Développé par Glowmade, un studio indépendant fondé par trois anciens développeurs de Lionhead Studios (Black & White, Fable) et Media Molecule (Little Big Planet), King of Meat est aussi la nouvelle tentative multijoueur d’Amazon Games. Après l’avoir essayé par deux fois sur des salons, nous avons eu accès au jeu complet. Si vous n’en n’avez jamais entendu parler, il s’agit d’un jeu mêlant jeu de plateforme coopératif, hack’n slash accessible et de la création de niveaux. La promesse est de faire du chaos un spectacle, avec des joueurs des stars, qu’ils soient « participants ou architectes du show ». Mais est-ce que la sauce parvient à prendre ?
Conditions de test : Nous avons joué une quinzaine d’heures au jeu sur PS5, principalement en complétant des donjons en solo et en multijoueur. N’ayant pas l’âme d’un créateur, nous n’avons pas exploré le mode construction de niveau en dehors du tutoriel qui explique les bases.
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ToggleUn jeu « Meatique » ?
Habitué au développement (New World: Aeternum) et à l’édition de gros MMO, Amazon Games surprend avec un projet plus original comme King of Meat. Ayant pu approcher le titre et les développeurs plusieurs fois au cours de son développement à travers les différentes previews, on sent bien qu’il s’agit d’un vrai projet de passionnés par des vétérans de l’industrie. On vous invite d’ailleurs à lire notre interview de cet été si vous souhaitez en savoir plus. On y décèle des éclats de génie, notamment dans sa création de niveau, mais aussi des éléments plus clivants.
Pour bien remettre dans le contexte, sachez que King of Meat nous immerge dans le monde loufoque de Loregok, un univers peuplé de dragons, trolls, squelettes… et de corporations capitalistes. Vous incarnez une Brute, l’une des stars d’un nouveau show télévisé où vos aventures deviennent le divertissement numéro un des téléspectateurs. Vous et les autres joueurs êtes ainsi les vedettes d’un spectacle où la survie et le fun du public priment sur tout le reste.
Bien que le soft des britanniques de Glowmade ne propose pas de mode histoire à proprement parler, le ton est volontairement excessif, avec des parodies, blagues meta et un vernis « british » qui assume la gaudriole sanglante. Là-dessus, il faut avouer que cet aspect du jeu ne va pas convaincre tout le monde ou, du moins, pas toutes les générations. De notre côté, nous avons apprécié cette ambiance qui se moque de la télé-réalité et de la culture du spectacle avec une satire un peu à l’ancienne.
C’est notamment là que l’on sent la liberté de ton qu’a bénéficié le studio. Que l’on aime ou pas, on ne peut nier les efforts de mise en scène pour mettre ce ton décalé en avant avec des cinématiques animées et un doublage français d’une grande qualité. On retrouve d’ailleurs énormément de professionnels du doublage qui retranscrivent bien cet humour à travers la voix.
Seul ou à plusieurs, mais mieux à plusieurs
King of Meat est pensé pour être pris en main très vite et être partagé entre amis avec des arènes/donjons remplis de pièges, de monstres et de défis à la difficulté modulable. Sur le papier, on peut jouer seul, et l’on dispose de nombreux donjons créés par studio pour, par exemple, prendre en main les armes et les différentes interactions. Dans les faits, le jeu est meilleur en coop, idéalement à 3 ou 4 personnes. Même en duo, cela reste léger. Malgré une absence de coopération en local, le crossplay est un plus non négligeable pour trouver rapidement des coéquipiers.
Dans les grandes lignes, les donjons sont divisés en deux catégories : combat et plateforme. On peut éventuellement rajouter une troisième catégorie « énigme », mais moins palpable pour le moment et qui s’exprime surtout via le mode création. Sur le terrain des combats, le titre propose un système très complet et particulièrement percutant. On dispose de différentes armes (épée, arbalète, marteau, poings américains…), des « attaques glorieuses », qui sont des sortes d’ultimes irrévérencieux (rôts, patates chaudes ect.) et une foule de combos et techniques. Malgré son côté accessible, les affrontements ne manquent clairement pas de profondeur avec un système de déplacement, d’esquive et de parade.
Les joutes peuvent même tourner au chaos avec d’immenses salles disposant de bombes à jeter et de pièges où l’on peut attirer des ennemis. Même si la lisibilité laisse parfois à désirer, on reste dans le ton exposé d’emblée par le jeu. En revanche, l’aspect plateforme est bien plus décevant avec une lourdeur qui dénote avec l’ambiance dynamique générale. Les donjons demandent parfois du plateforming assez précis au milieu de combats sanglants et on sent que l’intégration se fait au détriment du rythme. Cela peut passer dans des donjons dédiés au plateforming, mais dès qu’il y a des passages assez exigeants dans des donjons plus « classiques », on peut vite perdre patience.
Sa singularité tient toutefois à l’éditeur de niveaux qui nous avait déjà impressionné auparavant. Pour faire court, il est puissant, facile à prendre en main, il favorise la créativité et peut assurer la rejouabilité si la communauté suit. Pour ce point bien précis, mais également pour la globalité, la vitalité de la communauté sera déterminante. L’éditeur de niveaux et les mises à jour régulières peuvent transformer ce bon party game en phénomène durable ou l’inverse si la courbe s’essouffle. Le studio propose déjà un contenu solide qui montre le potentiel créatif de l’éditeur et à l’heure où l’on écrit ces lignes, nous avons par exemple un évènement « Mr Beast » avec des donjons ayant la marque du célèbre YouTubeur.
Une progression perfectible
L’autre point en demi-teinte qui nous a laissé dubitatif, c’est la progression qui est assez lente, même pour ce genre de jeu où l’on vous encourage à compléter un maximum de donjons pour grind. Ainsi, le gain d’équipements/compétences et la montée en puissance ne convainquent pas toujours, surtout en solo. Il s’articule autour de plusieurs composantes : l’expérience, les récompenses cosmétiques et mécaniques, les défis ou « challenges » d’armes, la monnaie interne, les tonics, les compétences (attaques glorieuses), et le classement par arènes ou donjons.
Pour illustrer le souci, on note par exemple quel que soit le niveau de difficulté du donjon, on obtient le même montant d’expérience pour progresser. Cela signifie que, même si vous vous donnez du mal dans un donjon difficile ou complètement exploré, votre gain d’XP n’est pas proportionnel à l’effort fourni. Parmi les créations des joueurs, on voit déjà beaucoup de « donjons de farms » pour progresser rapidement et sans effort. La progression reste néanmoins satisfaisante dans l’obtention de cosmétiques qui se débloquent progressivement et s’achètent contre de l’or gagné en complétant un donjon.
Heureusement, pour contrebalancer tout ça, les classements pour les arènes encouragent la performance et l’exploration. Le jeu récompense les combos, la rapidité, la diversité dans les actions (frapper des objets, toucher des ennemis sans subir de dégâts, etc.) pour gonfler le score. Plus le score est élevé, mieux on se place dans le classement de l’arène.
Sur le plan graphique et technique, King of Meat assume pleinement son esthétique de show télévisé dégénéré. La direction artistique repose sur des couleurs criardes, des textures volontairement exagérées et une mise en scène saturée d’effets visuels, afin de renforcer la dimension parodique et spectaculaire du concept. Côté technique, le jeu tourne de manière stable sur PS5 avec un 60 FPS qui tient la route. Les effets de particules, explosions et éclaboussures de sang nous montre que le moteur maison du studio est bien calibré.
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