Sorti au Japon en 2020 sous son nom original Shôjo Jigoku No Doku Musume, le titre édité par NIS America s’exporte en occident et se voit rebaptisé Poison Control pour l’occasion. Il s’agit d’un Action-Shooter développé par Nippon Ichi Software à qui l’on doit la célèbre licence Disgaea, dont un nouvel opus est déjà annoncé pour les prochains mois.
Présent dans le paysage vidéoludique depuis plus de 25 ans, le prolifique studio japonais est réputé sur l’archipel et bénéficie d’une patte reconnaissable. Par ailleurs, il est nécessaire de préciser que le titre s’adresse en premier lieu à un public cible japonais ce qui demande une certaine familiarité avec la culture du pays. Vous pouvez retrouver toutes sortes d’informations sur les licences phares de l’éditeur sur leur site.
Si Poison Control est avant tout un Action-Shooter à la 3e personne, on retrouve également une composante RPG, un certain côté Puzzle-Game ainsi qu’une approche narrative à rapprocher des Visual Novel. Les connaisseurs de mangas auront remarqué le terme Shôjo du titre original qui n’est pas anodin. En effet, le titre embrasse divers codes inhérents au genre comme une galerie de personnages et des thématiques majoritairement destinées à un public féminin. Cependant, le jeu est suffisamment maîtrisé pour réussir à outrepasser cela, notamment par la mise en avant de son gameplay et sa vocation action. On notera quelques détails anatomiques lorgnant vers le fan service masculin, bien que ça reste soft et peu envahissant.
Condition de test : Test réalisé à partir d’une PlayStation 4 sur une session complète achevée en environ 10h de jeu en prenant son temps. L’histoire principale a été terminée et nous avons pris le temps de fouiller les niveaux et tester les différentes armes.
Sommaire
ToggleL’Enfer du désir
L’histoire de Poison Control se déroule dans le Maiden Hell, un enfer construit d’illusions émanant de désirs et d’émotions profondes de filles et de femmes tombées en ces lieux. Ces désirs exacerbés vont faire apparaître divers enfers mettant en scène différentes thématiques liées aux filles concernées. Au commencement, vous incarnez donc au choix un protagoniste masculin ou féminin qui s’est réveillé dans le Maiden Hell avec un bras en moins, victime d’amnésie et dont le corps a été volé par une fille, sobrement appelée « Poisonette« .
Les deux individus partagent un seul et même corps et devront s’allier afin d’espérer atteindre leurs objectifs personnels. Si le héros ou l’héroïne souhaite découvrir la vérité sur sa présence en enfer et retourner dans le monde réel, sa coéquipière souhaite quant à elle posséder entièrement le corps de son hôte et accéder au Paradis. Pour ce faire, les deux protagonistes devront purifier différents enfers composés de marais empoisonnés issus des émotions fortes des filles, nommées Hell’s Belle, et apparaissant quotidiennement.
Une intrigue relativement simple mais qui se veut efficace, l’approche thématique des niveaux est pertinente et permet d’aborder des sujets intéressants, de même que le concept autour du poison prend tout son sens. De surcroît, le jeu jouit de doublages japonais d’excellente facture, mention spéciale au duo de la Higan Radio. Il y a beaucoup d’intensité et de vie dans les dialogues qui sont assez drôles, car oui l’humour est de rigueur dans Poison Control malgré certains moments un peu plus dramatiques.
Ainsi, vous croiserez une fille qui n’a pas pu honorer une promesse faite à un être chère, une autre qui ignore les raisons de sa mort, ou encore une fan de livres érotiques, etc. Chaque situation est l’occasion d’aborder un minimum de réflexion sur une chose précise dont la problématique peut se retrouver dans la société japonaise actuelle.
Si les révélations peuvent manquer d’ampleur, c’est avec plaisir que l’on espère connaître la vérité derrière toute cette histoire. Malheureusement, nous pouvons déplorer le manque de mise en scène durant les phases narratives ainsi que le peu de mise en forme des dialogues typés visual novel, absence de décors entre autres. En résultent des moments de lecture un poil alourdis, car seules les qualités d’écriture et d’interprétation des doubleurs vont réellement nous permettre de suivre les conversations et le scénario qui prennent une place prépondérante.
Un mix des genres
Les mécaniques de gameplay présentes dans le titre de Nippon Ichi Software sont la véritable essence du jeu. S’il s’agit avant tout d’un Action-Shooter aux relents RPG, c’est bien l’hybridité entre les genres qui donne tout son sel au titre. Le but sera de purifier des marais empoisonnés durant vos missions tout en éliminant des ennemis. Vous pourrez compter sur votre bras qui peut maintenant, grâce à Poisonette, se transformer en arme de tir.
Le principe des phases d’action sera de switcher entre le mode shooter, avec différentes armes à disposition, déblocables en cours de jeu, et l’utilisation de Poisonette pour purifier le poison présent. Deux aspects qui demandent un peu d’habileté mais qui se révèlent faciles à prendre en main en plus d’être assez jouissifs dans leur déroulement car cela apporte cet aspect puzzle prenant, tout en complexifiant un temps soit peu les affrontements. En outre, c’est du poison que proviennent les créatures et c’est par cette même substance que vous pourrez récupérer de la vie et activer votre coup spécial, Soul Shock.
Vous aurez aussi la possibilité de débloquer des objets à équiper et pourrez utiliser jusqu’à 4 armes en simultané. Ces dernières peuvent être améliorées contre de l’argent et elles se rechargent toutes seules lors des combats. Autre point important, la composante RPG. Bien que cette dernière soit limitée aux équipements et à la prise de niveau, le petit plus se trouve dans son mix avec le Visual Novel. Vous aurez en effet l’opportunité de dialoguer avec Poisonette et de choisir entre 3 réponses différentes. Des choix qui influeront sur plusieurs statistiques de votre personnages ; Empathie, Synergie, Perspicacité, Toxicité et Confiance, mais aussi sur la fin de l’histoire. Un apport intéressant mais qui aurait mérité d’avoir plus de profondeur et d’influence.
Par contre, l’impossibilité de sauvegarder ou de changer son inventaire en pleine mission est assez regrettable. Le titre propose une map divisée en 5 zones dans lesquelles se trouvent les différents lieux à parcourir, l’accès à l’inventaire et au menu pour sauvegarder ne peut se faire que dans cet espace. Notons également l’absence de checkpoint qui oblige à recommencer tout un niveau en cas de mort. Même si le jeu est assez facile, une erreur est vite arrivée et il peut être frustrant de refaire tout un parcours alors même que l’on était arrivé au boss. Fort heureusement vous garderez les collectibles acquis en cours de partie.
La répétition comme poison
En cours de jeu, les changements d’armes et de modes sont fluides grâce à la pression d’une simple gâchette et les phases d’action en deviennent plutôt sympathiques dans leur déroulement. Ceci étant, le jeu accuse une certaine facilité et une répétitivité assez rébarbative. Les ennemis ne sont pas des plus variés, et malgré des patterns qui peuvent se différencier le tout reste affreusement limité. Qui plus est, l’I.A est totalement à la ramasse, ce qui est fort dommage car il y avait le potentiel pour s’inspirer de l’approche stratégique présente dans un Doom par exemple, et ainsi rendre les affrontements plus techniques.
La répétitivité va également se ressentir dans le level design. Si nous saluons l’approche thématique de ce dernier, force est de constater que rare sont les zones vraiment marquantes, la faute au côté générique du level design et de la pauvreté des décors trop aseptisés, sans parler du déroulement des missions dont les objectifs seront systématiquement les mêmes. Signalons enfin que le jeu est assez fluide malgré des latences sur certains passages très fournis en créatures et sols empoisonnés, particulièrement en fin de jeu où les chutes de framerates sont plus présentes. Ajoutez à cela les petites imprécisions récurrentes avec les armes et certains passages peuvent devenir compliqués à gérer. Des faits qui enlèvent tout intérêt à une quelconque rejouabilité.
Pour parler de son esthétique, graphiquement le jeu tient la route, ni beau ni laid, les couleurs chatoyantes omniprésentes et le character design inspiré, que l’on doit à Madoka Hanashiro connu pour son travail sur Disgaea D2 : A Brighter Darkness, affuble le jeu de sa propre identité, sa propre ambiance. La direction artistique de Poison Control est plutôt convaincante et contribue grandement à rendre le titre immersif. Des choix esthétiques et de couleurs collants très bien au ton du jeu, à cet aspect Shôjo et qui ne trahit pas le côté humoristique, à condition toutefois de ne pas être réfractaire à l’abondance de tonalités tirant sur le violet et le rose. Le tout est consolidé par une bande-son de qualité malgré un mixage audio qui peut paraître moins abouti sur une musique ou deux.
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