Après nous avoir fait jouer les mafieux aux États-Unis pendant trois épisodes, le studio Hangar 13 nous propose cette fois de repartir dans le temps et de s’intéresser aux prémisses de cet univers criminel directement à la source en Italie. Après un troisième épisode en monde ouvert assez critiqué, le studio était revenu avec un remake du premier épisode bien plus sympathique. Mafia : The Old Country se rapproche davantage des deux premiers épisodes en termes de structure, à savoir un titre assez linéaire avec un petit « monde ouvert » à l’intérêt limité. Le studio avait annoncé un budget de taille moyenne pour le jeu, et bien qu’il ne soit pas dénué de belles qualités, ce budget implique quelques choix dommageables.
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité de l’histoire en mode difficile, le tout en environ dix heures. Nous avons également profité quelques peu du mode libre pour se balader et récupérer quelques collectibles.
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ToggleUne histoire qui tient en haleine
Mafia : The Old Country se déroule au tout début du XXᵉ siècle et nous place dans la peau d’Enzo, un « carusu » (un jeune mineur) ayant été vendu par son père dans les mines de soufre de la région. Rêvant d’un meilleur avenir, il se retrouve finalement en mauvaise posture lorsqu’il décide de s’opposer à l’un des responsables de la mine, un mafieux de la famille Spadaro.
Obligé de fuir pour sa vie, il a la chance de se cacher dans une grange située sur le territoire de la famille rivale dirigée par le Don Bernardo Torrisi. Celui-ci lui offre alors une nouvelle opportunité, un toit contre de la main d’œuvre. C’est ainsi que d’un simple palefrenier, porteur de caisses et autres petits postes ingrats, Enzo va finalement gravir les échelons et devenir un membre à part entière de la famille.
Entre loyauté, violence, manipulation et amitié, Enzo va également se retrouver au cœur d’une relation amoureuse bien dangereuse. La narration est un peu longue à démarrer, mais passé les deux-trois premiers chapitres, on se retrouve soudain happé par la trame scénaristique déroulée par le jeu. Nous n’avons d’ailleurs pas vu passer la dizaine d’heures nécessaire pour atteindre la fin. Si beaucoup d’événements sont prévisibles, ils n’en respectent pas moins les classiques de l’univers tels qu’on pourrait les retrouver au cinéma.
Les fans de la licence seront aussi ravis de retrouver quelques visages et lieux que l’on avait pu découvrir dans les autres épisodes. On ne vous gâchera pas la surprise, mais ces petits éléments font plaisir et permettent d’ancrer profondément Mafia : The Old Country dans la série.
Qu’elle est belle la Sicile, eh !
Mais si la narration du jeu fonctionne aussi bien, c’est aussi en partie grâce à son immersion dans cette superbe Sicile. On y retrouve évidemment la mer, mais aussi des ruines romaines, un volcan, des vignobles, des oliviers, des agrumes et bien d’autres éléments qui transpirent la Méditerranée. Quelques villages sont également présents, en plus de la ville fictive de San Celeste, qui fait presque office de capitale de notre terrain de jeu.
Attention, bien qu’il soit possible d’explorer plus ou moins librement la carte (un mode exploration libre est disponible), il n’y a aucune mission secondaire ou objectif annexe à accomplir. Comme pour les deux premiers épisodes de la série, les développeurs ont opté pour un monde servant de décor et de support à la narration, et non l’inverse. La seule activité à réaliser autre que l’histoire consiste à ramasser quelques collectibles disséminés çà et là, comme c’était déjà le cas dans les jeux précédents (sans la liste des magazines Playboy cette fois), ce qui occupera quelques heures supplémentaires.
On aurait tout de même apprécié de voir ce monde un peu plus vivant. Les PNJ se font très rares sur les routes, et même dans la ville de San Celeste cela manque d’animation, là où les autres jeux de la série savaient se montrer un peu plus généreux.
Le jeu est cependant plus généreux sur sa qualité graphique. Sans être un étalon non plus, il s’en sort très bien et offre des jeux de couleurs joliment maitrisés et apportant un vrai cachet aux environnements. Petits détails pour certains, mais quelques décors et textures nous ont même surpris, notamment le rendu d’oranges et de citrons que nous avons trouvé très réalistes, de même que certaines matières textiles.
C’est un peu plus inégal concernant les animations faciales, avec malheureusement quelques retards à l’affichage des textures sur les visages venant ternir le plaisir de suivre les cinématiques. Mais globalement, Mafia : The Old Country dépeint un superbe tableau de la Sicile qui nous a charmé tout le temps de notre aventure.
Un gameplay classique, daté et des idées mal exploitées
La toile n’est malheureusement pas toute rose. Ce n’est pas une surprise pour qui avait regardé les trailers avant la sortie, le gameplay n’est clairement pas une révolution. C’est même plutôt le contraire, Mafia : The Old Country propose des gunfight à la troisième personne avec un système de couverture tout ce qu’il y a de plus classique et déjà vu chez de nombreux concurrents. Rien de dramatique, car le feeling manette en main reste agréable en dépit d’une IA totalement aux fraises.
En effet, lors des combats, les ennemis ne manqueront pas de sortir de leur couverture pour bêtement courir dans notre direction en faisant de fait des cibles faciles. Les problèmes sont également présents lors des très (trop ?) nombreuses phases d’infiltration. C’est à parfois se demander si les adversaires ne sont pas sourds et aveugles. Leurs déplacements sont très facilement prévisibles et il est rarement difficile de se frayer un chemin vers l’objectif. Pour nous aider, il est possible de jeter des pièces de monnaie ou des bouteilles pour détourner l’attention des ennemis. On peut ensuite choisir de les éviter ou les neutraliser via une petite QTE. Des caisses sont disposées çà et là (parfois grossièrement d’ailleurs) pour y cacher les corps de nos victimes. Mais honnêtement, nous n’avons jamais réellement eu besoin de les utiliser…
Le titre parvient tout de même à proposer un ajout de gameplay un peu plus original avec les duels au couteau. Assez nombreux au cours de l’aventure, en général face aux boss, ils prennent la forme d’un combat en arène dans lesquels il faut alterner entre coups, esquives et contres pour terrasser son adversaire. Bénéficiant d’une mise en scène à certains seuils de vie retirée, on a plutôt bien apprécié ces séquences.
C’est également le cas de la maniabilité aussi bien à cheval qu’en voiture que nous avons trouvé plutôt bien réussie. La séquence de course automobile a réveillé nos pires cauchemars du premier Mafia, mais heureusement celle-ci est bien plus agréable à parcourir. Moins ardue d’une part, elle bénéficie aussi d’un tracé bien plus sympathique, plus proche d’un rallye que d’une course sur circuit.
Pour parcourir la carte du jeu, le titre nous propose différents chevaux et véhicules qu’il faut acheter dans la boutique de Pasquale (ou débloquer en progressant dans l’aventure). Le problème ? C’est qu’en dehors de la mission en début d’aventure qui nous présente le personnage et son magasin, le jeu semble ensuite tout faire pour nous empêcher, ou en tout cas ne pas nous inciter à y retourner. En effet, au départ de la plupart des missions, un véhicule ou cheval nous est directement imposé, limitant alors la possession de ses propres moyens de déplacement. Et même lorsque nous avons voulu forcer le destin et aller à l’opposé de l’objectif pour nous rendre chez Pasquale, nous avons trouvé porte close…
C’est également là qu’il est possible d’acheter de nouvelles armes ou des améliorations de notre chapelet. Ce dernier permet d’équiper divers bonus sur nos munitions, notre discrétion ou encore notre santé. Mais en toute franchise, même ces éléments ne sont pas indispensables, les armes peuvent être récupérées sur les nombreux ennemis et surtout à chaque nouveau chapitre Enzo se retrouve désarmé ou avec un équipement défini. On se contente alors de faire avec ce que l’on a et de s’équiper directement sur le terrain. Dommage de ne pas avoir su mieux exploiter cette boutique et donner plus l’envie ou la nécessité de s’y rendre plus régulièrement.
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