Tout plaquer pour ouvrir une librairie itinérante, ça sonne bien sur le papier, avant que la dure réalité de ce type de commerce nous rattrape. Tiny Bookshop fait fi de (presque) toutes les contraintes autour de ce genre de roulotte pour nous faire vivre une vie de commerçant bien plus confortable, avec un enrobage qui invite à la détente plutôt qu’au stress de la rentabilité. Un jeu de gestion tout doux, qui sent bon l’été et qui met aussi bien en avant les personnes que vous rencontrerez que les livres que vous allez stocker.
Conditions de test : Nous avons joué à Tiny Bookshop durant plus de 6 heures via la version Steam, le temps de rencontrer tous les clients et de voir l’entièreté de la boucle de gameplay.
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ToggleUn commerce à votre image
Quitte à tout lâcher pour devenir libraire itinérant, autant aller poser son commerce dans les rues de la bien-nommée Bouquainville, où toute la population a encore un appétit pour les commerces de proximité, et surtout les livres. À bord de votre petite cabane roulante, vous voilà désormais dans la peau du libraire du coin, qui doit changer d’emplacement tous les jours pour maximiser sa rentabilité.
Avant de partir à la rencontre des clients, Tiny Bookshoop fait appel à votre âme d’artiste en vous laissant libre sur la décoration de votre lieu de travail, avec des décorations que vous allez amasser petit à petit. Des objets qui n’auront pas qu’une fière allure, puisqu’ils boosteront également le potentiel de vente de certains genres de livres, en plus de statistiques diverses et variées. Ainsi, si certains se contenteront d’afficher une librairie à leur image, d’autres joueront constamment avec les objectifs du jour en décorant selon l’endroit où ils iront se poser dans la ville.
La déco reste cependant très secondaire. C’est bien votre stock qui importe. Au sein de votre petite roulotte, n’espérez pas avoir les mêmes rayons que la Fnac. Vous n’aurez qu’une seule bibliothèque pour ranger une quarantaine de livres par jour, avec un choix crucial à effectuer au quotidien. Et des livres, Tiny Bookshop n’en manque pas. D’accord, vous finirez vite pas recroiser les mêmes ouvrages sur votre étalage, mais on ne peut que saluer la diversité offerte, qui va de grands classiques indémodables à des œuvres nettement plus contemporaines, histoire de ne perdre personne.
Vous remplirez votre stock sans trop vous prendre la tête étant donné que l’on ira avant tout chercher des livres par genres, et donc en « gros », plutôt qu’à la « pièce ». Ce qui vous permet d’éviter les rencontres avec les représentants de maisons d’édition, et ça, c’est un soulagement qui sera partagé par de nombreux libraires.
Le reco’ du jour
Loin de la réalité actuelle du métier, Tiny Bookshop fantasme la vie d’une librairie indépendante en s’intéressant autant aux livres dans ses rayons qu’aux personnes qui viennent se les procurer. Le jeu du jeune studio Neoludic Games a beau nous laisser pimper notre magasin itinérant et gérer notre stock à notre envie, il n’oublie pas pour autant qu’il y a une clientèle à satisfaire, qu’il faut apprendre à connaître.
Chaque lieu sur lequel notre boutique ira se poser attirera son propre public, plus friand d’un genre que d’un autre. Si les clients potentiels autour du supermarché seront plus attirés vers les polars, mieux vaut faire le plein de grands classiques et d’ouvrages de non-fiction lorsque l’on pose un pied sur le devant de l’université locale. Avant d’arriver dans chaque lieu, on prendra bien garde à étaler les ouvrages qui pourraient attirer le plus de monde dans ce décor, même si notre choix se limite au genre. Pas question de choisir vous-mêmes quels livres vous allez précisément placer dans votre bibliothèque, ce qui aurait été une bonne chose pour mieux gérer quelques demandes parfois imprécises.
Car certains clients ne se contenteront pas de passer à la caisse directement. En bon libraire que vous êtes, vous devrez également prodiguer quelques conseils en répondant à la recherche précise de certaines personnes. Enfin, précise, c’est vite dit. Le tout vous est posé sous la forme d’une petite énigme qui demandera de bien comprendre les envies du client pour taper dans le mille. Quelqu’un vous demande un bon roman d’amour qui se termine bien ? Pas question de lui refiler un Roméo & Juliette, ne serait-ce déjà car il ne s’agit pas d’un roman, au-delà de ce que cela raconte de tragique. La plupart du temps, ces recommandations restent simples à effectuer avec plusieurs choix possibles, à condition d’avoir bien préparé votre stock de la journée.
De plus, vous finirez par recroiser les mêmes têtes dans votre échoppe, petit village oblige. Cerner les demandes des habitués devient plus aisé après quelques journées. Dommage que les questions de ces PNJ ne soient pas un peu plus variées, dans la mesure où en quelques heures de jeu, il ne sera pas rare de voir un même client vous poser la même question plusieurs fois, en vous laissant lui recommander le même bouquin.
C’est là toute la limite du concept de Tiny Bookshop. Malgré une quantité de livres très honorable, les demandes précises des clients tournent trop vite en rond et on en vient souvent à recommander les mêmes ouvrages. Ce qui peut se comprendre dans la mesure où le jeu ne vous demande pas d’avoir fait des études de Lettres ou de regarder la Grande Librairie toutes les semaines pour savoir répondre au tac-o-tac aux demandes. Le résumé et le classement par genre aident n’importe qui à comprendre de quoi chaque livre parle, en plus de préciser le nombre de pages, l’année de publication et la personne qui est derrière le livre. Tout plein de détails qui suffisent généralement à faire de vous le parfait curateur du quartier.
Des clients pas comme les autres
Et puis, derrière les clients, ce sont de véritables compagnons que vous allez trouver. Certains PNJ reviennent fréquemment et font l’objet d’objectifs annexes, que ce soit via de la récolte de fonds pour des jeunes enfants ou de la compétition d’antiquités avec la doyenne du coin. Vous y trouverez même un bon petit toutou à adopter, à condition de parler à tout le monde et d’ouvrir l’œil sur le décor en y trouvant quelques objets cachés. Là encore, on en fait vite le tour, mais Tiny Bookshoop a la bonne idée de s’intéresser à l’humain derrière le client, qui a sa propre histoire. On regrettera cependant qu’aucun personnage ne sorte vraiment du lot, même si les profils sont variés.
C’est sans doute grâce à cela que l’on aurait pu éviter cette sensation de routine qui s’installe dès la première saison passée. Arrivé à l’automne, malgré un nouveau lieu à découvrir, on ressent rapidement que l’on est arrivé au bout de la boucle et les histoires de chaque PNJ ne sont pas assez passionnantes pour nous donner envie de répéter le même schéma inlassablement. Sans doute parce que Tiny Bookshop se doit d’être apprécié à petite dose, comme un jeu doudou à la direction artistique toute colorée sur lequel on ne passe que quelques minutes chaque jour.
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