charmant Moros au métier lugubre, Némésis pour son amour vache (et ses gros muscles) ou encore la fantomatique et flegmatique Dora. L’Olympe n’est pas en reste, car on compte plus de dieux que jamais dans cette suite. Parmi les petits nouveaux, on craquera forcément pour le beau Apollon ou la majestueuse Héra, sans oublier pour Hestia et Héphaïstos dont les Bienfaits aideront leur nièce Mélinoé à voir le bout de son aventure.
Une forme olympique
Un périple qui est d’ailleurs deux fois plus long que celui de Zagreus. Le prince nonchalant devait simplement combattre son paternel et sortir de son royaume, tandis que Mélinoé doit être au four et au moulin, ou plutôt aux Enfers et à la surface en même temps. Hades II ne comporte donc pas seulement quatre zones à accomplir, mais huit. Le premier Hades avait déjà une durée de vie plus que correcte, alors imaginez celle de cette suite. D’autant plus que ce contenu doublé n’est pas là que pour gonfler artificiellement le temps que vous allez passer sur le jeu.
Chaque zone – que ce soit aux Enfers ou à la surface – est incroyablement divertissante, en plus d’avoir droit à une identité qui lui est propre. On pense aux Champs des Pleurs qui délaisse un peu le concept « une salle = une récompense » en nous faisant parcourir une zone un peu plus ouverte qui peut parfois nous perdre, ce qui est dans la tonalité du décor présenté. On adore également le concept de la cité d’Ephyre qui nous laisse choisir vers quels Bienfaits se diriger plutôt que d’être une succession linéaire de salles (comme le dernier niveau du premier jeu, mais en plus grand). Seule la dernière zone de la surface nous aura laissé un goût de trop peu, à l’image de la fin du récit qui manque un peu de ce caractère épique, mais cela est peut-être lié à nos attentes après un build-up d’un an et demi à y jouer en accès anticipé.
Deux fois plus de zones veut par ailleurs dire que l’on évite encore davantage cette sensation de monotonie qui pourrait s’installer au fil des parties. À chaque fois, dans chaque circonstance particulière, tous les personnages auront forcément un petit dialogue inédit à vous faire découvrir. 70 heures après, et 90 runs écoulées, tout le Panthéon a encore des choses à nous raconter. Une richesse ahurissante pour le genre, d’autant que le tout est bien servi par un chara-design impeccable (avec des portraits exquis) et un casting vocal de haute volée et d’une élégance rare.
C’est de toute façon l’ensemble de la direction artistique qui met un K.O. technique à tous les autres concurrents, au même titre qu’une bande-son que l’on écoutera en boucle sans aucun problème. Allez, là encore, c’est une affaire de gout, il lui manque peut-être un morceau aussi iconique que « Good Riddance », mais certains s’en approchent de très près.
Sur tout cet enrobage viennent s’ajouter des surprises qui peuvent survenir au cours du voyage, avec des salles bonus qui nous font confronter plus de mini-boss que jamais, quand il ne s’agit pas de croiser quelques nouveaux visages. Si l’envie vous en dit, vous pourrez même participer à des défis uniques donnés par Chaos, avec un build déjà défini à l’avance et des conditions très spéciales. Ou vous pourrez retenter une run en ajouter des modificateurs de difficulté, comme dans le premier jeu, qui peuvent aller jusqu’à modifier totalement la manière dont certains boss fonctionnent. On en aurait presque le tournis tant il se passe toujours quelque chose d’unique à chaque run, et ça, Hades II le doit à une variété de builds plus grande que jamais.
La grâce des Dieux
Car qui dit davantage de Dieux, dit aussi davantage de Bienfaits. Zeus, Arès, Poséidon ou encore Aphrodite sont de retour avec des bonus pour aider Mélinoé qui rappelleront ceux donnés à son grand frère, mais ils ont maintenant d’autres tours dans leur sac avec de pouvoirs inédits qui se complètent à merveille avec ceux des petits nouveaux. Héra, en tant que déesse du mariage, va par exemple se concentrer sur une mécanique de lien, où chaque ennemi lié recevra des dégâts si l’un d’eux est attaqué. Hestia, déesse de foyer, s’occupe plutôt d’allumer le feu chez vos adversaires, tandis qu’Apollon les éblouira avec sa beauté.
À cela s’ajoute les pouvoirs de Séléné, qui représente la Lune et qui ne fonctionne pas de la même façon que les autres Dieux. En bénéficiant de son pouvoir, Mélinoé aura accès à plusieurs sorts différents qui viennent s’ajouter à son arsenal, en plus des Bienfaits plus classiques. Que ce soit pour transformer vos adversaires en mouton, reprendre un peu de point de vie, lancer un rayon puissant ou en ralentissant le temps, Séléné sera sans doute votre plus grande alliée. Cela participe au bordel ambiant qui se déroule à l’écran, et même si le jeu est lisible durant 90% du temps, reste certaines combinaisons d’effets qui rendent la lecture assez difficile. Mais c’est de quoi apporter un peu plus de corps au gameplay, qui s’est lui aussi enrichi depuis le premier épisode.
Mélinoé est en effet bien différente de son frangin. Ne serait-ce que parce que c’est une sorcière, ce qui se ressent dans tout son arsenal. Là où Zagreus avait accès à des Armes Nocturnes à la forme standard (épée, arc, bouclier…), la princesse fait un peu plus dans l’exotisme avec un crâne explosif, des torches ou encore un bâton magique. Des armes qui peuvent revêtir trois formes différentes chacune pour donner accès à des capacités spéciales, qui vont là encore modifier votre façon de jouer. Contrairement à Zagreus, Mélinoé ne dispose quant à elle d’aucun missile magique. Et pour cause, cette mécanique est remplacée par un bien meilleur système, celui des glyphes.
À l’aide d’une touche, notre héroïne pourra apposer un glyphe spécial sur le sol qui va ralentir les ennemis aux alentours, tout en leur infligeant des dégâts. Imaginez maintenant comment ce glyphe peut être modifié avec l’aide des Bienfaits des dieux et vous avez là une idée du pouvoir destructeur que Mélinoé a entre les mains. En bonne sorcière qu’elle est, elle dispose d’une jauge de mana qui lui permettra de charger ses attaques (que ce soit des attaques standards, sa technique ou son glyphe) afin d’avoir accès à des compétences plus puissantes, elles aussi modifiables avec les Bienfaits.
Pour compléter le tableau, vous aurez accès à un système de cartes de divination qui fonctionne un peu de la même manière que le miroir dans le premier jeu. Ici, vous activerez différents effets passifs pour rendre votre vie un peu plus facile au fil des runs, dans une certaine limite. Vous pourrez ainsi personnaliser divers builds selon vos besoins, avant même de partir en vadrouille.
Tout aussi bien entraînée qu’elle est, la princesse ne sortira pas seule durant ses pérégrinations. Elle pourra être accompagnée d’un animal qui viendra lui prêter patte forte durant les combats, comme Toula le chat qui viendra griffer les ennemis (tout en vous empêchant de trépasser lors d’un échec) ou l’oiseau Raki qui viendra picorer la tête des monstres. Ces animaux viennent complément d’un système de récolte de matériaux avec différents outils à débloquer. Ces matériaux viendront alimenter des recettes dans un chaudron magique pour débloquer des améliorations définitives pour faciliter vos parties. Et avec tout ça mis bout-à-bout, Mélinoé se montre bien plus complète que son frère.
Ma sorcière bien-aimée
Il lui fallait bien ça pour venir à bout d’un bestiaire aussi étendu que celui de Hades II. Forcément, avec plus de zones à découvrir, les armées de Cronos se devaient d’être plus diverses. Là encore, aucun faux pas à noter avec une bonne variété d’ennemis et de sous-boss, et des vrais Gardiens d’anthologie. On évitera de tout dévoiler ici, mais mention spéciale au concerto de Scylla ou à la rude bataille contre un certain Titan enflammé, qui promet de vous faire suer comme il faut. Chaque mort ne sera à attribuer qu’à votre maitrise des forces et faiblesses de Mélinoé, étant donné que le gameplay est plus que réactif et calibré comme il se doit, avec une justesse chirurgicale.
Entre deux échecs viendra le temps de se reposer à la Croisée des chemins, votre nouvelle maison. Un HUB bien plus modulable que la maison d’Hadès, avec des décos à obtenir pour pimper les lieux tout en faisant plaisir à chaque résident. C’est ici que vous pourrez converser tactique avec Ulysse, ou bien prendre un bon bain (très) chaud en compagnie de Moros.
Le système d’affection fait son retour ici, avec des cadeaux à donner aux différents personnages pour qu’ils se dévoilent au fur et à mesure, jusqu’à aller un peu plus loin avec certains. Et puisque tout le monde peut vous donner un coup de chaud, le choix ne sera pas facile. Se lier avec tous ces personnages très charismatiques aura aussi pour but de débloquer des Souvenirs, qui est là encore un système hérité du premier jeu et qui prend la forme d’équipements à obtenir pour avoir recours à divers bonus.
Un petit mot pour terminer sur l’état technique du jeu, auquel on ne peut guère faire plus de reproches. Même lorsqu’il était en accès anticipé, peu de choses venaient perturber le voyage. Il nous restait alors à tester la version Switch 2 du titre, potentiellement la meilleure grâce l’aspect portable de la console. Et c’est ici une réussite, aussi bien en mode docké qu’en mode portable. Pas un seul ralentissement à noter, avec une framerate qui va soi-disant jusqu’à 120 images par seconde. Notre oeil ne les a pas compté, mais on peut au moins vous affirmer que la fluidité est à toute épreuve.
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