Les habitués de nos colonnes le savent, quand un visual novel digne d’intérêt pointe le bout de son nez, je suis souvent dans les parages. Et aujourd’hui ne fera pas exception à la règle, puisque nous nous retrouvons pour parler de Raging Loop. En effet, ce dernier est parvenu à émerger de la multitude de titres sortis dernièrement, dans ce genre très prolifique au Japon.
Développé par Kemco, et amené chez nous par PQube, ce soft est disponible à la fois sur PlayStation 4 et Nintendo Switch et promet une aventure un peu différente de ce à quoi nous avons été habitués par ses semblables.
Quoi qu’il en soit, ce dernier transpire le Japon et est imprégné de ces contes que l’on raconte pour se faire peur autour du feu, ces histoires de loups-garous destinées à faire passer une mauvaise nuit aux quelques aventuriers qui souhaitent encore, de nos jours, camper en pleine forêt. Et, qu’on se le dise tout de suite, cette proposition de Kemco est fascinante, bien que réalisée avec des moyens plutôt limités.
Conditions du test : Nous avons joué à Raging Loop sur PlayStation 4 Pro. Nous nous sommes appliqués à faire deux parties complètes afin de pouvoir rédiger ce test.
Sommaire
ToggleUne balade en montagne qu’il aurait mieux valu éviter
Raging Loop commence comme l’histoire d’un jeune homme perdu, ne sachant plus que faire de sa vie après que sa petite amie a décidé de rompre avec lui. Il erre sans but en mobylette, ne sachant que faire, jusqu’à ce qu’il soit victime d’un accident sur sa petite pétrolette. A son réveil, suite à l’accident, il se retrouve dans un petit village perdu en pleine montagne, un village qui n’apparaît pas sur la carte.
Rapidement, il va commencer à se rapprocher de l’une des demoiselles vivant dans ce village montagnard. Bon, ok, ça ressemble beaucoup à l’un de ces visual novels où l’on drague une fille ou un mec (coucou Hakuoki & co) mais ce n’est pas le cas ! En effet, l’ensemble des habitants du village veulent voir le jeune homme quitter les lieux. Car s’il reste, l’ensemble du village court à sa perte.
Pourquoi ? Non pas parce qu’ils sont racistes pour le plaisir. Non, la présence d’un étranger dans leur village risque simplement de déclencher une vieille malédiction. Malédiction selon laquelle un habitant du village se changera en loup-garou dès l’instant où quelqu’un d’extérieur au village décidera d’y séjourner. Donc oui, jouer à Raging Loop revient à se lancer dans une partie de Loup-Garou de Thiercelieux, comme vous pourriez le faire à Thiercelieux.
Dès lors, le titre prend une dimension tout à fait différente de ses congénères et devient très intéressant. Le titre offre une histoire bien plus sombre que ce à quoi on pourrait s’attendre, en lançant une quête pour la survie digne de ce que nous pourrions voir dans un Danganronpa. A ceci près qu’il n’y a pas de Monokuma dans le présent opus. Et pourtant, il y aurait eu sa place.
Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, le Loup-Garou est un jeu qui se déroule en plusieurs tours, chaque manche comprenant une nuit et un jour. La nuit, le (ou les) loup-garou va tuer un innocent. Et, durant la journée, les survivants vont devoir décider d’éliminer un survivant afin de tenter d’éliminer la menace. Donc oui, c’est un fameux bain de sang qui vous attend.
Une histoire intrigante au goût psychologique
En outre, les règles du Loup-Garou ne s’arrête pas là. En effet, chaque humain possède des pouvoirs qui lui sont propres et il va devoir en user afin d’aider le reste de la bande à découvrir qui est le meurtrier qui sévit en leur sein. Par exemple, on retrouve l’araignée qui peut protéger un humain pour une journée entière des loups. Une personne peut tenter de savoir si une autre est le loup, et ce, chaque jour. Ou encore, le corbeau peut tenter de découvrir si une personne décédée se révèle être un loup ou non.
Dès lors, il est de la responsabilité du groupe de se protéger les uns les autres jusqu’à découvrir qui est le loup. Tout le monde va alors devoir voter et le corbeau déterminer si oui ou non le vote a porté ses fruits. Lorsque tous les innocents ou tous les loups sont morts, le jeu est terminé. Eh oui, c’est dans ce genre de guêpier que vous vous êtes fait prendre. Reste à espérer pour vous que la jolie jeune fille qui vous a empêché de partir ne soit pas celle qui vous dévorera !
Malheureusement, toutes ces règles entravent un peu le côté horrifique que le titre est censé adopter. La quantité plutôt importante de choses à garder à l’esprit va un peu nuire à cette ambiance macabre qui pèse sur le jeu. Mais, malgré tout, l’histoire de Raging Loop est intrigante, intéressante et quelque peu profonde. Vous ne serez sans doute pas apeuré en prenant votre manette en main, mais vous resterez fasciné par la profondeur et l’originalité dont le titre fait preuve.
Bien entendu, ne pas être la meilleure expérience horrifique qui soit n’empêche pas Raging Loop d’être un très bon jeu. Le titre nous pousse à réfléchir à nos actions et devient intéressant tant d’un point de vu philosophique qu’éthique. Le personnage qu’incarne le joueur est alors plongé dans ce fameux dilemme du prisonnier comme théorisé par Albert Tucker. Ainsi, le joueur se doit de peser ses actions et décisions afin d’éviter que ces dernières ne se retournent contre lui. Une originalité dans l’univers du visual novel où vos actions ont, certes, un impact dans le jeu, mais pas forcément sur le manière dont le joueur réfléchi.
Raging Loop a ce petit goût de réussite qui plaît à tous
Et là où Raging Loop tend à rester original, c’est qu’il s’agit d’un jeu japonais sur les loups-garous, créatures qui n’ont pas vraiment la côte dans ce pays. Après tout, cette créature provient des légendes européennes. Et son traitement dans le jeu est suffisamment bon pour que cela soit mis en avant lorsque l’on parle du jeu. Bon d’accord, c’est peut-être étrange comme questionnement que de se dire « Hmmm tiens, c’est rare les loups-garous », mais je me devais de partager cette information plus qu’inutile.
Outre le fait que cet aspect Loup-Garou soit très bien incorporé à l’histoire, la narration en elle-même est très bonne. Elle est un peu sinueuse, comme pourrait l’être une partie de Loup-Garou mais se suit avec plaisir tout au long de son évolution. Sans compter que l’on y retrouve toujours une pointe d’implication du joueur suffisamment importante pour que l’on s’imprègne totalement du sujet. Et puis, on se retrouve très vite à se prendre au jeu de la recherche du coupable.
Ainsi, et à mesure que l’histoire avance, le joueur doit prendre des décisions. En le faisant, il recevra des clés qui lui permettront de débloquer de nouvelles décisions ainsi que de nouveaux embranchements de jeu. Ainsi, si une situation vous présente deux ou trois possibilités de choix, il est possible que vous ne puissiez en choisir qu’une seule lors de votre première tentative. Cette dernière vous enverra à la mort mais, lorsque vous relancerez la partie, la seconde sera disponible et vous pourrez ainsi avancer.
C’est assez original comme façon de faire et permet de pousser le joueur à parcourir le titre plus longtemps. C’est aussi une manière de faire en sorte que l’histoire soit parcourue dans son entièreté et que l’ensemble des éléments narratifs présents dans le titre soient découverts. Cela permet d’éviter les histoires gruyère où les joueurs n’ayant effectué qu’une seule run n’ont pas la totalité de l’information que les développeurs voulaient faire passer.
En outre, il s’agit aussi d’une manière d’éviter de punir le joueur s’il effectue un mauvais choix. Après tout, il ne lui est parfois pas possible d’éviter la mort. Dès lors, les quelques courageux à se lancer dans l’aventure n’auront aucun problème à mourir et cela évitera que certains abandonnent en cours de route. Une bonne idée bien mise en œuvre du coup.
Cependant, le titre ne pouvait pas être exempt de tout reproche. Ainsi, on trouve quelques petits bémols glissés ici ou là. Par exemple, les animations sont quasiment absentes du titre, les personnages ne bougeant pas. La plupart du temps, vous regarderez simplement des personnages immobiles, qui clignent à peine des yeux. Et on pourra également se plaindre d’un manque de scènes clés pour l’histoire, le tout restant dans cette ambiance figée la majorité du temps.
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