Après un premier jeu efficace, à défaut de vraiment briller pour sortir du lot, Inti Creates revient avec Gal Guardians : Servants of the Dark. Un metroidvania des plus classiques et toujours pas disposé à jouer la finesse quant à ses inspirations. La formule ne change pas, deux personnages à contrôler pour deux approches du combat différentes et une flopée de démons à dézinguer dans la bonne humeur, au rythme des coups de fouet et de pistolet. La grande nouveauté ici, c’est la possibilité d’explorer le royaume et non plus seulement l’intérieur d’un château.
Conditions de test : nous avons joué à la version PS4 durant une douzaine d’heures en rushant pas mal. Nous avons aussi subi de légers bugs (mécaniques qui ne fonctionnent pas et imprécisions d’hitbox).
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De prime abord, Gal Guardians : Servants of the Dark est une suite directe à Demon Purge. Sauf que dans les faits, pas vraiment. En effet, le récit diffère et nous contrôlons deux nouveaux personnages : Kirika et Masha. La première manie le fouet telle une Belmont (parmi d’autres clins d’œil très appuyés) tandis que la seconde embarque une arme à feu pour humilier une partie du bestiaire à distance, comme dans le premier opus. Si le soft est d’abord pensé pour la coopération, en attestent des mouvements spécifiques réalisables uniquement à deux joueurs et qui rappelleront Castlevania : Portrait of Ruin, l’aventure se parcourt aisément en solo. Une simple gâchette permettra alors de switcher à la volée entre les deux servantes.
Si vous avez joué à l’opus précédent, Gal Guardians : Demon Purge, vous serez à la maison. Rien n’a vraiment changé, la parenté saute aux yeux et c’est un peu un souci à ce niveau. La construction est similaire, les gameplay également. Côté visuel, le constat ne change pas non plus. Ce qui change, c’est l’abandon du château qui représentait l’entièreté de la map du premier jeu. Servants of the Dark propose des châteaux et des intérieurs proches de son aîné, néanmoins, cette fois nous visitons au-delà. On pouvait reprocher le manque de diversité dans les décors de Demon Purge, sans compter l’affiliation forcée avec Castlevania qui lui faisait défaut, mais ce nouvel épisode corrige en partie le tir.
Si l’on ne va pas en prendre plein les mirettes, ni être subjugué par une direction artistique trop dans le déjà-vu, ce Gal Guardians reste convenu sur ce point, on apprécie la variété d’environnements proposée. L’aventure en devient plus engageante. En revanche, difficile de saisir certains choix de game design. Si l’exploration est toujours de rigueur et que l’aspect metroidvania demeure, avec des portions de jeu plus libres que d’autres, l’exécution fait défaut. En cause des décisions discutables, tel le loot à foison d’armes.
Celle qui chuchotait dans les ténèbres
Il n’y a qu’une poignée de modèles d’armes différents, leurs stats ne varient quasi jamais (seuls des effets bonus peu intéressants font la différence) et l’on se retrouve avec un inventaire submergé de copies d’armes futiles. Mais le problème majeur reste l’acquisition des compétences importantes que sont le double saut et le dash, notamment. Des compétences impératives pour qui espère atteindre de nouvelles zones sur la map. Gal Guardians : Servants of the Dark tente de changer des choses et opte pour une acquisition de compétences linéaire, sans aucune option de choix.
De fait, la liberté d’action est finalement plus limitée que dans l’épisode précédent, tandis que le jeu s’alourdit à cause des gains de niveaux dépendant de la récolte d’os. Ces derniers s’obtiennent soit en les trouvant dans une zone de jeu, soit en tuant des ennemis. Sachant que chaque ennemi n’en délivre pas. Il faut ensuite revenir dans la salle dédiée pour les offrir comme offrande. La redondance devient inévitable, et rapidement fatigante puisque multipliant les allers-retours pour quelques os – emmagasiner suffisamment est une solution mais peut aussi vous priver d’une compétence clé le temps de revenir au lieu-dit. De surcroît au vu du système de téléportation peu généreux de Gal Guardians : Servants of the Dark.
Il suffit d’une poignée d’heures de jeu pour constater l’évidence : l’expérience est inutilement pesante. On se console comme on peut avec les combats agréables, surtout avec nos deux héroïnes au commande. Cependant, un déséquilibre apparaît vite entre les deux personnages, alors que les boss ne viennent pas exposer les possibilités de gameplay ni jouer sur la mécanique du duo. Ces affrontements devraient ponctuer solidement l’aventure, mettre en valeur le gameplay, le level design et nos acquis – d’autant plus quand les compétences se débloquent selon le diktat des développeurs –, mais il n’en est rien.
Dans les fait, il suffit de bourrer un peu bêtement les boutons d’attaques, les patterns n’étant pas bien complexes, et faire en sorte de rester en vie. Sachant qu’à chaque trépas d’une servante, la survivante peut ranimer sa comparse en matraquant un bouton, nos skills ne sont pas si déterminants dans notre progression. Le jeu n’est pas bien compliqué, un mode difficile contentera les plus aguerris, mais il y a un peu de répondant. Souvent peu gracieux d’ailleurs. Comprenez par là qu’il n’est pas rare de mourir, en tout cas pour nous, sans que cela soit de notre faute.
La Fille aux cheveux colorés
En réalité nous sommes un minimum responsables, mais en partie seulement. Parce qu’il est difficile de ne pas pointer du doigt les soucis de collisions et les imprécisions lors des sauts. Les checkpoints sont souvent mal placés et les objets de soin ne sont pas légion, ce qui peut irriter. Des aspects qu’on espérait mieux appréhendés sur cet opus. Notons également des mécaniques mal expliquées – il faut d’ailleurs parler à un PNJ précis pour revoir les bases du jeu. Un peu prise de tête pour rien ce Gal Guardians : Servants of the Dark.
Le constat peut paraître amer, pour ne pas dire catastrophique. C’est bien parce qu’il passe après un Demon Purge loin d’être parfait, que nous avons durement accueilli, mais finalement plus amusant et logique dans sa proposition. En l’état, peu d’écueils sur le premier volet sont corrigés. Pire, quelques changements amènent leur lot de problèmes dont on se passait pourtant bien. Au moins, l’histoire est sympa à suivre grâce aux personnages qui ne se prennent pas au sérieux et aux doublages bien plus nombreux que dans l’opus précédent. Et comme nous le disions, explorer le royaume des démons fait grand bien. Cela donne davantage d’ampleur à l’univers de la série.
Dommage que le soft manque encore de personnalité et de prestance, on peine à s’immerger dans l’univers présenté. Même musicalement il manque quelque chose pour totalement nous saisir, malgré des morceaux sympathiques. S’il n’est pas un mauvais jeu, il ne parvient pas à réellement améliorer une formule qui devait l’être. Les équipes semblent avoir manqué d’idées ou d’ambition. Peut-être même d’engouement. C’est en tout cas la pensée qui nous a traversée en parcourant Gal Guardians : Servants of the Dark. Un pas en avant pour deux en arrière.
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