Là où Michael Hicks a récolté un succès reconnu jadis, c’est grâce à son titre indépendant qu’est Pillar. La direction artistique était visuellement bonne, puis les mécaniques assez bien rodées. Par la suite, le développeur indépendant a mis donc pas moins de trois années à développer The Path of Motus. Le nouveau bébé de Michael Hicks veut livrer une morale, soit le passage de l’enfance à l’âge adulte ni plus, ni moins. Au-delà de ce message qui semble plus que touchant et louable vis-à-vis de son vécu, le reste arrive-t-il à suivre ?
Mo Mo Motus !
A la vue du nom que nous propose le soft, on se doute bien que l’on suivra les péripéties d’un jeune goblin nommé Motus. Ce dernier va devoir s’aventurer dans une forêt et n’a qu’un seul rêve en tête, soit construire une série de ponts sur cette forêt, où est piégé le village des goblins. Rien ne sera évidemment de tout repos dans son périple, car des goblins viendront l’intimider continuellement, en utilisant les mêmes mots que lui.
L’histoire, plutôt simpliste sur le papier, nous offre cependant une bien belle morale dans toute cette histoire qui nous est contée. Le titre nous enfonce dans trois chapitres, qui s’apparentent au passage de l’enfance, à l’âge adulte, ce qui nous mettra en face de responsabilités bien plus importantes. Egalement, le soft, en sus de nous raconter le vécu du développeur en question – un petit message intéressant est diffusé à une certaine partie du jeu – la morale nous explique que nous si avons un rêve, on doit tout faire pour le réaliser et ne pas se faire stopper par quiconque.
The Path of Motus véhicule un message émouvant et fort, la direction artistique est réussie, mais tout part en vrille à cause d’un level-design qui manque de maîtrise et de cohérence.
En plus de cette narration qui véhicule un bien beau message, The Path of Motus ne manque pas de charme à première vue. Les décors fourmillent de détails, sont plutôt variés d’un chapitre à l’autre, et on ne pourra qu’applaudir le travail du développeur qui a accompli un boulot gargantuesque sur le souci du détail, et notamment sur les arrières-plans. Le tout est vachement propre c’est un fait, mais on lui reprochera d’opter pour des couleurs parfois un peu ternes, ce qui est franchement regrettable car le travail de base fourni est bon dans sa globalité.
A contrario, on ne pourra qu’être assez mécontent du level-design du soft, très inégal tout le long du jeu. On ressent dans un premier temps une construction assez cohérente dans l’ensemble, bien qu’un peu dirigiste mais ça, cela doit être sûrement assumé par le développeur. Mais par la suite, on sent que le level-design est haché, manque d’inspiration, et surtout de maîtrise. On sent que Michael Hicks semble encore avoir des lacunes dans la conception des niveaux. Effectivement, on sent que le développeur ne savait peut-être pas comment terminer son jeu, car la fin est clairement sans inspiration et c’est dommage, car le tout partait bien et surtout d’un bon sentiment de base.
Le pouvoir des mots… ou pas
Dans The Path of Motus, Michael Hicks a voulu varier les plaisirs en ce qui concerne les phases de jeu. Plateformes, énigmes, combats contre des ennemis d’une manière peu commune, voilà ce que l’on trouvera dans le jeu. Mais ceci dit, seule une phase est plus ou moins réussie sur les trois, à savoir les énigmes. Systématiquement en avançant dans le niveau, vous pourrez parfois visiter des maisons et y ramasser quelques notes vous en disant un peu plus sur l’histoire, découvrir des symboles, et bien évidemment construire des ponts. Pour ce faire, ce sera toujours le même système pour le construire. Des bulles indiquant un nombre de lignes à dessiner se dresseront devant vous, et vous indiquera le nombre de ligne à tracer. Cela forcera les joueurs à utiliser leur matière grise, et l’idée est plutôt bonne. Mais hélas, bien que réussie, cette phase d’énigmes se répète beaucoup trop, et plusieurs variantes d’énigmes n’auraient pas été de trop.
Ensuite nous avons les phases de plateformes et les combats. Qu’on se le dise, la maniabilité est tout simplement bien trop imprécise pour effectuer des sauts corrects, et ces derniers sont qui plus est d’une lourdeur et rigidité sans nom. Michael Hicks semble avoir encore des difficultés à réaliser un codage parfait au niveau des sauts, qui manquent de souplesse, et surtout de précision. Cela pourrit les phases de plateformes hélas, et les combats, bien qu’originaux, ne sont pas mieux. Vous avez trois touches qui lancent trois mots de couleurs différentes, et vous croiserez justement vos adversaires, qui orneront une bulle de couleur. Il faudra utiliser la bonne couleur pour contrer son tir, et ensuite lui tirer dessus une seconde fois pour l’éliminer. C’est sympa à première vue, mais cela devient vite lourd et répétitif, surtout quand le développeur s’amuse à placer deux ennemis à droite et à gauche de manière parfaitement parallèle… Il y a aussi quelques choix de game design assez douteux sur la fin, mais on aura au moins apprécié une petite phase en coopération, mais bien trop courte… Il y avait quelque chose à faire pour exploiter ça, mais le développeur a préféré rester sur sa valeur sûre, soit de la plateforme et des combats tout simplement bancals au possible.
La production de MichaelArts paie assez chèrement ses errances dans son gameplay qui a des idées, mais beaucoup trop brouillonnes, imprécises et bancales dans la pratique. Et surtout, qu’est-ce que le titre est vicieux dans la difficulté et beaucoup trop court vu le prix…
Avec son design enfantin, le soft pourrait presque s’orienter pour les enfants. Mais qu’on se le dise, la difficulté de base est beaucoup trop vicieuse, et surtout assez frustrante, ce qui ne conviendra certainement pas aux enfants. Surtout que les énigmes à base de ponts demandent clairement une logique plus poussée. De plus, la durée de vie n’excède pas les deux heures de jeu à tout péter malheureusement et pour 12,49 €, le prix est en soi assez limité étant donné sa durée de vie famélique.
On continue la descente aux enfers avec l’aspect graphique et son optimisation, complètement catastrophique. Le jeu est visuellement attirant pour l’œil là n’est pas le souci, mais les animations ne sont déjà pas folles, et le titre ne fait que crasher à chaque changement de chapitres, que ce soit sur une petite comme grosse config. Nous avons dû d’ailleurs lancer finalement le jeu sur un PC portable pour pouvoir y jouer, étant donné que notre grosse bécane était incapable de le lancer ! Pourtant, le jeu n’est pas censé être aussi gourmand que ça, mais The Path of Motus se débrouille quand même pour ramer comme pas possible voire freezer ! C’est assez scandaleux, et le jeu aurait dû au moins être peaufiné au maximum car dans l’état actuel des choses, d’autres jeux indépendants de ce type font malheureusement cent fois mieux.
Le petit rayon de soleil dans la pénombre proviendra néanmoins de sa bande-son. Paradoxalement, les musiques du soft sont entraînantes, et nous donne envie de l’écouter indéfiniment tellement elles semblent bien en accord avec l’univers. Les bruitages font le taf mais cependant, le jeu est entièrement en anglais, et une bonne compréhension de la langue de Shakespeare est plus que recommandée.
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