Après avoir commercialisé le fort sympathique Syberia: The World Before en 2022, Microids a décidé d’offrir un remaster au tout premier opus de la franchise Syberia. Développé par Virtuallyz Gaming, un jeune studio français composé d’une vingtaine de personnes, ainsi que ce qu’il reste de Microids Studio Paris, sa fermeture étant actée depuis plusieurs mois, cette version sobrement intitulée Syberia Remastered a pour objectif de donner une seconde vie à l’aventure « clock-punk » imaginée en 2002 par le regretté artiste belge Benoit Sokal. Disponible depuis le 6 novembre dernier sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series, ce défi a-t-il été relevé avec succès par les deux entreprises tricolores ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur une version numérique fournie par l’éditeur et tournant essentiellement en configuration graphique « Qualité » sur une PlayStation 5 Standard équipée d’une manette DualSense et branchée à un téléviseur LCD 42 pouces de résolution 4K. Notre session a duré environ 9h, temps nécessaire pour platiner le titre en difficulté « Histoire ». Notez que cet article est garanti sans spoilers majeurs et le point de vue exposé dedans est celui d’une personne ayant joué à Syberia 3 et Syberia: The World Before mais pas aux deux premiers épisodes sortis au début des années 2000. Bonne lecture !
Sommaire
ToggleUn récit plaisant et un univers envoûtant qui n’ont presque pas vieilli

Se déroulant en 2002, Syberia Remastered nous invite à suivre l’histoire de Kate Walker, une avocate américaine travaillant pour le cabinet new-yorkais Marson & Lormont. Chargée de conclure la vente de l’usine d’automates Voralberg pour le compte de l’Universal Toy’s Company, elle se rend à Valadilène, un petit village pittoresque situé au cœur des Alpes françaises. Malheureusement, en arrivant sur les lieux, elle apprend le récent décès d’Anna Voralberg, la propriétaire de la manufacture. Pour couronner le tout, le notaire local l’informe qu’un certain Hans Voralberg, le frère d’Anna qui est censé être mort depuis longtemps, est en réalité toujours vivant mais personne ne sait où il se trouve. Étant désormais le légitime héritier de l’entreprise familiale, Kate est contrainte de partir à sa recherche dans le but de valider cette cession. Un périple qui, à notre agréable surprise, n’a quasiment pas vieilli 23 ans après sa création.
Le récit est bien rythmé et sympathique à suivre du début à la fin. Les différents personnages présents au casting bénéficient d’une écriture solide, Kate Walker en tête mais nous avons également beaucoup aimé croiser la route du jeune Momo, les caractères perchés des recteurs de l’université de Barrockstadt, ainsi qu’assister à la première rencontre entre l’héroïne et l’automate Oscar. L’univers « clock-punk » dans lequel nous sommes plongés n’a rien perdu de son originalité et de son charme à la fois envoûtant et captivant. Les doublages français sont tous convaincants. Quant aux musiques, elles sont très plaisantes à écouter au gré de nos pérégrinations. Bref, c’est presque un sans-faute en ce qui concerne la dimension narrative.
Oui, presque car, outre quelques lignes de dialogues un tantinet clichées qui auraient peut-être gagné à être légèrement retravaillées, la mise en scène risque de ne pas convenir à tout le monde. En effet, bien qu’elle profite d’une bonne réalisation dans l’ensemble, de nombreuses cinématiques n’ont eu droit qu’à une « simple » restauration, plutôt qu’une refonte en bonne et due forme. Autrement dit, leur rendu a « seulement » été optimisé pour les écrans de résolution 4K. Autant dire que, visuellement parlant, elles dénotent comparé aux séquences in-game. Un choix de conception très « nostalgique », et surtout étrange, qui nous a pas mal perturbé en début de partie, avant que nous finissions par nous y habituer par défaut.
Autre décision potentiellement discutable prise par les développeurs et/ou l’éditeur : l’absence du scénario de Syberia 2. Difficile d’entrer dans les détails sur ce point sans spoiler mais, étant donné qu’il prend place directement après les événements du premier opus, sa présence n’aurait-elle pas été plus logique sur le plan narratif ? Et à défaut d’avoir droit à un vrai remake, nous proposer une compilation réunissant les remasters des deux épisodes originaux ne nous aurait-il pas permis de profiter d’une durée de vie plus proche de celles de Syberia 3 et The World Before ? Les réponses à ces questions nous semblent évidentes. Cependant, ne nous leurrons pas, ce serait bien moins intéressant financièrement que de commercialiser individuellement un « simple » remaster de Syberia 2 dans les prochaines années et au même prix que celui-ci. C’est triste mais c’est comme ça.
Une expérience de jeu modernisée avec succès malgré quelques écueils

Côté gameplay, Syberia Remastered intègre des mécaniques de jeu modernisées afin de satisfaire le grand public actuel, celui-ci ayant évolué depuis le début des années 2000. Déplacements de Kate avec le joystick gauche, possibilité de légèrement bouger la caméra avec le joystick droit, « sprint » avec R2, interaction avec des objets ou PNJ en appuyant sur Croix, navigation dans les menus avec R1, L1 et les flèches directionnelles, réglage de la sensibilité du curseur apparaissant à l’écran lors de séquences précises… cette remise au goût du jour des contrôles nous a paru satisfaisante manette en mains, même si la protagoniste demeure assez « lourde » à diriger la plupart du temps.
Grâce à la touche « Carré » de la DualSense, nous pouvons aussi consulter un Journal qui, à défaut de contenir un historique de nos discussions passées avec les autres personnages, nous laisse voir la liste des documents acquis en cours de partie et le contenu de notre inventaire. En difficulté « Histoire », nous avons également accès par son biais à un suivi des objectifs de quêtes à atteindre pour avancer. Un ajout de confort intéressant sur le papier qui manque malheureusement de peaufinage, les informations qu’il nous partage étant parfois trop floues ou détaillées.
Concernant la progression, celle-ci est très classique pour un jeu d’aventure. Il faut donc prendre le temps d’explorer minutieusement les niveaux de chaque biome dans l’optique d’obtenir les documents, objets et informations nécessaires à notre avancée. Et sans surprise, sur notre route, nous sommes confrontés à des énigmes diverses et variées, certaines étant logiquement plus ou moins retorses à résoudre que d’autres. Une boucle qui fonctionne bien et fonctionnerait théoriquement encore mieux sans les quelques allers-retours frustrants observés, ainsi qu’avec la présence d’interactions plus poussées avec les objets ramassés tout au long de l’aventure.
Une vraie refonte graphique solide et soignée ?

Outre les éventuels changements apportés à la structure narrative, au contenu et/ou au gameplay, ce que les joueurs et les joueuses attendent probablement le plus d’un remaster est de découvrir s’il offre des améliorations graphiques et techniques un minimum significatives à l’œuvre d’origine. Bonne nouvelle, Syberia Remastered ne s’est pas contenté d’effectuer un simple lifting aux visuels de l’époque. De Valadilène à la gare-serre de l’université de Barrockstadt, en passant par les sources thermales dépaysantes et lugubres d’Aralbad, les développeurs ont fourni de gros efforts pour nous proposer des environnements intérieurs et extérieurs soignés, détaillés, et gérant habilement l’équilibre entre la lumière et les ombres. Si le résultat final n’est pas aussi travaillé que les tableaux de Syberia: The World Before, le rendu global reste constamment fluide et sympathique, voire très agréable à l’œil.
Cependant, nous avons affaire à un « simple » remaster et ça se ressent. Par exemple, en plus de l’absence de refonte pour de nombreuses cinématiques, les PNJ, qui ont pourtant bénéficié d’un redesign complet et convaincant, souffrent d’une gestuelle et d’animations faciales trop rigides. Deux modes graphiques sont disponibles sur la version PS5 du titre, « Qualité » et « Performance », mais nous n’avons remarqué aucune différence flagrante entre eux (la faute à notre téléviseur ne prenant en charge qu’une fréquence de rafraîchissement maximale de 60 Hz ?). Quant au visage de Kate Walker, nous devons bien avouer qu’il fait assez tâche par rapport à celui qu’elle a dans Syberia 3 ou The World Before. Il n’est peut-être pas entièrement raté mais il n’est pas très réussi non plus à nos yeux.
Enfin, notez également que nous avons été confrontés à divers soucis de finition tout au long de notre session. Léger clipping se manifestant de temps en temps, rares soucis de placement de la caméra, mots manquants dans la lecture de 2-3 documents, suivi des quêtes susceptible de ne pas se mettre automatiquement à jour dans notre Journal… leur présence n’a rien de dramatique mais nous espérons qu’ils seront corrigés dans les jours ou semaines à venir.
Cet article peut contenir des liens affiliés















