Si vous avez bien suivi jusque-là, Attu Games en est officiellement à son deuxième jeu. Le studio tchèque avait auparavant développé un Limbo-like, à savoir Toby : The Secret Mine. L’accueil réservé à ce dernier avait été plutôt bon en dépit de sa forte ressemblance avec Limbo. Trois années et demi plus tard, voilà qu’Attu Games est de retour, en produisant cette fois-ci un metroidvania saupoudré d’action-RPG, qui n’est autre que Feudal Alloy. Après nous avoir donné une bonne impression lorsque nous l’avions pris en main à la Unite Berlin 2018, le produit final est-il à la hauteur de nos attentes ?
Attu, le robot fermier à la poursuite de vilains bandits robots
Concrètement, on ne pourra pas dire que le studio Attu Games se soit creusé la tête bien longtemps afin de trouver un nom au personnage. Feudal Alloy nous permet d’endosser le rôle de… Attu. Oui, ce n’est pas très recherché étant donné qu’il s’agit du nom du studio. Le bougre est un robot fermier à tête d’aquarium, s’occupant chaque jour de vieux robots en fin de vie. Mais voilà qu’un jour, de vilains robots bandits volent justement toute l’huile du village, qui sert aux vieux robots dont Attu s’occupe. Vous voilà donc parti à la recherche des bidons d’huile volés. Très clairement, la narration dans Feudal Alloy n’est incontestablement pas le point le plus important. En fait, le soft s’offre une cinématique d’intro, puis une cinématique de fin… D’ailleurs, la finalité est relativement prévisible, et il est plus que certain qu’il n’y aura pas de suite au vue de sa fin prévisible, expédiée et surtout, décevante. On aurait vraiment adoré avoir un côté narratif un peu plus prononcé comme l’avait très bien fait Iconoclasts en l’occurrence.
Mais bref, Feudal Alloy nous mettra une grosse claque dans la tronche avec sa direction artistique, et surtout son aspect graphique, qui pourront vous décrocher la mâchoire instantanément. Force est de constater qu’ici, les développeurs de Feudal Alloy y ont mis tout leur amour sur le plan artistique, avec des décors un peu médiévaux et robotiques qui en valent la chandelle. Le style graphique cartoonesque est franchement bien fichu de fond en comble, et on reste pas mal de minutes à observer le titre, qui, il faut le dire, est bourré de détails. Pour un jeu qui a trois ans de développement, il faut dire qu’au niveau des environnements, des animations, et surtout des arrière-plans, le jeu aura le don d’agréablement nous surprendre par sa qualité plus que propre sur l’habillage graphique et artistique. Qu’on se le dise, nous avons concrètement l’impression de jouer à un cartoon vivant, comme ce fut le cas avec un certain Cuphead. Un grand bravo en tout cas aux développeurs qui nous proposent là un jeu qui nous épate sur le plan graphique et artistique, et dont il est difficile de lui trouver des défauts. Le seul point noir qu’on lui reprochera, ce sera peut-être les quelques bugs que l’on peut rencontrer ou parfois de petits manques de finition mais pour un studio composé de deux personnes, le résultat est fantastique. Très bon coup de crayon sur ces décors dessinés à la main en tout cas.
Un metroidvania quand même imparfait dans son approche
Feudal Alloy est bel et bien un metroidvania dans son approche. Notre robot à tête d’aquarium gagnera de nouvelles aptitudes pour accéder à d’autres endroits auparavant inaccessibles. Il pourra également ramasser via des coffres rouges quelques nouvelles clés pour accéder à de nouvelles zones, une carte de ces dernières, ou encore de nouvelles attaques ou attributs pour aider Attu à progresser. De plus, notre héros pourra récupérer via des coffres jaunes de nombreuses pièces d’or, ou bien du loot pour notre personnage par le biais de coffres bleus, disséminés un peu partout dans les diverses zones du jeu. Comme dans certains metroidvania, un système de marchand est aussi de la partie. Moyennant vos pièces d’or ramassées sur les ennemis défunts ou via les coffres jaunes, vous pourrez les dépenser en équipements pour votre personnage, mais aussi des bombes, ainsi que du liquide de refroidissement pour votre jauge de surchauffe, et des bidons d’huile pour vous refaire une santé. Ce système là est concrètement bien huilé, sans mauvais jeu de mot, mais dommage qu’il soit par contre impossible de vendre notre stuff obsolète, ce qui fait que notre inventaire va très vite se remplir pour rien, et qu’il sera parfois difficile de vraiment s’y retrouver…
L’autre partie intéressante sur le papier de Feudal Alloy, c’est indéniablement sa partie RPG. Le soft se dote d’un système de compétences, mais aussi de loot. En tuant des ennemis, notre robot ramasse dans un premier temps des pièces de robots, qui lui feront augmenter une jauge d’expérience en haut à droite de l’écran. Une fois la jauge remplie, vous gagnez un point d’expérience, à dépenser dans trois arbres à compétence entre les dégâts, votre armure, ou encore votre jauge de surchauffe. En outre, notre vaillant robot à tête d’aquarium pourra récupérer de l’équipement, afin qu’il soit bien plus fort et performant lors des combats. Vous pouvez en fait concrètement changer quatre parties de son corps à savoir sa tête, son torse de métal, ses bras ainsi que ses ses jambes mécaniques. Vous allez looter systématiquement ces différentes parties mécaniques du robot via des coffres bleus, ou en achetant chez le marchand. Cela vous donnera la possibilité d’être meilleur au niveau du stockage de votre huile – représentant la santé, ou bien encore faire plus de dégâts, ou être plus résistant. Dans l’idée, cette mécanique fonctionne bien, même si cela nous donne une impression de rouler facilement sur le jeu à la toute fin, car nous pouvons devenir surpuissant rapidement, ce qui fait que les autres équipements lootés dans les coffres ou chez le marchand en deviennent finalement inutiles. On regrettera qui plus est la progression de notre protagoniste vis à vis du système de jauge d’expérience, terriblement lente à se remplir… Vous ne finirez donc jamais le jeu avec vos arbres à compétences remplis. Cela dit, heureusement qu’à la base la difficulté du jeu est largement abordable.
Séduisant par sa direction artistique et tout son aspect RPG, Feudal Alloy paie cash ses défauts, entre manque d’inspiration, et répétitivité flagrante.
Au niveau de son gameplay pur, Feudal Alloy se manie franchement bien. Le titre est relativement précis dans sa prise en main assez agréable, et on remarque vite qu’à chaque attaque, la jauge de surchauffe de notre personnage robotique augmente. Il faudra faire extrêmement attention à cette dernière, au risque de ne plus pouvoir attaquer pendant quelques secondes, le temps que la jauge de surchauffe refroidisse un peu. Pour palier à cela, vous aurez la faculté d’utiliser des liquides de refroidissement qui gèleront votre jauge de surchauffe, et vous autoriseront à attaquer indéfiniment pendant un court laps de temps. Encore une fois, les développeurs ne manquent pas d’idée sur le papier mais dans la pratique, cette jauge finit tout bonnement par être un peu agaçante à la longue.
D’autant plus que la partie combat, bien que classique d’un jeu d’action en 2D qu’on se le dise, s’offre par moment une hitbox assez limite, et mal calibrée. C’est vraiment regrettable et rageant, d’autant que le jeu est pourtant fun de base. Au rayon des défauts qui plus est, on pourra lui reprocher de se doter au final d’assez peu de puzzles, dont la plupart ne sont malheureusement pas des plus inspirés. Quant au côté plateforme et au niveau des boss, ils ont la particularité d’être en définitive assez peu nombreux. Effectivement, il y a bien quelques phases de plateformes, mais celles-ci sont beaucoup trop courtes et peu intéressantes. Quant aux boss, n’en cherchez pas plus de deux, car les autres boss ne seront juste que de bêtes vagues d’ennemis… L’inspiration semble avoir été parfois perdue en route, et c’est regrettable car le jeu transpire l’amour du jeux vidéo, et on ne peut pas enlever cela à Feudal Alloy.
Dans sa construction globale, le bébé d’Attu Games reste relativement répétitif dans son schéma. En clair, vous allez systématiquement parcourir la carte pour affronter un boss, récupérer un module, dénicher une nouvelle clé, activer une plateforme de téléportation pour pouvoir accéder à la ladite zone, et accéder à la carte suivante. Au niveau du level-design d’un metroidvania, on a déjà vu des constructions beaucoup plus subtiles, malines, et intelligentes que cela. Du coup, le jeu nous laissera un goût amer rien qu’avec cette progression qui vous fera finalement lâcher le jeu quelques instants, avant d’y revenir une nouvelle fois avec un grand plaisir. Dommage que tous ces petits détails empiètent sur la qualité du jeu, qui est pourtant terriblement bourré de qualités sur certains points. Néanmoins, on appréciera que le soft d’Attu Games, pour 14,99 €, s’offre une durée de vie honorable de 6h de jeu, en rushant un peu. La durée de vie pourra être assurée de quelques petites heures supplémentaires en tentant de tout finir à 100 %, ou d’acheter tous les équipements pour votre bon plaisir par exemple.
Un dernier paragraphe très court concernant la bande-son. Il est toujours important de parler de la musique dans un jeu vidéo, et force est de constater que les mélodies employées dans Feudal Alloy concorde bien avec l’atmosphère du jeu. L’esthétique un peu médiévale du soft nous gratifie logiquement de musiques féodales, et le tout correspond parfaitement bien au titre. Seulement, on sera au regret d’observer que les musiques restent peu nombreuses, et finissent par vite se répéter. On aurait au passage aimé des thèmes plus marquants mais fin de compte, il n’en est rien. Le sound design passe, sans plus.
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