Avec The Berlin Apartment, le studio btf a voulu tenter quelque chose de radicalement différent. Après avoir réalisé quelques titres comme Truberbook, un jeu d’aventure science-fiction fait main, ou encore plus récemment Constance, un jeu d’action aventure à la sauce metroidvania, le développeur allemand a voulu retourner sur de la narration pure et dure.
C’est ainsi qu’est né The Berlin Apartment, un jeu qui va vous faire traverser les époques. Il s’agira de faire la connaissance de personnages qui ont vécu dans un même appartement berlinois durant des générations entières. Une idée qui sort un peu des sentiers battus, et après l’avoir terminé, même s’il n’est absolument pas parfait, force est d’admettre qu’il s’agit là d’une petite production qui touche en plein cœur.
Conditions de test : Nous avons terminé The Berlin Apartment en trois heures de jeu en prenant notre temps. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 Ghz). Ce test est garanti sans spoiler majeur.
L’appartement de Berlin qui traverse les âges

The Berlin Apartment ne propose pas une narration comme les autres walking simulator, et part sur une idée relativement originale. Dans un Berlin situé en 2020, nous avons Dilara ainsi que son père Malik, qui décident d’aller rénover un appartement dans un immeuble. Une simple routine pour l’artisan allemand. C’est ici que nos protagonistes vont découvrir les souvenirs de nombreux personnages qui ont réellement vécu dans cet appartement durant des décennies entières.
Grossièrement, nous passerons de l’avant à l’après-guerre, en passant aussi par le contexte de l’Allemagne autrefois coupée en deux par le mur de Berlin. Dans les divers flashbacks, vous ferez tour à tour la connaissance de Kolja et Lu, Josef, Mathilda et sa mère Magda avec son frère, ainsi que Toni, fille d’un écrivain de renom. Ces derniers auront vécu dans des époques différentes, et auront subi divers événements, pas forcément des plus plaisants pour certains. Il s’agit là d’un premier point fort pour le soft, qui est de se doter d’une narration poétique et touchante à la fois, tout en provoquant un gros sentiment de nostalgie pour certaines époques (pas toutes, évidemment).
Par contre, en voulant incarner autant de personnages, nous avons le sentiment que le studio allemand btf part un peu trop dans tous les sens. Effectivement, même si deux histoires sur les quatre auront eu le don de provoquer un sentiment d’empathie en nous, les deux autres nous aurons laissé de marbre. Sûrement parce que les histoires sont beaucoup trop courtes pour connaitre les protagonistes sous tous les angles, mais aussi parce que la narration va beaucoup trop en surface, nous sortant quelquefois du récit. C’est le point qui nous aura frustré, parce qu’il y a quand même des idées géniales dans la mise en scène, notamment sur la dernière histoire de Toni, qui a de l’idée à revendre.
Tout n’est hélas pas parfait, comme la fin du jeu, mais aussi les choix de dialogue. Car oui, sur deux histoires en particulier, le studio allemand btf a trouvé bon de laisser le choix au joueur de répondre parmi plusieurs possibilités. L’idée est plus que louable dans le fond, mais vite tuée par le fait que ces choix n’ont aucun impact sur le récit en cours. C’est bien amené sur la dernière partie du jeu avec Toni, car cela est organique avec l’ensemble, mais pour un résultat finalement peu impactant, et avec une fin qui ne se dessine qu’avec l’ultime choix qui nous est offert. Une mécanique sous-exploitée comme la fin qui, si elle délivre un très beau message émouvant, nous laisse hélas sur notre faim.
Cinq époques, pour un gameplay qui reste trop simple ?

Pour le gameplay pur, vous l’aurez compris, vous allez donc prendre littéralement le contrôle de quatre personnages, cinq si l’on compte Dilara dans le présent. Sans grosse surprise, on retrouve une maniabilité plutôt classique. On se balade grossièrement dans l’appartement, tout en examinant quelques objets ou lettres, et en effectuant quelques tâches en accord avec ce que dit le protagoniste sur le moment. En somme, The Berlin Apartment n’est guère surprenant sur sa jouabilité, allant même proposer des semi-QTE à faire à la souris pour effectuer des actions spécifiques. Au départ amusants, notamment pour plier des avions en papier sur la première histoire, ces derniers deviennent vite redondants, et peu inventifs.
L’ensemble est donc classique et efficace, et le titre de btf n’hésite pas à piocher dans divers autres jeux. Les puzzles proposés seront ici largement accessibles, et offrent même une séquence à la The Star Named EOS, où vous devez trouver des affaires dans l’appartement, puis les ranger dans une valise façon Tetris. Qu’on soit clair, le soft n’invente rien dans son gameplay, bien qu’il y ait tout de même des phases pendant lesquelles vous devez faire autre chose que placer ou chercher inlassablement des objets pour progresser. Elles sont malheureusement trop rares pour être marquantes, et les trois quarts des énigmes seront d’une facilité déconcertante, laissant peut-être les joueurs avides de casse-têtes challengeant sur le bord de la route.
En dehors de ça, il y a une bonne interaction avec le décor, qui n’en fait cependant pas assez. Il est fréquent, durant ces trois heures de jeu, de faire juste ce que The Berlin Apartment nous demande. Autrement dit, ne vous attendez pas à avoir énormément d’interactions avec le décor, le jeu se cantonnant au strict minimum dans son gameplay. Même les passages avec Dilara, offrant presque un moment « déchirage de papier peint simulator », ne sont guère stimulants. Cela est toutefois nécessaire pour passer au souvenir suivant mais dans l’exécution, The Berlin Apartment en oublie avant tout de nous procurer un minimum de fun. Alors tout n’est pas à jeter, car le titre arrive à avoir des éclairs de génie avec des éléments qui impliquent le joueur. Néanmoins, ce n’est que de courte durée, et heureusement que le jeu ne dure que trois heures.
On finit avec la bande-son et les graphismes, deux réussites, ou quasiment. Hormis quelques bugs et une optimisation un peu douteuse, c’est le style graphique qui sauve le jeu. Dans une ambiance à mi-chemin entre le cel-shading et le cartoon, The Berlin Apartment dispose d’un cachet artistique réussi. Le jeu est très agréable pour la rétine, et nous permet de nous en mettre plein la vue avec son style graphique atypique. Concernant la bande-son, elle est plutôt chill, et avec un bel acting des comédiens de doublage. C’est plus qu’honnête, et l’ensemble sonore et graphique se marie bien.
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