Atypique et déroutant, le titre a été développé par Dim Bulb Games, un studio fondé notamment par Johnnemann Nordhagen (un ancien de 2K Marin, à qui l’on doit, par exemple, BioShock 2 et The Bureau) et édité par Good Shepherd Entertainment. Where the Water Tastes Like Wine s’ouvre sur une brève et énigmatique cinématique. Après avoir erré pendant un long moment dans le désert, vous finissez par entrer dans un bar, le premier bâtiment que vous voyez depuis plusieurs jours. Vous y pénétrez et décidez de prendre part à la partie de poker en cours. Bien évidemment, celle-ci est truquée et vous perdez tout, jusqu’à votre âme. Afin de payer votre dette, vous êtes contraint de passer un marché avec un homme à tête de loup. Ce dernier vous demande de vagabonder dans le pays et de collecter des histoires.
Sommaire
ToggleLe squelette et le loup
Cette première rencontre avec l’homme loup est aussi déstabilisante que votre objectif est flou. Après avoir reçu quelques vagues conseils, vous vous mettez en route et déambulez à travers l’Amérique, sous la forme d’un squelette géant sur une carte 3D, en quête d’histoires. Si les phases de rencontres et de dialogues sont accompagnées de dessins 2D faits main plutôt jolis, on ne peut pas en dire autant de cette map, vide et peu enchanteresse. Et c’est bien dommage, car cette carte, vous allez la fouiller pendant un moment ! En effet, les mouvements de votre avatar sont lents et imprécis, ce qui rend les déplacements tout simplement ennuyeux, malgré la possibilité de faire du stop ou de prendre le train.
En réalité, l’intérêt de ce road-trip repose (presque exclusivement ?) sur la narration de petites histoires et d’anecdotes (bien écrites dans leur ensemble) qui viennent nourrir une trame plus générale, dépeignant l’Amérique des années 30, frappée par une crise économique sans précédent.
Une histoire, c’est comme une petite graine
Le joueur dispose de différents moyens afin de collecter des histoires. Le premier consiste à vivre avec votre personnage des « expériences », plus ou moins passionnantes, lors de vos déplacements. Vous pourrez, par exemple, croiser la route d’un cerf blanc, déambuler dans les rues de Boston, passer la nuit dans un phare ou encore vous battre avec des contrebandiers… Régulièrement, le jeu vous laisse la possibilité de prendre des décisions en choisissant parmi deux actions ; vos choix influenceront les événements et les récits qui en découlent. L’autre moyen de recueillir des histoires est de rencontrer des personnages qui vous en racontent à leur tour. Assez rapidement, le jeu vous fait remarquer que vous connaissez déjà les récits que l’on vous raconte, ou plutôt leur trame générale ; les personnages qui vous les narrent y ajoutent quelques touches personnelles, si bien qu’il est difficile de démêler le vrai du faux. Mais qu’importe, finalement ? L’important est de pouvoir échanger ces histoires contre d’autres lorsque vous rencontrez d’autres vagabonds et que vous bavardez au coin d’un feu.
Toutes les histoires, toutes les chansons, tous les mythes, toutes les légendes commencent quelque part… par une graine. Quand elles sont racontées, re-racontées et transmises un peu partout, elles grossissent et changent pour devenir les histoires que nous connaissons.
Ces « campeurs » sont au nombre de seize et possèdent chacun une personnalité propre, comme Franklin le porteur, Mason le vétéran de la Première Guerre ou encore Quinn, le gamin clochard. Ils vous feront des demandes bien particulières et il s’agira de narrer les récits qu’ils veulent entendre dans un laps de temps défini. Ce n’est donc pas la peine de raconter une histoire d’amour à celui qui veut frissonner de peur ou inversement. Si vous respectez leurs requêtes, les personnages que vous croiserez vous narreront à leur tour, au travers du récit de leur vie, l’Histoire de l’Amérique. C’est en effet cette dernière qu’il s’agit de recomposer dans son intégralité pour finir le jeu… Non, ce n’était pas forcément très clair et c’est la seule chose qu’il y ait à faire : pas d’objectifs bonus ou de quêtes annexes (même si le jeu vous propose vainement de gérer une barre de vie et une de sommeil). Alors, tout ce qu’on fait, c’est se traîner d’un feu de camp à l’autre. Plus vous avancez dans le jeu, plus la redondance s’installe ; les distances à parcourir sont longues et cette affreuse map 3D file le cafard.
Roxanne, you don’t have to put on the red light
Les développeurs ont eu l’excellente idée d’inviter des personnalités de renom pour prendre en charge le doublage (anglais). Ainsi, vous entendrez dans Where The Water Tastes Like Wine, les voix familières de Sting, Dave Fennoy (The Walking Dead : A Telltale Game Series), Cissy Jones (Firewatch), Kimberly Brooks (Mass Effect), Sarah Elmaleh (Gone Home), Melissa Hutchison (The Walking Dead: A Telltale Game Series) et Elizabeth Maxwell (The Legend of Zelda : Breath of The Wild). Le résultat est particulièrement réussi et permet d’instaurer une ambiance unique et surnaturelle, qui est, il faut bien l’avouer, le principal argument du jeu.
L’OST occupe elle aussi une place centrale dans le titre. Constituée d’une trentaine de titres d’inspiration folk et country, elle a été composée par Ryan Ike, l’homme aussi à l’origine de l’OST de Gunpoint et de Frog Fractions 2. Certes, cette soundtrack est originale et s’intègre parfaitement à l’univers de Where The Water Tastes Like Wine, mais elle risque de vous taper sur le système après quelques heures jeu si vous n’êtes pas particulièrement fan de ce genre musical bien particulier.
Cet article peut contenir des liens affiliés