Et si la survie n’était finalement pas une expérience solitaire, mais bien coopérative ? C’est ce que voudrait tenter de démontrer Survival Kids, l’un des seuls titres exclusifs au lancement de la Nintendo Switch 2 le 5 juin dernier, un jeu développé par Konami en collaboration avec Unity, la société détentrice du moteur éponyme qui se lance dans le développement de jeux complets. Une sortie de parenthèse au milieu des tonnes de portages plus ou moins convaincants réalisés sur la nouvelle console de Nintendo qui n’aura proposé finalement qu’une toute petite poignée de jeux exclusifs sur les premières semaines de lancement.
Survival Kids ne vous est peut-être pas tout à fait inconnu. La licence a effectivement connu une première sortie il y a 25 ans sur Game Boy Color et s’offre un retour sur la nouvelle console de Nintendo en format coopératif. Si par survie, vous pensez fin du monde, ressources complexes à obtenir ou crafting infini, vous pouvez être rassurés. Survival Kids s’adresse avant tout à un public jeune et/ou familial, mettant en scène des enfants échoués sur une multitude d’îles en mouvement, dont le but sera de retrouver et de réparer un radeau échoué pour s’enfuir. Mais ce qui semblerait être une jolie porte d’entrée dans ce genre si âpre pourrait en vérité cacher quelques déconvenues qui auraient pu être évitées.
Conditions de test : Nous avons terminé intégralement Survival Kids en 15h de jeu, le temps nécessaire pour obtenir toutes les étoiles et débloquer toutes les entrées du codex. Nous avons joué principalement seul puis en coopération locale, en portable et en docké, et avons partagé une partie en GameShare vers une Nintendo Switch.
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ToggleLe retour du Radeau de la Mumuse
Dans Survival Kids, vous incarnez l’un des quatre enfants naufragés sur un archipel chargé de mystères composé d’îles toutes aussi flottantes que mouvantes. N’espérez pas une grosse charge narrative, le jeu n’en contient que très peu, en plus de proposer des voix uniquement en anglais (pas facile pour nos chères petites têtes blondes de comprendre l’histoire seules). L’histoire restera plutôt en toile de fond, discrète et volontairement édulcorée, préférant mettre l’accent sur la découverte progressive d’un archipel aux mystères qui attendent les explorateurs et exploratrices. Le jeu de survie se contentera de vous expliquer pas à pas à travers de gros marqueurs et de grosses indications à l’écran, signifiant le lieu où vous devez aller et ce que vous devez faire pour vous en sortir.
Couper du bois, casser des pierres, arracher des coquillages, fabriquer une canne à pêche, allumer un feu, construire des ponts ou rétablir des ascenseurs, etc. Chaque action fera avancer votre mission qui vous demandera de vous « échapper » d’une dizaine d’îles dans trois biomes différents. Le scénario est toujours le même : vous échouez sur une île, vous devez trouver votre première base sur laquelle déployer votre camp, puis trouver le moyen de rejoindre les niveaux supérieurs de l’ile (généralement trois) avec des variantes en fonction des îles et du biome traversé.
Nous touchons ici l’un des écueils majeurs de Survival Kids : la répétition des tâches. Bien qu’inhérente au genre et au public visé, répéter inlassablement les mêmes tâches, sans trop de variation dans l’approche ou sans rebondissement majeur dans le procédé, a tendance à lasser, et notamment les joueurs et joueuses les plus confirmés. Si vous voulez fabriquer quelque chose, réunissez tout ce qu’il vous faut et déposez l’ensemble dans la zone dédiée pour voir apparaître votre création, et recommencez jusqu’à parvenir à vos fins.
Il n’y a pas de gestion d’inventaire difficile à cerner, pas de menus lourdingues à découvrir, d’autant plus que l’on ne peut transporter qu’un seul type d’objet en même temps, avec plus ou moins de rapidité en fonction de notre jauge d’endurance.
Un cœur de gameplay amusant mais répétitif
Pour accélérer les tâches courantes et ainsi gagner du temps pour tenter de terminer l’île dans le chrono imparti permettant de récupérer plus d’étoiles (les autres étoiles pouvant être récupérées en trouvant des pierres de trésor cachées sur les îles), vous pouvez vous aider d’une barre d’endurance, dont vous augmenterez les effets de force et de durée en mangeant toutes sortes d’aliments : crus pour peu d’apport finalement, ou cuits, mélangés et raffinés pour augmenter considérablement votre force et vos capacités. Un twist bienvenu qu’il vous sera forcé d’utiliser dans certaines tâches où la force physique sera nécessaire… mais attention à ne pas les laisser cramer.
Mais là où Survival Kids tire son épingle du jeu sera sur l’accessibilité de ses contrôles, où seuls un joystick et quelques touches seront nécessaires pour progresser, comme une touche pour saisir, une autre pour poser, lancer ou tout simplement interagir, et ce sera globalement tout. Rajoutez à cela l’absence totale d’ennemi ou de combat (de difficulté tout court), pas de phénomène météo contraignant, votre objectif sera d’automatiser le plus possible vos actions pour gagner en efficacité et en rapidité.
Le jeu s’avère finalement très facile d’accès, même pour de jeunes joueurs et joueuses, facilement appréhendable, tout en challengeant la réflexion pour obtenir le parcours le plus optimisé et le moins chronophage possible. Ce qui est encombrant, lourd et laborieux seul devient fluide et simple à deux ou plus. Et si vous souhaitez aider davantage ou même simplement partager une expérience différente, Survival Kids vous propose le multijoueur selon deux modes : en local sur la même console, mais aussi en ligne via GameShare (le partage de jeux type Pass Ami), jusqu’à quatre joueurs et joueuses, tout en exploitant au mieux les nouvelles capacités sociales de la Switch 2, notamment le GameChat qui trouve ici sa fonction première toute trouvée pour un partage plus humanisé.
Dans ce cas-là, chacun des joueurs incarne un personnage différent. L’occasion d’aller encore plus vite en se distribuant les tâches, mais en contrepartie, les tâches courantes prennent plus de temps qu’en solitaire, pour harmoniser les temps de jeu en fonction des sessions puisque le niveau de difficulté semble dynamique en fonction du nombre de naufragés. Sans tourner autour du pot, c’est dans ce gameplay coopératif que Survival Kids ne révèlera le plus intéressant, en proposant un ensemble de jeu type Overcooked ou encore Moving Out, d’autant plus que la courbe d’apprentissage s’avèrera très largement en votre faveur.
Une coquille pas si vide que cela
Bien que l’emballage soit coloré, plutôt propre techniquement (très stable en docké et en portable à 60 fps avec un affichage très net – 1080p en portable et 4K en docké), aux environnements détaillés et visuellement chatoyants, le tout sans bug majeur, on reprochera au jeu son manque d’ambiance, d’interactions vocales ou de prises de parole du narrateur pour tenter d’apporter ce petit supplément d’âme qui manque cruellement à cette mouture 2025. On retiendra néanmoins la solidité de l’expérience technique produite par les équipes d’Unity, plus habituées à fournir un support aux autres jeux qu’à en produire eux-mêmes.
On ne pourra pas en dire de même pour l’expérience via la fonctionnalité GameShare qui réduit le taux de rafraichissement et délivre une image moins nette qu’en mode local. Mais rassurez-vous, le mode local à deux joueurs et joueuses sur la même console conserve une fluidité exemplaire. Le jeu propose aussi un mode en ligne, mais pour cela, il faudra que chacun des joueurs et joueuses possède sa propre copie du jeu, contrairement au GameShare qui vous permet de « prêter » votre jeu via une connexion sans fil, y compris sur Switch première du nom. La caméra tient aussi une jolie fonction communautaire bien que toujours aussi dispensable en montrant votre mirette et votre environnement de jeu en temps réel.
Côté bande-son, on notera quelques musiques entraînantes et parfaitement adaptées aux paysages traversés sans devenir entêtantes ou trop enfantines. Le sound design quant à lui permet une reconnaissance facilitée en toutes circonstances pour que ce soit facilement assimilable même par des enfants. Vous avez d’ailleurs la possibilité de supprimer l’interface pour un challenge plus relevé, mais aussi pour plus de lisibilité, les informations étant assez généreuses à l’écran.
Comptez une bonne dizaine d’heures pour terminer toutes les îles avec une bonne quantité d’étoiles – dont la plupart liées au chrono, mais plus d’une quinzaine d’heures si vous souhaitez tout terminer à 100% y compris les journaux de découverte (légumes, animaux, symboles mystérieux, etc.) disséminés sur les îles, renforçant là aussi le côté répétitif puisque le déroulé restera strictement le même. Ces découvertes vous permettront d’ailleurs de personnaliser vos personnages, mais nous ne miserons clairement pas sur cet ajout pour donner plus de sel à l’œuvre.
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