Depuis quelques années, Tecmo Koei s’efforce de remettre la licence Ninja Gaiden sur le devant de la scène. La Ninja Gaiden : Master Collection a permis à ceux qui ne connaissaient pas la licence de découvrir les 3 premiers opus 3D sur support moderne. Mais c’est cette année qu’ils ont mis les bouchées doubles avec pas moins de 3 jeux différents. Parmi eux, un remake complet de Ninja Gaiden 2, et un opus 2D Ninja Gaiden Ragebound. Tout ça pour mener tout droit vers la suite de la saga principale Ninja Gaiden 4.
Après 10 ans de calme plat, le changement est radical. Les ambitions sont présentes et les moyens aussi, car Team Ninja reçoit cette fois l’assistance de PlatinumGames, studio de développement réputé pour son gameplay d’action très réussi. Est-ce que cette association a été payante ?
Conditions de test : Nous avons passé 17 h sur Ninja Gaiden 4 pour le terminer en normal. En explorant un maximum pour accomplir les missions secondaires et récupérer des collectibles.
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ToggleLe retour du Ninja
Malgré toutes ces sorties récentes, Ninja Gaiden 4 part du principe qu’une grande partie des joueurs sera nouvelle sur la licence. C’est pour cela qu’un nouveau protagoniste est introduit : Yakumo, un ninja du clan du Corbeau. Rassurez-vous, Ryu Hayabusa, personnage iconique de la saga, est toujours présent, mais on y reviendra plus tard.
C’est une très bonne idée. L’introduction de nouveaux personnages permet au scénario d’être suivi facilement, sans qu’il soit nécessaire de connaître l’univers au préalable. Qui dit nouveaux personnages dit aussi nouvelles armes, une tentative de mettre sur un pied d’égalité tous les joueurs. Bien sûr, les vétérans auront toujours un avantage en retrouvant certains mouvements emblématiques comme l’Izuna Drop. En bref, il s’agit d’une très bonne porte d’entrée et c’est en partie grâce aux nombreuses options d’accessibilité. Que ce soit par les différents modes de difficulté ou par les nombreuses options, tout est fait pour paramétrer son expérience comme on le souhaite. Et c’est le cas dans les deux sens.
Ninja Gaiden est réputé pour sa grande difficulté. Team Ninja et PlatinumGames n’ont pas oublié ça. Rien qu’en difficulté normal, le jeu est déjà ardu, et autant vous dire que dans les modes de difficulté supérieurs le challenge est bien présent. De plus, il est possible de vous auto-imposer une difficulté supplémentaire. Certains combats offriront davantage de récompenses si vous réduisez vos PV max. Vous pouvez également choisir d’éviter d’utiliser des objets consommables pour améliorer votre score de mission.
Certes, le scénario de Ninja Gaiden 4 est facile à suivre, mais mais il reste assez peu intéressant. Le tout semble être un énorme prétexte à combattre. On passe, par exemple, trois missions à simplement poursuivre un poisson. Les personnages sont également plutôt mal écrits, en particulier les nouveaux. On arrive pas à s’attacher à eux ou à leur rôle. Un rôle d’ailleurs souvent très peu développé. Leur apparence n’aide pas car le design est soit fade, soit franchement de mauvais goût. Et les anciens personnages sont uniquement là pour le fan service. Ayane a un total de 3 lignes de dialogues et aucune de ces lignes n’apporte la moindre information sur l’intrigue.
C’est dommage, car l’univers est en revanche réussi. Bien que principalement sombre, le jeu est agréable à l’œil et les environnements se renouvellent suffisamment souvent pour ne pas s’en lasser. Cependant, ils ne se valent pas tous : les grottes de la montagne sont bien plus ternes que le très joli Tokyo, un peu cyberpunk. Peu importe la zone, soyez assuré que la technique suit. Le jeu tourne en 60 fps constant. Dans le même registre, la mise en scène et les cinématiques rendent Ninja Gaiden 4 tout de même sympathique à suivre. Ce n’est pas révolutionnaire, mais le travail est accompli. On ne se sent pas floué : les combats en cinématique restent proches des animations très travaillées du gameplay, notamment lors des attaques ou exécutions.
Une joyeuse boucherie
Autant vous prévenir, si vous ne le savez pas, Ninja Gaiden 4, dans la lignée de ses prédécesseurs, est très violent. Le sang et les démembrements sont monnaie courante, peu importe le type d’ennemi en face. D’ailleurs, cette violence fait partie intégrante du gameplay et elle est intégrée de manière intelligente. Ici, pas d’icône au-dessus de la tête des ennemis pour désigner que l’on peut les exécuter. À la place, ce sont les membres coupés qui montrent leur vulnérabilité. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui indique l’ingéniosité du gameplay de combat.
Oui, Ninja Gaiden 4 a quelques défauts mentionnés précédemment, mais honnêtement ce n’est pas le plus important. L’attrait principal du jeu, c’est bel et bien ses combats. Là, c’est presque un sans-faute, l’un des meilleurs gameplays d’action que l’on ait eu la chance de découvrir. Le pari est réussi : la nervosité de Team Ninja s’allie parfaitement à la précision de PlatinumGames. C’est ce qui manquait à la série, notamment à Ninja Gaiden 3, dont le quatrième opus reprend le squelette. Ninja Gaiden 4 a fait le choix de récompenser l’agressivité lors des combats. C’est quelque chose que vous ne pouvez faire qu’en ayant un gameplay fluide. Ça tombe bien : c’est le cas ici. Les mouvements de Yakumo sont rapides et furieux
Yakumo n’est quand même pas sans défense. Il y a plusieurs moyens de se protéger. Tout d’abord, les classiques parades et esquives qui donnent bien sûr lieu à des contre-attaques lorsqu’elles sont effectuées parfaitement. On peut également interrompre les attaques ennemies avec des brise-gardes. Toutes ces possibilités sont utiles dans des situations et contre des adversaires différents. Comme nous sommes toujours à l’offensive, elles vont demander des réflexes affûtés pour être correctement exécutées.
L’agression aussi demande de l’adaptation, et pour ça, on peut changer d’arme à la volée en fonction du contexte. Par exemple, le bâton si les ennemis sont nombreux, la rapière pour les boss, ou encore les outils de ninja pour les ennemis volants. Yakumo est très bien équipé pour faire face à l’adversité. Ces armes se débloquent au fur et à mesure. Cela aide à s’habituer à chacune d’entre elles progressivement. Chaque arme possède aussi une transformation à l’aide de la magie du sang. Une foreuse, un katana qui s’allonge… C’est ici que réside la nouveauté. De quoi garder le gameplay rafraîchissant.
La magie du sang consomme une jauge qui remonte toute seule et très vite. Le mode Berserker, qui permet de tuer en un coup, consomme lui aussi une jauge différente. Ce sont des mécaniques très bien huilées. Le fait qu’elles remontent si rapidement et se vident hors combat nous force à les utiliser dès que possible. Adieu le réflexe de tout garder pour plus tard et de ne jamais s’en servir.
Vous l’aurez compris, nos opposants savent se défendre, mais Yakumo possède tellement d’outils différents qu’on finit par trivialiser le contenu. Mais attention : ça n’arrivera pas immédiatement. Il vous faudra du temps pour maîtriser toutes les subtilités du gameplay. Il y a une vraie montée en puissance sur le plan mécanique, contrairement aux statistiques, qui ne subissent aucun changement drastique. Vous jouerez différemment entre les premières missions et les dernières. C’est en partie dû aux purgatoires, …des arènes de combat bien plus exigeantes que celles des affrontements principaux. Elles sont parfaites pour s’entraîner à toute éventualité.
Le gameplay, pourtant si malin face à des ennemis humains ou humanoïdes, semble moins bien pensé lorsqu’on affronte des monstres plus imposants. Vers le milieu du jeu, on a la sensation qu’on se bat contre des vrais sacs à PV. Ce sentiment est renforcé par le caractère aléatoire des démembrements : certains ennemis de la même catégorie tomberont en quelques coups, alors que d’autres demanderont plusieurs enchaînements. C’est très frustrant.
La ligne jaune
Yakumo partage la scène avec Ryu Hayabusa, de retour pour quelques missions. Moins poussé que le gameplay de Yakumo, il reste néanmoins très agréable. On passe tout le jeu à entendre parler de la légendaire force du Ninja Ultime. Tout est fait pour que cette réputation ne soit pas usurpée. Ryu Hayabusa est surpuissant, il a de bien meilleures statistiques que Yakumo et termine ses combats à une vitesse impressionnante. Heureusement qu’il est rapide, car sa partie est loin d’être passionnante. De la même manière que Devil May Cry 4 à l’époque, Ryu refait une partie des niveaux et des boss que l’on a déjà parcourus. Ça respire un peu trop le manque d’effort.
Toute la phase avec Ryu compense en étant remplie de fan service envers les deux premiers opus. De ce côté-là, le fan service est très réussi. On retrouve les movesets classiques, les jutsus et Muramasa reprend sa place de vendeur attitré. Les démons originaux sont également de retour, de manière très surprenante, car ils dénotent totalement du reste du bestiaire aperçu jusque là. Quand Ninja Gaiden utilise des démons, c’est principalement des démons occidentaux. Dans Ninja Gaiden 4, ils cohabitent avec des Youma. Peut-être que le mot Yokai vous parlera davantage. Ce sont des monstres issus du folklore japonais. Les deux mondes combinés, en plus des soldats/ninja, offrent un bestiaire suffisamment varié pour ne pas être redondant.
Ninja Gaiden 4 ne se limite pas à un enchaînement de combats. Il y a des tentatives de varier le gameplay entre chaque massacre. Par exemple, de petites sessions de plateforme très dirigées. En effet, Ninja Gaiden 4 n’esquive pas l’épidémie de peinture jaune. Dans un jeu aussi linéaire, c’est un peu ridicule. Ça ne s’arrange pas avec les diverses étapes de surf ou sur des rails, qui sont uniquement des QTE glorifiés, trop longs pour leur propre bien. On peut encore concevoir le besoin d’avoir des transitions. En revanche, pour les mécaniques d’infiltration et d’assassinat, l’intérêt y est limité. On veut se battre, pas être discret.
Pendant ces transitions, on va rencontrer des marchands qui vont nous vendre des consommables ou nous apprendre de nouvelles techniques. Dans Ninja Gaiden 4, l’argent coule à flot, on n’a jamais à choisir nos améliorations, car on peut facilement tout prendre. Petit bémol sur les checkpoints autour de ces hubs. Le jeu enregistre notre état avant d’y entrer et non pas au moment d’en sortir. Ce qui nous force à refaire les mêmes achats en boucle si la zone suivante nous oppose quelques difficultés.
C’est également l’endroit où l’on accepte des missions secondaires. Très bonne idée du jeu, elles nous offrent des accessoires, de légers bonus de santé et de l’argent. Ça ne change pas vraiment notre manière de jouer mais ça reste des améliorations sympathiques. Le côté mission secondaire rend plus gratifiante l’exploration des niveaux. Surtout quand on y découvre des combats exclusifs, ça vaut le coup de dévier des sentiers battus.
Une fois tout ça effectué, vous n’en avez pas encore fini. Ninja Gaiden 4 offre une très bonne rejouabilité. On peut refaire le jeu dans d’autres modes de difficulté ou tout simplement rejouer les niveaux pour améliorer son score. Terminer le jeu débloque également des épreuves permettant de réaffronter librement les boss et de découvrir de nouveaux défis de combat. Mention spéciale à la musique lors des boss. Du bon vieux rock qui tache, typique des beat ’em all du genre. On retrouve d’ailleurs un chanteur commun avec la musique très connue de Devil May Cry 5, Bury the Light.
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