Qu’il est difficile de renouveler le genre de l’horreur… Que ce soit au cinéma, à la télévision ou en jeu vidéo, le genre est tellement codifié qu’on finit souvent par retrouver les mêmes choses. LUTO reprend ces mêmes codes tout en essayant d’apporter quelques twists, pour un résultat un petit peu bancal mais néanmoins rafraîchissant et marquant. Le jeune studio Broken Birds Games s’en sort avec les honneurs, cherchant à surprendre quitte à perdre un peu en cohérence ou à troubler celles et ceux qui espéraient une expérience plus classique.
Conditions de test : Broken Bird Games nous a d’abord envoyé une clé PS5 de LUTO. Malheureusement, notre version a été affectée par le bug aléatoire CE-108255-1, conduisant certains jeux à crasher sans raison apparente sur certaines consoles. Après avoir fourni un maximum d’informations au studio quant aux occurrences du souci, il nous a proposé une clé PC Steam pour que nous puissions vous proposer cette critique. Sauf si vous êtes aussi poissard que votre serviteur, vous ne devriez pas rencontrer le problème sur votre console PlayStation.
La maison du fou
C’est au Future Games Show de 2022 que LUTO a été présenté pour la première fois. Pas de tergiversation, nous étions en face d’un jeu d’horreur à base de couloirs sombres, de lampe-torche et d’entités qui se déplacent cachées sous des draps. De fait, LUTO s’inscrit dans cette veine des jeux d’horreur portés par P.T, Madison ou encore Visage. Des monstres sacrés pour les adeptes de cette horreur claustrophobe où il est impossible de se défendre et où chaque élément de décor peut contenir la clé de la progression ou de sombres informations. Reporté de 2024 à 2025, le titre de Broken Bird Games est enfin arrivé à nous, quelques jours avant sa sortie.
L’occasion pour nous de découvrir l’aventure complète après une démo représentative mais indépendante du produit final. Donc, dans LUTO (qui signifie deuil dans la langue de Salvador Dalí), on incarne un certain Samuel, qui se prépare devant une vitre brisée dans sa salle de bain. Ce dernier semble être en plein déménagement mais doit tout de même se rendre au travail, encore et encore.
Tout de suite, quelque chose démarque LUTO des autres titres du genre : il y a un narrateur qui commente ce qu’on fait et qui évoque les pensées de notre personnage. Un narrateur clairement inspiré de celui de The Stanley Parable, qui réagit à ce qu’on fait et qui semble parfois surpris. Cependant, quelque chose cloche. Samuel ne semble pas vraiment reconnaître sa maison et, chaque jour, elle semble un peu différente.
Rapidement, des choses se mettent à bouger. Des formes humaines, cachées sous des draps, apparaissent ça et là. Des sons se font entendre et surtout, la progression ne correspond à aucune logique, des portes se dévoilent où elles ne le devraient pas, les escaliers conduisent à des versions différentes des mêmes lieux et des tunnels ou autres échelles amènent à des endroits délirants. Ce qu’on comprend, c’est qu’on ne peut en réalité pas quitter cette maison changeante.
Le deuil en espagnol
Matérialisation de l’esprit torturé de Sam ou zone paranormale jouant avec notre pauvre protagoniste ? À vous de le découvrir. Le personnage semble avoir perdu plusieurs proches et vit avec la mort, la souffrance, la tristesse ou encore la culpabilité. Là-dessus, LUTO offre un travail sérieux, qui troque le classique « fantôme d’un proche qui s’avère être un démon » au profit d’un « tes propres émotions jouent avec toi ». Pour progresser, il faut explorer, observer l’environnement et débusquer les indices permettant d’ouvrir une porte, d’accéder à un nouveau couloir ou de déclencher un événement en particulier.
Rien de très surprenant à ce niveau-là, mais tout est assez bien fichu, exception faite de quelques très rares puzzles dont la résolution n’est pas du tout instinctive. Plus concrètement, il va falloir ouvrir des boîtes en comptant des éléments, réaliser quelques calculs, observer documents et dessins ou encore se retourner à des moments clés. Nous sommes seuls et pourtant, les entités drapées sont partout, se déplacent hors du regard (pas toujours…), le narrateur s’exprime et un étrange interlocuteur nous met face au caractère irréaliste des événements. L’ambiance est particulièrement immersive, du moins jusqu’au dernier acte.
LUTO gère très bien son rythme jusqu’à la dernière des quatre heures nécessaires, puis sombre dans une étrange approche qui vient casser ses propres codes. Certains y verront un twist bienvenu et surprenant, d’autres y verront une immersion brisée en mille morceaux. Normand, votre dévoué testeur penche pour les deux. Reste à évoquer la réalisation, tant d’un point de vue artistique que visuel. Réalisé à l’aide d’Unreal, LUTO est un jeu propre qui ne tranche pas particulièrement avec les autres titres du genre. Il parvient cependant à se démarquer en jouant avec notre sens de l’orientation et en proposant des couloirs, des pièces et des lieux marqués.
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