Développé par le petit studio danois Nordcurrent Labs, Eriksholm: The Stolen Dream se lance avec une certaine folie des grandeurs dans le bain des jeux indépendants en ce deuxième semestre de 2025. Le soft tente de se démarquer de la scène indé avec une proposition d’infiltration en vue isométrique, tout en arborant également une direction artistique soignée, avec des animations faciales et des graphismes sublimes. Malheureusement, le titre dévoile ses limites dans les libertés proposées aux joueurs et aux joueuses, donnant un petit goût amère au gameplay, qui contrairement à la direction artistique, n’est pas exempt de défauts.
Conditions de test : Nous avons joué au jeu pendant environ 9h30, sur PC avec une version envoyée par l’éditeur.
Une poésie dans sa direction artistique
L’action d’Eriksholm: The Stolen Dream prend place dans une ville fictive, qui s’inspire des paysages scandinaves du vingtième siècle. Nous incarnons la jeune Hanna, enquêtant sur la disparition mystérieuse de son jeune frère Herman, qui semble être liée à un complot pouvant changer le destin de la ville d’Eriksholm.
De ce fait, Hanna se lance dans une aventure à la recherche de son jeune frère, à travers une épopée semée d’embûches où notre protagoniste doit faire preuve d’agilité et de discrétion, afin de fuir la police municipale.
Pendant ses péripéties, Hanna retrouve d’anciens compagnons de route qui l’aident à avancer lors de ses phases d’infiltration, pour mener à bien sa quête initiale. Cependant, ils lèveront également petit à petit le voile sur une conspiration politique qui va bien au-delà de l’imaginaire d’Hanna.
Eriksholm: The Stolen Dream, est une aventure sympathique, mais qui ne nous a pas transcendé dans sa narration trop convenue, et un rythme souvent lourd, s’étendant sur huit chapitres avoisinant une durée de vie de huit heures. D’autant plus que le titre tombe rapidement dans les clichés dès le début de la deuxième partie. Son histoire sympathique peine ainsi à nous marquer sur le long terme.
Un problème de rythme dans la narration qui aurait pu être amoindri, si plus de cinématiques étaient présentes lors des phases de dialogue. En effet, Eriksholm dispose de magnifiques cinématiques pour une production indépendante, mais malheureusement, elles se font trop rares. Cela est d’autant plus triste lorsque chaque cinématique est un régal pour la rétine, avec notamment les animations faciales aux émotions totalement crédibles.
En plus de cela, techniquement, Eriksholm utilise avec brio l’Unreal Engine 5, en nous proposant des environnements sublimes et variés, où la ville et son level design semblent être un magnifique tableau qui prend vie une fois la manette en main. En plus, cette manière d’aborder le level design permet d’avoir un gameplay d’infiltration dans les différents tableaux du soft, qui est soigné par en plus d’être grandement réfléchi, ce qui permet un renouvellement dans le gameplay à chaque nouveau chapitre, ou presque.
Cependant, bien que l’expérience soit fascinante, il faut aussi noter qu’il est très difficile d’enchaîner deux chapitres sans faire une pause, tant l’attention doit être constante, pour souvent refaire la même boucle dans le même tableau.
Une infiltration qui se met des bâtons dans les roues
Le titre nous propose un gameplay d’infiltration avec une vue isométrique, afin de permettre au joueur de déplacer à sa guise la caméra pour profiter des décors théâtraux, mais aussi pour planifier la manière d’approcher l’infiltration comme si nous étions sur une maquette.
Le jeu nous permet d’incarner deux autres personnages qui se débloquent au fur et à mesure que nous progressons dans l’histoire, afin d’aider Hanna dans sa quête, mais aussi pour renouveler constamment le gameplay et ne pas ennuyer le joueur ou la joueuse, même si pour ce détail précis, nous avons retrouvé quelques petits points noirs.
Chaque personnage a ses compétences uniques donnant l’impression d’avoir une liberté dans son approche pour résoudre le problème qui se présente à nous. Nous avons donc Hanna qui peut se faufiler comme Batman dans les conduits, et qui peut endormir les ennemis avec sa sarbacane, alors qu’Alva peut grimper sur les tuyaux pour ensuite lancer des cailloux afin de faire une distraction pour Hanna en cassant notamment des spots lumineux, et Sebastian est le seul à pouvoir nager et éliminer discrètement au corps-à-corps les adversaires.
De ce fait, chaque unité a son rôle à jouer dans la résolution des puzzles, dans cet environnement qui nous pousse à l’observation et l’analyse et non à l’approche brutale, ce qui en fait clairement un élément plus que positif. En soulignant également que c’est cette approche qui manque dans les jeux qui proposent des composantes d’infiltration de nos jours.
Malheureusement, le level design impose rapidement ses limites, et les énigmes deviennent de plus en plus lourdes au fil de l’aventure. Non seulement car les puzzles se ressemblent pour la plupart d’entre eux, mais également car il n’y a qu’une seule solution exigée par le jeu, pour contourner le problème. De fait, l’infiltration est ingénieuse dans les grandes lignes, mais la linéarité vient rapidement casser la rejouabilité et renforce un ennui progressif.
Dans sa globalité, Eriksholm: The Stolen Dream arbore un gameplay d’infiltration basique mais qui utilise à merveille son monde afin d’avoir une mise en scène cinématographique dans la résolution de ses puzzles. Cependant, une fois les crédits de fin atteints, le soft nous pousse à revenir faire les différents chapitres uniquement pour les différents collectibles à récupérer.
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