Au moins de juin dernier, Obsidian et Asmodee Digital s’unissaient pour nous offrir la sortie d’une adaptation vidéoludique du jeu de rôle Pathfinder de Black Book. Disponible sur Steam, cette transposition dans un tout autre genre d’une œuvre bien connue du public avait de quoi inquiéter tant les attentes allaient être grandes. Néanmoins, on pourra d’ores et déjà râler sur une campagne de communication assez timide de la part des développeurs et des éditeurs à propos de leur titre à sortir. En effet, assez peu de news ont été rendues publiques au sujet de cette sortie estivale, qui avait pourtant de belles promesses dans les poches.
Moi-même joueur sur l’œuvre dont est tirée cette création du studio américain, j’ai jugé intéressant de me pencher sur cette petite aventure numérique. J’ai placé de nombreux espoirs dans ce titre et, partant de là, j’ai lancé le titre pour la première fois, non sans une petite once de crainte. En effet, j’avais la peur que ce dernier ne soit une déception, un énième déchet à envoyer dans les tréfonds de ma mémoire et de mon compte Steam, mais j’ai jugé que ce n’était pas le cas, que j’étais plutôt devant une création qui valait la peine d’être mise en valeur aux yeux de tous et que sa place était parmi les bonnes adaptations. C’est en démarrant de ce constat, que je vais tenter de vous exposer pourquoi je vois les choses ainsi.
C’est l’heure du d-d-d-d-du DUEL !!!
Avant toute chose, il vous sera peut-être utile de savoir que je ne me pose pas en expert du style de Pathfinder Adventures, que j’ai eu le plaisir de tester pour vous, surtout pas dans un format de jeu vidéo. Cette donnée étant clarifiée, nous pouvons rentrer directement dans le vif du sujet, à savoir le jeu !
Puisque cette adaptation est celle d’un jeu de rôle, il va sans dire que l’on se retrouve ici dans un contexte où vous incarnerez toute une équipe d’aventuriers qui devront combattre des hordes d’ennemis, de vilains, de méchants. Le scénario va donc globalement tourner autour de cette thématique de l’opposition entre le bien, représenté par vos avatars, et le mal, ici représenté par tout ce qui vous barre la route. Les échanges de coups ne se feront pas via le martelage de l’une ou l’autre touche de votre clavier/manette, mais bien via la réflexion, l’utilisation de cartes ET une pincée de chance puisque vous aurez à lancer des dés pour chacune de vos actions. Pour ce qui est du contenu, on se retrouve ici avec l’entièreté des scénarios de « Rise of the Runelords » ainsi que pas moins de onze héros à utiliser comme bon vous semble dans l’avancée de ces différents scénarios.
Votre avancée, parfois chaotique, sera rythmée par des combats où le but sera de débusquer le boss du scénario afin de le vaincre. Chose aisée vous vous dites certainement en ce moment même. Mais loin de là, car vous n’avez aucune idée de la zone dans laquelle se trouve ce dernier, ni même quand est-ce que vous allez le rencontrer. Il pourrait tout aussi bien être le premier que vous rencontrez, ou le dernier. Tout n’est qu’une question de chance, ou plutôt d’aléatoire. Pour vaincre ce boss, vous devrez déplacer vos personnages dans différentes zones, qui sont généralement au nombre de 8. Vous disposez de 6 personnages à répartir dans lesdites zones en début de scénario, mais attention, car certaines zones offrent des bonus et des malus mais demandent parfois de posséder, également, un certain niveau dans l’une ou l’autre caractéristique des personnages pour que ce dernier soit efficace, il s’avère donc d’être stratégique dans la façon dont vous allez dispatcher vos personnages à travers la carte.
Une fois que vous aurez correctement, selon vous, envoyé chaque membre de votre équipe guerroyer ou investiguer (vous ferez de toute manière toujours les deux) aux 4, ou plutôt 6, coins de la map, vous pourrez vous intéresser à l’activité principale dans ce jeu : casser des tronches, mais de façon purement stratégique. A la manière d’une petite course contre la montre, car vous disposez d’un nombre de tour maximal pour vaincre le boss, vous devrez arpenter l’entièreté de la carte afin de débusquer votre adversaire et le terrasser. Sachez que si vous tombez nez à nez avec votre ennemi, ce dernier, une fois vaincu, ira se réfugier dans une autre zone présente sur la carte, il s’avère donc nécessaire de lui couper toute retraite en « fermant » chaque zone avec vos personnages. Pour réaliser cette fermeture, rien de plus simple, il vous suffit de vaincre le lieutenant présent dans la zone (ou de vider complètement le deck de la zone) pour ensuite effectuer un jet de dés d’une caractéristique afin de fermer tous les accès pour un éventuel repli du boss. Une fois la zone fermée, vous pourrez déplacer le(s) personnage(s) présent(s) vers une autre zone et continuer votre aventure en suivant le même schéma pour chaque zone, jusqu’à toutes les occuper et vaincre le chef.
Une équipe malléable pour un style de jeu variable
Mais bien au-delà de ces mécaniques quelque peu basiques, Pathfinder Adventures nous apporte un petit quelque chose de plus, voire même plusieurs petites choses. En effet, on retrouve une articulation de la phase d’action en cinq sous-phases, qui correspondent à votre pioche, votre possibilité de vous déplacer ailleurs sur la map, votre tour de jeu, les conséquences de votre tour de jeu et la possibilité de défausser des cartes ou de simplement passer au joueur suivant. Pouvant être perçue comme compliquée à comprendre, cette mécanique s’avère assez intuitive finalement, et ne vous dérangera pas plus que cela une fois les premières parties jouées. Cette mécanique ne demande d’ailleurs pas vraiment d’attention de votre part puisque ces sous-phases se suivent toutes, toujours de la même manière. Durant la phase d’exploration, vous piocherez une carte dans la pile adverse, vous y découvrirez ainsi un monstre, une arme, un artefact, un allié, etc. Pour obtenir ou vaincre cette carte, vous devrez effectuer un jet de dés avec lequel vous devrez, au minimum, atteindre le score affiché sur la carte. Si vous réussissez, vous obtiendrez la carte si elle peut vous être utile et dans le cas contraire, si c’est un monstre par exemple, elle sera simplement détruite. Toute carte pouvant vous servir sera également détruite en cas d’échec au jet de dés alors que si c’est un monstre, elle sera replacée dans le deck de la zone et vous infligera en prime des dégâts s’élevant à la différence entre le score nécessaire à votre victoire et votre score effectif.
En gros, vous l’avez sans doute imprimé depuis le début de ce test, tout est très stratégique et chaque décision demande de peser le pour et le contre. Vous aurez à prendre un très grand nombre de décisions et vous devrez les prendre correctement, pas simplement en haussant les épaules et en prenant au hasard, ça ne fonctionnera pas. Le soft est très punitif si vous êtes trop téméraire, mais également si vous êtes trop lâche.
Du point de vue des personnages, sachez que ces derniers peuvent être vaincus, que cela soit par le temps ou par les monstres qui vous tomberont dessus. En effet, lorsqu’un personnage n’a plus suffisamment de cartes dans son deck pour remplir sa main de jeu, ce dernier est déclaré « tombé », mais il pourra être réutilisé dans un scénario ultérieur, il faut donc le voir comme assommé plutôt que comme mort comme dans un Fire Emblem par exemple. Oui, j’ai conscience que cette comparaison n’a pas lieu d’être, mais c’est la première chose à m’être passé par l’esprit en parlant de mort définitive d’un personnage. Vous aurez, ne vous en faites pas, également des cartes vous permettant de récupérer des cartes défaussées pour les mettre dans votre deck, de sorte à ne pas tomber à court et connaître le K.O.
Du côté purement mécaniques de jeu, je pense avoir réalisé un tour plus ou moins complet des éléments importants à connaître et, de ce fait, j’aimerais pouvoir aborder rapidement deux aspects importants, mais qui sont vite relégués au second plan compte tenu du genre dont découle le jeu; à savoir les musiques et les graphismes, qui se résument ici à des artworks, ce qui est logique, puisque l’on ne va pas avoir énormément de mouvements dans un jeu de cartes, soyons logique. Le premier aspect ici cité est franchement bon. La bande-son s’incorpore parfaitement avec le jeu et permet de maintenir une ambiance lorsque le joueur réfléchit. Les bruitages sont fort bien réalisés, même si l’on finira, à un moment ou un autre, par détester certains d’entre eux, comme le son de l’échec par exemple.
Les artworks quant à eux, sont splendides, de bonne qualité et avec un travail qui respecte réellement les éléments graphiques que l’on peut retrouver dans les différents livres du jeu de rôle d’origine. On en viendrait donc à se plaindre d’un seul réel point faible, l’absence de traduction … Cette dernière est pénalisante puisque toute personne ne maîtrisant pas correctement la langue de Shakespeare ne pourra réaliser l’aventure correctement compte tenu de la quantité d’informations à comprendre, à retenir sur chaque carte. La quantité de lecture imposée par le soft rend difficile la prise en main de ce dernier pour tout anglophobe, ce qui diminuera malheureusement le public pour un jeu qui pourtant mériterait d’être plus consommé.
Cet article peut contenir des liens affiliés