Derrière ce Dreams of Another se cache les petits gars de Q-Games, pas si inconnu que ça. Le studio japonais est notamment connu pour nous avoir bluffé avec sa série Pixeljunk déclinée à toutes les sauces, que ce soit Pixeljunk Shooter, voire Pixeljunk Eden, relativement excellents. Le développeur a voulu cette fois-ci sortir de sa zone de confort et offrir une expérience un peu plus stimulante, avec Dreams of Another. Basé sur le concept de la création par la destruction et dans la peau d’un protagoniste en pyjama, le titre ne va jamais autant nous ennuyer, plutôt que nous émerveiller. Explications dans notre critique.
Conditions de test : Nous avons terminé ce périple particulier de Dreams of Another en cinq heures de jeu. Le titre a été testé sur PS5 et à la fois au PlayStation VR2, histoire de voir son potentiel en réalité virtuelle.
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ToggleRêve lucide ou gueule de bois ?

Dreams of Another va nous faire suivre un périple très singulier. Dans la peau successivement d’un soldat errant et d’un homme en pyjama, le titre de Q-Games va nous faire suivre une aventure très onirique avec pour thème « pas de création sans destruction ». C’est l’une des premières phrases que nous martèle le premier écran du jeu, avant de suivre justement un soldat ayant la peur de la guerre et d’affronter l’ennemi. Ce dernier se fait tirer dessus par un soldat ennemi, et nous voila ensuite propulsé dans la peau de cet homme en pyjama.
Notre personnage va précisément faire aussi la connaissance de ce soldat errant et, ensemble, parcourir les divers rêves entrecoupés de souvenirs de nos deux protagonistes. Le but sera évidemment pour notre héros d’en sortir, tout en assistant à des rencontres parfaitement inattendues. Une narration au premier abord intéressante et abordant pas mal de sous thèmes philosophiquement attrayants (le point de vue d’un adulte et d’un enfant par exemple).
De plus, la mise en scène offre quelques plans qui montrent que Q-Games sait mettre ses talents en pratique. Mais après ce côté très positif, la production du studio japonais tire beaucoup trop en longueur son histoire. Nous apprécions assurément tout l’aspect métaphorique du soft de bout en bout, mais le développeur ne cesse d’offrir tout au long de ce périple, des éléments artificiels via des aventures avec d’autres personnages, animaux aquatiques et objets auxquels nous n’aurons que peu d’attachement.
Idem pour la fin du jeu, qui va nous laisser de marbre. La finalité était prévisible certes, mais on aurait aimé un épilogue plus consistant. En additionnant tout ce que nous avons cité, on se retrouve face à un jeu qui dure entre quatre et cinq heures de jeu, mais qui nous a donné l’impression d’en faire le double tant l’histoire racontée dispose d’une écriture un peu trop intellectuelle pour pas grand-chose, tout en étant trop maladroit dans l’exécution. On notera juste les souvenirs de nos deux personnages qui s’imbriquent bien, mais sans que cela marque les esprits.
Dreams est moins ennuyeux à côté

Reste que le gameplay de Dreams of Another a au moins une qualité au premier abord, qui n’est autre que son concept. Armé d’une mitraillette et de deux autres pétoires en avançant dans le jeu, notre homme en Pyjama aura pour mission dans chaque niveau de dégommer les décors pour enlever les bulles. Ceci fera ainsi apparaître progressivement l’environnement de ces mini-niveaux. Cette mécanique de jeu est relativement satisfaisante sur la première heure, rendant le tout jouissif. Même les sensations de tirs sont très convaincantes, montrant que le studio japonais sait ce qu’il fait.
Toutefois, passé ce petit élément de gameplay, le bébé de Q-Games n’évolue pas plus que ça. La jouabilité reste trop simpliste, et vous ferez pendant cinq heures la même chose. La boucle de gameplay consistera à tirer sur les décors pour les faire apparaître, parler à des personnages puis passer au niveau ou à la séquence suivante. D’ailleurs, rien ne nous indique où aller, à part une amélioration qui permet cela par la suite.
Le soft nous fait presque penser à un Walking Simulator, sauf qu’il ne se renouvelle jamais et offre des décors qui se répètent sans cesse. Il y a en revanche quelques petits puzzles à résoudre jouant parfois sur la perspective, mais en dehors de cela, vous passerez le plus clair de votre temps comme nous l’avons évoqué précédemment à parler aux personnages, faire parfois des choix de dialogues inutiles et sans conséquences, voire continuer à tirer sur les décors pour les faire apparaître. En matière de gameplay, nous avons vu mieux.
Même les améliorations de notre héros n’ont aucun sens en matière de game design. En détruisant les décors ou des pseudo ennemis qui ne vous feront jamais mourir quoi qu’il en soit, vous pourrez ramasser des objets. Vous aurez la possibilité de les donner au soldat errant par la suite, ce qui vous rechargera vos munitions ou vous octroiera des améliorations. Il s’agira d’avoir un sprint plus important, avoir de nouvelles armes ou encore vous faire apparaître un léger fil blanc vous montrant le prochain objectif.
Bonne dans l’idée, cette feature est finalement peu logique. Les améliorations seront données aléatoirement et vous ne pourrez donner que trois objets au soldat errant à chaque fois que vous le rencontrez dans les niveaux. Vous pouvez également lui donner la faculté de choisir les objets pour vous aussi, mais cela ne fera rien de plus. Clairement, le choix de game design sur ce système d’upgrade ou de recharge de munitions est très étrange, et n’apporte pas de plus-value en dehors d’avoir deux nouvelles armes en plus en progressant, et encore.
Le jeu va au moins sortir timidement la tête de l’eau avec quelques combats de boss pas orignaux certes, mais exacerbant au moins le côté atypique du jeu. Vous pourrez successivement affronter des auras d’objets qui peuvent être des manèges, des canons, voire une grande roue… C’est plutôt rigolo au début par cet aspect peu commun, mais sachez que les combats ne durent jamais longtemps et qu’il s’agira toujours de toucher un point faible visible facilement pour en venir à bout. Même ces boss au côté amusant n’arrive pas à être fun plus d’une minute, c’est dire.
Dreams of Another en VR, pourquoi faire ?

Vous risquerez d’être bien déçus si vous achetez Dreams of Another juste pour y jouer en VR. En effet, la production de Q-Games n’apporte pas grand-chose à l’expérience. Hormis une petite vue FPS où utilisez votre pétoire en mimant le geste via les PSVR Sense, sachez qu’il n’y a rien de plus transcendant dans le gameplay en réalité virtuelle.
Q-Games s’est juste contenté d’offrir un bête portage du gameplay de base en VR, sauf qu’il est en vue subjective, et ce sera tout. Les touches pour changer d’armes varient un peu sur PSVR2 mais en dehors de ça, c’est le néant. C’est donc une déception et sachez que vous pouvez même passer en vue troisième personne sur le titre en VR. Encore une fois, vous avancez avec votre personnage et vous devrez en revanche viser avec la gyroscopie du casque.
Un résultat très mitigé en VR qui apporte un poil d’immersion certes, mais vite cassé par les cinématiques qui ne sont même pas converties en 360 degrés… Oui, vous avez bien lu, le titre n’offre que des cinématiques comme si l’on jouait sans le casque VR, montrant que l’ajout de la mouture VR a dû se faire bien plus tard dans le développement du jeu. On peut le voir notamment sur les séquences des souvenirs des deux personnages, qui ne sont pas du tout converties pour la VR, ce qui reste frustrant. Décidément, Dreams of Another n’a rien pour lui.
Le salut par la direction artistique et la bande-son qui fait rêver ?

L’un des rares points auxquels nous pourrons nous satisfaire, en guise de lot de consolation, résidera dans son esthétique particulière. Sous la forme presque d’une peinture vivante couplée à un peu de voxel, Dreams of Another n’est pas sans rappeler 11-11 : Memories Retold. Sûrement que Q-Games a dû grandement s’inspirer de ce titre sympathique, mais tout en y apportant tout de même sa propre patte artistique, qui est indéniablement attirante.
Il faut dire que cet aspect graphique marche bien, ne manque pas de couleurs et offre des effets vraiment plaisants. Dommage que le jeu arrive parfois à saccader sur PS5, ce qui aura le don de nous agacer tant le titre n’a pourtant pas l’air de consommer tant de ressources que cela. Cependant, nous pouvons tirer notre chapeau à Q-Games, qui est parvenu à offrir une esthétique qui est au moins l’un des gros points fort du jeu.
On termine ce test avec le sound design, pas si ridicule que ça. En dehors de doublages plutôt convenables et avec un bon acting en anglais, ce seront les musiques qui arriveront de temps en temps à sortir du lot. Dans ce mélange entre de la mélancolie voire de la nostalgie, les thèmes musicaux composés par Tomohisa Kuramitsu parviennent à bien s’agencer avec l’ambiance très onirique et spéciale du soft. Son travail sur la licence Pixeljunk semble l’avoir bien inspiré, offrant une bande-son qui fonctionne, mais manquant quelquefois d’un peu de folie.
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