Cinq ans après un premier épisode qui avait su séduire les amateurs de combats de méchas tout en laissant une partie du public sur sa faim, Daemon X Machina revient avec Titanic Scion, une suite qui prend des risques assumés. Exit la structure purement basée sur des missions à rejoindre, l’équipe de First Studio a choisi d’ouvrir son univers avec de vastes zones à explorer. De plus, l’incarnation du mécha prend une tout autre dimension avec une échelle humaine. Reste à voir si ce pari audacieux parvient à séduire aussi bien les vétérans que les nouveaux venus.
Conditions de test : nous avons terminé le titre sur PC via Steam avec la configuration suivante : AMD Ryzen 7 5800X3D, 16 Go de RAM DDR4 et AMD Radeon RX 6700 XT. Nous avons également pu prendre en main la version Switch 2.
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ToggleUne suite qui s’éloigne de son ancêtre
Les jeux de mecha ne sont pas légion dans le paysage vidéoludique, si bien que les fans du genre se montrent particulièrement friands de titres ambitieux comme Armored Core VI: Fires of Rubicon. Contrairement à ce dernier, bien que Kenichiro Tsukuda (producteur du jeu) soit un vétéran de la licence de From Software, Daemon X Machina: Titanic Scion s’éloigne de cette philosophie pour adopter une approche davantage tournée vers le RPG.
S’il conserve les fondamentaux qui ont fait le succès du premier opus, les critiques formulées à son encontre n’ont pas été ignorées. Marvelous a pris de nombreux virages audacieux pour cette suite. Des choix qui ne plairont pas forcément à tout le monde, mais qui, selon nous, améliorent sensiblement la formule, même si certaines imperfections demeurent.
Le premier épisode proposait un univers intéressant avec une mythologie post-apo/mécha originale, mais sa narration, lourde et confuse, tentait de se donner une profondeur qu’elle ne possédait pas réellement, servant surtout de prétexte à enchaîner les missions. Titanic Scion adopte une approche plus mesurée, avec une narration au ton résolument “anime”, plus légère, portée par des personnages plus travaillés. Nous sommes plongés plusieurs siècles après le premier opus où les humains ont colonisé une nouvelle planète. Mais cette colonisation s’est accompagnée de fractures profondes. Les Outers, des êtres humains dotés de capacités spéciales liées à l’exposition au Femto, une ressource énergétique mystérieuse, ont fini par se rebeller face aux discriminations qu’ils subissaient.
En réponse, les Outers ont créé un organisation militaire, le Sovereign Axiom, en prenant le contrôle des Gardens, d’immenses satellites de défense orbitaux. Vous incarnez d’ailleurs un Outer après en crash en plein alors qu’il fuyait l’une des stations spatiales. Malgré une méfiance à son égard, il finira par rejoindre les Reclaimers, une faction rebelle. Pour couronner le tout, les humains doivent aussi faire face à une menace plus inquiétante encore : les Immortals, des créatures mi-organiques mi-mécaniques, hostiles et imprévisibles.
Iron Mannequinat
Même si le récit se révèle bien plus digeste que celui du précédent opus, il n’a rien d’exceptionnel. Le trop grand nombre de personnages impliqués empêche de réellement les développer, et certaines intrigues se résolvent en quelques lignes de dialogue à peine. Même le groupe des antagonistes, « Les Neun », compte quelques membres au background intéressant, mais leur traitement est expédié trop rapidement. La dernière partie du jeu illustre bien ce sentiment, avec un enchaînement de boss assez nombreux mais dénué de véritable souffle narratif. Dommage, car les premières heures parvenaient à nous enthousiasmer sur ce plan.
En revanche, Daemon X Machina: Titanic Scion réussit pleinement sa mue grâce à sa structure en monde ouvert et son (quasi) abandon des robots géants au profit d’exosquelettes à l’échelle humaine. Ce choix donne au gameplay une nervosité bienvenue, tant dans les déplacements que dans les affrontements. Les zones ouvertes restent assez classiques en matière d’objectifs (quêtes annexes, points d’intérêt, ennemis qui patrouillent…), mais c’est ce sentiment de liberté qui convainc que le passage en open world est une évolution pertinente. Les déplacements sont fluides, que l’on coure au sol ou que l’on prenne son envol, et il est même possible de chevaucher des montures, qu’il s’agisse d’une moto ou d’un cheval.
Le jeu prend ainsi un tournant proche d’un Monster Hunter, où l’exploration sert avant tout à récolter des ressources et traquer des monstres pour obtenir des matériaux. Mais la plus grande force de Titanic Scion reste son système de personnalisation absolument colossal. Les possibilités se comptent en centaines, voire en milliers, de combinaisons. L’armure façon « Iron Man » se compose de cinq pièces (casque, torse, deux brassards, jambières) et jusqu’à six emplacements d’armes (quatre principales, une d’épaule et une auxiliaire), le tout limité par une jauge de Mémoire. Dépasser cette limite pénalise la mobilité, obligeant à arbitrer en permanence entre puissance brute et agilité. Chaque pièce peut recevoir des mods, être améliorée pour gagner des slots, transmogrifiée pour changer d’apparence, et il est possible de sauvegarder plusieurs presets complets.
Pour les amateurs de bidouillage et d’optimisation, c’est un terrain de jeu rêvé. Cette richesse rend même la chasse au loot et le grind un peu moins frustrants. À chaque carcasse de monstre, il faut en effet choisir une pièce parmi plusieurs, ce qui introduit une vraie décision stratégique à court et long terme.
Daemon X-Men
L’autre grande couche de personnalisation concerne votre avatar. Non content de pouvoir le façonner physiquement au début de l’aventure, vous pouvez ensuite récolter des segments d’ADN d’Immortals afin de débloquer des capacités passives, en les fusionnant dans le laboratoire de votre base. Les gènes sont codés par couleurs/catégories, et certaines combinaisons déverrouillent même des compétences actives (leurres, camouflage, auto-esquive), au prix d’un drain de Femto, la même ressource utilisée pour voler ou dasher. Plus on fusionne, plus l’avatar accumule des mutations, au point parfois de ne plus ressembler à un humain. Il est possible de purger ces transformations pour retrouver son apparence d’origine, mais le coût en argent est colossal.
Une fois toutes ces améliorations engrangées, que ce soit pour l’exosquelette ou pour l’avatar, le système de combat révèle toute sa richesse. Le jeu franchit clairement un cap par rapport à son prédécesseur, avec un pilotage d’exosuit qui trouve un équilibre entre nervosité et lourdeur mécanique. Le lock-on manuel rend les duels plus lisibles, tandis que la visée libre garde son utilité dans certaines situations plus techniques. Les affrontements alternent entre des escarmouches nerveuses contre drones ou Outers adverses, et de véritables chasses de colosses mécaniques pensées comme des boss fights, où il faut analyser les patterns, cibler des points faibles destructibles et choisir le moment opportun pour frapper.
La nouveauté la plus marquante vient des prises et projections. Une fois un ennemi étourdi, on peut le saisir et l’envoyer au sol ou contre le décor, une mécanique spectaculaire qui renforce le côté physique des affrontements. La mêlée, autrefois brouillonne, gagne ici en lisibilité et en impact grâce à des combos clairs, des enchaînements nerveux et une grande variété d’armes. Les sensations sont donc à la fois dynamiques, aériennes et percutantes, sans jamais basculer dans le chaos incontrôlable. Chaque erreur est sanctionnée, soit par une consommation excessive de ressources, soit par une ouverture laissée à l’adversaire, ce qui donne un rythme cadencé et exigeant aux batailles.
Les gros Mechas sont là
Même si Titanic Scion recentre l’action sur des armures plus agiles, le jeu n’abandonne pas totalement l’héritage des gros méchas lourds du premier opus. En progressant dans l’histoire, on débloque la possibilité d’invoquer temporairement une “Armure Lourde”, une machine gigantesque qui rappelle les sensations du précédent épisode. Cette invocation fonctionne comme une compétence ultime, reposant sur une jauge spécifique à remplir au fil des combats. Une fois activée, elle permet de déployer un mécha massif directement sur le champ de bataille et de se défouler pendant quelques secondes. Plusieurs modèles d’armures lourdes sont à débloquer et il est même possible de modifier certains modules d’armement. Un clin d’œil appréciable pour les fans de la première heure.
Comptez environ 25 heures pour terminer la quête principale, et facilement le double pour accomplir l’ensemble des quêtes annexes. Le contenu secondaire est riche, avec un mini-jeu de cartes à collectionner disséminées un peu partout, un colisée proposant des combats relevés avec de belles récompenses, et bien sûr l’éternelle chasse au loot pour obtenir toutes les pièces d’armures, armes et fusions. Même si nous n’avons pas encore pu tester la coopération en profondeur, Titanic Scion renforce clairement son potentiel multijoueur avec une certaine synergie entre builds qui apporte une dimension stratégique supplémentaire. Certains joueurs privilégieront le soutien (leurres, soins, buffs), d’autres l’assaut frontal ou les attaques à distance.
Le crossplay est bien présent, et même en solo, l’aspect communautaire subsiste grâce à des fonctionnalités asynchrones. On peut tomber sur les bases d’autres joueurs ou récupérer du matériel abandonné lors de leurs combats. En revanche, pas de PvP direct au lancement car le studio a préféré se concentrer sur la coopération, tout en laissant la porte ouverte à un ajout ultérieur.
Enfin, côté sonore, la bande originale reste fidèle à l’esprit de la licence, avec des compositions épiques électro-métal, entrecoupées de moments plus calmes et atmosphériques. Sans être immédiatement marquante, elle accompagne efficacement l’action. On note aussi la précence d’un doublage anglais et japonais avec des voix assez connues dans le milieu et qui donnent plus de corps aux personnages, dont notre avatar.
Le point sur la technique sur PC et Switch 2
Sur le plan visuel, Titanic Scion abandonne le cel-shading flashy du premier opus pour une direction artistique plus réaliste et sombre. Le résultat donne une identité visuelle plus mature, avec des zones ouvertes souvent spectaculaires mais parfois un peu vides. Techniquement, la version PC se distingue par une grande souplesse : options graphiques avancées (TAA, TSR, DLSS, FXAA) et près d’une cinquantaine de paramètres couvrant la qualité des textures, des ombres… En 1440p et un framerate bloqué à 60 FPS, nous n’avons pas souffert de ralentissement ou autres imperfections techniques. En revanche, on ne comprend pas le temps de chargement pour les voyages rapides qui ont drastiquement augmenté par rapport à notre preview (on précise que le jeu est bien installé sur SSD). On espère qu’une mise à jour réglera le souci, mais ce point a particulièrement nuit à notre expérience.
Sur Switch 2, la technique reste le point le moins reluisant de Titanic Scion. Les sessions de jeu montrent régulièrement des ralentissements notables, aussi bien dans les zones urbaines que lors des affrontements les plus chargés, avec quelques freezes d’une seconde qui cassent le rythme. Les textures mettent parfois du temps à se charger, et certaines affichent un rendu daté. Là aussi, on note des temps de chargement affreusement longs. En l’état, la Switch 2 permet de profiter de l’expérience complète, mais avec des compromis techniques évidents par rapport aux autres supports.
Ci-dessus des captures du jeu sur Switch 2 en mode portable et ci-dessous en mode docké.
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