Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 aura subi bien des péripéties de développement avant d’enfin sortir. Passant des mains de Hardsuit Labs puis réassigné à The Chinese Room par Paradox Interactive, le soft aura été un véritable chemin de croix. À un point où l’on n’attendait plus trop cette suite avec impatience jusqu’à ce que sa sortie, programmée pour le 21 octobre sur PC, PS5 et Xbox Series, tombe comme un véritable miracle.
Le jeu a frôlé l’annulation, le gros du travail de Hardsuit Labs a ensuite été peaufiné au mieux par The Chinese Room… Mais du coup, quel est le résultat de cette « suite » ? Un titre qui sent tout de même le Bloodlines dans certains compartiments du jeu, mais qui n’a que le nom sur certains éléments. Vous allez comprendre pourquoi dans notre test.
Conditions de test : Nous avons terminé Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 en 15 heures de jeu en mode normal, et en comptant une poignée de quêtes annexes réalisées. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.5 Ghz).
Sommaire
ToggleUn prince à Seattle
La narration est l’un des éléments que l’on attendait clairement au tournant dans Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2, surtout après un premier volet qui maitrisait cet aspect. Dans ce nouvel opus, nous prenons le contrôle de Phyre. Sous le nom de l’Ancien ou autrement dit un vampire tout-puissant, ce dernier ou cette dernière se réveille relativement faible et marqué d’une mystérieuse marque qui semble le ou la contrôler.
Qui plus est, notre héros ou héroïne en fonction du sexe du personnage que vous choisissez est accompagné de Fabien, un ancien détective partageant visiblement votre esprit. Dans ce thriller vampirique sous fond de politique, vous devrez lever tous ces mystères entourant Phyre et Fabien, dans un Seattle moderne où divers clans se tirent la bourre, et où un prince dirige les opérations. Le tout, dans le but de préserver la Mascarade, qui est, on le rappelle, un pacte à ne pas violer, et où les vampires ont interdiction de se révéler aux humains.
La trame proposée par le titre de The Chinese Room parvient dans un premier à surprendre, tout en respectant religieusement l’univers de Vampire: The Masquerade et de World of Darkness. Il faut d’ores et déjà saluer le travail effectué sur chaque personnage et chaque clan, qui offrent une profondeur des plus réussies. S’il y a quelques irrégularités dans le traitement de chaque protagoniste cependant, force est de constater que le soft arrive à offrir quelques rebondissements appréciables.
Même si les différentes fins ne sont en revanche guère surprenantes, Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 a le mérite de traiter son histoire convenablement. Tout n’est pas parfait, il manque de la profondeur sur certains clans, mais son background sombre est ce que l’on attend d’un jeu de la trempe d’un Vampire: The Masquerade. De plus, les petits gars de The Chinese Room ont le savoir-faire dans la mise en scène, qui apporte un plus non-négligeable notamment sur les combats de boss et toute l’atmosphère noire du jeu. On regrettera toutefois quelques flashbacks avec l’inspecteur Fabien relativement redondant et nous laissant de marbre comme la dualité entre notre héros ou héroïne et ce dernier, relativement morne et peu engageant.
En dehors de cela, les choix à embranchement sont évidemment captivants, avec des écueils, forcément. Via chaque interaction avec les nombreux personnages du soft, vous devrez toujours faire attention à ce que vous répondez. En effet, un peu à la manière des jeux de Teltalle Games, vous aurez, à certains choix de dialogues, des personnages qui réagiront différemment en fonction de vos réponses. Par exemple, certaines personnes peuvent aimer ou apprécier ce que vous dites, trouver cela amusant, les mettre en colère, voire ne pas aimer du tout ce que vous avez dit. Ces petits indicateurs peuvent plus ou moins vous diriger sur les affinités que vous voulez avec tels protagonistes, et ainsi vous emmener sur les six fins que propose la production de The Chinese Room.
Il y aura bien assurément quelques variantes certes, mais il faut admettre que ce système de dialogues, bien huilé dans le fond, se perdra un peu avec des choix qui peuvent paraitre parfois un peu artificiels et très surfaits. L’exécution est bonne, mais il manque un quelque chose pour rendre l’expérience narrative encore plus fignolée.
Du combat vampirique qui pouvait mieux faire ?
Avant d’aborder l’aspect ouvert de Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2, sachez que le jeu va d’abord se focaliser sur les combats, en demi-teinte. Dans la peau d’un ou d’une vampire, le soft va prôner la vélocité, mais aussi la puissance brute de notre suceur de sang. C’est ce que l’on ressent incontestablement dans le titre de The Chinese Room au premier abord. Phyre peut attaquer de manière classique avec quelques combos au corps à corps, ou bien effectuer des coups chargés qui va projeter l’ennemi dans les airs.
Ce sentiment de puissance est dans un premier temps jouissif, avec cette possibilité d’utiliser ses pouvoirs télékinétiques. Avec cette mécanique, Phyre peut attirer les ennemis sur lui et se nourrir de ce dernier, mais également ramasser divers projectiles et armes à feu, et s’en servir contre ses adversaires. Cela permet de varier les plaisirs dans le gameplay, comme avec l’utilisation des nombreuses compétences permettant de charger les ennemis, les posséder ou les retourner contre eux-mêmes, ou bien utiliser de la sorcellerie sanguine et faire des dégâts considérables.
L’ensemble est dans une bonne symbiose, donnant lieu à des affrontements dynamiques et tendus, dont contre les boss qui ne sont pas une mince affaire. Seulement voilà, après quelques heures, on se rend compte des nombreux défauts qui jonchent les phases de baston en vue subjective. En premier lieu, il y a ce système de contre, plutôt mal amené en matière de game design. Il s’agit de manière générale de foncer sur l’ennemi lorsque ce dernier clignote en rouge, le faisant tituber et vous donnant la possibilité de l’enchainer. Sur le papier, l’idée est intéressante, mais dans l’exécution, cette idée est trop confuse ou malvenue pour l’utiliser à bon escient face à plusieurs ennemis.
La frustration viendra également de la lisibilité des combats, trop brouillons. Sans réel système de verrouillage qui aurait pu atténuer ce sentiment, force est d’admettre que le soft part vite dans tous les sens sur ces phases de castagne. À un tel point que l’on ne sait parfois plus où donner de la tête, et être forcé de se retourner toutes les secondes afin de visualiser l’adversaire et enfin le toucher. Tout ceci est vraiment frustrant, mais notez que l’on appréciera le système d’élixir permettant de se soigner, recharger les compétences, nous rendre plus fort ou encore être plus résistant aux coups adverses, trouvables majoritairement en vadrouillant sur les missions.
Reste que le titre arrive à tirer son épingle du jeu par la liberté d’approche proposée aux joueurs. Il n’est en effet pas nécessaire de combattre frontalement, car vous avez la possibilité de la jouer infiltration si vous le souhaitez. Vous pouvez de ce fait, vous positionner derrière chaque ennemi et choisir entre les attaquer ou vous nourrir d’eux, ce qui va vous redonner de la santé et un peu de recharge pour vos compétences vampiriques. Surprise, l’aspect infiltration ne fonctionne pas trop mal, à l’exception de l’IA qui est aux fraises, ou vous repère souvent un peu trop facilement.
Dans l’ensemble, la mayonnaise prend bien comme sur les combats, qui demandent un minimum de stratégie une fois repéré. Sachez par contre qu’il est toujours possible de se faire oublier, afin de tenter de se la jouer de nouveau infiltration. L’une des autres choses que l’on regrettera qui plus, réside dans la pauvreté du bestiaire que l’on affronte. Vous allez majoritairement vous frotter à de petits ennemis de l’Anarchs ou de gros mastodonte, ainsi que de quelques goules résistantes ou non çà et là. Pas de trace de Lycans donc, ce qui est franchement dommage quand le premier volet vous en donnait un minimum la possibilité à certains passages. On notera que chaque mission n’offre finalement que peu de cheminement différents en matière de level-design, ce qui est bien dommage.
Des idées dans son monde ouvert, mais mal exécutées ?
Le monde ouvert de Seattle de Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 ne révolutionne pas grand-chose. La recette employée reste générique avec des quêtes principales et secondaires, où ces dernières ne sont finalement que très anecdotiques. Elles n’apportent qu’assez peu d’épaisseur au lore du soft, et notez même que la taille de la map est finalement des plus petites. Vous aurez bien des passages de la campagne principale qui vous emmèneront un peu en dehors de celles-ci, mais sans non plus faire des folies.
Qui plus est, pour ne rien arranger et en plus du manque de vie dans cette carte, il y aura évidemment des collectibles à récupérer. Ici, rien de transcendant, et sachez que c’est sur cette carte que vous allez devoir collecter des ressources sur des passants. En activant votre vision vampirique, vous verrez des humains clignoter en rouge, rose ou bleu. Vous devrez alors entamer un petit dialogue où en fonction de votre accoutrement choisi et du choix effectué avec succès, vous pourrez emmener votre proie dans une ruelle de préférence.
Sans vous faire repérer, vous allez ainsi récupérer sur la personne choisie des ressources fébriles, mélancoliques ou bien colériques. Ces ressources-là vont vous servir par la suite à déverrouiller en parlant à des membres d’autres clans, et d’y débloquer une première fois l’une des compétences choisies. Et plus tard, vous devrez la débloquer une seconde fois via des points de compétences acquis en jouant via un système de levelling classique vous donnant à chaque fois des points de compétences à attribuer pour vos arbres à compétences classiques, simpliste, mais qui marche.
La mascarade devra aussi être préservée en vadrouillant dans les rues de Seattle. Effectivement, il ne sera que très déconseillé de se la jouer parkour ou courir en mode vampirique dans tous les sens devant les passants. Une jauge montrant la violation de la mascarade peut en effet se remplir trois fois de vert à jaune, en passant par le rouge. Il faudra donc faire attention à ne pas boire le sang des victimes sous les yeux d’autres innocents ou même attaquer des policiers, au risque de remplir la jauge jusqu’au rouge et ainsi mourir et perdre au passage les ressources évoquées plus haut.
La mécanique marche bien, mais nous bride un peu. Il est fréquent d’avoir terriblement envie d’aller rapidement d’un point A à un point B sur la maps avec la supervitesse, ce qui nous force systématiquement à prendre la voie des toits pour passer inaperçu. Ceci est un peu rageant, et notez que la plupart des quêtes ne sont pas non plus transcendante. Attendez-vous à y trouver un côté répétitif dans les quêtes avec beaucoup d’allez-retours incessants, des objectifs de missions qui tournent quelquefois en rond, et des missions secondaires qui ne sont qu’une pure fumisterie.
D’ailleurs, même les passages avec Fabien sont soporifiques. The Chinese Room a trouvé bon de reprendre les mécaniques de jeu de Vampire: The Masquerade – Swansong. Notre inspecteur aura à disposition des compétences uniques pour faire parler des objets inanimé, parler à des morts ou encore faire oublier ce que faisait certaines personnes. Cela peut être pratique si vous vous trompez sur un dialogue précis, et votre objectif sera en général d’aller de pistes en pistes, interroger des personnes en choisissant avec exactitude les bons dialogues, et utiliser vos compétences pour résoudre l’affaire.
Des séquences pour le moins peu excitantes, et qui a notre sens, n’a pas grand-chose à faire là, surtout dans un suite d’une grosse licence datant de 2004. Nous voulons bien que The Chinese Room ait voulu prendre des risques mais en proposant ce genre de phase sur la même map, mais cela ne prend pas tant que ça. De plus, en simplifiant aussi pas mal d’éléments de RPG, le studio a fait fausse route en ne reprenant pas comme il faut les éléments laissés par Hardsuit Labs.
Alors certes, le studio britannique a fait des efforts pour rendre le jeu plus joli et fignolés sur les animations, mais il est impardonnable d’avoir laissé sur la route l’éditeur de personnage. Cela faisait toute la sève du titre de 2004, et le titre ne se cantonne qu’à un pauvre système de d’apparence parfaitement inégal et mal ultilisé. Pour ne rien arranger, il n’est possible de changer l’apparence du personnage que via sa tête, les vêtements du protagoniste faisant tout le reste, et encore. Des détails qui sont donc exaspérants, et montrant que l’ambition grandissante du titre amorcée par Hardsuit Labs a volée en éclats.
Une technique aussi maladroite qu’une goule
Sur le point de la technique, Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 n’est pas si vilain qu’il en a l’air. Boosté à l’Unreal Engine 5, il faut bien avouer que le rendu est finalement pas si catastrophique que ça. Les modèles 3D en jettent, les effets de lumière aussi et même le titre dans son ensemble, bénéficie de textures soignées sur les intérieurs et même en extérieur, où la neige tombe à flot. On regrettera par contre quelques expressions faciales et quelques animations un peu deçà mais pour un titre en développement depuis énormément d’années, c’est un miracle.
Sur cet aspect là, le soft arrive à surprendre aisément, mais il subsiste des soucis techniques auxquels on s’attendait. Sur PC du moins et malgré notre bonne configuration et avec l’activation du DLSS en équilibré, le titre arrive à avoir des saccades ou freezes sur les changements d’endroits, et mais aussi des baisses de framerate lors de certaines bastons. Une optimisation en dent de scie qui fait de la peine, même si l’on se doute que le soft bénéficiera probablement d’une mise à jour à son lancement officiel le 21 octobre.
Le dernier élément à voir avant de conclure, n’est autre que la bande-son du soft. Avec une grande surprise, nous retrouvons à la baguette Rik Schaffer, qui a déjà officiel sur le premier Vampire: The Masquerade – Bloodlines. Le bonhomme n’est d’ailleurs pas seul puisqu’il est épaulé par Craig Stuart Garfinkle et Eimar Noone. Le travail de ces trois personnes est finalement une très bonne surprise, dans la mesure où l’ambiance sonore du premier volet est préservé, et nous retrouvons des musiques dans le ton sombre de cette suite. Le casting vocal est aussi de haute volée, avec aucune réelle fausse note dans l’acting de chaque personnage.
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