Avec l’essor incroyable qu’a connu le jeu indépendant sur la décennie qui s’achève, il n’est désormais plus aussi compliqué de développer un projet avec des mains inexpérimentées ou des budgets limités. Plusieurs solutions existent pour permettre à tout créateur motivé de se lancer dans la réalisation de son œuvre, ambitieuse ou non. Notamment des financements participatifs, solutions modernes et presque miraculeuses pour monter des fonds. Mais aussi différents outils permettant de faciliter la tâche du développeur.
Ainsi, il n’est plus aussi rare qu’avant de voir des titres sortir de terre, issus du travail et l’imagination d’une seule personne. C’est par exemple le cas des excellents Stardew Valley ou Undertale, des titres indé qui n’ont plus rien à prouver, s’étant exportés sur tous les supports pouvant les accueillir suite à leur succès sur PC. Plus récemment, c’est un certain Pumpkin Jack qui sort du lot à ce niveau, réalisé quasi exclusivement par Nicolas Meyssonnier, qui a simplement été chercher un brin d’aide pour la bande-son et le portage consoles.
Présenté au cours de notre événement AG French Direct s’étant tenu à la fin de l’été, ce plateformer 3D ne cache pas ses inspirations parmi les titres de l’ère PS1/PS2, notamment le mythique Medievil. Un hit à qui il emprunte effectivement beaucoup, tout en se forgeant un univers bien à lui, emprunt de cette magie toute particulière émanant de la fête d’Halloween. Tâchons de voir ensemble pourquoi, malgré ses quelques défauts, la première création commercialisée de Nicolas Meyssonnier mérite absolument toute votre attention en cette fin d’année.
Conditions du test : Nous avons joué près de six heures au titre sur une Xbox One S. Le temps de boucler l’intégralité de la campagne, et de revenir si nécessaire dans les niveaux pour récupérer tous les collectibles. Au cours de notre test, nous avons eu à composer avec quelques ralentissements et un bug nous empêchant de progresser. Tous ces problèmes ont normalement disparu avec une mise à jour déjà disponible à l’heure où vous lisez ces lignes.
Des inspirations non dissimulées
Puisqu’il était présent à notre événement AG French Direct du mois d’août, le titre fut mis en avant dans nos colonnes via une interview de Nicolas Meyssonnier. Un développeur français indépendant, donc, dont le parcours compliqué a néanmoins de quoi faire exploser d’enthousiasme tout créatif en herbe effrayé par l’industrie. On ne peut que vous renvoyer à la lecture de cet article, afin que vous compreniez bien pourquoi, à nos yeux tout du moins, le créateur de Pumpkin Jack mérite amplement que son travail soit reconnu, au vu du résultat.
Très inspiré par Medievil, Pumpkin Jack emprunte à son modèle un ton décalé et un univers qui sent bon les confiseries et les costumes sanguinolents de la fête d’Halloween. Le résultat, c’est une direction artistique qui fait mouche, parvenant à donner une identité singulière à ce plateformer 3D. Tout en faisant écho aux titres du genre sur les deux premières PlayStation, qui rivalisaient souvent d’orientations visuelles originales. Une époque qui fleure encore l’âge d’or de la plateforme en trois dimensions.
Autodidacte, Nicolas Meyssonnier s’est servi du moteur Unreal Engine pour développer son projet, et le résultat est parfaitement convaincant. Le titre se compose de six niveaux relativement linéaires qui, à défaut de toujours fourmiller de détails, sont malgré tout très jolis. La direction artistique y est pour beaucoup, c’est un fait indéniable, mais le créateur est par ailleurs parvenu à leur donner une âme grâce à un level design réussi. Même le bestiaire parvient à se renouveler au cours de l’aventure, ce qui est assez rare pour être souligné.
Ce qui pose problème néanmoins, ce sont les soucis techniques auxquels nous avons eu affaire au cours de notre test. En effet, nous avons été frappés par des ralentissements assez impressionnants dans le premier niveau, qui ont heureusement disparu par la suite. Mais surtout, nous avons été saisis par un bug nous empêchant purement et simplement de lancer le level 3. Des problèmes qui ont a priori été corrigés avec une mise à jour, qui sera d’ailleurs disponible dès le lancement du jeu. Nous nous devions cependant d’aborder le sujet, prouvant en quelque sorte la réactivité du développeur, qui nous permit de terminer notre test dans les meilleures conditions.
Enfin, comment ne pas saluer le travail réalisé sur la bande-son de Pumpkin Jack ? Avec pour commencer la voix du vidéaste Benzai, qui ajoute un véritable cachet aux quelques cinématiques du titre. Mais c’est surtout du coté des différentes musiques que nous avons été conquis, celles-ci ne commettant aucune fausse note au cours de l’aventure, et collaborant à l’immersion. Seul petit regret, certainement expliqué par le budget limité, les dialogues en jeu n’ont pas été doublés. Il restent néanmoins bien écrits et souvent amusants.
Plongée dans la plateforme 3D d’il y a vingt ans
Tout possesseur de PlayStation 2 vous le dira : cette console mythique accueillit un nombre incalculable de hits de la plateforme 3D, dont certains ont forgé l’histoire du jeu vidéo. On pense évidemment à Ratchet & Clank ou encore Jak and Daxter, mais aussi, Maximo ou Psychonauts. Et finalement, la plus grande force de Pumpkin Jack, c’est peut-être bien de nous faire plonger à nouveau dans cet âge d’or. Cela en nous proposant une expérience qui tire énormément parti des forces de certains des indispensables du genre.
On y retrouve en effet tous les poncifs de la plateforme 3D d’époque, ce que l’on ne prendra pas ici comme un défaut. Le héros, Jack, est capable d’effectuer un double saut et se dote rapidement d’une arme, lui permettant de venir à bout des ennemis disséminés dans les environnements, grâce à un panel de coups qui sont de prime abord décevants par leur faible nombre. Cela change néanmoins rapidement, puisque l’on récupère un nouvel outil à chaque niveau, permettant ainsi de renouveler quelque peu le gameplay des phases d’action.
Pourvu d’une petite inertie à laquelle on s’habitue assez vite, Jack évolue dans des niveaux bien construits où les checkpoints sont intelligemment placés. Les amoureux de la plateforme ne seront pas dépaysés outre mesure, tandis que les néophyte feront face à des passages qui en appelleront à leurs réflexes. Rien de très compliqué cependant, et c’est peut-être là le premier défaut du titre. En effet, Pumpkin Jack manque peut-être un peu de challenge, malgré quelques moments un brin tendus, ce qui est d’autant plus dommageable qu’on vient très rapidement à bout de son aventure.
Comptez environ quatre à cinq petites heures pour atteindre les crédits. C’est maigre, vous en conviendrez. D’autant que l’on n’a finalement que peu d’intérêt à revenir arpenter ses six niveaux, puisque le titre ne propose que deux types de collectibles et en faible nombre. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas très bien dissimulés. Notez qu’ils permettent d’acheter de nouveaux costumes pour notre personnage, qui ne changent malheureusement rien au gameplay. Une riche idée qui aurait gagnée à être développée. Clairement, s’il ne fallait retenir qu’un seul défaut du titre, ce serait son aspect éphémère.
Cela étant, l’aventure reste mémorable, autant grâce à ses personnages tous plutôt drôles que par la variété de ses phases de jeu. Outre la plateforme assez classique, Pumpkin Jack propose en effet régulièrement des passages qui changent, ainsi que quelques petites énigmes aux concepts sympathiques. Quant aux boss de fin de niveau, leurs designs sont plutôt inspirés, mais leurs patterns beaucoup moins. Ils demeurent néanmoins complexes à mettre à terre, excepté peut-être le premier bien sûr.
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